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cation et le salut est le seul objet de tous les droits qu'elle nous confie?

Nous ne parlons qu'avec une profonde douleur d'un abus presque universel dans ce diocèse. Plus les prêtres se multiplient dans les paroisses, plus le scandale de la dissension augmente: la multitude des ouvriers devient un obstacle à l'ouvrage de la foi; et ce qui devoit être un nouveau secours pour les peuples et une nouvelle consolation pour l'Eglise, est un nouveau piége pour eux, et un nouveau sujet de douleur et de confusion pour elle: et ce qu'il y a ici de plus déplorable, c'est qu'on voit la plupart de ces prêtres vivre, pour ne rien dire de plus, dans une oisiveté indigne du sacerdoce; n'avoir ni goût, ni amour pour les fonctions; être insensibles aux besoins des Eglises et à la perte des ames; et ne montrer de zèle et de vivacité que pour de vaines prérogatives, dont leurs moeurs seules devroient les dégrader, quand les lois de l'Eglise et l'ordre de la hiérarchie ne les rendroient pas insoutenables.

En attendant que nous ayons remédié à un désordre si commun et si honteux à notre ministère, souvenez-vous, vous, mes Frères, que vos exemples font tout le succès de vos fonctions. Souvent dans les Eglises où le pasteur est seul et où la concurrence des prêtres he trouble pas ses fonctions, il trouve avec ses paroissiens mêmes des sujets de trouble, de procès et de querelle: l'esprit de douceur et de désintéres

sement surtout est la grande vertu que vous devez montrer à vos peuples: rendez-vous ai→ mables, si vous voulez-vous rendre utiles; ayez pour les fidèles, dont vous êtes chargés, une tendresse de père, et ils vous aimeront comme des enfans. L'humeur, la hauteur, la dureté que vous leur laissez souvent paroître, leur rend vos instructions odieuses, comme vos personnes; l'àpreté pour vos intérêts, si ordinaire et si messéante à des pasteurs, fait que vous croyant plus touchés d'un gain terrestre, que du gain de leurs ames ils pensent plus à vous contester vos droits, qu'à se défaire de leurs vices; tout devient un obstacle dans l'esprit de ces peuples grossiers au fruit de votre ministère; et n'est-il pas affligeant pour un pasteur à qui il reste encore de la foi, de voir que sa conduite anéantit toutes ses fonctions; que l'éloignement qu'on a pour lui, éloigne de Dieu tout son peuple; et qu'il est lui-même le plus grand écueil de son ministère?

C'est ce que nous avons vu souvent avec douleur dans le cours de nos visites; les brebis soulevées contre le pasteur, et le ministère sans fruit, parce qu'il étoit sans confiance. Eh! pourquoi ne souffrez-vous pas le tort qu'on vous fait, plutôt que de scandaliser l'Eglise de Dieu? Quarè non magis fraudem patimini? (1. Cor. 6. 7.) C'est ce que saint Paul disoit à de simples fidèles que n'auroit-il pas dit à des pasteurs? Ce saint apôtre vouloit être anathème pour ses

frères

frères; et vous ne voudriez pas souffrir la plus légère lésion pour les empêcher de périr, et ne pas leur rendre vos fonctions inutiles. On a beau dire qu'on est obligé de soutenir ses droits : eh! quels sont vos droits les plus précieux et les plus sacrés, que le salut de vos frères? Edifiez-les; et ils respecteront vos droits comme votre personne: ne paroissez touchés que de leur salut: ; et ils remettront même entre vos mains leurs intérêts, comme à leur père: donnez-vous tout à eux; et loin de vous ôter ce qui vous appartient, ils se donneront à vous eux-mêmes: ayez pour eux le zèle et la tendresse d'un pasteur; et vous aurez bientôt sur eux l'autorité d'un maître l'amour et le respect des peuples est toujours le prix de la piété d'un bon pasteur. Je sais qu'il se trouve toujours des pécheurs scandaleux qui le haïssent: mais en le haïssant, ils sont forcés de le respecter en secret ; et la haine qu'ils ont pour le ministre, honore alors le ministère. Ne vous rendez odieux qu'aux méchans; ne faites éclater votre zèle que contre les scandales: ea un mot, aimez le salut de vos peuples; et vous saurez bientôt comment il faut s'y prendre pour les sauver. Souvenez-vous qu'un pasteur occupé à plaider son peuple, est un père barbare qui loin d'élever et d'instruire ses enfans, ne s'étudie qu'à les dépouiller et à les perdre; et ce qui rend cet abus plus honteux à notre caractère, c'est que presque toujours ces procès et ces contestations roulent sur des intérêts

Tome IX. CONFER. II.

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si légers, qu'il faut avoir une idée bien basse de son ministère, et du prix des ames dont nous sommes chargés, pour les sacrifier à des gains si minces et si sordides.

Ayons donc, mes Frères, des pensées plus hautes et plus dignes de la sublimité de nos fouctions : nous tenons la place de Jésus-Christ au– près des fidèles; nous continuous parmi eux sa mission et son ministère; nous sommes les vicaires de son amour pour eux, comme dit un Père mesurons là-dessus nos obligations; quelle tendresse, quelle élévation, quel désintéressement quel zèle peut jamais suffire pour les remplir! Laissons aux morts le soin de leurs morts; laissons au monde les sollicitudes, les procès, les contestations pour les choses du monde. Pour nous, mes Frères, nous sommes appelés à un genre de milice plus saint et plus élevé; nous n'avons à combattre que les vices; nous n'avons à agrandir que le patrimoine et le royaume de Jésus-Christ; nous ne devons que lui gaguer des ames: tous les autres gains, nous devons les regarder avec l'Apôtre, comme de la boue, et comme une véritable perte pour nous. Méditez, mes Frères, çes vérités saintes, dont on vous a nourris autrefois dans cette maison de retraite; venez les y puiser encore, et les faire revivre dans votre cœur ; ajoutez cette nouvelle consolation à toutes les autres que nous recevons dans nos visites, de votre bonne conduite; que les fidèles, loin de se plaindre de vous trouvent en vous une ressource

tonjours sûre et une consolation à leurs peines; soyez leurs secours et leur appui, et non pas leurs concurrens et leurs parties; vainquez par votre charité pour eux la dureté que leur donne une basse naissance et une éducation agreste ; et ayez pour vos peuples les mêmes sentimens de paix, de douceur, d'affabilité, enfin, de tendresse, que nous avons pour vous.

CINQUIÈME DISCOURS.

Suites des divisions entre les curés et les prétros des paroisses.

1727.

UNE réflexion, mes Frères, que je suis obligé d'ajouter aux avis édifians qu'on vient de vous donner, c'est que ceux d'entre vous en qui nous remarquons moins de régularité dans les mœurs, moins d'amour pour les fonctions, moins de zèle pour le salut des ames dont on vous demandera un compte si rigoureux, sont toujours les plus vifs et les plus ardens pour soutenir de vaines prétentions qu'un long abus avoit introduites : c'est le seul point de leur ministère qui les intéresse. Peu occupés d'ailleurs d'honorer le sacerdoce par la sainteté de leur vie, qui seule honore un ministre de Jésus-Christ, ils cherchent à l'honorer par des prérogatives usurpées, et dont même ils.

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