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faut, à l'exemple de Jésus-Christ, que nous don nions de notre plénitude: si le cœur est vide, nos discours et nos instructions le seront aussi; si nous ne sentons pas ce zèle et cet amour du bien, ceux qui nous écoutent n'y seront pas plus sensibles : en un mot, si l'Esprit de Dieu est comme éteint au-dedans de nous, comment le ranimerons-nous dans le cœur de nos frères ? Un pasteur tiède et infidèle répand, pour ainsi dire, cette tiédeur et ce découragement sur tout son peuple; il instruit froidement et par habitude, et on l'écoute de même: rien ne le réveille, ni ses fonctions, ni la sainteté de ses ministères ; et rien ne réveille son troupeau, ni ses exemples, ni ses instructions: il n'a pas de grands vices, je le veux : mais n'estce pas un grand vice pour un prêtre, de n'avoir point de vertu? On pourroit dire qu'il ne fait pas de grands maux, si ce n'étoit pas un grand mal pour un pasteur de ne faire aucun bien. Nous ne recevons pas contre lui de plainte marquée dans le cours de nos visites; mais quelle plainte plus triste et plus honteuse pour un ministre de la re— ligion, que de ne s'attirer aucune louange ? On nous rend témoignage qu'il n'est point scandaleux, et qu'il n'y a rien à dire dans sa conduite; mais n'est-ce pas un scandale qu'il n'y ait rien à en dire d'édifiant, que le silence sur sa conduite soit le seul éloge dont il soit digne? et qu'y a-t-il de plus scandaleux pour un homme consacré a Dieu, que sa plus grande vertu se termine à ne donner aucun scandale ?

Vous donc, ô homme de Dieu, évitez ce malheur: Tu autem, ó homo Dei, hæc fuge. (1. Tim. 6. 11.) Vous, l'homme de Dieu sur la terre, son ministre, son envoyé, son coopérateur dans le salut des ames! remplissez toute la sublimité de ces titres augustes. Vous êtes l'homme de Dieu; ne soyez pas l'homme de la terre, l'homme de la chair et du sang, un homme semblable aux autres enfans des hommes et pour cela venez vous rappeler ici quelquefois à tout ce qu'exige la sainteté de votre consécration et le ministère que Dieu vous a confié. Il a mis dans la plupart d'entre vous des inclinations louables et dignes du sacerdoce; ne les laissez pas éteindre dans la dissipation et dans la négligence; cultivez ces semences de grace et de vocation, avant que l'homme ennemi les étouffe vous en avez vu, et vous en voyez tous les jours de tristes exemples parmi vos confrères : rendez-vous leur malheur utile par les précautions que vous prendrez pour l'éviter Tu autem, ó homo Dei, hæc fuge. Vous serez d'autant plus coupable que par des mœurs régulières, par des principes de foi et de religion qui sont en vous, par les talens mêmes propres au ministère, vous étiez plus en état de servir et d'édifier l'Eglise, et que faute de précaution vous aurez rendu toutes ces espérances de bien inutiles. Les affoiblissemens sont inévitables dans les fonctions; je vous l'ai déjà dit venez donc reprendre de nouvelles forces dans la retraite; je suppléerai avec plaisir aux besoins

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de ceux qui n'allèguent point d'autre excuse que leur pauvreté mais je ne cesserai de vous exhorter à cette pratique; et ce conseil doit d'autant plus faire impression sur vos cœurs, qu'il vous est plus honorable, qu'il part d'un fonds d'estime et de tendresse pour vous, et qu'il suppose que vous êtes la plupart capables d'en retirer tout le fruit que nous souhaitons.

QUATRIÈME DISCOURS.

Des divisions entre les curés et les prétres des paroisses

1726.

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S'IL étoit nécessaire d'ajouter quelque chose aux sages avis qu'on vient de vous donner mes Frères, ce seroit pour vous rendre ce témoignage, que plus je connois par moi-même l'état des Eglises que la providence m'a confiées, plus je suis édifié de la soumission et du zèle de la plupart des pasteurs qui les gouvernent.

Tout ce qui resteroit à souhaiter, ce seroit que cet esprit d'ordre et de subordination se répandit sur les prêtres assemblés dans vos paroisses, établis pour travailler sous votre conduite, plutôt que pour partager votre autorité; pour subvenir aux besoins des Eglises, et non pour vous en disputer les droits; pour être votre secours et votre

consolation, et non vos concurrens, et souvent la plus affligeante croix de votre ministère.

Nous nous réservons de rétablir les règles de la discipline si renversées sur ce point dans ce diocèse ; de rendre aux pasteurs toute l'autorité in~ séparable de leur ministère, et si nécessaire pour le succès de leurs fonctions; et en remettant chacun à sa place, de conserver cette harmonie et cette subordination, qui seule peut rendre les membres de tout le corps utiles les uns aux autres, et sans quoi tout est scandale et confusion dans l'Eglise.

Il est déjà très-affligeant, mes Frères, comme le disoit autrefois saint Paul, qu'il y ait entre nous des contentions et des disputes sur les droits et sur les préséances. Hélas! le droit dont nous devrions être plus jaloux, est celui de nous sacrifier pour le salut des peuples. Notre ministère, vous le savez, n'est pas un ministère de domination, mais de travail, de douceur et de charité. Les titres de notre apostolat, disoit l'Apôtre, ne sont pas notre autorité sur les Eglises, mais les peines et les travaux que nous supportons pour l'accroissement de l'Evangile : nous ne sommes élevés au-dessus des autres, que pour leur être plus redevables; notre autorité n'est qu'une servitude plus universelle; nos titres sont nos fonctions; et nos fonctions sont toutes renfermées dans la charité. Or, la charité est douce, patiente, modeste; elle n'envie pas la gloire de ses frères, qui devient sa gloire propre; son ému

lation se borne à imiter leurs vertus; elle ne cherche que les intérêts de Jésus-Christ et de son Eglise; et la place la plus honorable pour elle est celle où elle peut rendre plus d'honneur à Dieu, et devenir plus utile à son peuple.

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Si cet esprit nous animoit tous, nous verrions bientôt tomber toutes les dissensions qui divisent si scandaleusement les pasteurs et les prêtres de la plupart de nos paroisses; on ne verroit plus le trouble et les contestations se perpétuer parmi ceux qui sont destinés à porter la paix aux fidèles; les divisions du sanctuaire n'en aviliroient plus les fonctions et l'autorité : nous ne gémirions plus de voir des prêtres faire éclater jusqu'auxpieds des autels, en la présence des peuples, leurs animosités et leurs querelles; profaner la décence et la majesté du culte public; troubler le silence et la sainte gravité des mystères redoutables; faire du temple saint, du temple de la paix et de la reconciliation, un théâtre de haine et de fureur; et par ces scandaleuses profana¬ tions, ne compter pour rien de perdre les ames et de déshonorer la religion, pour conserver des droits qui ne sont établis que pour la gloire de la religion et la santification des fidèles. Eh! qu'importe à l'Eglise des droits insensés qui la couvrent de confusion et d'opprobre, qui renversent l'ordre et la discipline, qui troublent les fonctions du saint ministère, qui profanent son culte et ses autels, et qui sont un sujet de scandale et de chute à ses enfans, dont l'édifi

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