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hors le fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, qu'il nous a défendu de toucher peine de la vie. Vous n'en mourrez point, dit fe serpent, mais Dieu sait que sitôt que vous en aurez mangé vous ouvrirez les yeux, et vous serez semblables à lui, connaissant le bien et le mal. La femme se laissa tenter par la beauté de l'arbre et du fruit : elle en prit, elle en mangea, et en donna à son mari, qui en mangea comme elle. Aussitôt ils ouvrirent les yeux et eurent honte de leur nudité, sentant une révolte en leur propre corps, qui n'était plus soumis à leur esprit comme devant. Ils firent des ceintures de feuilles de figuier pour se couvrir; puis entendant la voix de Dieu, qui se montrait à eux sous une forme sensible, ils se cachèrent ; et comme ils virent leur péché découvert, ils voulurent s'excuser, l'homme sur la femme, et la femme sur le serpent. Alors Dieu maudit le serpent, c'est-àdire le démon qui s'en était servi pour tromper la femme, et déclara qu'il mettrait une inimitié éternelle entr'eux, et que de la femme viendrait celui qui écraserait la tète du serpent, c'està-dire le Sauveur du monde, qui devait venir un jour détruire la puissance du démon, et naître d'une femme sans coopération de l'homme : car Dieu le promit dès-lors pour consoler Adam dans sa misère. Cependant il condamna la femme à accoucher avec douleur, et à être sujette à son mari; et il condamna l'homme à labourer la terre, à manger son pain à la sueur de son visage, et travailler toute sa vie, jusqu'à ce qu'il retournát à la terre d'où il était tiré. En

9.

suite il les chassa du paradis, et mit un Chérubin armé d'un glaive de feu, pour en garder l'entrée. Adam, par son péché, fut dépouillé de la sainteté et de la justice originelle en laquelle il avait été créé; il devint sujet à la colère de Dieu, et captif du démon, à qui il s'était soumis. Il perdit tous les avantages du corps et de l'ame qu'il avait auparavant : il fut exposé aux incommodités des saisons aux bêtes cruelles ou venimeuses, à la faim à la pauvreté, aux maladies et à la mort. Il tomba dans l'ignorance; il demeura plein de concupiscence, c'est-à-dire de l'amour de luimême, qui le détourna de Dieu, et le livra au désir des plaisirs sensibles et à toutes les autres. passions, comme la colère, l'envie, la tristesse et la crainte, et le rendit capable de faire toute sorte de mal, et incapable de faire aucun bien utile au salut, et destiné après la mort à une autre mort éternelle, c'est-à-dire aux tourmens de l'enfer.

LEÇON III.

De la corruption du genre humain et du Déluge.

en

A DAM DAM n'eut des enfans qu'après son péché, et sa femme ayant péché comme lui, leurs fans naquirent dans la corruption, sujets aux mêmes misères et chargés du péché qu'ils tiraient de leur origine. Il a passé à tous leurs descendans, et tous les hommes naissent tachés

de ce péché que nous appelons originel, et qui les rend ennemis de Dieu, incapables de faire aucun bien, et dignes de l'enfer. Les premiers enfans d'Adam et d'Eve furent Cain et Abel. Caïn tua son frère par envie. Dieu lui reprocha son crime (1), disant que le sang de son frère criait vengeance contre lui, et il se jugea luimême digne de mort; mais Dieu défendit de le tuer pour ne pas multiplier les meurtres. Les descendans de Caïn furent méchans; mais Adam eut un fils, nommé Seth, dont les enfans conservèrent la piété (2) et la connaissance de Dieu. Cette race s'étant mêlée avec l'autre par des alliances criminelles, se corrompit comme elle; tous les hommes s'écartèrent du chemin de la raison; et leur malice fut si grande, qué Dieu résolut de les faire tous périr, comme s'il se fût repenti de les avoir créés. Il n'y eut que Noé descendu de Seth, qui trouva grace devant Dieu. Dieu l'avertit du dessein qu'il avait de purger toute la terre par un déluge universel et lui commanda de bâtir une arche, c'est-àdire un vaisseau carré et couvert, de la forme d'un grand coffre, capable de contenir une couple de chaque espèce de bêtes et d'oiseaux, et de quoi les nourrir durant une année. Pendant que Noé bâtissait l'arche, il exhortait les hommes à faire pénitence, et les menaçait du déluge, ce qui dura plus de cent ans; mais ils ne voulurent point le croire. Le tems étant venu (3), Dieu fit entrer Noé dans l'arche avec sa femme, ses trois fils et leurs femmes et toutes sortes d'animaux terrestres et d'oi(1) Gen. IV. (2) Gen. VI. (3) Gen. VIII.

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seaux, puis il ouvrit les réservoirs du ciel, et fit tomber une pluie épouvantable pendant quarante jours et quarante nuits; il fit aussi déborder les abîmes de la mer; en sorte que la terre fut inondée, et que l'eau surpassa de vingt pieds les plus hautes montagnes. Tous les hommes et tous les animaux furent noyés (1); il n'y eut que Noé et sa famille de sauvés, c'est-à-dire huit personnes seulement. L'arche était une figure de l'Église, où se sauve un petit nombre d'élus, tandis que tous les autres hommes périssent dans leurs péchés.

LEÇON IV.

De la loi de nature.

Not sortit de l'arche par l'ordre de Dieu (2) un an après qu'il y fut entré, et en sortant il lui offrit un sacrifice pour le remercier de l'avoir sauvé avec tant de bonté. Dieu eut agréable le sacrifice de Noé; il lui promit qu'il n'enverrait plus de déluge sur la terre, et que les saisons reprendraient leur cours ordinaire. Il lui donna sa bénédiction et à ses enfans, pour les faire multiplier et leur soumettre tous les animaux; même il permit d'en tuer pour les manger; mais il leur défendit expressément de tuer les hommes. Quiconque, dit-il (3), répandra le sang humain, son sang sera répandu; car l'homme est fait à l'image de Dieu. Les trois fils de

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(1) 1 Pet. III, 20, (2) Gen. VII. (3) Gen. IX, 6,

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Noé étaient (1) Sem, Cham et Japhet, qui repeuplèrent le monde. Ainsi tous les hommes sont frères et obligés de s'aimer. Mais la nature devint beaucoup plus faible depuis le déluge. Au lieu que les hommes vivaient de près de mille ans, leur âge se réduisait, petit à petit, à cent on deux cents ans, et ils devinrent encore plus méchans que devant. Il fallut partager les biens et les terres, parce qu'ils ne pouvaient s'accorder à en jouir ensemble; de-là vinrent les pillages et les guerres, les servitudes. Chacun ne cherchait qu'à se donner du plaisir, boire, manger et satisfaire tous ses désirs sans règle et sans mesure; et, pour les contenter plus librement, mépriser l'autorité des pères et des anciens et même assujétir ses frères et ses égaux ou par force ou par artifice. Au lieu d'honorer le vrai Dieu, ils adoraient des créatures, soit les hommes les plus puissans, soit les astres ou d'autres choses visibles. Ainsi commença l'idolatrie. En tout cela ils faisaient contre leur conscience et contre la lumière de la raison, qui dit à tous les hommes qu'ils ne doivent rien adorer qui leur soit égal ou moindre qu'eux, mais seulement leur créateur; qu'ils doivent honorer leurs pères et leurs mères; qu'ils doivent garder l'institution du mariage; ne se point nuire les uns aux autres, ni en leur personne, ni en leurs biens, ni en leur réputation; dire toujours la vérité, et modérer leurs désirs. La raison dicte tout cela aux hommes qui la veulent écouter, et (1) Gen. X,

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