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l'intérêt, qui un moment après, les désunit ; et il n'est pas nécessaire de parcourir nos annales pour savoir que les grands états qui nous ont donné des reines, ne nous ont pas toujours donné des amis et des alliés. La France n'a pas besoin de secours étrangers; il ne lui faut que de la vertu : et les malheurs du dernier règne nous ont appris qu'elle devoit être plus attentive à ne pas réveiller la jalousie de ses voisins par une trop grande puissance, qu'à se mettre à couvert de leurs entreprises par des alliances, qui souvent endorment nos précautions, et qui n'augmentent jamais nos forces.

Rendons, mes Frères, des graces infinies à celui qui dispose des sceptres et des couronnes, et qui depuis tant de siècles, perpétue l'empire des François dans la maison royale. Il nous a fait le plus grand de tous les dons, en nous donnant une reine sage, pieuse, éclairée, déjà maîtresse du cœur du prince et de ses sujets, et qui va faire revivre parmi nous les jours des Clotilde et des Blanche de Castille. Demandons-lui que de cette sainte alliance naissent des héros, qui mêlent au sang de saint Louis, avec les vertus qui lui sont héréditaires, celles dont elle va encore l'ennoblir et le sanctifier: demandons-lui que par elle nous soient donnés des princes qui soient nos pères plutôt que nos maîtres; que notre jeune monarque, l'objet précieux de la tendresse et des espérances de la nation, en croissant en âge et en force, croisse aussi en grace et

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en

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en sagesse ; qu'il aime un peuple dont les vœux, les larmes et les prière, l'ont conservé à la France ; qu'il commence déjà à partager avec nous nos misères et nos pertes, comme nous partagerons un jour avec lui ses prospérités et sa gloire. Tout est commun entre un bon prince et ses sujets: nos malheurs sont les siens, comme sa félicité doit être la félicité de son peuple; il ne sauroit être ni grand ni heureux tout seul : c'est la destinée des souverains; et ils ne seront jamais de grands rois, s'ils n'ont pas été de bons

maîtres.

MANDEMENT

le

Pour demander par des prières publiques, la bénédiction de Dieu sur la résolution que Roi a prise de gouverner l'état par lui-même.

5 JUILLET 1726.

DIEU, dont les vues sur cette monarchie, mes très-chers Frères, ont toujours été des vues de protection et de miséricorde, et qui n'a jamais semblé nous oublier, dans les temps de nos caJamités et de nos afflictions, que pour nous combler de nouveaux bienfaits, rassure encore aujourd'hui nos espérances et nous ouvre une nouvelle ressource à la situation triste et souf

Tome IX CONFER. II.

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frante, où malgré les soins et la vigilance des précédens ministres, les guerres du dernier règne, et les changemens survenus depuis dans l'état, nous a voient laissés.

Le Roi vient de nous déclarer, qu'étant établi de Dieu pour gouverner ce vaste royaume, il veut le gouverner par lui-même. Les soins du père de famille sont en effet toujours plus tendres et plus éclairés que ceux de ses serviteurs, même les plus fidèles. C'est son patrimoine et son héritage qu'il administre ; c'est sa maison qu'il règle; ce sont ses enfans et ses sujets qu'il gouverne. Aussi dans ce projet inspiré d'en haut, le Roi nous assure qu'il ne se propose que la félicité de ses peuples; que touché de leur amour et de leur fidélité, il veut payer leur tendresse de la sienne, et se donner tout entier à des l'amour lui attache encore plus que

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sujets que le devoir, et sur le cœur desquels il règne plus absolument que sur leurs biens et sur leurs personnes, La France, mes chers Frères, ne peut manquer d'être heureuse dès amour pour ses maîtres va devenir la mesure de son bonheur; il n'est pas pour nous d'augure plus sûr de notre félicité, que celui qui est attaché à notre fidélité.

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que

son

Quelles actions de graces ne devons-nous pas rendre à celui qui tient en ses mains le cœur des rois, comme leurs sceptres et leurs empires, d'avoir formé dans celui de notre jeune monarque une si haute résolution, en un âge où les autres

princes sont à peine en état de se gouverner euxmêmes; où les plaisirs deviennent leurs soins les plus importans; et où déchargés du poids de la souveraineté, il n'y a de sérieux dans leur vie et dans leur personne, que le titre auguste et sacré qui nous les a donnés pour maîtres.

Pour attirer du ciel sur son gouvernement les secours et les bénédictions dont il a besoin, le Roi nous ordonne de vous demander pour lui VOS vœux et vos prières. Et dans quelle occasion furent-elles jamais plus justement demandées ? c'est pour nous que nous prions, en priant pour nos maîtres : ce sont des graces que nous demandons pour nous en demandant pour eux les vertus qui font les bons rois; un règne juste et saint est le plus grand don que Dieu puisse faire à la terre. Demandons-lui donc, mes très-chers Frères, qu'il envoie du haut du ciel sur notre jeune monarque, cette sagesse qui préside aux conseils éternels; qu'il lui donne un cœur tendre pour ses peuples; cette humanité qui affermit toujours l'autorité; cette modération, qui en respectant les lois, rend le trône plus respectable; qui se renfermant dans la vaste étendue de ses états, est plus occupée d'en corriger les abus et d'en soulager les misères, que d'en étendre les bornes et qui laisse à ses voisins le funeste honneur de commencer les guerres, et ne veut vaincre que pour avoir la gloire de les finir. Demandons à Dieu qu'il réunisse dans son ame royale toutes les grandes qualités des saints rois

qui ont autrefois gouverné la France; que son règne nous rappelle la gloire du règne de son auguste bisaïeul, qu'il va se proposer pour modèle; qu'il voie comme lui autour de son trône les enfans de ses enfans; et qu'enfin un règne qui commence sous des présages si heureux, soit le règne de la paix, de la piété, de la gloire, de l'abondance.

et

MANDEMENT

Pour faire chanter le Te Deum en actions de graces du rétablissement de la santé du Roi.

20 AOUT 1726.

NOUS vous demandions il

y a peu de jours, mes Frères, des prières publiques, pour attirer les graces et les secours du ciel sur les prémices favorables du gouvernement de notre jeune monarque. Hélas! dans le temps même que nos temples retentissoient encore de supplications et d'actions de graces, la main de Dieu l'a frappé, et nos chants de joie se sont changés en deuil et en des frayeurs mortelles. Il venoit de se donner tout à nous, et de charger un âge encore tendre de tout le poids de la royauté ; et à peine commencions-nous à le posséder, et à jouir des premiers fruits de son amour pour nous nous avons été menacés de le perdre.

, que

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