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témoignage du bien qu'ils font dans leurs pa

roisses.

Or, mes Frères, pour un prêtre et un pasteur surtout, ne pas édifier, c'est scandaliser; ne montrer rien en soi, dans ses entretiens, dans ses inclinations, dans ses démarches, dans tout son genre de vie, qui excite à la vertu, c'est inspirer, c'est autoriser le vice; ne pas confirmer par la sainteté de ses mœurs la sainteté, la sévérité des vérités qu'il annonce, c'est les désavouer : en un mot, n'être pas plus saint que son peuple, c'est être un mauvais pasteur, et déshonorer son ministère. Que ces grandes réflexions, mes Frères, nous rappellent souvent à nous-mêmes pensons quelquefois que ce ne seront pas les grands désordres, qui damneront la plupart des pasteurs; et qu'il y en aura infiniment plus qui seront condamnés pour n'avoir fait aucun bien dans leurs Eglises, que pour y avoir opéré de grands maux. L'arbre qui ne porte point de fruit est frappé de malédiction, comme l'arbre mort et déraciné; et l'Evangile condamne aux mêmes ténèbres et aux mêmes tourmens éternels, et le serviteur inutile, et le serviteur infidèle.

A

HUITIEME DISCOURS

De l'instruction des enfans.

1730.

TOUT ce que vous venez d'entendre sur le devoir le plus essentiel de votre état, qui est l'instruction des enfans, j'ajouterai encore une réflexion que je vous prie de faire avec moi; c'est que de votre fidélité à remplir ce devoir, dépend tout le fruit à venir de votre ministère et de celui même de vos successeurs.

Je dis de votre ministère; oui, mes Frères, vous fermez à ces enfans que vous négligez, que vous laissez croître dans l'ignorance de nos devoirs et de nos mystères, vous leur fermez toutes les ressources qu'ils pourroient trouver un jour dans vos instructions. Ce sont des plantes que vous avez laissé sécher dès leur naissance; vous aurez beau les arroser, les cultiver dans la suite; le mal est sans remède: elles ne sont plus susceptibles d'aucun accroissement. Ce sont des enfans auxquels vous avez donné par le baptême la naissance selon la foi; mais les abandonnant aussitôt, ils deviennent comme ces enfans exposés, ces malheureux fruits de l'inhumanité de leurs parens, qui ignorent pour toujours leurs titres, leur origine, Jésus-Christ leur frère, dont ils sont cohéritiers, et l'Eglise leur mère qui les a

enfantés dans son sein; l'abandonnement de leur vie répond toujours à celle de leur état. Or, mes Frères, pouvez-vous les avoir sans cesse sous les yeux, et ne pas vous reprocher votre insensibilité à l'égard de ces innocentes victimes auxquelles vous n'avez donné, ce semble, par le sacrement de la régénération, la vie de la grace, que pour la leur ravir autant qu'il est en vous, et les étouffer, pour ainsi dire, dans le berceau en ne les nourrissant pas du lait de la doctrine sainte? Vous avez horreur de la barbarie d'une mère qui, après avoir donné la vie à son enfant, l'expose et l'abandonne; mais n'est-ce pas là l'image naturelle de la dureté d'un pasteur, lequel après avoir donné la vie de la foi à ses enfans, les expose, les abandonne, et les livre à tous les malheurs de l'ignorance entière de la foi qu'ils ont reçue, mille fois plus funestes que ceux de l'indigence? Ils porteront devant Dieu le titre auguste et ineffaçable du christianisme, il est vrai; mais ce titre sera le titre terrible de votre condamnation bien plus que de la leur; il s'élèvera contre vous, et demandera vengeance de la profanation et de l'avilissement où vous l'avez laissé, après en avoir embelli leur ame : vous aurez fait des chrétiens sans religion, sans connoissance de Jésus-Christ et de ses mystères; comment pourrez-vous jamais réparer à leur égard le défaut de ces premiers soins? que pourrez-vous élever dans un édifice où vous n'avez jeté aucun fondement, que de tristes ruines?

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Mais ce qu'il y a ici de triste, c'est que vous préparez à vos successeurs le même scandale; vous laissez en mourant au milieu de votre peuple une malédiction, une plaie où leur zèle ne sauroit jamais trouver de remède. Car, je vous prie, quel fruit pourra faire après vous un saint prêtre dans une paroisse où il ne trouvera aucune connoissance de la religion; où il faudroit ramener aux premières instructions de l'enfance des fidèles que leur âge ou leurs occupations en rendent désormais incapables? La honte toute seule de redevenir enfans mettra toujours un obstacle invincible aux soins d'un pasteur fidèle, qui voudroit, comme l'Apôtre, leur donner du lait, au lieu d'une nourriture solide: ils mourront sans connoître Jésus-Christ qui les a rache¬ tés, l'Eglise qui les a régénérés, l'Esprit-Saint qui les avoit sanctifiés; et du sein du christianisme, et du milieu des lumières de l'Evangile, sortiront des ames semblables à celles qui sortent des régions infidèles, et qui porteront devant Dieu les ténèbres et toute l'ignorance des Indiens et des sauvages.

Souvenez-vous donc, mes Frères, que les enfans sont la portion la plus pure de votre troupeau, et celle par conséquent qui doit vous être la plus chère n'ayez pas honte de vous abaisser jusqu'à eux; c'est la fonction la plus consolante et la plus honorable de notre ministère: nos autres soins, nous les donnons à des pécheurs; et en les traitant de leurs plaies, il est toujours

à craindre que nous ne contractions quelque souillure: c'est là où il faut s'abaisser, et descendre dans la profondeur de leur corruption et de leur misère; mais ici rien ne fait rougir la noblesse et la sainteté de nos fonctions: il n'est rien de si grand et de si digne de nos hommages sur la terre que l'innocence. Respectons dans ces ames tendres et innocentes le trésor précieux de la première grace du baptême qu'elles conservent encore, et que nous avons tous perdue. Nous honorons d'un culte public les saints, qui après avoir eu le malheur de la perdre, l'ont recouvrée par les travaux de la pénitence; pourquoi n'aurions-nous pas le même respect pour des enfans en qui ce don de justice et de sainteté habite encore? regardons-les avec une espèce de culte, comme des temples purs où réside la gloire et la majesté de Dieu, que le souffle de Satan n'a pas encore souillés: entrons dans ces vues de la foi; et les soins que leur bas âge demande de nous, loin de nous paroître bas et méprisables, nous paroîtront dignes de toute la sublimité de notre ministère. Ce sont des dépôts précieux à la garde desquels nous devons veiller; les placer avec respect dans nos temples dont ils honorent la sainteté, et en être aussi jaloux que de ces restes précieux des martyrs qui reposent sous nos autels, et qui s'attirent les hommages et la vénération de nos peuples. Je ne pousserai pas plus loin cette réflexion : nous avons été témoins dans nos visites, de l'exactitude de la plupart des

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