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Hélas! les pasteurs les plus fidèles, à force de zèle et d'instruction, ont encore bien de la peine à ramener leur ignorance et leur grossièreté à l'esprit de la vie chrétienne, à les désabuser d'un culte indécent et superstitieux, à les rappeler d'une vie tout animale et sauvage à des mœurs plus saintes, ou du moins plus raisonnables: il faut qu'ils travaillent à en faire des hommes pour ainsi dire, avant que d'en former des chrétiens.

Que deviendra donc ce peuple grossier et infortuné entre les mains d'un curé scandaleux ? toutes les ressources de la religion lui deviennent inutiles, et même pernicieuses. Plus d'instruction; car comment instruire un peuple que vous scandalisez tous les jours? plus de sacremens; car comment leur apprendrez-vous à approcher saintement des choses saintes que vous profanez sans cesse à leurs yeux? plus de foi; car comment croiront-ils ce que vous paroissez ne pas croire vous-même? plus d'horreur pour le vice; car que peuvent-ils voir de criminel à ce que vous autorisez par vos exemples? Il faudroit des miracles de la grace pour préserver une seule ame dans une Eglise si malheureusement partagée. N'êtesyous donc né que pour le malheur de vos frères? et ne vous avons-nous appelé à notre secours et au saint ministère, que pour mettre le loup dévorant dans une portion du troupeau qui nous a été confié? Non, mes Frères, un mauvais prêtre 'est un des plus grands fléaux que la colère de Dieu puisse faire naître sur la terre.

Mais, mes Frères, plus la situation d'un pasteur infidèle est déplorable, plus la fidélité d'un ministre irrépréhensible est pleine de consolation. Il continue sur la terre la mission et le ministère de Jésus-Christ; il coopère avec lui à la consommation des saints, à l'édification de son corps mystique, à l'accomplissement de tous ses desseins de miséricorde sur les hommes ; il est ici-bas, en un sens comme Jésus-Christ, le sauveur de son peuple, le réconciliateur du ciel et de la terre; il pourra avec confiance en paroissant un jour devant le Père céleste, accompagné de tous les siens, lui dire, comme Jésus-Christ: Voilà les fidèles que vous m'avez confiés ; je n'en ai perdu aucun : ils étoient à vous avant la naissance du monde et je vous les rends, parce que vous ne me les aviez donnés que pour les sanctifier dans la vérité, et afin qu'ils pussent chanter avec tous vos, élus les louanges éternelles de votre grace.

Que notre vocation est sublime, mes Frères ! mais nos devoirs le sont autant que notre yocation. Animous-nous donc tous ensemble, et par l'éminence de nos fonctions, et par les fruits, consolans qui y sont attachés: ne négligeons, aucun des moyens que les lois de l'Eglise, et celles en particulier de ce diocèse, nous fournissent pour nous conserver dans l'esprit de notre

vocation.

Pour cela, souffrez que je vous recommande: Premièrement, une assistance plus régulière à nos synodes: ce doit être une consolation pour

vous de venir nous confier vos difficultés et vos peines; de vous retrouver ici avec vos frères, et puiser dans la source les règles de conduite, afin , que ce soit le même esprit qui fasse mouvoir tout ce grand corps.

Secondement, plus d'exactitude pour les conférences que nous avons établies elles maintiennent parmi vous l'union, le goût de l'étude, l'amour des fonctions, et préviennent l'ignorance, l'oisiveté, la vie solitaire et sauvage, et bien d'autres inconvéniens à craindre dans les campagnes.

Troisièmement, enfin les retraites annuelles dans notre séminaire: nous vous les recomman→ dons, et vous y exhortons autant qu'il est en

nous.

Nos fonctions entraînent toujours avec elles une dissipation inévitable; en travaillant pour les autres, nous dépérissons nous-mêmes; nos forces, notre serveur, s'épuisent, ce semble, et se ralentissent à mesure que nous les employons pour nos frères; l'usage même journalier des choses saintes nous en fait une espèce d'habitude qui ne réveille plus notre foi et notre piété; et les actions les plus redoutables de la religion deviennent insensiblement pour nous, par une longue accoutumance, comme les actions les plus communes et les plus ordinaires de la vie.

Ainsi, peu

, peu à peu le premier esprit de ferveur s'éteint, le zèle se relache, le goût des fonctions se perd, la piété s'endort; et nous tombons dans

un état d'indolence, de paresse, de dégoût, de dissipation, de familiarité avec l'autel saiut et les fonctions les plus terribles du ministère ; dans un état, dis-je, qui n'est jamais loin de la profanation et du précipice.

Nous avons donc besoin de ressusciter de temps en temps cette première grace du sacerdoce; de venir nous recueillir dans une maison sainte pour réparer nos pertes, pour y reprendre de nouvelles forces, pour y rappeler ces protestations de fidélité que nous y avions faites aux pieds des autels dans ces premières années où nous nous y disposions au saint ministère; enfin, pour y nourrir ou rallumer ce feu sacré dont nous étions alors embrasés, et qui est si nécessaire pour le succès de nos fonctions. Nous espérons que ces avis ne vous seront pas inutiles et nous vous conjurons de faire encore moins d'attention à l'autorité, qu'à la tendresse de celui qui vous les donne.

SEPTIÈME DISCOURS.

De l'excellence du ministère.

1729.

Vous attendez de moi sans doute, mes Frères quelque parole d'instruction et de consolation: je me contenterai cependant aujourd'hui de vous

conjurer de méditer souvent ces paroles de l'Apôtre dans son épître aux Romains; elles renferment tout. Les pasteurs fidèles, et ceux qui ne le sont pas, y trouveront également, les uns de quoi s'édifier, et les autres de quoi se confondre.

Tu qui gloriaris in Deo, et nosti voluntatem ejus, et probas utiliora, instructus per legem, confidis te ipsum esse ducem cæcorum, lumen eorum qui in tenebris sunt, eruditorem insipientium, magistrum infantium.... qui ergò alium doces, te ipsum non doces, et le reste. (Rom. 2. 17 et suiv.) Revenons, mes Frères. sur ces paroles que nous ne saurions jamais trop méditer devant Dieu.

Tu qui gloriaris in Deo. Nous donc, mes Frères, dont la plus grande gloire ici-bas même est d'être les ministres de Dieu; nous qui devons à la religion toute seule les distinctions dont nous jouissons parmi les hommes; nous que l'honneur du sacerdoce tout seul a tirés la plupart d'un état vil et obscur, selon le monde, et rendus respectables aux peuples; nous qui sommes si jaloux des honneurs et des prérogatives attachées à notre état, et qui nous en glorifions tous les jours : Tu qui gloriaris in Deo ; n'affoiblissons donc point par nos mœurs la vénération due à notre consécration; n'accoutumons point les peuples à séparer notre personne de notre caractère, ou plutôt à faire retomber sur la sainteté de notre caractère les mépris et les opprobres qui ne devroient être

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