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tinés à honorer leur triomphe. Mais à mesure que la foi des peuples s'est refroidie, et que ces solennités saintes se sont multipliées, une loi si sage et si utile n'a servi qu'à multiplier les transgressions: elle est devenue onéreuse et comme impraticable aux gens de la campagne en leur interdisant le travail, l'unique ressource de leur misère; et le repos ordonné dans ces jours saints, n'a été pour beaucoup d'autres qu'une occasion de les profaner par les jeux, la fréquentation des cabarets, et d'autres excès, suite ordinaire de l'oisiveté et de la grossièreté des peuples dans les campagnes. Ce sont ces inconvéniens si publics et si honteux à la religion, que nous avons résolu de prévenir, l'exemple de la plupart des évêques de l'Eglise de France.

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MANDEMENT

Pour la troisième visite générale de son diocèse.

5 MARS 1738.

Ex vous annonçant aujourd'hui, mes très-chers EN Frères, notre troisième visite générale, et vous disant, avec l'Apôtre aux fidèles de Corinthe: Eccè tertiò venio ad vos; (2. Cor. 13. 1.) nous pouvons bien ajouter avec lui, lorsque, allant à Jérusalem, il visitoit les fidèles de l'Asie; que ce sera ici la dernière fois que nous aurons la con

solation de passer par vos Eglises. La patience divine n'a déjà que trop prolongé la durée de notre épiscopat, et différé de vous donner à notre place un pasteur selon son cœur, qui répare nos fautes, qui coopère plus fidèlement que nous à ses desseins de miséricorde sur vous et achève en vous l'oeuvre de l'Evangile, que nous n'avons encore que foiblement commencé en attendant la fin de notre carrière, dont le terme ne sauroit être loin, nous ne cesserons de vous porter dans nos entrailles paternelles ; et les infirmités de l'àge n'affoibliront jamais le tendre amour que nous avons toujours conservé pour nos peuples trop heureux si notre tendresse vous avoit été aussi utile, qu'elle a été réelle et sincère. Préparezvous donc, mes très-chers Frères, à recevoir en notre personne Jésus-Christ lui-même, le souverain pasteur et l'évêque de nos ames: I. Petr. 2. 25.) c'est lui dont nous ne sommes que les foibles organes, qui va vous visiter, vous consoler, et vous instruire par notre bouche. Quand même, comme le disoit encore le même apôtre aux fidèles de Corinthe, notre présence n'auroit rien que de foible et de commun aux yeux des sens, et que notre discours paroîtroit vulgaire et contemptible, (2. Cor. 10. 10. à la fausse sagesse de l'orgueil; c'est toujours Jésus-Christ qui vous parlera en nous; c'est lui qui vous apparoîtra en notre personne, et qui se cachera sous les dehors humilians de nos foiblesses et de notre mortalité. Préparez donc les voies à

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ce pontife des biens éternels, qui va élever áu milieu de vos Eglises le trône de sa grace, (Hebr. 4 16.) pour la répandre abondamment sur tous ceux qui en approcheront avec cette confiance qu'inspire l'amour et le sentiment profond des misères et des besoins qui nous la rendent si nécessaire.

Pour vous, nos vénérables Frères, qui associés à notre sacerdoce et à notre ministère, partagez avec nous les soins du troupeau immense qui nous est confié; nous nous confions dans le Seigneur, que les graces de cette visite se répandront encore plus abondamment sur vous que sur vos peuples plus vos devoirs sont sublimes et périlleux , plus vous avez besoin de nouveaux secours, pour fortifier en vous ce qui commençoit à s'affoiblir, affermir ce qui chanceloit déjà, et rallumer ce qui étoit prêt à s'éteindre.

Nous-mêmes, chargés d'une sollicitude plus générale, et plus exposés à nous ralentir sous le poids que les desseins impénétrables de la providence nous ont imposé; nous avons besoin que l'exemple de tant de bons ouvriers, que la miséricorde de Jésus-Christ conserve à ce diocèse, et que nous avons la consolation de retrouver dans nos visites, nous ranime et prévienne en nous les affoiblissemens inséparables de l'âge, et encore plus du fonds de notre corruption.

Nous espérons donc, nos vénérables Frères, que vous aurez la même joie de nous revoir, que nous aurons nous-mêmes de vous retrouver

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graces

à la tête de vos troupeaux, les nourrissant du pain de la parole sainte, les édifiant et les animant par vos exemples, les sanctifiant par les et les secours des sacremens et les préparant tous à porter un jour aux pieds du souverain Pasteur, le fruit de vos travaux et de vos peines, et de former avec vous une portion de l'Eglise éternelle des premiers-nés.

MANDEMENT

Pour faire chanter le Te Deum en actions de graces de la paix conclue entre le Roi et l'Empereur.

Nou

16 JUIN 1739.

ous avions toujours gémi, mes chers Frères, sur les horreurs et le carnage affreux qu'offroit à nos yeux la fureur de la dernière guerre: nos avantages mêmes ne pouvoient nous consoler de la déplorable effusion du sang chrétien; et nos actions de graces solennelles aux pieds des autels, étoient plutôt des voeux publics et pieux pour la paix, que des chants de joie sur nos victoires. L'esprit de sagesse et de modération qui gouverne la monarchie, s'étoit même emparé de nos armées; et dans une guerre où elles n'avoient jamais donné des preuves plus éclatantes de valeur on ne les vit jamais plus disposées à

préférer le bonheur de n'avoir plus d'ennemis, à la gloire de les vaincre..

Mais s'il étoit louable alors de desirer la paix, il n'étoit ni sage ni possible de se la promettre. Deux maisons augustes, de tout temps rivales, et toujours occupées les armes à la main à se disputer la gloire de la principale autorité dans l'Europe, avoient mis les peuples et les nations, et presque l'univers entier dans leurs dissensions: les cœurs paroissoient aussi irréconciliables que les intérêts: la voix terrible de la colère de Dieu, irritée par nos crimes, avoit, pour ainsi dire guerre, mis en mouvement, et ébranlé

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sonné la toute la terre: Dedit vocem suam mota est terra; conturbatæ sunt gentes, et inclinata sunt regna; (Ps. 45. 7.) tout étoit dans le trouble, ou dans le mouvement pour s'y jeter; et loin qu'une guerre si vive et si cruelle parût devoir finir, elle étoit sur le point de s'étendre et d'embraser le reste des états, qui n'en avoient été jusque-là que simples spectateurs.

Quel prodige, mes chers Frères, que celui d'un calme universel, que le Seigneur a fait succéder à une guerre qui agitoit l'Europe entière, et cela' dans le temps où le feu de la discorde, plus enflammé que jamais, sembloit ne devoir plus s'éteindre! Venite, et videte opera Domini , quæ posuit prodigia super terram, auferens bella usque ad finem terræ. (Ibid. . 9. 10.)

Le long usage que vous avez déjà fait du

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