Obrazy na stronie
PDF
ePub

l'ingratitude, et l'énormité de ses crimes, et la juste punition qu'il ne croit pas pouvoir éviter : vous le consolez et le soutenez par l'espérance du pardon fondée sur le prix infini du sang de JésusChrist, et sur la miséricorde inépuisable d'un Dieu qui ne rejette jamais le pécheur, lorsqu'il revient à lui avec un cœur sincère et pénitent vous avez la joie d'être témoin de ses regrets et de ses larmes, et de voir l'humiliation et la componction dont son cœur est pénétré, peintes sur les traits mourans de son visage; et si le moment qui sépare cette ame de son corps arrive, quelle consolation pour vous de pouvoir lui dire avec l'Eglise Partez, ame chrétienne : Proficiscere, anima christiana; retournez dans le sein de Dieu d'où vous étiez sortie, et allez porter devant son tribunal vos larmes, qui, mêlées avec le sang de Jésus-Christ que vous venez de recevoir, vous feront, comme nous l'espérons, trouver grace auprès de ce Père clément et miséricordieux ! Or, mes Frères, un pasteur peut-il n'être pas jaloux d'une consolation si touchante, et si capable d'adoucir les peines du saint ministère ? un pasteur peut-il s'en priver, en différant sous quelque prétexte spécieux, le secours qu'un malade luj fait demander? La rigueur de la saison, la difficulté des chemins, le sommeil de la nuit interrompu, une légère indisposition, peuvent-elles devenir des raisons pour remettre à un autre temps une fonction pour laquelle il n'y a jamais un moment à perdre, et que la justice de Dieu

refuse souvent, lorsqu'on s'y attend le moins au malade et au pasteur lui-même ? Oui, mes Frères, voilà les prétextes auxquels les pasteurs mêmes d'ailleurs irréprochables se laissent souvent séduire. La rigueur de la saison ? Mais mes Frères, vous empêcheroit-elle d'aller prendre possession d'une place ou d'un titre où la célérité seroit essentielle ? et vous croiriez la diligence moins importante, quand il s'agit d'aller assurer à votre frère une place dans le ciel, et le titre d'héritier d'un royaume éternel? le temps pour vaquer à nos affaires temporelles est toujours prêt et facile, comme Jésus-Christ le reprochoit à ses parens charnels : Tempus vestrum semper est paratum: mais le temps de Jésus-Christ, le temps de remplir nos devoirs, trouve toujours des difficultés et des obstacles: Tempus autem meum nondùm advenit. Les ministres apostoliques auxquels nous avons succédé, observoient-ils les temps et les jours pour aller au secours de leurs frères? ils y couroient in frigore et nuditate. La difficulté des chemins ? Mais le bon pasteur alloit chercher sa brebis à travers les montagnes les plus impraticables; et les chemins peuvent-ils paroître difficiles à un ministre de Jésus-Christ qui va frayer à une ame le chemin du ciel ? Le sommeil de la nuit interrompu ? Mais pour ne pas retrancher de votre paresse une heure de sommeil n'auriez-vous pas horreur de vous-même en vous exposant par vos délais à précipiter votre frère dans un sommeil éternel? Enfin, une légère in

[ocr errors]

disposition de santé ? Mais, mes Frères, souvenons-nous quelquefois que Jésus-Christ le grand modèle des pasteurs dans la défaillance de son agonie, et sur le point d'expirer sous la rigueur des tourmens, ne refusa pas son secours à un pécheur qui expiroit à ses côtés, et qui réclamoit sa puissance et sa miséricorde; et vous, un léger dérangement de santé vous rendroit insensible aux cris d'un pécheur qui sollicite les secours de votre ministère? et il vous paroîtroit plus dangereux d'exposer un moment votre santé, que le salut éternel d'une ame qui yous est confiée, et qui va peut-être périr ? N'est-ce pas alors que vous devez dire avec l'Apôtre: Cùm infirmor, tunc potens sum: (2. Cor. 12. 10.) Ma foiblesse va se changer pour moi en une nouvelle source de force et de courage. Un pasteur, vous le savez, doit être toujours prêt à donner sa vie même pour ses brebis; et vous ne croiriez pas leur devoir un léger effort qui pourroit tout au plus reculer de quelques jours le retour de votre santé ? Non, mes Frères, nous ne demandons pas ici de vous ce zèle et ce courage des premiers ministres qui regardoient la mort à laquelle ils s'exposoient tous les jours pour leurs frères, comme un gain et la récompense la plus souhaitable de leurs peines. Et mori lucrum. Mais nous demandons que vous regardiez comme un grand crime et une espèce d'apostasie dans le saint ministère d'être plus touchés de la crainte d'aigrir une infirmité passagère, que du danger éternel que va

courir une ame qui vous est confiée, et que vous abandonnez. Car enfin, mes Frères, si ce courage héroïque, et ce desir du martyre, qui animoit autrefois le sacerdoce, n'est plus nécessaire au milieu du christianisme; le premier esprit qui est l'esprit du ministère subsiste toujours, et ne sauroit jamais s'éteindre, non plus que l'Eglise elle-même. Il est encore de foi, comme il a été dans le commencement, et il le sera jusqu'à la fin, que ce n'est pas pour nous que nous sommes pasteurs; mais que nous ne le sommes que pour les ames qui nous sont confiées: c'est la vérité fondamentale sur laquelle tout le saint ministère est établi : c'est à ces ames auxquelles l'Eglise nous a donnés pour pasteurs que nous devons non-seulement nos soins, nos forces, nos talens, mais notre vie même : tout ce que nous avons et tout ce que nous sommes est à elles, et quand pour nous acquitter d'une dette si sainte et si honorable, nous aurions épuisé nos forces, devrions-nous regretter une perte si auguste et si glorieuse? Les infirmités qui seroient devenues le fruit de nos travaux et de notre fidélité à nos devoirs, ne seroient-elles pas plus consolantes pour nous et plus respectables qu'une longue vie prolongée dans l'inutilité et dans la paresse ? et pourrions-nous regarder nos jours comme abrégés, quand nous les aurions changés en des jours heureux et éternels?

VINGTIÈME

VINGTIÈME DISCOURS

Réponse à la réquisition de M. le Promoteur contre certains abus glissés dans le clergé.

1742.

,

[ocr errors]

Il est difficile que dans un diocèse aussi vaste; quoique composé d'un clergé en général si édifiant et zélé pour le bon ordre, il ne se glisse quelques abus. Les premières Eglises du christianisme naissant, si ferventes, et où l'on ne comptoit le nombre des fidèles que par celui des martyrs, n'en furent pas exemptes. Au milieu de tant d'ouvriers apostoliques qui gouvernoient ces peuples nouvellement acquis à Jésus-Christ, le démon suscitoit de faux apôtres qui abusoient de ce nom honorable pour cacher leurs désordres et qui changeoient en luxure et en un gain sordide, la grace de la foi, du sacerdoce et de la piété. Mais si ces premiers pasteurs revêtus du don des miracles, et remplis de tous les dons de l'EspritSaint visiblement répandus sur eux, malgré leur vigilance apostolique, ne pouvoient pas empêcher que des loups ne se glissassent dans le troupeau, que pourrions-nous nous promettre, nous leurs indignes successeurs dans l'épiscopat, de notre négligence, de la foiblesse de notre foi, et de notre piété, et de la médiocrité de nos talens et de nos lumières? Telle est la destinée de l'Eglise

Tome IX. CONFER. II.

26

« PoprzedniaDalej »