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témoins et vos accusateurs. Il se peut faire que le zèle qui censure le vice, vous attire quelquefois la haine des méchans; c'est une persécution qui a toujours été la récompense et la gloire des ministres fidèles; nous devons la partager avec Vous et notre autorité alors doit être votre soutien et votre asile; nous ne vous la refuserons jamais, et nous nous croirons même trop heureux, quand il se présentera des pasteurs de ce caractère qui viendront l'implorer : nous avons la consolation d'en compter plusieurs parmi vous, et leur fidélité nous adoucit la peine que cause toujours à un premier pasteur la négligence et l'infidélité des pasteurs subalternes. Paissez donc le troupeau qui vous est confié, avec la tendresse d'un père, avec la vigilance d'un guide, avec le désintéressement d'un disciple des apôtres, avec la décence et la sainteté d'un ministre de JésusChrist instruisez-les de leurs devoirs; que vos exemples assurent le fruit et le succès de vos instructions; ne paroissez occupés et touchés que de leur salut; oubliez vos intérêts temporels, et ne les mettez jamais en balance avec l'intérêt de leurs ames: ne faites pas un gain sordide d'un ministère saint n'abusez pas de votre autorité pour satisfaire vos animosités personnelles et que la dispensation des sacremens qui doit être l'exercice de votre charité, ne le soit pas de vos vengeances. C'est déjà un scandale, qu'un pasteur soit aliéné de ses brebis; mais c'est une profanation et le comble du désordre, qu'il s'autorise

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là-dessus à leur refuser les saints mystères: nous sommes résolus d'arrêter et de punir un abus si criant et si odieux, que nous avons remarqué en gémissant, dans nos visites; et les plaintes journalières nous font juger qu'il n'est que trop commun dans ce diocèse. Jugez-les au tribunal, à la bonne heure; et si vous les trouvez indignes, suivez les règles de l'Eglise, et éloignez-les pour quelque temps de la table sainte : mais ne refusez pas de les recevoir à la piscine mystérieuse. Jésus-Christ y fit entrer un paralytique de trentehuit ans. L'Eglise ouvre ce bain sacré aux pécheurs les plus invétérés ; et de quel droit le leur fermeriez-vous, vous qui n'êtes là que ses ministres, et qui n'avez d'autre autorité que celle qu'elle vous confie, et qu'elle ne vous confie que pour le besoin des fidèles? Vous êtes à eux; votre vocation, votre mission, vos fonctions, ne sont que pour eux: donnez-vous donc tout à eux, puisque vous n'êtes que pour eux. La foi n'est déjà que trop éteinte dans les fidèles, le culte trop avili, les sacremens trop négligés, sans que vous les aidiez encore à s'endurcir dans cet état, et que vous les autorisiez à confondre le mépris du ministère avec celui du ministre : nous ne sommes pas surpris après cela du peu de fruit que vous faites dans vos Eglises. On voit des pasteurs vieillir dans le ministère, sans avoir tiré une seule ame de l'égarement, et aller paroître devant Jésus-Christ non-seulement les mains vides, mais chargés de leurs iniquités et

de celles de leurs peuples. Rendez la piété respectable en vous le rendant vous-mêmes; inspirez la crainte et la terreur des saints mystères par le profond recueillement dont vous les traiterez; rendez les devoirs aimables en les pra- . tiquant. Quelle que puisse être la grossièreté de vos peuples, la vie sainte d'un pasteur fait toujours son effet; plus même ils sont grossiers, plus un exemple qu'ils ont sans cesse devant les yeux, les frappe; toute leur religion est dans leurs sens; les nations les plus sauvages ont quitté toute leur férocité devant des hommes apostoliques. Il n'arrive guère qu'un pasteur fidèle ne s'attire l'amour, le respect, la confiance de son troupeau, et sans ce respect et ce te confiance, votre ministère devient inutile. Ne vous en prenez donc qu'à vous-mêmes, si vous ne l'avez pas; méritezla par une vie irrépréhensible, par une charité tendre, par un zèle prudent, par une gravité affable, par une conduite toujours soutenue; ne vous avilissez pas jusqu'à imiter la grossièreté de. leurs moeurs; soyez leur modèle et non pas leur compagnon: en un mot, ne leur ressemblez. point, et vous les rendrez semblables à JésusChrist.

TROISIÈME DISCOURS.

De la nécessité des retraites pour se renouveler dans la grace du sacerdoce.

1725.

IL seroit inutile de faire de nouvelles réflexions sur les vérités que vous venez d'entendre: ce n'est pas pour vous instruire, mes Frères, que nous vous parlons ici; c'est pour vous rappeler à vos propres lumières : tout ce que nous voulons vous apprendre de nouveau, c'est de faire plus d'usage pour vous-mêmes de ce que vous apprenez aux autres. Ce ne sera pas l'ignorance des devoirs de notre état, qui nous perdra; ce sera de les avoir toujours connus, et de les avoir toujours négligés; ce sera de nous être familiarisés depuis les premiers temps de notre ministère avec les plus grandes vérités de la religion; et à force de les avoir connues, et annoncées aux autres, de n'en avoir presque plus été touchés nous

mêmes.

Autrefois le prêtre et le peuple vivoient dans une ignorance égale de nos devoirs et de nos mystères ; c'étoient des aveugles qui conduisoient d'autres aveugles; et le ministère n'étoit presque plus dans l'Eglise, qu'une occasion de chute pour ses enfans, et de scandale et de dérision pour ses ennemis. La lumière a depuis reparu sur le

sanctuaire de longues épreuves de science et de piété ont seules conduit au sacerdoce : les premiers pasteurs n'ont imposé légèrement les mains à personne; et les lèvres du prêtre sont redevenues les dépositaires de la doctrine. Mais cet accroissement de lumière dans le ministère n'a pas été suivi long-temps d'un accroissement de zèle et de ferveur parmi les ministres nous avons la consolation de les trouver plus instruits, mais nous ne l'avons pas toujours de les voir plus fidèles ; et d'autant plus que rien n'est plus à craindre que de connoître la vérité, de rompre ce pain céleste à nos frères, et de ne pas s'en nourrir soi

même.

C'est cette sécheresse et cette insensibilité qui se forme et s'augmente chaque jour au milieu de toutes les lumières et de toutes les terreurs les plus capables de réveiller la piété, qui fait la situation la plus dangereuse et la plus ordinaire de notre état. Le fidèle qui vit dans l'ignorance et dans l'oubli de Dieu, trouve dans nos instructions et dans les vérités qu'il ignoroit, une ressource qui le rappelle à lui-même : nous n'y trouvons nous qu'un langage accoutumé, qui sort de notre bouche sans que le cœur y ait aucune part, qui nous laisse tels que nous sommes, et qui par-là achève de nous endurcir : nous nous perdons par les mêmes secours dont nous nous servons pour faciliter le salut à nos frères.

Aussi nous voyons tous les jours de simples fidèles touchés de Dieu, se convertir et mener

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