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générale, mysteria in Deo abscondita, quæ, nisi revelata divinitus, innotescere non possunt (1); b) ensuite, un contenu qui intéresse la volonté et l'action, sinon toujours immédiatement comme dans la promesse de la Rédemption, tout au moins indirectement, comme dans la révélation de la Sainte Trinité, notion très intéressante pour qui est déjà en éveil vis-à-vis de sa fin ultime. De ce fait, la révélation se présente à l'intellect créé comme annonçant un bien rationnellement désirable; enfin, c) l'énoncé d'un motif d'adhésion à la teneur intelligible: c'est Dieu, c'est la Vérité première, souverainement véridique, qui garantit cette assertion.

B.

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- Du côté de l'intelligence créée il y a perception de ces trois éléments. « A prendre tout l'ensemble du processus de la foi, dit saint Thomas, il lui faut débuter par un acte intellectuel. L'on ne peut, en effet, donner son assentiment aux choses proposées, si l'on n'en a quelque intelligence (2). » Cette perception n'est d'abord qu'une simple intelligence des éléments de l'assertion, de son sens, de sa teneur pratique, de sa prétention à la garantie divine. Cette intelligence peut procéder de la seule nature, tout le monde pouvant comprendre ce que parler veut dire.

Mais, chez ceux qui, devant aller jusqu'à la foi surnaturelle, sont sous l'influence de la grâce, cette perception est déjà renforcée par l'illumination divine. « Si quelqu'un dit que l'on peut, par la vigueur de la nature, avoir la pensée d'un bien qui concerne le salut éternel, en la manière qui est utile pour le salut, ou encore choisir ce bien, ou consentir à la prédication salutaire et évangélique, sans l'illumination et l'inspiration du Saint-Esprit... l'esprit de l'hérésie le trompe (3).

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Cette influence de l'illumination divine se fait sentir surtout dans les trois jugements pratiques qui suivent la perception simple des éléments de l'assertion (4).

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(1) Conc. Vat., Const. de fide cath., c. 4. DENZIGER, Enchir., no 1643. Les vérités naturelles touchant Dieu ne sont révélées que secondairement. (2) IIa IIae, q. VIII, a. 8, ad. 2um.

(3) « Si quis per naturæ vigorem bonum aliquod, quod ad salutem pertinet vitæ æternæ, cogitare, ut expedit ad salutem, aut eligere, sive salutari id est evangelicæ prædicationi consentire posse confirmat, absque illuminatione et inspiratione spiritus sancti, ... hæretico fallitur spiritu... » II Conc. Araus., can. 7. — DENZIGER, Enchir., no 150. (4) Ces trois jugements, préambules du jugement de crédentité, ne sont pas explicitement décrits par saint Thomas, mais ils sont exigés logiquement par les aspects de la

Premier jugement. - Il a pour objet la garantie divine dont s'autorise l'assertion. Naturellement l'homme juge qu'il doit obéir à une autorité intellectuelle infaillible et absolument véridique, comme est Dieu. Mais l'assertion proposée n'est pas de celles que manifeste une lumière créée. Elle appartient au secret de l'Essence divine. Elle exige donc pour être reçue par l'esprit une lumière, une garantie qui dépasse ce que peut donner la connaissance naturelle que nous avons de la véridicité divine. En d'autres termes, l'intelligence, pour adhérer même conditionnellement au mystère, en raison de la Révélation de la Vérité première, doit entrer dans une disposition de dépendance vis-à-vis de cette Vérité première vaguement entrevue dans tout ce qu'elle est en elle-même, dans tout ce qui formera plus tard la lumière régulatrice de l'acte de foi. Or, pour se proportionner à la Vérité première ainsi conçue, il faut à l'intelligence humaine une lumière surnaturelle. Cette même lumière, qui aura tout son éclat lorsque la preuve du fait de la révélation divine ayant été faite, sous l'imperium de la foi, l'intelligence croira, est donc déjà présente à l'aurore de la foi amplifiant et surélevant la notion naturelle de l'autorité divine. Le premier jugement intellectuel sur le devoir de croire à la Vérité première surnaturelle, seule garantie adéquate de vérités qui dépassent la raison, est donc lui-même surnaturel.

Deuxième jugement.. Il a pour objet le bien rationnel qui reluit dans l'assertion. Même remarque que précédemment. Naturellement l'homme juge que l'annonce d'une vérité qui fixe et détermine, avec l'autorité de la parole de Dieu, ce qui a rapport à sa fin ultime obligatoire, le bien rationnel auquel il a le devoir de tendre, a pour sa moralité la plus grande importance. Mais sa réflexion ne tarde pas à lui montrer que le bien moralisateur dont la révélation l'entretient dérive d'une initiative divine,

pieuse affection, conséquente au jugement de crédentité, que reconnaît le saint docteur et, dont nous parlerons plus loin. Car, nihil volitum nisi præcognitum. Les théologiens modernes et contemporains les signalent explicitement mais confusément. Voici par exemple ce que dit Hürter: Theol. dogm. compendium t. I, Inspruck, 1903, p. 511. Pius autem credulitatis affectus multiplici motivo moveri potest... scil. objectivâ fidei honestate sitâ in subjectione rationis creatæ sub increatâ : « justum est enim, inquit. S. Bonaventura in 3 d. 23 a. 1, q. 1, ut intellectus noster ita captivetur et subjaceat summæ veritati... » Ceterum et aliis motivis ut ebedientia, religionis, desiderio salutis quæ sine fide nequit obtineri pius affectus moveri potest.

qu'il n'est manifeste, ni à sa raison naturelle, ni à son appétit rationnel. Seule la révélation divine certifie, par exemple, le dogme de la justification par le Christ sauveur. Pour être influencé par l'attrait du bien moral promis dans ce dogme, pour juger que c'est un bien qui vaut la peine qu'on s'y arrête, qui est digne d'être recherché par une nature rationnelle, l'illumination du Saint-Esprit est nécessaire. Ainsi ce second jugement, touchant la convenance du bien moral promis avec la volonté de l'homme, si rectifiée dans l'ordre naturel qu'on la suppose, est lui aussi surnaturel.

la

Troisième jugement. - Il a pour objet la teneur intelligible de l'assertion proposée, laquelle est mystère et ne donne lieu à aucune adhésion directe. Le jugement pratique porté sur cette teneur ne pourra donc être rendu qu'en vertu des jugements précédents. Le premier se formulait ainsi : Je dois vouloir conformer mon intelligence à la parole de la Vérité première surnaturelle. Le second ainsi : Je dois vouloir croire à la promesse faite faite par Vérité première surnaturelle touchant mon bien surnaturel. Ces deux jugements, conçus en termes généraux, ne garantissent ni la présence effective de la Vérité première dans telle assertion déterminée, ni, par suite, l'existence effective du Bien surnaturel entrevu dans la même assertion. Le jugement final touchant cette assertion ne pourra donc être qu'hypothétique et devra se formuler ainsi : Si Dieu, Vérité première surnaturelle, a réellement révélé cette assertion dans laquelle je trouve la promesse d'un bien surnaturel vers lequel je me sens légitimement attiré, je juge que c'est un bien et un devoir pour moi de donner mon assentiment à cette assertion. Ce troisième jugement, tout conditionnel qu'il soit, est donc surnaturel dans ses motifs et dans son objet, comme les deux précédents.

A mesure que ces jugements s'élaborent, s'éveillent dans la volonté des consentements qui leur correspondent et préparent la « pieuse émotion » de la volonté qui suivra le jugement catégorique de crédentité. C'est le mécanisme même du conseil qui le veut. Le conseil se résout, en effet, à mesure qu'il progresse, en des jugements préliminaires qui sont aussitôt consentis, jusqu'à ce que tous ces jugements se répercutent en un jugement pratique final, précédant immédiatement le consentement définitif

ou élection. Au moment où nous sommes rendus, il reste à vérifier la condition sine quâ non de ce jugement définitif par la preuve du fait de l'attestation divine de telle assertion déterminée. La foi ne fournissant, en aucune façon, cette preuve, c'est à la raison de la faire. Partant, le consentement de la volonté au résultat du troisième jugement énoncé ci-dessus, amène, de la part de la raison pratique, le commandement à la raison spéculative et aux facultés inférieures de renseignement de s'employer à cette preuve. D'où, dans la phase correspondant au conseil, un troisième moment.

C.

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L'intelligence spéculative s'applique, sous la mise en exercice de la volonté, mais sans influence directrice de celle-ci, à la preuve du fait de l'attestation. Cette preuve est possible grâce aux signes probants dont, selon l'enseignement de l'Église, le fait de l'attestation divine est entouré: « Afin cependant que l'obéissance de notre foi fût en harmonie avec la raison, Dieu a voulu joindre aux secours intérieurs du Saint-Esprit des preuves extérieures de la révélation, à savoir des faits divins, principalement des miracles et des prophéties, qui, en manifestant sans conteste, l'intervention de la toute-puissance et de la science infinie de Dieu, sont des signes très certains de la révélation divine, adaptés aux exigences intellectuelles de tous (1). » Le concile du Vatican, auquel ces paroles sont empruntées, poursuit en affirmant l'existence de signes semblables à l'appui de la prédication des apôtres et de l'enseignement de l'Eglise, et termine en définissant comme de foi leur force probante, leur possibilité, leur existence de fait, et la certitude de la connaissance que l'on en peut avoir (2). Il est donc hors de doute que la preuve du fait de l'attestation divine peut et doit aboutir, et que cette recherche est purement rationnelle : « ut nihilominus fidei <«< nostræ obsequium rationi consentaneum esset... »> «<

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(1) « Ut nihilominus fidei nostræ obsequium rationi consentaneum esset, voluit Deus cum internis Spiritus Sancti auxiliis, externa jungi revelationis suæ argumenta, facta scilicet divina, atque imprimis miracula et prophetias, quæ cum Dei omnipotentiam et infinitam scientiam luculenter commonstrent, divinæ revelationis signa sunt certissima et omnium intelligentiæ accommodata. Quare tum Moyses et Prophete tum maxime Dominus multa et manifestissima miracula et prophetias ediderunt. » Conc. Vatic., Const. de Fide, c. 3. - DENZIG., Enchir., no 1639. (2) Ibid., Canones III, 3 et 4.

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- DENZIG., Enchir., nis 1659, 1660.

« revelationis signa sunt certissima et omnium intelligentiæ << accommodata ». Son aboutissant sera un jugement rationnel sur l'existence effective du témoignage divin, et par suite sur la crédibilité des assertions proposées, au nom de Dieu, par le prédicateur évangélique, car la vérité qui ressort pour une assertion de la véridicité du témoignage concerne la croyance. Ce jugement rationnel, catégorique et définitif dans son ordre, énoncera donc que, dans la mesure où la raison peut se prononcer, l'assertion en vue est apte à être crue à cause du témoignage de Dieu, et donc de foi divine, à tel point que s'il s'agissait d'un acte de foi humaine, procédant des seules forces de la nature, il serait exigible aussitôt, les garanties rationnelles ayant la certitude nécessaire pour autoriser le passage du credibile au credendum. Ce jugement rationnel qui réalise la condition requise pour rendre définitifs les jugements précédents met fin à la phase de recherches qui constitue dans le conseil la période délibérative.

D. Sous l'influence persévérante de l'illumination divine, le jugement pratique surnaturel par lequel nous jugions que ce serait pour nous un devoir de croire l'assertion proposée, si toutefois Dieu avait parlé, s'emparant du résultat du jugement rationnel de crédibilité, passe de l'état conditionnel à l'état catégorique. C'est le jugement surnaturel de crédentité, qu'un certain nombre d'auteurs nomment aussi jugement surnaturel de crédibilité (1). Quoi qu'il en soit de ces appellations, ce n'est plus un credibile facultatif, une simple aptitude à la foi divine que ce jugement offre à la volonté, c'est un credibile obligatoire, en d'autres termes un credendum. Cet acte met fin au conseil et gouverne de sa lumière l'élection.

Deuxième phase correspondant à l'élection.

Comme nous l'avons noté, à mesure que progressait la délibération, la volonté ne restait pas inactive. Elle ratifiait par des consentements successifs les lumières acquises. Elle est donc préparée au consentement définitif. Elle restait cependant en suspens à raison même de l'indétermination de l'intelligence

(1) SCHIFFINI, De Virt. infusis, 1904, p. 259, etc.

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