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terribles, à mesure que ses années s'accumulent; il les exerçoit autrefois sans aucun sentiment de foi et de piété, il les exerce alors sans dignité même et sans décence. Nous le voyons tous les jours, mes Frères, et nous en gémissons; des pasteurs accablés sous le poids des années administrer les choses saintes, et y participer eux-mêmes, avec une indécence et une familiarité qui déshonore la religion, qui avilit le saint ministère, et leur -attire des dérisions même de la part de leurs peuples. On a beau les avertir qu'il faut traiter saintement les choses saintes; ils regardent ces indécences comme le privilége de leur âge; ils laissent aux jeunes prêtres cet air respectueux et attentif au milieu des fonctions, ils se persuadent que le long usage qu'ils en ont, les dispense de cette observance scrupuleuse des rites prescrits par l'Eglise, et les autorise à une célérité et à une familiarité qui retranche de la majesté et de la sainteté du culte, non-seulement la piété, mais même la gravité et la simple décence. Nous traitons de simplicité, et d'une raison affoiblie par la vieillesse, ces manières si peu dignes de nos mystères; mais nous nous trompons : ce n'est pas l'âge qui les a jetés dans ces inconvéniens scandaleux d'indécence; c'est l'insensibilité dans les fonctions qui a commencé de bonne heure, et qui, arrivée à son comble, finit enfin par le mépris ce n'est pas la vieillesse qui affoiblit leur raison; c'est la justice de Dieu qui, lassée d'être depuis long-temps outragée par un ministère

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exercé sans aucun esprit intérieur de foi et de piété, a enfin achevé d'endurcir leur cœur. C'està-dire, que l'âge lui-même dont Dieu se sert tous les jours pour rappeler les fidèles à une vie plus chrétienne, consomme l'endurcissement d'un prêtre c'est-à-dire, que la religion offre, par notre ministère, à un fidèle qui a eu le malheur de s'égarer, mille ressources pour retourner à Dieu; et qu'un prêtre qui a le malheur d'exercer ce ministère sans ferveur et sans un esprit intérieur de foi et de piété, se rend toutes ces ressources inutiles à lui-même : c'est-à-dire, mes Frères, que nous nous perdons par les mêmes voies par où les autres se sauvent, qu'un pécheur dans le monde revient tous les jours de ses désordres, mais qu'un prêtre ne revient presque jamais de son insensibilité; et qu'ainsi il y a infiniment plus à espérer de la conversion d'un fidèle ouvertement déréglé, que de celle d'un prêtre et d'un pasteur indolent et insensible au milieu de tout ce qui est capable de réveiller la foi et la piété. Ce n'est pas ici une simple expression de zèle, mes Frères; c'est la vérité la plus réelle et la plus frappante qui puisse nous regarder, et que je ne vous annonce qu'en étant frappé et effrayé moi-même. Car, pour vous rassembler en peu de mots tout ce que je viens de vous dire; sur quoi, je vous prie, un prêtre qui exerce ses fonctions sans cet esprit intérieur de religion et de piété, peut-il compler pour se promettre un changement? La participation aux choses saintes? la foi du fidèle en est réveillée ;

elle nous appesantit et nous endort. Le ministère de la parole? il montre la vérité à nos peuples, et nous la cache à nous-mêmes. Le tribunal de la pénitence? c'est un remède que nous appliquons aux autres, et qui par-là perd pour nous toute sa vigueur et toute sa force. Le souvenir ou la vue de la mort? des pécheurs endurcis en sont tous les jours frappés et changés; pour nous, à force de la voir de près, nous cessons non-seulement de la craindre, mais même d'y penser. Enfin, l'âge du moins? hélas ! il amortit les passions des personnes du monde, et les dispose à un changement de vie ; mais il met comme le dernier sceau à l'indolence et à l'insensibilité d'un prêtre.

Grand Dieu! quelles ressources nous laissezvous donc pour notre salut, à nous que vous avez choisis pour le saint ministère? Les fidèles aidés des secours que vous avez laissés à votre Eglise reviennent tous les jours à vous; et nous qui en sommes les dispensateurs, n'y trouveronsnous que de nouvelles occasions de vous oublier et de nous perdre? Grand Dieu! le sacerdoce saint, ce caractère divin que nous partageons . avec Jésus-Christ seroit-il donc devenu un caractère de réprobation pour nous? cette onction sainte qui nous a consacrés à vos autels, ne seroitelle pour nous que comme une huile bouillante allumée par votre justice, qui auroit pénétré jusqu'aux os et desséché jusqu'à la moelle, jusque dans nos cœurs, les principes d'amour, de zè.e, de charité, qui forment toute la vie sacerdotale?

Non, Seigneur, vous ne nous avez pas choisis pour nous perdre, mais pour coopérer au salut de vos élus : nos cœurs sont appesantis et acccablés d'un sommeil dangereux; mais ils sont encore entre vos mains: si les morts entendent votre voix, ceux qui ne sont qu'assoupis et languissans n'y fermeront pas leurs oreilles. Parlez, Seigneur, à nos cœurs appesantis; mais parlez-leur de cette voix puissante qui sait se faire entendre ; ranimez notre langueur comme vous ranimâtes autrefois des os arides pour en former une armée toute prête de combattre pour votre gloire; rallumez le feu divin de votre amour et de votre zèle presque éteint dans la boue de nos cœurs, comme vous rallumâtes autrefois dans la boue même le feu sacré que les enfans des prêtres emmenés captifs, avoient caché sous les entrailles de la terre. Souvenez-vous, grand Dieu! qu'en ne permettant pas que nous nous perdions, vous prévenez la perte des ames qui nous sont confiées; qu'en nous préparant les graces qui vont nous rendre des ministres fervens et fidèles, vous préparez le salut de tant de brebis qui s'égarent toujours sous des guides foibles et infidèles. Nous sommes indignes, il est vrai, des regards de votre miséricorde mais regardez du moins vos peuples; ayez pitié de tant d'ames qui ont coûté tout le sang de votre Fils, et qui éviteroient un malheur éternel sous des ministres dont vous auriez renouvelé la piété et le zèle : si les pasteurs ont attiré votre colère, ce pauvre peuple régénéré

dans le sein de votre Eglise, qu'a-t-il fait pour partager nos châtimens? Isti qui oves sunt, quid fecerunt? (2. Reg. 24. 17.) Souvenez-vous, Seigneur, du ministère dont vous nous avez chargés à leur égard; et que notre salut vous soit toujours cher et précieux, puisque dans vos desseins, vous l'avez lié à celui des peuples que vous nous avez confiés. Sauvez-nous, grand Dieu! renouvelez-nous, afin que le pasteur et le troupeau renouvelés, ne fassent plus qu'un nouveau bercail et un nouveau peuple, que vous êtes venu former sur la terre.

QUINZIÈME DISCOURS.

De la douceur nécessaire aux ministres.

1737.

LA douceur dans le ministère sur laquelle M. le Promoteur vient de vous entretenir, me paroît un sujet si important, que je ne saurois m'empêcher d'ajouter quelques réflexions à tout ce qu'il vous a dit là-dessus d'édifiant et de solide.

Sans doute, mes Frères, dès que nous sommes pères et pasteurs, la douceur, la tendresse, la charité, doivent former notre principal caractère, et devenir comme l'esprit dominant de toutes nos fonctions cependant, il n'est que trop vrai que nous substituons souvent l'humeur, l'esprit

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