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saintes, en les traitant vous-mêmes saintement : paroissez aux pieds des autels comme les vieillards devant le trône de l'Agneau, frappés de la majesté du Dieu qui y réside; et que la modestie, la terreur, la profonde religion, dont vous accom→ pagnerez ces fonctions redoutables, apprennent aux fidèles avec quelles dispositions saintes ils doivent y assister: Quæcumque sancta.

Rendez-vous aimables à vos peuples, si vous voulez leur devenir utiles; aimables, non par des familiarités indécentes, en partageant avec eux leurs excès, et devenant les compagnons de leurs plaisirs; mais en partageant leurs afflictions, et devenant les cousolateurs de leurs peines: commencez par gagner les cœurs attirer les , pour ames à Jésus-Christ; ne rendez point le saint ministère odieux par la rudesse et la bizarrerie de vos humeurs, ou méprisable par la bassesse de vos sentimens; ne refusez pas aux fidèles, qui vous sont commis votre assistance et vos conseils, puisque vous leur devez même votre vie: soyez leur consolation, et ils seront la vôtre; aimez-les comme vos enfans, et ils vous aimeront comme leur père: Quæcumque amabilia.

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Ne négligez rien de tout ce qui peut conserver votre réputation pure et sans tache dans l'esprit des fidèles; abstenez-vous des choses même les plus permises, dès qu'elles peuvent devenir un sujet de scandale à vos frères; souvenez-vous que tout le fruit de votre ministère est attaché à la

bonne opinion qu'ils ont de vous; n'avilissez pas

la religion, en vous avilissant vous-mêmes; que vos exemples préparent le succès à vos instructions; qu'on ne puisse rien vous reprocher de ce que vous êtes obligé d'interdire aux autres; et que la bonne odeur de votre vie répandue dans vos paroisses, devienne toute seule une censure continuelle des vices de vos paroissiens: Quæcumque bonæ famæ.

Enfin, mes Frères, continue l'Apôtre, si le souvenir de ces premiers ministres qui nous portèrent la foi, et dont le sang devient la semence de tant de fidèles, vous touche; si l'exemple même de tant de saints pasteurs que la miséricorde du Seigneur conserve encore à ce diocèse, et qui portent le joug avec vous, ne vous trouve pas insensibles; s'il vous reste encore quelque desir de vertu, et que toute foi et tout principe de bien ne soient pas éteints dans vos cœurs: Si qua virtus; si les éloges que l'ancienne Eglise d'Auvergne a toujours mérités par une discipline plus exacte et par l'observation plus régulière des anciennes lois, vous inspire une sainte émulation; s'il vous paroît honteux de dégénérer de la vertu de vos pères et de déshonorer une Eglise, dont tant de monumens illustres ont publié les louanges dans tous les siècles et les publient encore de nos jours: Si qua laus disciplina: réparez par de nouvelles mœurs et par une nouvelle application à vos devoirs les défauts passés de votre ministère; occupez-vous sans cesse des avis que nous venons de vous donner; sanctifiez par eux

toutes vos fonctions: vous honorerez votre ministère; vous sanctifierez vos peuples, et le Dieu de paix sera avec vous: De cætero, Fratres, quæcumque sunt vera, quæcumque pudica, quæcumque justa, quæcumque sancta, quæcumque amabilia, quæcumque bonæ famæ, si qua virtus, si qua laus disciplinæ, hæc cogitate, hæc agite, et Deus pacis erit vobiscum.

SIXIÈME DISCOURS.

Des suites funestes du déréglement des pasteurs.

1728.

RIEN de plus édifiant, mes Frères, que les vérités que vous venez d'entendre: et nous avons cette confiance, que ces vérités ont toujours été une règle de conduite pour la plupart de ceux qui nous écoutent; mais nous ne pouvons aussi dissimuler que parmi tant de pasteurs fidèles et qui sont l'exemple et l'édification de leur troupeau, il ne s'en trouve qui déshonorent leur caractère, et qui scandalisent leurs peuples, par des moeurs profanes et fort éloignées de la sainteté de leur état. Ce désordre si affligeant pour l'Eglise, si honteux pour le sacerdoce, est d'autant plus digne de notre douleur et de nos attentions, qu'il a toujours été la source de la dépravation générale des mœurs et de l'extinction de la foi parmi les fidèles.

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Oui, mes Frères, vous le savez, tant que ministres ont été saints, l'Eglise a vu avec joie l'innocence et la sainteté réguer parmi les fidèles: la pureté du christianisme n'a commencé à déchoir, qu'avec la décadence du ministère; les moeurs publiques n'ont commencé à se corrompre, qu'avec la corruption des prêtres ; et le désordre, comme dit l'Esprit-Saint, a commencé par la maison de Dieu. Ainsi, c'est nous seuls qui décidons, pour ainsi dire, de la perte ou du salut des peuples; c'est sur nous seuls que roule l'agrandissement ou la diminution du règne de Jésus-Christ sur la terre, la consommation ou la destruction de son œuvre, le fruit ou l'inutilité de son sang et de sa mission, la gloire ou l'opprobre de la religion, le progrès ou l'affoiblissement de la foi, et tout le succès des desseins de Dieu sur le salut des hommes.

Dès que nous sommes établis dans le saint ministère, nous devenons ou des colonnes saintes pour soutenir les foibles, ou des pierres de scandale, où les forts mêmes viennent se briser i nous devenons ou des serpens d'airain élevés pour guérir les plaies de la multitude, ou des veaux d'or placés dans le camp du Seigneur pour lui être une occasion de chute, de dissolution et d'idolatrie: nous ne pouvons plus ni tomber, ni demeurer fermes tout seuls ; et la destinée des ames sur lesquelles nous sommes préposés, est attachée à la nôtre.

Or, mes Frères, quoi de plus intéressant pour

nous

nous rappeler aux devoirs de notre état, si nous étions assez malheureux que de nous en être écartés? Quelle affreuse situation pour un pasteur infidèle, de pouvoir se dire sans cesse à luimême : Je ne suis établi dans l'Eglise que pour détruire, et non pour édifier; je deviens le tentateur et le meurtrier des ames dont j'aurois dû être le sauveur et le père; je ne suis chargé de la dispensation du sang de Jésus-Christ, et des graces de l'Eglise, que pour faire servir à la perte des fidèles tout ce qui devoit leur faciliter le salut; je ne suis devenu dépositaire de la doctrine, de la foi, de la piété, que pour les anéantir et les corrompre; et j'emploie contre la religion tout ce que la religion m'avoit confié de plus saint pour la maintenir et pour la défendre!

Voilà cependant, sans outrer le discours, voilà l'état d'un mauvais pasteur : il est d'avance cet homme de péché, dont parle saint Paul, assis dans le temple de Dieu pour déclarer la guerre à Jésus-Christ, et venir lui enlever les ames jusqu'aux pieds des autels élevés pour le sanctifier.

Car de bonne foi, mes Frères, que peut devenir au milieu des campagnes un pauvre peuple grossier et ignorant, conduit par un prêtre scandaleux et corrompu? cette seule image me touche et me fait horreur. Ce peuple ne connoît point d'autre Evangile que vos mœurs, point d'autre religion que votre respect pour les choses saintes, point d'autre devoir que vos exemples ; vous êtes pour eux leur loi, et tout leur christianisme.

Tome IX. CONFER. 11.

ΤΟ

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