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qu'une si longue séparation met dans notre cœur. La seule consolation qui adoucit nos peines, c'est que l'ordre lui-même de la providence nous arrête; que la même main qui nous a donné à vous, nous en sépare; et que les temps que Dieu a marqués pour nous rendre à notre cher troupeau paroissent enfin s'approcher.

Mais en attendant que nous puissions nous consoler ensemble, selon l'expression de l'Apôtre, par les témoignages d'une foi et d'une charité mutuelle, nous ne perdons pas de vue vos véritables besoins. La main de Dieu étendue sur une des plus grandes provinces de la monarchie, réveille nos frayeurs et notre tendresse pour les peuples que sa bonté nous a confiés.

Et, en effet, si les fléaux publics sont d'ordinaire le châtiment des prévarications publiques; pouvons-nous ne pas craindre pour vous, mes très-chers Frères ? si les trésors de la patience et de la bénignité du Seigneur sont enfin épuisés, et que ce soit ici le temps de sa colère ; que trouvera-t-il parmi vous qui le désarme, et qui sollicite sa clémence en votre faveur ? Croyezvous que les villes désolées qu'il livre actuellement à la contagion et à la mort, soient les plus criminelles elles offrent du moins à la vengeance céleste la voix de leurs pasteurs, qui, comme Moïse, au milieu des morts et des mourans, lèvent les mains au ciel, ne craignent point pour eux le souffle empoisonné qui ravage leurs troupeaux ; et dont les seules prières devroient être assez

puissantes pour en arrêter le progrès, et calmer le courroux du Seigneur. Elles pouvoient encore se glorifier d'une multitude de ministres zelés qui viennent de consommer leur sacrifice dans l'exercice de leurs fonctions, et qui ont livré avec une ferveur digne des premiers temps, leur ame pour leurs frères. Cependant le glaive de la colère de Dieu qui les frappe, n'est pas encore arrêté, tant de victimes déjà immolées semblent rallumer sa fureur et lui en demander de nouvelles.

Quel traitement peut-il nous réserver, s'il mesure ses châtimens sur nos infidélités ? Vous avez recours à des prévoyances humaines pour empêcher que la mort et le venin n'entrent dans nos villes mais que peuvent les conseils et les mesures des hommes contre les conseils de Dieu? vos murailles vous défendront-elles contre le bras du Tout-Puissant? Ajoutons mes très-chers Frères, aux précautions humaines, la seule précaution qui peut les rendre utiles : prévenons les malheurs qui nous menacent, en faisant cesser les crimes qui vont les attirer sur nous. Ce n'est pas assez d'être en garde contre les causes étrangères; allez à la source, dit le Seigneur, et ôtez le mal qui est au milieu de vous: Auferes malum de medio tui. (Deut. 13. 5.)

C'est la licence des moeurs publiques; c'est peut-être encore la dissipation et l'infidélité des ministres de l'autel, qui ont armé sa vengeance ; il faut qu'un repentir sincère, et un renouvellement de religion et de piété dans tous les états, la dé→

sarment c'est ainsi qu'autrefois Ninive sous la cendre et sous le cilice, effaça par l'abondance de ses larmes, l'arrêt de condamnation déjà prononcé contre elle. Le Seigneur n'est jamais plus prêt à s'apaiser, que lorsqu'il paroît le plus irrité; et ses punitions sont en même temps le châtiment et le remède de nos crimes: Iratus es et misertus es nobis. (Ps. 59. 1.)

Jetons-nous donc, mes très-chers Frères dans le sein de sa miséricorde ; il ne nous montre de loin la verge de sa fureur, que pour nous rappeler de nos voies égarées; il ne menace, que pour n'être point obligé de frapper.

Mais quand nous n'aurions rien à craindre pour

la désolation et la mort répandue sur nos frères, pourroit-elle nous laisser insensibles ? pouvons-nous refuser à l'image affreuse de leurs malheurs les sentimens d'une compassion et d'une tristesse chrétienne ? et si l'éloignement des lieux ne nous permet pas de leur offrir des secours qu'ils ne peuvent attendre de nous, leur refuserons-nous le secours de nos prières ? Accompagnons-les, mes très-chers Frères, de ces sentimens de foi et de componction, qui les font monter devant le trône du Seigneur, et vont lui arracher des mains les fléaux dont il afflige son peuple. Offrons-lui le sacrifice de nos passions avant qu'il nous demande celui de notre vie.

MANDEMENT

Pour la visite générale de son diocèse.

9 AVRIL. 1721.

DEPUIS que la providence a permis, mes trèschers Frères, que ce vaste diocèse ait été confié à nos soins, il ne nous a pas été possible de remplir tous les devoirs que notre ministère exige, et que vous étiez en droit d'attendre de nous : des raisons supérieures et qui nous paroissoient dans l'ordre de Dieu, avoient jusqu'ici éloigné le pasteur du troupeau. Dans cette triste séparation, nous vous portions à la vérité dans notre cœur; mais nous ne pouvions ni vous consoler dans vos peines, ni vous éclaircir de vos doutes, ni remédier aux abus qui peuvent s'être glissés parmi vous. Comme c'est-là une des principales fonctions de notre épiscopat, nous ne croyons pas devoir la différer plus long-temps : il est juste que les brebis connoissent leur pasteur et entendent sa voix ; il est essentiel que le pasteur ; connoisse et les brebis et les ministres préposés pour les conduire. Préparez-vous donc, mes très-chers Frères, à nous recevoir comme celui qui vous tient ici-bas la place de Jésus-Christ et qui doit lui rendre compte de vos ames. Nous espérons que cette visite vous attirera un accrois

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semout

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sement de graces et de bénédictions spirituelles et que témoins de votre foi et de votre piété elle sera pour nous une source abondante de consolation.

MANDEMENT

Pour ordonner la continuation des prières publiques au sujet des maladies contagieuses.

16 SEPTEMBRE 1721.

JUSQUES-ICI, mes très-chers Frères, nous n'avons vu que de loin le bras du Seigneur levé sur une des plus grandes provinces de ce royaume. Sa justice n'exerçoit ces châtimens publics que pour nous faire rentrer en nous-mêmes; elle ne frappe jamais que pour sauver. Mais l'éloignement du péril nous a laissés dans notre fausse paix : nous avons gémi sur nos frères; nous n'avons pas pleuré pour nous-mêmes : coupables des mêmes crimes, nous n'avons pas craint la même punition. Aujourd'hui la colère de Dieu nous menace, et semble s'approcher de nous; il nous montre de plus près ses vengeances; nous en sommes effrayés; mais en sommes-nous plus fidèles ? nous craignons les effets terribles de sa justice; mais travaillonsnous à l'apaiser ? nous grossissons même le péril ; mais en poussant trop loin nos frayeurs, nous sommes tranquilles sur tout ce qui doit faire le

Tome IX. CONFER. II.

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