eft bon pour nous d'etre ici. Si vous voulez, dreffons-y trois tentes, une pour vous, une pour Moïfe, & une pour Elie. Comme il parloit encore, une nuée lumineufe les enveloppa, & tout à coup il fortit de la nuće une voix qui dit : c'eft là mon Fils bien-aimé, en qui je trouve toutes mes délices : écoutez-le. A ces paroles les Difciples faifis de frayeur, tomberent le vifage contre terre; mais Jefus s'approchant les toucha, & leur dit : levezvous, & n'ayez point de peur. Alors levant les yeux, ils ne virent plus que Jefus tout feul. Et comme ils defcendoient de la montagne, Jefus leur fit une défense en ces termes : ne dites à perfonne ce que vous venez de voir, jufqu'à ce que le Fils de l'homme resfufcite.

PRATIQUES DE PIETE'.

1° Lla mortification, & la retraite 'Eloignement du grand monde, font abfolument neceffaires pour goûter les douceurs des communications avec Dieu; & pour tirer beaucoup de fruit de l'abftinence, & du jeûne. Si vous voulez rendre le votre utile, prenez ces moyens. La folitude eft amère,

elle eft même infupportable aux mondains; parce qu'il faut du tumulte, & de la diflipation pour charmer les chagrins & les remords interieurs dont ils font les victimes. Vivez dans l'innocence, & vous aimerez la retraite? mortifiez vos fens ; & Dieu vous fera. part des douceurs qui font l'appanage de fes ferviteurs. Fuyez les grandes asfemblées, & le grand monde, fur tout durant le tems du Carême, & vivez dans le recueillement fi vous voulez goûter le fruit de la pénitence.

2. Une des principales rufes de l'ennemi du falut durant ce faint tems, c'eft de rendre le fruit de jeûne moins fenfible, & moins doux par le tracas des affaires temporelles ne les negligez point, mais reglez-les fi bien qu'elles ne nuifent point à l'affaire du falut: & qu'elles n'empêchent point le recueillement interieur. Ayez un jour chaque Semaine où vous foyez, pour ainfi dire, en retraite. Jefus - Chrift vous fera goûter la douceur qu'on trou ve à fon fervice, fi votre coeur n'eft point partagé entre lui & le monde fon grand ennemi. Paffez aujourd'hui pour le moins une demi-heure le foir devant

le

le faint Sacrement, confiderant le bonheur des trois Apôtres qui furent les témoins de fa Transfiguration glorieufe. Gardez cette pratique tous les Dimanches du Carême; faifant une demi-heure, ou une heure d'Oraison, tous les foirs.

LELUNDI DE LA SECONDE SEMAINE DE CARME. L'Oraifon qu'on dit à la Meffe de ce jour. Aites, ô Dieu tout-puissant , que vos Fidéles qui s'abiliennent des viandes en mortifiant leur corps, s'abftiennent auffi de pecher en faifant de bonnes œuvres. Par Notre-Seigneur. L'EPITRE. Leçon tirée du Prophete Daniel. Chap. 9.

EN e Seigneur : Seigneur notre Dieu qui avez tiré votre peuple de l'Egypte avec une main puiffante, & qui Vous êtes acquis alors un nom qui dure encore aujourd'hui : j'avoue que nous avons peché, que nous avons commis l'iniquité contre toutes vos ordonnances; mais je vous conjure, felon toute G

N ces jour-là, Daniel fit cette prie

votre justice, Seigneur, que votre colere & votre courroux fe détournent de votre cité de Jerufalem, & de votre montagne fainte; car Jerufalem &votre peuple font aujourd'hui en opprobre à toutes les nations qui nous environnent, à caufe de nos pechez, & des iniquitez de nos peres. Ecoutez donc maintenant, Seigneur notre Dieu, les voeux & les prieres de votre ferviteur faites reluire votre face fur votre fauctuaire qui eft tout defert, &. faites-le pour vous-même. Daignez, ô mon Dieu, abaisser votre oreille jusqu'à nous, & nous écoutez. Ouvrez les yeux, confiderez notre défolation, & la ruine de cette ville, qui a eu la gloire de porter votre nom; car ce n'eft point par la confiance en notre propre juftice que nous vous offrons nos prieres, en nous profternant devant vous; mais c'est dans la vûë de la multitude de vos mifericordes. Exaucez-nous, Seigneur; Seigneur appaifez votre colere; jettez les yeux fur nous, & agisfez. Ne differez plus, mon Dieu, pour l'amour de vous-même, parce que cette ville & ce peuple font à vous, & ont la gloire de porter votre nom, Seigneur notre Dieu..

L'EVANGILE. La fuite du Saint Evangile felon faint Jean. Chap. 8.

N ce tems-là, Jefus dit aux Juifs: je m'en vais, & vous me cherche rez, & vous mourrez dans votre péché. Où je m'en vais, vous ne fçauriez y venir. Les Juifs difoient donc : ne fe tuera-t-il point lui-même, quand il a dit, où je m'en vais, vous ne fçauriez y venir. Et il leur difoit: vous êtes d'icibas vous autres, moi je fuis d'enhaut. · Vous êtes de ce monde, moi je ne suis point de ce monde. Je vous ai dit pour cela que vous mourrez dans vos pechez; car fi vous ne croyez que c'eft moi, vous mourrez dans votre peché. Qui êtes-vous, lui dirent-ils. Jefus leur répondit je fuis avant toutes chofes celui qui vous parle. J'ai bien des chofes à dire de vous, & fur quoi vous condamner; mais celui qui m'a envoyé, dit toujours la verité, & ce que j'ai appris de lui, c'eft ce que je publie dans le monde. Et ils ne conçurent point que ce fût Dieu qu'il appelloit fon pere. Jefus leur dit donc : quand vous aurez élevé le Fils de l'Homme, vous connoîtrez alors, que c'eft moi, & que de moi-même je ne fais rien, mais que je