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tout ce que vous êtes, vous ne l'êtes que pour eux. Versez dans nos coeurs, ô mon Dieu, ces sentimens de tendresse et de charité sacerdotale; et rendez-nous dignes de porter devant votre peuple, le nom respectable de père et de pasteur dont vous nous avez honorés.

Il est vrai, mes Frères, qu'il n'y a qu'une piété sincère qui puisse nous faire entrer dans ces dispositions, et remplir nos fonctions avec décence et avec désintéressement; dernière disposition, la piété.

Voilà le principe qui règle tout le reste. Conservez comme le plus précieux de tous les trésors, l'esprit et la grace de votre vocation: n'approchez pas des fonctions saintes avec une conscience, je n'ose pas dire, criminelle; ear je parle à des ministres du Seigneur, et non à des profanateurs; mais avec une conscience douteuse, c'est-à-dire, agitée de mille remords secrets qu'on ne peut, ni calmer, ni se justifier à soi-même : alors l'indécence et le vil intérêt ne profaneront pas la sainteté de vos fonctions: on ne tombe dans ces abus publics devant les hommes, que lorsqu'on est déjà déchu en secret devant Dieu, de l'innocence et de la grace de sa vocation. Souve nez-vous qu'ayant sans cesse entre les mains les mystères de la religion et les graces de l'Eglise; toujours occupés, ou à offrir la victime adorable, pu à communiquer aux fidèles, dans les fonctions, le prix de son sang; il n'est pas de milieu pour un prêtre entre la piété et le sacrilége, et que s'il

n'est pas un saint, il est bien près d'être un profanateur.

Hélas! mes Frères, les gens du monde se perdent pour passer leur vie dans un cercle perpétuel de jeux, de plaisirs, et d'occupations profanes, incompatibles avec le salut, et qui leur font perdre de vue les vérités de la religion : et nous mes Frères, nous nous perdons au milieu des occupations et des fonctions les plus saintes, et qui nous rappellent sans cesse les plus grandes vérités de la foi; nous contractons de nouvelles souillures, en appliquant aux autres les remèdes du salut. Le monde se damne parce qu'il n'estoccupé que d'œuvres mondaines; et nous nous damnons en ne paroissant occupés que d'œuvres saintes. Quelle ressource peut-il rester à un prêtre infidèle, si tout ce que la religion a de plus saint et de plus terrible, l'endurcit ou le souille ?

Rappelez l'histoire des enfans d'Héli. Honorés du sacerdoce, ils trouvoient dans la sainteté de leurs fonctions l'écueil de leur innocence: les offrandes des peuples multiplioient leurs profanations; chaque sacrifice étoit pour eux un nouveau crime: Dieu les frappa; il vengea la gloire de son nom, et la sainteté de son culte : la succession du sacerdoce s'éteignit dans une race criminelle; quarante mille Israélites furent immolés par le glaive des Philistins, pour servir d'expiation à leurs sacriléges; la lampe d'Israël s'éteignit, le culte tomba, et l'arche sainte devint

la

la proie des incrédules et des incirconcis. Il semble qu'un Dieu irrité n'avoit pas assez de châtimens pour punir les profanations d'un autel vide et d'un culte figuratif, pour venger le sang des boucs et des taureaux offert sur ses autels, et souillé par des ministres infidèles.

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Quels châtimens les profanations de l'autel où son Fils est immolé, les souillures et les irrévérences qui profanent le sang adorable de la nouvelle alliance, ne doivent-elles pas attirer sur nous? Et que sais-je, mes Frères, si les tristes fléaux dont nos peuples sont tous les jours affligés; si nos campagnes désolées; si les événemens les plus terribles et les plus singuliers qui semblent se réunir en nos jours pour achever d'accabler un peuple déjà languissant et misérable; que sais-je, si la décadence et l'extinction presque de toute foi et de toute piété dans le monde ; que sais-je, si l'Eglise, si l'arche sainte tous les jours en péril par les disputes, les contentions, et les entreprises téméraires qui la menacent; si l'affreuse incréduli'é croissant tous les jours, et s'élevant sur les débris de la foi dont l'Eglise de France avoit toujours été une si sûre et si vénérable dépositaire; que sais-je, si tous ces fléaux ne sout pas les châtimens d'un Dieu outragé dans ses mystères et dans ses bienfaits? que sais-je, s'ils ne nous en annoncent pas encore de plus terribles? Ce seroit à nous, comme les médiateurs entre Dieu et les hommes, à les prévenir et à les suspendre: et peut-être c'est nous seuls qui les attirons; peutTome IX. CONFER. II.

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être le bras de la colère de Dieu n'est levé que pour venger nos profanations et nos irrévérences peut-être nous qui devrions être les ministres de la réconciliation de Dieu avec les hommes, nous sommes le seul objet de ses fureurs et de ses vengeances. Non, mes Frères, lisez les livres saints; les péchés des prêtres ne demeurent jamais impunis: Dieu venge toujours la gloire de son culte outragé: et où il frappe les peuples et les provinces des plus tristes calamités; ou, ce qui est encore plus terrible et plus ordinaire, il frappe les prêtres eux-mêmes d'endurcissement et d'impénitence.

Entrons, mes Frères, dans ces sentimens de terreur et de religion : et quoique par la miséricorde de Dieu, de tous les ministres vénérables qui m'écoutent, nous ayons cette confiance et cette consolation, qu'il n'y en ait pas peut-être un seul qui ne dispense d'une manière digne de Dieu les mystères de la foi, et les graces de l'Eglise; qu'ils redoublent cependant de zèle et de ferveur; qu'ils gémissent sans cesse devant Dieu sur l'infidélité de leurs confrères, sur l'opprobre dont ils couvrent la majesté de la religion, et sur les calamités qui en sont toujours une triste suite. Arrêtons, mes Frères, par nos prières et nos gémissemens secrets, le bras de la colère de Dieu, toujours levé pour venger les profanations de son sanctuaire: rendons à l'Eglise par une conduite soutenue et édifiante, l'honneur et la gloire que les ministres infidèles lui ôtent tous

les jours; rendons par nos moeurs sacerdotales, la religion respectable à ceux même qui ne l'aiment pas forçons le monde de changer son langage profane à l'égard des personnes consacrées à Dieu; que la présence seule d'un prêtre devienne la censure de ses désordres, et non un prétexte et une autorité qui les lui justifie. Le vice, mes Frères, régnera bientôt moins dans le monde, quand nous leur prêcherons la vertu par nos exemples.

DOUZIÈME DISCOURS

De la nécessité de la prière.

1734.

RIEN de plus solide, mes Frères, que les réflexions édifiantes que vous venez d'entendre. On vous l'a dit, et je le répète ; la prière est le devoir le plus intime et le plus inséparable du ministère c'est l'ame, pour ainsi dire, du sacerdoce; c'est l'unique sûreté du pasteur; elle seule adoucit les dégoûts, et prévient les dangers de vos fonctions; elle seule en assure le succès,

:

Oui, mes Frères, la prière fait toute notre sûreté dans le cours de notre ministère. Nous avons nos misères et nos foiblesses; hélas! et elles sont même d'autant plus à craindre pour nous, qu'elles subsistent toujours avec les fonctions les plus saintes. Cette situation, qui d'un côté demande

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