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expression telle quelle de la vérité [nous plaît]. [ a enseignée. Marchez-vous dans une voie large, Là une seule parole découvrira tout: Semel locutus est Deus: « Dieu a parlé une fois, » et il a tout dit. Il a parlé une fois, et en parlant il a engendré son Verbe, sa parole, son Fils en un mot. C'est en ce Verbe que nous verrons tout ; c'est en cette parole que toute vérité sera ramassée. Et nous ne concevons pas une telle joie? Vacate et videte: " Restez en repos et voyez ; » sortez de l'empressement et du trouble, quittez les soins turbulents. Écoutez la vérité et la parole: Gustate | et videte: Goûtez et voyez combien le Seigneur est doux, et vous concevrez ce ravissement, ce triomphe, cette joie infinie, intime, de la Jérusalem céleste.

Mais, mes frères, pour parvenir à ce repos il ne nous faut donner aucun repos. Nul travail quand nous serons au lieu de repos ; nul repos tant que nous serons au lieu de travail. Pour être chrétien, il faut sentir qu'on est voyageur; et celuilà ne le connaît pas qui ne court point sans relâche à sa bienheureuse patrie. Écoutez un beau mot de saint Augustin: Qui non gemit peregrinus, non gaudebit civis2 : « Celui qui ne gémit pas « comme voyageur ne se réjouira pas comme citoyen. » Il ne sera jamais habitant du ciel, parce qu'il séjourne trop volontiers sur la terre s'arrêtant où il faut marcher, il n'arrivera pas où il faut parvenir.

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Mes frères, nous ne sommes pas encore parvenus, comme dit le saint apôtre 3; notre consolation, c'est que nous sommes sur la voie, JésusChrist est «< la voie, la vérité et la vie 4. » C'est à lui qu'il faut tendre et c'est par lui qu'il faut avancer. Mais, mes frères, dit saint Augustin, « cette « voie veut des hommes qui marchent: » Via ista ambulantes quærit; c'est-à-dire, des hommes qui ne se reposent jamais, qui ne cessent jamais d'avancer; en un mot, des hommes généreux et infatigables: Via ista ambulantes quærit. Tria sunt genera hominum quæ odit, remanentem, retro redeuntem, aberrantem: Écoutez: « Elle ne peut souffrir trois sortes d'hommes: ceux qui s'égarent, ceux qui retournent, ceux qui s'ar« rêtent » ceux qui se détournent, ceux qui s'égarent, ceux qui sortent entièrement de la voie; ceux qui suivent leurs passions insensées, et qui se précipitent aux péchés damnables.

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dans une voie spacieuse; y marche-t-on bien aise, y marche-t-on avec la troupe et la multitude, avec le grand monde, etc. : ce n'est pas la voie de votre patrie. Vous n'êtes pas sur la voie, c'est la voie de perdition; le chemin de votre patrie est un sentier étroit et serré. Le train et l'équipage embarrassent dans cette voie, je veux dire l'abondance, la commodité. Les vastes désirs du monde ne trouvent pas de quoi s'y étendre. Les épines qui l'environnent se prennent à nos habits et nous arrêtent. Tous les jours il nous en coûte quelque chose, tantôt un désir, tantôt un autre ; comme dans un chemin difficile le train diminue toujours; et tous les jours dans un sentier si serré, il faut laisser quelque partie de notre suite, c'està-dire quelqu'un de nos vices, quelqu'une de nos passions; tant qu'enfin nous demeurions seuls, nus et dépouillés, non-seulement de nos biens, mais de nous-mêmes. C'est Jésus-Christ, c'est l'Évangile [qui nous le disent]. Qui de nous [refusera de le croire]? Tous les jours plus à l'étroit...

Ceux qui retournent en arrière, ils sont sur la voie, mais ils reculent plutôt que d'avancer. Entendons et pénétrons vous avez embrassé la perfection, vous avez choisi la retraite, vous vous êtes consacré à Dieu d'une façon particulière, vous avez banni les pompes du monde, vous avez appréhendé de plaire trop. Vous avez recherché les véritables ornements d'une femme chrétienne, c'est-à-dire la retenue et la modestie, retranchant les vanités et le superflu. La prière, la prédication, les saintes lectures ont fait votre exercice le plus ordinaire. Vous vous lassez dans cette vie : vous ne sortez pas de la voie, vous ne vous précipitez pas aux péchés damnables, mais vous faites néanmoins un pas en arrière. Vous prêtez de nouveaux l'oreille aux dangereuses flatteries du monde; vous rentrez dans ses joies, dans ses jeux, et dans son commerce; vous prodiguez le temps que vous ménagiez; vous ôtez à la piété ses meilleures heures. Si vous ne quittez pas votre modestie, vous voulez du moins qu'elle plaise, et vous ajoutez quelque chose à cette simplicité qui vous paraît trop sauvage. Ah! cette voix intérieure du Saint-Esprit qui vous poussait dans le désert avec Jésus-Christ, c'est-à-dire, à la solitude et à la vie retirée, vous la laissez étourdir par le bruit du monde, par son tumulte, par ses embarras : vous n'êtes pas propre au royaume de Dieu. « Celui-là n'y est pas propre, dit le Fils a de Dieu, qui ayant mis la main à la charrue « regarde derrière1. » Il ne dit pas qui retourne, mais qui regarde en arrière. Ce ne sont pas seule1 Luc. IX, 62.

ment les pas, mais les regards mêmes qu'il veut retenir tant il demande d'attention, d'exactitude, de persévérance. Songez à la femme de Lot et au châtiment terrible que Dieu exerça sur elle', pour avoir seulement retourné les yeux du côté de la corruption qu'elle avait quittée. Vous faites injure au Saint-Esprit et à la vocation divine, à cet esprit généreux qui ne sait point se relâcher ni se ralentir vous ramollissez sa force, vous retardez sa divine et impétueuse ardeur; et par une juste punition il vous abandonnera à votre faiblesse. Vous aviez si bien commencé! Vous vous repentez d'avoir bien fait : vous faites pénitence de vos bonnes œuvres, pénitence qui réjouit non l'Église, mais le monde ; non les anges, mais les démons.

Mais il y en a encore d'autres : elle ne souffre pas même ceux qui s'arrêtent, ceux qui disent: J'en ai assez fait, je n'ai qu'à m'entretenir dans ma manière de vie : je ne veux pas aspirer à une plus haute perfection, je la laisse aux religieux pour moi, je me contente de ce qui est absolument nécessaire pour le salut éternel. Nouvelle espèce de fuite et de retraite car pour arriver à cette montagne, à cette sainte Sion, dont le chemin est si roide et si droit, si l'on ne s'efforce pour monter toujours, la pente nous emporte et notre propre poids nous précipite. Tellement que, dans la voie du salut, si l'on ne court, on retombe; si on languit, on meurt bientôt; si on ne fait tout, on ne fait rien: enfin marcher lentement, c'est rendre la chute infaillible.

Ne menez pas une vie moitié sainte et moitié profane, moitié chrétienne et moitié mondaine, ou plutôt toute mondaine et toute profane; parce qu'elle n'est qu'à demi chrétienne et à demi sainte. Que vois-je dans ce monde de ces vies mêlées! On fait profession de piété, et on aime encore les pompes du monde. On est des œuvres de charité, et on abandonne son cœur à l'ambition. « La a loi est déchirée, et le jugement ne vient pas à sa perfection: » Lacerata est lex, et non pervenit ad finem judicium. La loi est déchirée, l'Evangile, le christianisme n'est en nos mœurs qu'à demi; et nous cousons à cette pourpre royale un vieux lambeau de mondanité. Nous réformons quelque chose dans notre vie; nous condamnons le monde dans une partie de sa cause; et il devait la perdre en tout point, parce qu'il n'y en a jamais eu de plus déplorée. Ce peu que nous lui laissons marque la pente du cœur.

Écoutez donc l'Évangile: Contendite3. « Efforcez-vous. En quelque état [ que vous soyez ],

1 Gen. XI, 26.

* Hab. I, 4.

- Luc. XIII, 24.

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« faites effort, » contendite. Si pour avancer à1la' perfection, combien plus pour sortir du crime? Marchez par la voie des saints: ils ne sont pas tous au même degré; mais tous [ont pratiqué ]'le même Évangile. « Il y a plusieurs demeures dans' « la maison de mon Père',» mais il n'y a qu'une même voie pour y parvenir, qui est la voie de la' croix, c'est-à-dire la voie de la pénitence. 'Si1 cependant Dieu vous frappe, etc., ne vous lais sez pas abattre. « Ne craignez pas, petit trou « peau : » Nolite timere, pusillus grex'. Il vous corrige, il vous châtie; ce n'est pas là ce qu'il» faut craindre: Ne timeas flagellari, sed exhæredari3: « Necraignez pas que votre Père vous cha <«< tie: craignez qu'il ne vous déshérite. » En per dant votre héritage, vous perdrez tout; car vous le perdrez lui-même. Et ne vous plaignez pas qu'il vous refuse tant de biens qu'il accorde aux autres. Si vous voulez qu'il vous exauce toujours, ne lui demandez rien de médiocre, rien moins que lui-même, « rien de petit au grand : » A mas gno parva: son trône, sa gloire, sa vérité, etc.

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Où, à l'occasion de la solennité des bienheureux, il est parlé des fidèles qui achèvent de se purifier dans le pur gatoire. Comment leur sainteté est-elle confirmée!

Puisque l'Église unit de si près la solennité des bienheureux qui jouissent de Dieu dans le ciel, et la mémoire des fidèles qui, étant morts en Notre-Seigneur sans avoir encore obtenu la parfaite rémission de leurs fautes, en achèvent le payement dans le purgatoire; je ne les séparerai pas par ce discours, et je vous représenterai en peu de paroles quel est l'état où ils se trouvent. Je l'ai déjà dit en deux mots, lorsque je vous ai preché que leur sainteté était confirmée, quoique non consommée encore. Mais encore que ces deux paroles vous décrivent parfaitement l'état des âmes dans le purgatoire, peut-être ne le comprendriez-vous pas assez, si je vous en proposais une plus ample explication.

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Disons donc, messieurs, avant toutes choses, ce que veut dire cette sainteté que nous appelons confirmée : et afin de l'entendre sans peine, posez pour fondement cette vérité, qu'il y a une diffé-" rence notable entre la mort considérée selon la nature, et la mort considérée et envisagée selon les connaissances que la foi nous donne. La mort considérée selon la nature, c'est la destruc

1 Joan. XIV, 2.

2 Luc. XII, 32.

3 S. Aug. in Psal. LXXXVIII. Serm. 11, no 2, t. IV, col. 946. 4 S. Greg. Naz. Ep. cv1, t. 1, p. 849, édit. 1609.

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tion totale et dernière de tout ce qui s'est passé | Voilà un présent merveilleux. Mais il meurt sans dans la vie In illa die peribunt omnes cogi- le révoquer : au contraire il le confirme encore en tationes eorum1, En ce jour-là toutes leurs mourant. Cette donation est invariable, et éter« pensées périront. » [Le Psalmiste] regardait la nellement ratifiée par la mort de ce divin testamort selon la nature; mais si nous la considérons teur. Reconnaissez donc, chrétiens, que la mort d'une autre manière, c'est-à-dire selon les lumiè- de Notre-Seigneur est une bienheureuse ratificares dont la foi éclaire nos entendements, nous tion de ce qu'il lui a plu de faire pour nous : mais trouverons, chrétiens, que la mort, au lieu d'ê- il veut aussi en échange que notre mort ratifie et tre la destruction de ce qui s'est passé dans la confirme ce que nous avons fait pour lui. Il a convie, en est plutôt la confirmation et la ratification firmé par sa mort le testament par lequel il se dernière. C'est pourquoi le Sauveur a dit: Ubi donne à nous; il ne s'y peut plus rien changer; et ceciderit arbor, ibi erit3: « Où l'arbre sera tombé, il demande aussi, chrétiens, que nous confirmions <«il y demeura pour toujours. » C'est-à-dire, tant par la nôtre le testament par lequel nous nous que l'homme est en cette vie, la malice la plus sommes donnés à lui. Ce qui se pouvait changer obstinée peut être changée par la pénitence, la avant notre mort, devient éternel et irrévocable sainteté la plus pure peut être abattue par la con- aussitôt que nous avons expiré dans les sentivoitise. Gémissez, fidèles serviteurs de Dieu, de ments de la foi et de la charité chrétienne. C'est vous voir en ce lieu de tentations, où votre per- pourquoi, ô morts bienheureux, qui êtes morts sévérance est toujours douteuse, à cause des com- en Notre-Seigneur, dans la participation de ses bats continuels où elle est exposée à tous mo- sacrements, dans sa grâce, dans sa paix et dans son amour, j'ai dit que votre sainteté était confirmée. Votre mort a tout confirmé; et en vous tirant du lieu de tentations, elle vous a affermis en Dieu pour l'éternité tout entière. Mais pourquoi donc disons-nous que leur sainteté si bien confirmée, n'est pas encore consommée? Cela dépend d'une autre doctrine qu'il faut encore que je vous explique, pour vous renvoyer bien instruits de la foi de la sainte Église touchant le purgatoire.

ments.

Mais quand est-ce que vous serez fermes et éternellement immuables dans le bien que vous aurez choisi? Ce sera lorsque la mort sera venue confirmer et ratifier pour jamais le choix que vous avez fait sur la terre de cette meilleure part qui ne vous sera plus ôtée : grand privilége de la mort qui nous affermit dans le bien, et qui nous y rend immuables. Que si vous voulez savoir, chrétiens, d'où lui vient cette belle prérogative, je vous le dirai en un mot par une excellente doctrine de la divine Épître aux Hébreux. Saint Paul nous y enseigne, mes frères, que la nouvelle alliance que Jésus-Christ a contractée avec nous, n'a été confirmée et ratifiée que par sa mort à la croix 4. Et cela pour quelle raison? C'est à cause, dit ce grand apôtre, que cette mort est un testament: Novum testamentum 5. Or, nous savons par expérience que le testament n'a de force. qu'après la mort du testateur : mais quand il a rendu l'esprit, aussi le testament est invariable on n'y peut ni ôter ni diminuer : Nemo detrahit aut superordinat 7. Et c'est pour cela, chrétiens, que notre Sauveur nous apprend luimême qu'il scelle son testament par son sang : Novum testamentum in meo sanguine. JésusChrist fait son testament; il nous laisse le ciel pour notre héritage, il nous laisse la grâce et la rémission des péchés; bien plus, il se donne lui-même.

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SERMON

POUR LE JOUR DES MORTS',

SUR LA RÉSURrection dernière. Deux sortes de mort, deux sortes de résurrection : celle de l'âme doit précéder celle du corps. Comment l'une et l'aul'autre s'opèrent.

Novissima inimica destruetur mors.

Le dernier ennemi qui sera détruit sera la mort. I. Cor.
XV, 26.

Quand l'ordre des siècles sera révolu, les mystères de Dieu consommés, ses promesses accomplies, son Évangile annoncé par toute la terre; quand le nombre de nos frères sera rempli, c c'està-dire quand la sainte société des élus sera complète, le corps mystique du Fils de Dieu composé de tous ses membres, et les célestes légions, où la désertion des anges rebelles a fait vaquer tant

On ne voit pas précisément pour quel jour l'auteur avait destiné ce sermon : il nous a paru qu'il n'y en avait pas auquel il pût mieux convenir qu'à celui des Morts, d'autant plus que nous n'en avons point trouvé de direct pour leur commémoration. (Edit. de Déforis.)

de places, entièrement rétablies par cette nouvelle recrue ; alors il sera temps, chrétiens, de détruire tout à fait la mort, et de la reléguer pour toujours aux enfers d'où elle est sortie : Et infernus et mors missi sunt in stagnum ignis 1 : « Alors l'en« fer et la mort furent jetés dans l'étang de feu; » comme il est écrit dans l'Apocalypse. Il est écrit que « Dieu n'a pas fait la mort3, mais qu'elle

1 Apoc. XX, 14.

• Maintenant tout semble être sourd à la voix de Dieu, puisque les hommes même y sont insensibles, auxquels toutefois il a donné, et des oreilles pour écouter sa parole, et un cœur pour s'y soumettre; et alors toute la nature sera animée pour l'entendre....

Si j'annonçais à des infidèles cet Évangile de vie et de résurrection éternelle, je m'efforcerais, chrétiens, de détruire les raisonnements qu'oppose ici la sagesse humaine à la puissance de Dieu et à la gloire de notre nature si puissamment réparée. Mais, puisque je parle à des chrétiens, à qui cette doctrine céleste n'est pas moins familière ni moins naturelle que le lait qu'ils ont sucé dès leur enfance, je n'ai pas dessein de m'étendre à vous prouver par un long discours la réalité de ces trois présents, mais seulement de vous préparer à les recevoir en ce dernier jour de la justice de Dieu, et de sa main libérale.

J'ai déjà dit, chrétiens, que c'est l'âme qu'il faut préparer, comme la partie principale pour recevoir en nos corps ces dons précieux. J'ai dit et j'ai promis de vous faire voir que ces saintes préparations sont toutes heureusement renfermées dans celles de la pénitence. Que vous demande-t-on dans la pénitence? que vous vous retiriez de tous vos péchés, que vous preniez des précautions pour ne tomber plus, que vous vengiez sur vousmêmes par une satisfaction convenable, la honte de votre chute. Ainsi la volonté de vivre à la grâce, acquerra à vos corps une vie nouvelle : les sages précautions pour n'y plus mourir, assureront à vos corps l'immortalité : le zèle de satisfaire un Dieu irrité par les saintes humiliations de la pénitence, méritera d'être revêtu d'une gloire toute divine. Deux paroles du Fils de Dieu adressées aux morts :... la première, aux pécheurs, pour les appeler à la pénitence: la seconde, aux morts ensevelis, pour les rappeler à la vie : la première, disposition à rendre la seconde salutaire. Il faut commencer par l'âme, pour préparer le corps à la vie. Pour joindre ces deux choses, et la pénitence dont voici le temps, et la résurrection des morts, qui, par l'ancienne institution de celte paroisse, doit être prêchée aujourd'hui dans cette chaire....

O Jésus, vous vous êtes réservé à vous-même de prononcer la parole qui appellera les morts à la résurrection générale; mais vous voulez que les autres morts, que vous voulez vivifier par leur conversion, soient appelés à cette vie par vos ministres. Donnez-moi donc votre parole par la grâce de votre Esprit saint et l'intercession.....

Ce qu'on vient de lire est l'extrait d'un autre exorde fait

sur ce texte : Venit hora in qua omnes qui sunt in monumentis audient vocem Filii Dei, etc. (Joan. v, 28. Bossuet l'avait composé pour adapter ce sermon à un autre jour et à un autre lieu comme il s'y trouvait plusieurs choses entièrement conformes au premier exorde, nous nous sommes bornés à en extraire ce qu'il y avait de différent, pour le donner ici en note. (Édit. de Déforis.)

3 Sap. 1, 13.

« est entrée dans le monde par l'envie du dia« ble1» et par le péché de l'homme. Mais l'homme en consentant au péché, s'est assujetti à la mort; ainsi, contre l'intention du Créateur, l'homme qui était sorti immortel de ses saintes et divines mains, est devenu mortel et caduc par la malice du diable.

Or le Sauveur étant venu sur la terre pour dissoudre l'œuvre du diable, il détruira premièrement le péché ; et après, par une suite nécessaire d'une victoire si illustre et si glorieuse, il abolira aussi la puissance et l'empire de la mort. Ainsi l'Apôtre s'écrie: « O mort, où est ta victoire? » Ubi est, mors, victoria tua? Mais il faut ici remarquer que tant qu'il restera sur la terre quelque vestige du péché, la mort ne cessera de tout ravager, et exercera toujours sur le genre humain sa dure et tyrannique puissance. Mais à la consommation des siècles, après que le règne du péché sera détruit sur la terre, que toute la pompe du monde sera dissipée, et enfin que tout ce qui s'élève contre la gloire de Dieu sera renversé alors Jésus-Christ attaquera sa dernière ennemie qui est la mort; et tirant tous ses enfants d'entre ses mains, il les délivrera pour jamais de cette cruelle, dure et insupportable tyrannie: Novis

sima inimica destruetur.

Encore que ce triomphe de Jésus-Christ sur la mort ne s'accomplira qu'à la fin des siècles, il se commence dès la vie présente; et au milieu de ce siècle de corruption, l'œuvre de notre immortalité se prépare. Que devons-nous faire pour concourir à l'opération de la grâce qui nous ressuscite? L'Écriture nous propose trois principes de résurrection: la parole de Jésus-Christ, le corps de Jésus-Christ, l'esprit de Jésus-Christ. La parole de Jésus-Christ : « Le temps vient où «< tous ceux qui sont dans les sépulcres enten« dront la voix du Fils de Dieu : » Venit hora in qua omnes qui sunt in monumentis audient vocem Filii Dei3. Le corps de Jésus-Christ : « Ce« lui qui mange ma chair a la vie éternelle, et « je le ressusciterai au dernier jour : » Qui manducat meam carnem habet vitam æternam, ego ressuscitabo eum in novissimo die1. L'esprit de Jésus-Christ : « Si l'esprit de celui qui « a ressuscité Jésus habite en vous, celui qui « a ressuscité Jésus-Christ d'entre les morts, don« nera aussi la vie à vos corps mortels par son « Esprit qui est en vous:» Quod si Spiritus ejus qui suscitavit Jesum à mortuis, habitat in vobis, qui suscitavit Jesum à mortuis, vivificabit et mortalia corpora vestra propter inhabitantem

1 Sap. II, 24.

2 I. Cor. XV, 55 3 Joan. V, 28. • Ibid. VI, 55.

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Spiritum ejus in vobis 1. Ce que nous demande | cette parole: ce que nous devons à ce corps: ce qu'exige de nous cet Esprit.

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PREMIER POINT.

Nous voyons dans l'Évangile deux paroles du Fils de Dieu qui sont adressées aux morts; l'une à la fin des siècles, l'autre durant le cours du siècle présent. Ecoutez comme il parle au chapitre cinquième de saint Jean: « En vérité, en vérité, je vous le dis, l'heure vient, et elle est déjà « venue, où les morts entendront la voix du Fils << de Dieu; et ceux qui l'entendront, vivront » Amen, amen, dico vobis, quia venit hora, et nunc est, quando mortui audient vocem Filii Dei; et qui audierint, vivent2. « L'heure vient, « et elle est déjà. » Remarquez; donc cette parole ne regarde pas la consommation des siècles. Les morts entendront la voix du Fils de Dieu; c'est ce qu'il a dit auparavant : « Celui qui écoute ma | « parole, et qui croit à celui qui m'a envoyé, « est passé3 de la mort à la vie : » Transiet de morte ad vitam. Mais voici encore une autre parole : « L'heure vient; » il ne dit plus, Elle est déjà ; « que tous ceux qui sont dans les tombeaux << entendront sa voix, et ceux qui auront bien fait « sortiront pour ressusciter à la vie, et ceux qui | <«< auront mal fait sortiront pour ressusciter à leur «< condamnation 4. » Voilà donc deux paroles adressées aux morts, parce qu'il y a deux sortes de morts; ou plutôt il y a deux parties en l'homme et toutes deux ont leur mort. « L'âme, dit saint Augustin' est la vie du corps, et Dieu est la « vie de l'âme : » ainsi, comme le corps meurt quand il perd son âme, l'esprit meurt quand il perd son Dieu. Cette mort ne nous touche pas, parce qu'elle n'est pas sensible; et toutefois, chrétiens, si nous savions pénétrer les choses, cette mort de nos corps qui nous paraît si cruelle, suffirait pour nous faire entendre combien celle du péché est plus redoutable. Car si c'est un si grand malheur que le corps ait perdu son âme, combien plus que l'âme ait perdu son Dieu? Et si nos sens sont saisis d'horreur en voyant ce corps froid et insensible abattu par terre, sans force et sans mouvement; combien est-il plus horrible de contempler l'âme raisonnable, cadavre spirituel et tombeau vivant d'elle-même, qui, étant séparée de Dicu par le péché, n'a plus de vie ni de sentiment que pour rendre sa mort éternelle? C'est

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Rom. VIII, 14.

2 Joan. V, 25.

3 Bossuet remarque dans son manuscrit, que le grec porte le passé transivit. (Édit. de Déforis.)

Joan. V, 24, 28, 29.

Serm. CCLXXIII, n° 1, t. v, col. 1105.

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Que si vous me demandez d'où vient qu'il adresse encore à la fin des siècles une seconde parole aux morts qui sont gisants et ensevelis dans les tombeaux, je vous le dirai en un mot, parce que la chose est assez connue. L'âme a péché par le ministère et même en quelque sorte par l'instigation du corps ; et c'est pourquoi il est juste qu'elle soit punie avec son complice. L'âme s'est aussi servie dans les bonnes œuvres du ministère du corps qu'elle a pris soin de dompter, afin, comme dit l'apôtre', que la justice de Dieu s'assujettît à elle-même nos membres, et leur fit porter le joug honorable de Jésus-Christ et de l'Évangile. Ainsi ce corps, qui a eu sa part aux travaux, doit être aussi appelé comme un compagnon fidèle à la société de la gloire.

Ou si vous vouliez que je vous apporte une raison plus sublime et plus digne encore de la majesté du Sauveur : il était juste que le Fils de Dieu ayant pris un corps aussi bien qu'une âme, et ayant uni l'homme tout entier à sa divine personne, il fit sentir sa puissance au corps et à l'âme, et qu'il soumît l'homme tout entier à l'autorité de son tribunal. C'est pourquoi après avoir parlé aux morts spirituels pour ressusciter leurs âmes, il parle à la fin des siècles aux morts gisants dans les sépulcres, pour les en faire sortir et leur rendre la vie : Et qui audierint, vivent : « Et ceux « qui l'entendront, vivront. »

Quand donc cette heure dernière sera arrivée, à laquelle Dieu a résolu de réveiller les élus de leur sommeil, une voix sortira du trône et de la propre bouche du Fils de Dieu, qui ordonnera aux morts de revivre. « Os arides, os desséchés, « écoutez la parole du Seigneur : » Ossa arida, audite verbum Domini1. Au son de cette voix toute-puissante qui se fera entendre en un moment de l'orient jusqu'à l'occident, et du septentrion jusqu'au midi, les corps gisants, les os desséchés, la cendre et la poussière froide et insensible, seront émus dans le creux de leurs tombeaux; toute la nature commencera à se remuer; et la mer, et la terre, et les abîmes se prépareront à rendre leurs morts qu'on croyait qu'ils eussent engloutis comme leur proie, mais qu'ils avaient seulement reçus comme un dépôt pour le remettre fidèlement au premier ordre. Car, mes frères, « Jésus qui aime les siens, et les aime jusqu'à la fin3, » prendra soin de ramasser de toutes les

"

1 Rom. VI.

2 Ezech. XXXVII, 4.

3 Joan. XIII, I.

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