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qu'il leur donne lui-même l'acroissement: ou de le fléchir envers celles de ses ouailles que sa justice semble avoir abandonnées; ou de le remercier, lorsqu'il en retire par son ministère quelques-unes des voies de l'égarement, et lui en rapporter à lui seul toute la gloire? Non mes Frères, nos instructions seront toujours stériles, si nos larmes et nos prières ne les rendent fécondes: on se dispense souvent de l'instruction, parce qu'on se plaint qu'on n'a pas reçu de la nature de grands talens pour ce ministère : mais mes Frères, soutenez vos instructions de la prière; elle supplée à tous les talens; et les plus grands talens sans elle, ne sont jamais qu'une cymbale retentissante.

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Et de bonne foi, mes Frères, un pasteur peutil ou vivre sans prier, ou prier rarement, prier sans goût et sans zèle, ou borner toutes ses prières à la récitation froide, inattentive, et précipitée de son bréviaire, tandis qu'il passe sa vie au milieu de ses paroissiens; qu'il voit la plupart vivre dans le crime, et périr tous les jours à ses yeux ? Le grand-prêtre Aaron voyant une partie de son peuple frappée de la main de Dieu, et expirer devant lui, court, dit l'Ecriture, entre les morts et les vivans; il lève les mains au ciel; il verse des larmes sur le malheur de ceux qu'il voit tomber à ses yeux ; il crie, il supplie, et sa prière est exaucée, et la plaie cesse, et le glaive de la colère de Dieu se retire: un bon pasteur ne prie jamais inutilement pour son peuple:

Tome IX. CONFER. II.

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Stans Aaron inter mortuos ac viventes, pro populo deprecatus est, et plaga cessavit. (Num. 16. 48.)

Voilà, mes Frères, l'image d'un bon pasteur. Il marche au milieu de son peuple, pour ainsi dire entre les morts et les vivans; il voit à ses côtés des brebis mortes, et d'autres prêtes à expirer, et qui ne donnent plus que quelques signes de vie; il voit le glaive invisible de la colère de Dieu sur son peuple, par les crimes qui y règnent, et qui en précipitent un grand nombre dans la mort; il le voit, et c'est un spectacle qu'il a tous les jours sous les yeux. S'il n'en est pas touché; ce n'est pas un pasteur, c'est un mercenaire qui voit de sang froid périr son troupeau; c'est un ministre déchu de la grace du sacerdoce, ou qui ne l'a jamais reçue. Mais s'il en est touché, eh! quel doit être le premier mouvement de sa douleur et de son zèle ? c'est de s'adresser à celui qui frappe et qui guérít; c'est de lui offrir les larmes secrètes de sa douleur et de son amour pour son peuple; c'est de faire souvenir un Dieu irrité, de ses anciennes miséricordes; c'est d'émouvoir par ses soupirs ses entrailles paternelles, et de s'offrir lui-même d'être anathème pour ses frères: Stans Aaron inter mortuos ac viventes, pro populo deprecatus est, et plaga cessavit.

Non, mes Frères, un prêtre, un pasteur qui ne prie pas, qui n'aime pas la prière, il n'appartient plus à l'Eglise qui prie sans cesse; il n'est plus lié à son esprit de prière et de charité. C'est

un arbre sec et aride, qui occupe en vain le champ du Seigneur ; c'est l'ennemi et non le père de son peuple; c'est un étranger qui a pris ła place du pasteur, et à qui le salut du troupeau est indifférent. Ainsi, mes Frères, soyez fidèles à la prière, et vos fonctions seront plus utiles et vos peuples seront plus saints, et vos travaux vous paroîtront plus doux, et les maux de l'Eglise diminueront.

ONZIÈME DISCOURS.

De la décence dans les cérémonies.

1733.

On vient de vous annoncer le nouveau rituel attendu depuis si long-temps dans ce diocèse : les nouveaux secours que nous vous offrons pour l'exercice de vos fonctions, doivent réveiller en vous de nouveaux desirs de les exercer d'une manière encore plus digne de leur sainteté. Oui, mes Frères, rappelons-nous souvent devant Dieu toute la grandeur et la sublimité de nos ministères paroissons aux pieds des autels, pénétrés, effrayés de la puissance que Jésus-Christ nous confie sur des ames qui sont le prix de son sang, et destinées à ne former avec lui qu'un même Christ, pour glorifier Dieu durant toute l'éternité : nourrissons-nous de ces grandes vérités qui sont

comme l'ame et la substance du sacerdoce; alors la décence, le désintéressement, l'esprit de zèle et de piété sanctifieront toutes nos fonctions.

Je dis la décence; hélas ! mes Frères, devrions-nous avoir besoin d'exhorter des prêtres que les anges regardent avec respect, à respecter eux-mêmes leur ministère ? Comme il n'est rien de plus grand et de plus auguste sur la terre, que d'exercer à la place de Jésus-Christ les fonctions de son sacerdoce éternel; rien aussi ne doit être accompagné d'une modestie et d'une gravité plus. sacerdotale, et d'un respect plus religieux, que l'exercice de ces divines fonctions. On nous a nourris dans cette maison sainte de ces grandes maximes : nous savons que dans toutes nos fonctions nous revêtous, pour ainsi dire, la personne de Jésus-Christ; nous sommes les médiateurs entre Dieu et les hommes, et nous continuons à sa place le ministère de leur réconciliation. Quoi de plus capable de nous pénétrer d'une sainte frayeur, pour peu que nous retombions sur nousmêmes, et que nous fassions attention à ce que nous sommes, et au ministère céleste que nous remplissons?

Mais ces vues de la foi s'affoiblissent par le long usage. Si nous n'avions à dispenser les sacremens, et exercer les autres fonctions de l'Eglise, qu'une seule fois durant tout le cours de notre sacerdoce; ah! nous serions frappés d'une sainte terreur : nous sentirions tout ce que ce ministère a de divin, et tout ce qui rend des hommes

pétris de misères et de foiblesses comme nous, indignes de le remplir. Mais comme si ces fouctions divines perdoient quelque chose de leur sainteté par leur fréquent usage, ou que nous en devinssions plus dignes à mesure que nous les administrons avec moins de décence et de précaution, elles ne réveillent plus notre foi, hélas! pas même notre attention; elles ne sont plus pour nous comme une œuvre de religion, mais comme -une servitude de notre état, que rien par nos dispositions extrieures et intérieures ne distingue des autres actions ordinaires qui entrent dans le détail de notre vie; si ce n'est peut-être que l'indécence, l'ennui, la précipitation, forment la seule différence déplorable que nous y mettons. Le grand-prêtre de la loi n'entroit qu'une fois l'année dans le Saint dés saiuts: aussi quels préparatifs augustes, quelles précautions infinies quelles atttentions pour ne pas manquer à la plus légère des cérémonies qui devoient accompagner une action dont le sang grossier d'une victime charnelle faisoit toute la majesté! Nous entrons tous les jours, mes Frères, dans le véritable Saint des saints, dont le premier n'étoit que l'ombre, le sang de Jésus-Christ entre les mains; nous l'offrons à son Père, et dans la distribution des sacremens, nous le dispensons aux peuples; mille fois plus respectables par les fonctions de notre sacerdoce, que le grand-prêtre de la loi. Cependant comparez la majesté, les précautions infinies et religieuses qui accompagnoient son miais

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