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il attirait les peuples par la douceur, tantôt il les reprenait sans les épargner, jusqu'à les appeler les enfants du diable; leur prêchant les oracles divins, non point avec les lâches condescendances des scribes et des pharisiens, mais avec empire et autorité, avec une liberté et une assurance digne des vérités éternelles qu'il nous venait annoncer. Que pouvait-on trouver à dire en une vie si réglée? Ne devait-on pas admirer ce courage également inflexible aux biens et aux maux; cette égalité de mœurs qui le faisait vivre avec tout le monde sans rigueur et sans flatterie, sans lâcheté et sans arrogance, cette pureté d'intention qui lui faisait toujours regarder les intérêts de son Père? Et néanmoins, dit-il, il faut que je donne du scandale; et pour faire voir la difficulté qu'il y a de n'être point offensé de sa vie : « Heureux celui, dit-il, qui n'est point scan« dalisé en moi ! » Beatus qui non fuerit scandalizatus in me !

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O Dieu ! qui ne serait étonné des secrets terribles de la Providence? C'est ici que je dis du plus grand sentiment de mon âme avec le grave Tertullien: Mihi vindico Christum, mihi defendo Jesum;... quodcumque illud corpusculum sit3: cet innocent contredit par toute la terre, c'est le Jésus-Christ que je cherche ; je soutiens que ce Jésus est à moi, je proteste qu'il m'appartient : « S'il « est déshonoré, s'il est abject, s'il est misérable; « j'ajouterai encore, s'il est le scandale des infi« dèles, c'est mon Jésus-Christ: » Si inglorius, si ignobilis, si inhonorabilis, meus erit Christus. Car, poursuit le même Tertullien, il m'a été promis tel dans les prophéties : » Talis enim habitu ct aspectu annuntiabatur. Je reconnais celui duquel Isaïe a écrit, au chapitre vingt-huitième, que c'est «< une pierre élue, une pierre de « salut » pour son peuple; et au chapitre huitième, que c'est une pierre d'achoppement, [que] tous a ceux qui s'y heurteront seront brisés 5. » Je reconnais celui duquel le Psalmiste a chanté : « La pierre qu'ils ont rejetée en bâtissant, est devenue la pierre angulaire 6, » qui soutient tout le corps de l'édifice. Enfin je reconnais celui duquel Siméon a dit, le tenant entre ses bras dans le temple: «Celui-ci est établi pour la ruine et pour - la résurrection de plusieurs, et pour un signe - auquel on contredira 7 ; » celui enfin qui a dit de lui-même à l'aveugle qu'il avait éclairé bien plus en son esprit qu'en son corps : « Je suis venu en

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jugement en ce monde, afin que ceux qui ne « voient pas commencent à voir et que ceux qui << voient soient aveuglés 1. » Chrétiens, ne tremblez-vous pas à ces paroles de notre Sauveur? Toutefois j'espère de la miséricorde de Dieu qu'elles ne sont pas dites pour vous. Tremblez, infidèles; tremblez, endurcis : c'est vous seuls que Jésus aveugle. Et vous, vrais fidèles de JésusChrist, vous qui avez sa crainte en vos cœurs, ouvrez, ouvrez vos yeux à cette lumière qui n'éblouit que les orgueilleux; et comprenez avec foi et soumission les profonds conseils du Père éternel, dans l'envoi de son Fils Jésus-Christ. Pressons ici nos raisonnements, afin de laisser du temps à une briève réflexion sur nos mœurs.

Premierement je pourrais vous dire, pour arrêter d'abord une curiosité peu respectueuse, que Dieu, qui modère comme il lui plaît l'ouvrage de notre salut, et qui sait ce qui nous est propre, n'a pas jugé à propos que nous sussions toutes les raisons du mystère. Quand le sage architecte commence de rebâtir un vieux édifice, l'ignorant spectateur s'imagine qu'il renverse tout. Sa faible imagination ne voit que désordre, ne pouvant supporter un dessein trop fort; mais, quand il a mis la dernière main à l'ouvrage, alors on voit reluire de toutes parts l'art et la conduite de l'ouvrier. Eh! ne savez-vous pas, chrétiens, que dans les Écritures divines tout l'œuvre de notre salut est souvent comparé à un édifice soutenu « sur le fondement des apôtres, << et sur la pierre angulaire qui est Jésus-Christ??» Dieu donc, dans le cours des siècles, s'est proposé de rétablir l'homme comme un bâtiment ruineux. Il a posé le fondement de cette nouvelle structure en la vie de Notre-Seigneur. Les sens humains n'y comprennent rien; tout les choque, tout les embarrasse : de là le scandale et le trouble. Mais à ce grand jugement où Dieu couronnera l'édifice par la glorieuse immortalité de nos corps; où, toutes choses étant consommées, <«< il sera tout en tous, » comme dit l'Apôtre3; alors la lumière éternelle venant à se découvrir à nos cœurs, quel ordre, quelle sagesse, quelle beauté ne verrons-nous pas dans ce qui paraissait à nos sens si confus et si mal digéré! Par conséquent, ô homme, crois en attendant que tu voies. Sache que la guérison de tes maladies dépend absolument de la confiance que tu auras en ton médecin : Crois, et tu seras sauvé, nous dit-il 4; prends sans examiner l'infaillible remède qu'il te présente. S'il s'en réserve le secret

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pour un temps, dès à présent il t'en abandonne, « mal ne comprend pas les secrets de Dieu1? l'usage: et sa miséricordieuse bonté a tellement disposé toutes choses, qu'y croire c'est ta santé ; le connaître, ce sera tá félicité.

N'est-ce pas ce que dit Jésus-Christ : « Pourquoi « n'entendez-vous pas mes discours? Parce que « vous ne pouvez pas entendre mon langage *? » Est-il rien de plus convenable? D'autant plus D'où vient qu'ils ne pouvaient pas entendre son lanque ce grand médecin qui entreprend de traiter gage? C'est qu'ils le voulaient entendre par euxtes plaies, connaissant parfaitement leur mali- mêmes; et il leur était impossible. N'entendant gnité et le vice de ta nature, a bien vu qu'il n'y pas ce langage, ils ne pouvaient qu'être étourdis avait rien qui te fût plus propre ni plus nécessaire de la voix de Dieu: cet étourdissement les animait que l'humilité. O komme, si tu l'entends, l'or- à la résistance. Plus les vérités étaient hautes, gueil est ta maladie la plus dangereuse. C'est par plus leur raison orgueilleuse était étourdie, et plus l'orgueil que secouant le joug de l'autorité souve- leur résistance était enflammée. C'est pourquoi je raine, par laquelle ton âme doit être régie, tu ne m'étonne pas si le Fils de Dieu leur prêchant t'es fait toi-même ta loi: la conduite de ta raison, ce qu'il avait vu dans le sein du Père, la résistance c'ont été ses propres lumières; la règle de ta vo- montant à l'extrême, se portât à la dernière fulonté, c'ont été ses inclinations. C'est là ta blessure reur. De là vient qu'il leur dit en son Évangile : mortelle Il faut que ces deux facultés soient humi- « Vous me voulez tuer méchamment, parce que liées, afin qu'elles puissent être guéries. Comme « mon discours ne prend point en vous 3. » Superta volonté s'abaisse par l'obéissance, ton entende- bes, ignorants, que ne recourez-vous à la grâce ment se soumet par la foi. Tu soumets ta volonté à par l'humilité chrétienne? Et vous, ne reconton Dieu, quand tu embrasses les choses, parce naissez-vous pas, chrétiens, que sans l'assistance qu'il les veut : tu lui soumets ton entendement, de cette grâce vous n'auriez que de la résistance quand tu les crois, parce qu'il les dit. Cette soumis- pour votre Sauveur? Ces perfides ont ouï ses pasion te semble bien grande. Mais un Dieu homme roles, et ils les ont méprisées : ils ont vu ses mipour l'amour de nous, un Dieu mort pour l'amour racles, et ils n'ont pas cru: ils ont vu sa vie, et de nous, veut un sacrifice plus entier dans un abais- elle leur a été un scandale. Donc il est vrai, sement plus profond. Car un Dieu homme et un mon Sauveur Jésus, que si vous ne me parlez Dieu mourant, n'est-ce pas un Dieu anéanti, puissamment au cœur, si vous ne m'entraînez à comme dit l'Apôtre,'? Et quel doit être le sacrifice vous par vos doux attraits, ni votre vie quoique d'un Dieu anéanti pour l'amour de l'homme, si- très-innocente, ni votre doctrine quoique trèsnon l'homme anéanti devant Dieu ? Or, ce ne se- sainte, ni vos miracles quoique très-grands, ne rait pas faire beaucoup pour lui que de pratiquer dompteront pas mon opiniâtre rébellion. Les uns les choses aisées, et de croire celles qui sont plau- disent que vous êtes un grand prophète, les autres sibles; de sorte que, pour la perfection de ce saque vous êtes un séducteur; les uns s'édifient en crifice que nous devons offrir au Dieu incarné, vous, les autres se scandalisent de vous. D'où il fallait, et faire les choses qui sont pénibles, et vient cela, ô mon Maître, sinón que les uns sont croire les incroyables. Ainsi nous détruisons de- humbles, et que les autres sont orgueilleux ; que vant lui tout ce que nous sommes, afin que tout les uns suivent la nature, et les autres suivent la soit réparé de sa main. C'est pourquoi il était à grâce? Ainsi vos vérités aveuglent les uns, pour propos pour rétablir la raison humaine par l'hu- illuminer d'autant plus les autres. Vous êtes une milité, que les vérités de Jésus fussent incroya-pierre de scandale aux superbes, afin que les bles. Et tout ce qui est incroyable, est choquant; et tout ce qui est choquant, fait du trouble: de là le scandale des infidèles.

Davantage : la vérité la plus importante qu'il fallait nous faire connaître, était notre faiblesse et notre impuissance; parce qu'en nous montrant clairement combien nous sommes impuissants par nous-mêmes, c'était l'unique moyen de nous faire recourir avec confiance au mérite du libérateur Jésus-Christ. Or quand je vois sa doctrine et sa vie si cruellement combattues, voici la réflexion que je fais : D'où vient cette résistance si furieuse que l'on apporte à l'œuvre de notre salut? N'est-ce pas ce que dit saint Paul : « L'homme ani

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humbles ressentent mieux ce que vous faites miséricordieusement en leurs cœurs, et qu'ils louent vos bontés avec une admiration profonde de vos jugements. C'est ici que les bons chrétiens sont incroyablement consolés. Si les vérités évangéliques entraient en nos âmes avec une apparence plausible, nous attribuerions leur victoire à la force de notre raison; et devenant plus superbes, nous deviendrions par conséquent plus malades. Mais quand le vrai fidèle comprend la folie et l'extravagance du christianisme, c'est là que la grâce se fait sentir dans la répugnance de la na

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ture; à causé qu'il reconnaît que ce n'est pas la chair qui le gagne, ni les intérêts mondains qui l'engagent, ni la philosophie humaine qui le persuade mais la puissance divine qui le captive. C'est pourquoi dans la doctrine de l'Évangile il a plu à notre grand Dieu, qu'il y eût tant de choses étranges, dures, incroyables, extravagantes, selon la sagesse du monde ; afin que la raison humaine étant confondue, la seule grâce de JésusChrist triomphát des cœurs par l'humilité chrétienne.

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Mais disons une dernière raison, qui fermera ce discours en nous donnant une instruction importante pour la conduite de notre vie. Certes il est bien vrai, ô Dieu tout-puissant, ce que le bon Siméon a dit de votre Fils bien-aimé, « qu'il serait posé comme un signe auquel on contredi« rait1. » Toutes ses actions et toutes ses paroles ont été méchamment contredites. Il guérit les paralytiques, les aveugles-nés, et d'autres maladies incurables; et parce qu'il choisit le jour du sabbat pour faire cette bonne œuvre, on dit qu'il viole la loi de Dieu. Il chasse les démons; on dit que c'est au nom de Béelzébuth, prince des démons. On l'appelle un fou, un séducteur, un impie, un démoniaque. Jamais les docteurs de la loi n'approchaient de lui, qu'afin de l'injurier ou de le surprendre. Enfin ils l'ont pendu à la croix; et le Rédempteur d'Israël est devenu le scandale de ces infidèles. Les Gentils ont contredit sa parole par toutes sortes de cruautés qu'ils ont exercées sur ses serviteurs. Ils ont pris ses vérités et son Évangile pour la plus grande folie qui ait jamais paru sur la terre. Bien plus, parmi ceux qui se sont rangés sous sa discipline, combien a-t-il été contredit? Eh! mes frères, quelle indignité ! tous les fondements de notre salut ont été attaqués par des gens qui faisaient profession du christianisme : le perfide arien a nié la divinité de Jésus ; l'insensé Marcion a nié son humanité; le nestorien a divisé les personnes; l'eutychien a confondu les natures : et sur la personne de Jésus-Christ, toutes les inventions diaboliques se sont tellement épuisées, qu'il est impossible de s'imaginer une erreur qui non-seulement n'ait été soutenue, mais même qui n'ait fait une secte sous le nom du christianisme. Combien d'hérésies se sont élevées contre les vérités de Jésus ! Toutes, elles ont heurté contre cette pierre; et, sans venir au détail, ayant rompu sans aucun sujet la paix et l'unité chrétienne, ne se sont-elles pas scandalisées de Jésus, auteur de la paix et de la charité fraternelle?

1 Luc. II, 34.

Mais allons encore plus avant. Que les Gentils, que les Juifs, que les hérétiques se soient scandalisés du Seigneur Jésus, cela est supportable; on souffre facilement les injures de ses ennemis. Mais, 6 douleur! que les catholiques, que les enfants de sa sainte Église, que les vrais sectáteurs de sa foi vivent de telle sorte en ce monde, que l'on ne peut nier que Jésus-Christ ne les choque et que son Évangile ne leur soit un scandale; c'est, mes frères, ce qui est déplorable beaucoup plus que je ne puis vous le dire. Quand l'humilité, quand l'intégrité, quand le mépris des honneurs de la terre, bref quand l'innocence te choque, chrétien, óserais-tu dire que tu n'es pas choqué du Sauveur? Ignores-tu que sa doctrine n'est pas seulement la lumière de nos esprits, mais qu'elle est le modèle de notre vie? Si Jésus est le scandale de ceux qui errent dans la doctrine, parce qu'ils n'écoutent pas Jésus-Christ comme notre infaillible docteur; ne l'est-il pas aussi de ceux qui sont dépravés dans leurs mœurs, puisqu'ils ne veulent pas le connaître comme l'exemplaire de notre vie? Et qui trouverai-je donc dans le monde, qui ne soit pas scandalisé en notre Sauveur? Nous aimons les richesses, et Jésus les a méprisées : nous courons après les plaisirs, et Jésus les a condamnés : nous sommes fous du monde, et Jésus l'a surmonté. Et comment pouvons-nous dire que nous aimons Jésus, nous qui n'aimons rien de ce que nous voyons en sa personne, et qui aimons tout ce que nous n'y voyons pas? En vivant de la sorte, peux-tu nier que tu ne sois choqué de Jésus? Tu n'en hais pas le nom; mais la chose t'est un scandale. Oui, Jésus t'est un scandale, ô vindicatif, parce qu'il a pardonné les injures. Jésus t'est un scandale, o usurier, parce qu'il est le père et le protecteur des pauvres, auxquels ton impitoyable avarice arrache tous les jours les entrailles. Jésus t'est un scandale, hypocrite, parce que tu fais servir” sa doctrine de couverture à tes mœurs corrompues. Jésus t'est un scandale, ô misérable superstitieux, qui pour des fantaisies particulières abandonnes la piété solide et la dévotion essentielle du christianisme, qui est la croix du Seigneur Jésus. Jésus t'est un scandale, à toi qui traites la simplicité de sottise, et la sincère piété de bigoterie; à toi enfin qui par ta vie déréglée" fais blasphémer son saint nom par ses ennemis. Cela étant ainsi, chrétiens, à qui est-ce que Jésus n'est pas un scandale? « Tous cherchent leursTM « intérêts et non pas ceux de notre Sauveur, »> disait autrefois l'apôtre saint Paul : Dieu,

1 Philip. 11, 24.

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EXORDE

D'UN SERMON SUR LE MÊME TEXTE',
PRÊCHÉ DEVANT DES Religieuses.

Si nous apprenons des Écritures divines que Notre-Seigneur Jésus-Christ a toujours été l'unique espérance du monde, la consolation et la joie de tous ceux qui attendaient la rédemption d'Israël; à plus forte raison, chrétiens, devonsnous être persuadés que Jean-Baptiste, son bienheureux précurseur, n'avait point de plus chère occupation que celle d'entretenir son esprit de ce doux objet. C'est pourquoi je me le représente aujourd'hui, dans les prisons du cruel Hérode, comme un homme qui n'a de contentement que d'apprendre ce que son maître fait parmi les

Eh! d'où vient, & Dieu tout-puissant, d'où vient que vous permettez que votre Fils ait tant d'adversaires, et si peu de vrais serviteurs? J'entends votre dessein, ô grand Dieu : vous voulez que, dans cette confusion infinie de ceux qui contredisent notre Sauveur, ceux qui l'honorent sincèrement tiennent cette grâce plus chère : vous voulez que leur foi soit plus ferme, et leur charité plus ardente parmi les oppositions de tant d'ennemis; et que Jésus retrouve dans le zèle du petit nombre, ce qu'il semble perdre dans la multitude innombrable des ingrats et des dévoyés. Par conséquent, mes frères, augmentons notre zèle pour son service. D'autant plus que nous voyons tous les jours augmenter le nombre de ceux qui blasphèment son Évangile, ou par leurs erreurs, ou par leur mauvaise vie; efforçonsnous d'autant plus à lui plaire, et à étendre la gloire de son saint nom : tâchons de lui rendre l'honneur que ses ennemis lui ravissent. Disons-hommes, et comme par ses prédications et par lui de toute l'affection de nos cœurs : Quoique le Juif enrage, que le Gentil raille, que l'hérétique s'écarte, que le mauvais catholique se joigne au parti de vos ennemis; nous confessons, ô Seigneur Jésus, que vous êtes celui qui devez venir vous êtes ce grand Sauveur qui nous est promis depuis l'origine du monde : vous êtes le médecin des malades, vous êtes l'évangéliste des pauvres et en cela que vous paraissez comme le scandale des orgueilleux, vous êtes l'amour des simples, et la consolation des fidèles. Vous êtes celui qui devez venir; nous n'en connaissons point d'autre que vous, nous n'en attendons point d'autre que vous : « Il n'y a point d'autre «< nom sous le ciel par lequel nous devions être « sauvés '. » Par conséquent, fidèles, puisque nous n'en attendons point d'autre que lui, mettons notre espérance en lui seul. S'il est vrai que nous n'attendions plus un autre maître que lui pour nous enseigner, observons fidèlement ses préceptes. Si nous n'attendons point un autre pontife qui vienne purger nos iniquités, gardons soigneusement l'innocence. Et d'autant que le même Jésus, qui est venu en l'infirmité de la chair, viendra encore une fois glorieux pour juger les vivants et les morts; « vivons justement « et sobrement en ce monde, attendant la bien« heureuse espérance, et la triomphante arrivée

Act. IV, 12.

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ses miracles il se fait reconnaître à ses vrais fidèles, pour le Fils du Dieu tout-puissant. C'est ce qu'il me semble que saint Matthieu nous fait conjecturer en ces mots de notre évangile : « « Jean << entendant dans les liens les grandes œuvres de Jésus-Christ, il lui envoie deux de ses disciples, pour lui faire cette demande : Êtes-vous << celui qui devez venir, ou si nous en attendons quelque autre3?» Pour moi, je m'imagine, fidèles, que le fruit qu'il espérait de cette ambassade, c'est que ses disciples lui rapportant la réponse de son bon maître, il ne doutait nullement que sa parole ne dût être pleine d'une si ineffable douceur, que seule elle serait capable non-seulement de chasser les maux d'une dure captivité, mais encore d'adoucir les amertumes de cette vie. Chères sœurs, dans cette prison volontaire où vous vous êtes jetées pour l'amour de Dieu, dites-moi, que pourriez-vous faire sans la douce méditation des mystères du Sauveur Jésus? Et n'est-ce pas cette seule pensée qui fait triompher en vos cœurs une sainte joie dans une vie si laborieuse? Oui, certes, il le faut avouer, Dieu a répandu une certaine grâce sur toutes les paroles et sur toutes les actions du Seigneur Jésus; y penser, c'est la vie éternelle. Oui, son nom est un miel à nos bouches, et une lumière à nos 1 Tit. 11, 12, 13.

2 Cet exorde est écrit à la suite du discours qu'on vient 3 Matth. XI, 2, 3.

de lire.

yeux, et une flamme à nos cœurs et lorsque, remplis de l'Esprit de Dieu, nous concevons en nos âmes le Sauveur Jésus, nous ressentons une joie à peu près semblable à celle que sentit l'heureuse Marie, lorsque, couverte de la vertu du Très-Haut, elle conçut en ses chastes entrailles le Fils unique du Père éternel, après que l'ange l'eut saluée par ces célestes paroles: Ave, Maria, etc.

DEUXIÈME SERMON

POUR

LE DEUXIÈME DIMANCHE DE L'AVENT.

PRÊCHÉ DEVANT LA COUR,

SUR LA DIVINITÉ DE LA RELIGION.

Les moyens par lesquels elle s'est établie, la sainteté de sa morale si bien proportionnée à tous les besoins de l'homme, preuves évidentes de sa divinité. Injustices de ses contradicteurs, infidélité des chrétiens.

Cæci vident, claudi ambulant, leprosi mundantur, surdi audiunt, mortui resurgunt, pauperes evangelizantur : et beatus est qui non fuerit scandalizatus in me!

Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sunt purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, l'Évangile est annoncé aux pauvres : et heureux celui qui ne sera pas scandalisé à mon sujet! Matth. x1, 5, 6.

Jésus-Christ interrogé dans notre Évangile par les disciples de saint Jean-Baptiste, s'il est ce Messie que l'on attendait, et ce Dieu qui devait venir en personne pour sauver la nature humaine, Tu es qui venturus es? « Êtes-vous celui qui de« vez venir? » leur dit pour toute réponse, qu'il fait des biens infinis au monde, et que le monde cependant se soulève unanimement contre lui. Il leur raconte d'une même suite les bienfaits qu'il répand, et les contradictions qu'il endure; les miracles qu'il fait, et les scandales qu'il cause à un peuple ingrat; c'est-à-dire qu'il donne aux hommes, pour marque de divinité en sa personne sacrée, premièrement ses bontés, et secondement leur ingratitude.

En effet, chrétiens, il est véritable que Dieu n'a jamais cessé d'être bienfaisant, et que les hommes aussi de leur côté n'ont jamais cessé d'être ingrats: tellement qu'il pourrait sembler, tant notre méconnaissance est extrême! que c'est comme un apanage de la nature divine d'être infiniment libérale aux hommes, et de ne trouver toutefois dans le genre humain qu'une perpétuelle opposition à ses volontés, et un mépris injurieux de toutes ses grâces.

Saint Pierre a égalé, surpassé en deux mots

les éloges des plus pompeux panégyriques, lorsqu'il a dit du Sauveur, qu'il passait en bienfai<< sant et guérissant tous les oppressés : » Pertransiit benefaciendo et sanando omnes oppressos'. Et certes il n'y a rien de plus magnifique et de plus digne d'un Dieu, que de laisser partout où il passe des effets de sa bonté; que de marquer tous ses pas par ses bienfaits; que de parcourir les bourgades, les villes et les provinces, non par ses victoires, comme on a dit des conquérants; car c'est tout ravager et tout détruire; mais par ses libéralités.

Ainsi Jésus-Christ a montré aux hommes sa divinité comme elle a accoutumé de se déclarer, à savoir par ses grâces et par ses soins paternels; et les hommes l'ont traité aussi comme ils traitent la Divinité, quand ils l'ont payé, selon leur coutume, d'ingratitude et d'impiété : Et beatus est qui non fuerit scandalizatus in me!

Voilà en peu de mots ce qui nous est proposé dans notre évangile; mais pour en tirer les instructions, il faut un plus long discours, dans lequel je ne puis entrer qu'après avoir imploré le secours d'en haut. Ave.

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Caci vident, claudi ambulant, leprosi mundantur: et beatus est qui non fuerit scandalizatus in me! « Les aveugles voient, les boiteux « marchent, les lépreux sont purifiés et bien<< heureux est celui qui n'est point scandalisé en << moi ! » Ce n'est plus en illuminant les aveugles, ni en faisant marcher les estropiés, ni en purifiant les lépreux, ni en ressuscitant les morts, que Jésus-Christ autorise sa mission, et fait connaître aux hommes sa divinité. Ces choses ont été faites durant les jours de sa vie mortelle, et il les a continuées dans sa sainte Église tant qu'il a été nécessaire pour poser les fondements de la foi naissante. Mais ces miracles sensibles qui ont été

faits par le Fils de Dieu sur des personnes particulières et pendant un temps limité, étaient les signes sacrés d'autres miracles spirituels qui n'ont point de bornes semblables, ni pour les temps, ni pour les personnes, puisqu'ils regardent éga

lement tous les hommes et tous les siècles.

En effet, ce ne sont point seulement des particuliers aveuglés, estropiés et lépreux, qui de

mandent au Fils de Dieu le secours de sa main

puissante. Mais plutôt tout le genre humain, si nous le savons comprendre, est ce sourd et cet aveugle qui a perdu la connaissance de Dieu, et ne peut plus entendre sa voix. Le genre humain est ce boiteux, qui n'ayant aucune règle des mœurs, ne peut plus ni marcher droit, ni se soutenir. Enfin le genre humain est tout ensemble et ce lépreux

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