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paternelle et désintéressée, ils forcent eux-mêmes en la violant, leurs pauvres peuples à la leur remettre sans cesse devant les yeux ; à la réclamer comme leur sauvegarde, et à la porter même devant les tribunaux laïques pour se mettre à couvert des entreprises de l'avarice infame, et de la tyrannie de leurs pasteurs. Quel opprobre pour le saint ministère! quel scandale pour la religion, et pour la foi toujours chancelante des peuples! Mais que pourrions-nous dire ici à des prêtres si dignes de tous les anathèmes de l'Eglise, si parmi ceux qui m'écoutent, il s'en trouvoit qui fussent coupables de cette infamie? leur rappeler les règles saintes de l'Eglise,sur le désintéressement et la charité ordonnée à ses ministres? sur la sainteté de nos fonctions, et le don inestimable de Dieu, qui ne se vend et ne s'achète pas à prix d'argent? sur le prix du sang de Jésus-Christ, ce gage précieux de son amour, dont nous ne sommes que les dispensateurs honorables, et non, comme Judas, les vendeurs exécrables et perfides? Mais comment seroient-ils sensibles à ces grandes vérités de la foi, eux qui ne sont pas même susceptibles des sentimens les plus communs de l'humanité, de la pudeur, et de la bienséance? ce ne sont pas même des hommes; comment en pourroit-on faire des ministres de Jésus-Christ? la nature elle-même a perdu ses droits dans leur cœur ; comment les sentimens sublimes de la religión et du sacerdoce y pourroient-ils conserver les leurs? Je sens la dureté de ces expressions; mais elles ne rendent

pas encore toute l'indignation que mérite un scandale qui couvre d'opprobre la gloire du sanctuaire, et qui fait du temple de Dieu l'infàme retraite des voleurs, et des vendeurs des choses saintes.

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L'unique ressource pour empêcher que ce mal honteux n'infecte le diocèse, est que vous mes Frères, qui en partagez la douleur avec nous et avec l'Eglise; vous qui honorez votre minis→ tère au milieu des peuples dont le soin vous est confié; qui êtes notre gloire, notre consolation, et dans vos paroisses les dignes coopérateurs de notre épiscopat; vous manifestiez au dehors toute l'horreur que vous cause un scandale si honteux au saint ministère; vous déposiez tout ménagement, toute tolérance, tout respect humain envers ceux de vos confrères que vous connoissez flétris d'une tache si hideuse. Ne gardez aucune mesure de société avec des prêtres qui n'en gardent aucune avec vous, non-seulement du sacerdoce mais même d'humanité et de christianisme: ce ne sont pas là vos frères ; ce sont des ennemis et des étrangers, qui sont entrés dans l'héritage pour le dissiper, l'avilir et le perdre. Après les avoir charitablement avertis, s'ils persistent dans leur infamie, publiez-la vous-mêmes; détestez - la hautement; sollicitez contre ces mercenaires notre juste indignation: qu'un silence de timidité qu'une dissimulation de fausse prudence ne vous rendent pas, en nous cachant ce désordre, participans vous-mêmes d'un scandale si ignominieux

à l'Eglise, dont la gloire vous est solidairement confiée ; que votre indignation publique contre ces indignes confrères, votre séparation déclarée de toute société avec eux, annonce aux peuples l'horreur qu'a l'Eglise de ces méprisables mercenaires : Siis qui frater nominatur, est aut avarus, aut rapax, cum ejusmodi nec cibum sumere. (1. Cor. 5. 11.) Unissez-vous à notre zèle: c'est là un de ces scandales où les anges de l'Eglise ne doivent pas attendre le temps de la moisson pour l'arracher; et le diocèse en seroit bientôt purgé, si le zèle des bons curés venoit à notre secours, et si par un soulèvement public et digne de la fermeté sacerdotale contre un abus si monstrueux, ils couvroient ceux qu'ils en connoissent coupables, de la même confusion et du même opprobre, dont leur infàme avarice ne cesse de couvrir l'Eglise.

DIX-HUITIÈME DISCOURS.

De la nécessité de la prière.

1740.

La fidélité à la prière, que M. le Promoteur

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vient de vous recommander avec tant de zèle. n'est pas, mes Frères une de ces obligations qui sont particulières à la sainteté de notre état. C'est le devoir le plus essentiel du christianisme :

tout chrétien doit être un homme de prière; ses vues, ses desirs, ses espérances, ses affections, sa conversation même, comme s'exprime l'Apôtre, tout est pour lui dans le ciel : tout chrétien est un citoyen du siècle à venir, et étranger; tous les objets extérieurs qui l'environnent icibas, ne doivent être pour lui que des liens et des obstacles qui retardant sa course et son exil, doivent enflammer ses desirs vers sa patrie; toutes les séductions que le monde lui offre, tous les combats secrets que les passions lui livrent sans cesse, et où il fait presque chaque jour de tristes. expériences de sa fragilité, tout cela doit l'avertir de lever continuellement les yeux au ciel; y faire monter ses gémissemens et ses prières, et s'adresser en secret et en tous lieux, au témoin fidèle et invisible qui est dans le ciel, de ses dangers et de ses peines, et au seul protecteur dont il attend sa consolation et sa force. Tout chrétien est donc un homme de prière; et un chrétien qui ne prie pas, est un homme sans Dieu, sans culte, sans religion, sans espérance : et cette vérité si incontestable établie, quelles instructions ne devons-nous pas à nos peuples pour leur inspirer l'amour et l'usage de la prière ?

Mais, mes Frères, si la prière est l'ame du christianisme; si toute la religion n'est proprement qu'un hommage d'amour que nous rendons à Dieu pour publier ses bienfaits et ses grandeurs, ou pour solliciter son secours et ses miséricordes; si toutes les pratiques extérieures du culte ne

sont

que les secours et les facilités de la prière; si tout le culte n'est établi lui-même que pour former de tout simple fidèle un homme intérieur et un homme de prière; si un chrétien qui ne prie pas est un homme sans Dieu, sans religion et sans espérance, quel monstre, ô mon Dieu ! peut être un prêtre, un ministre de cette religion, un interprète de ses lois, un dépositaire de son esprit, un dispensateur de ses graces, un intercesseur public auprès de Dieu pour les fidèles, un médiateur entre Dieu et le peuple; s'il n'est pas lui-même un homme de prière ; s'il n'est pas fidèle à ce devoir; s'il n'en connoît pas même l'usage, c'est-à-dire, s'il ne prie que de bouche, et des instans rapides, sans attention, sans décence même sans aucun sentiment de piété, et avec si peu de respect, que sa prière est plutôt une insulte faite à Dieu, qu'un hommage de religion rendu à sa majesté suprême. Hélas ! mes Frères, si vous ne sentiez pas cette vérité, et s'il falloit des preuves pour vous en convaincre ; que vous seriez à plaindre, et que je le serois moi-même d'avoir à parler à de tels prêtres et à de tels pasteurs de l'Eglise, cette chaste colombe qui gémit et prie sans cesse par la bouche de ses ministres ! Aussi ce n'est que pour nous édifier ensemble, et nous auimer mutuellement à la pratique d'un devoir si consolant dans nos fonctions, et si inséparable d'elles, que je me suis déterminé à ajouter un mot à tout ce qu'on vient de vous en dire.

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Oui,

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