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ment tous ces projets si religieux; et peu à peu tous ces beaux desseins se perdent et s'évanouissent tout ainsi qu'un songe. Cumque percepti principatus offi cio perfrui seculariter cœperit, libenter obliviscitur quidquid religiosè cogitavit (1). ·

Que le désir de faire du bien n'emporte pas notre ambition jusqu'à désirer une condition plus relevée: ne craignez pas de demeurer sans occupation et d'être inutile au monde, si vous ne sortez de vos bornes et ne remplissez quelque place. Faisons le bien qui se présente, celui que Dieu a mis en notre pouvoir. Nos emplois sont bornés, mais l'étendue de la charité est infinie. La charité toujours agissante sait bien trouver des emplois : elle se fait tout à tous, elle se donne autant d'affaires qu'il y a de nécessités et de besoins. Elle ne craint pas de manquer d'ouvrage; et au lieu d'aspirer à une plus grande puissance, elle songe à rendre son compte de l'emploi de celle que Dieu lui confie.

Que les puissans songent au bien. L'un des biens, c'est l'exemple, un bien pour eux et un bien pour nous. C'est un don qui les enrichit, c'est un présent qui retourne à eux. Il ne faut pas pour cela un grand travail : ils n'ont qu'à se remplir de lumière, elle viendra à nous d'elle-même. Ils rendront compte des péchés des autres. Combien le vice est plus hardi quand il est soutenu par leur exemple! etc. Exemple en sa maison: chacun est grand dans sa maison; chaun est prince dans sa famille.

Rogul, Pastor. part. 1, cap. 1x, tom. 11, col. 9,

ABRÉGÉ D'UN SERMON

POUR LE MARDI

DE LA IV. SEMAINE DE CARÊME.

SUR LA MÉDISANCE.

Quelles en sont les causes, les effets et les remèdes.

Respondit turba et dixit: Dæmonium habes; quis te quærit interficere?

La troupe répondit et dit au Seigneur: Vous êtes possédé du démon; qui est-ce qui pense à vous tuer? Joan. VII. 20.

Apprendre aux hommes, par les médisances par lesquelles on a attaqué la vie du Sauveur et décrié ses actions les plus saintes, à vouloir être plutôt du parti de Jésus-Christ noirci par les calomnies, que du parti des Juifs qui l'ont déchiré par leurs injures.

Pour détourner les hommes d'un péché aussi noir, aussi dangereux, aussi universel que la médisance, rien de plus important que de le faire bien connoître. Représenter ce que c'est que la médisance par ses causes et par ses effets, par la racine d'où elle est sortie, par les fruits qu'elle produit. Et quoique la bien connoître soit assez pour en donner de l'horreur, toutefois nous ajouterons les remèdes.

PREMIER POINT.

LES causes. La plus apparente et la plus ordinaire, c'est la haine et le désir de vengeance. Si quelqu'un est notre ennemi, nous voudrions armer contre lui tous les autres hommes de là nous les animons par nos médisances. Or encore que cette haine soit la cause la plus apparente de la médisance, ce n'est pas celle que nous avons à considérer, parce que cela est d'un autre sujet ; et on l'a suffisamment combattue, quand on vous a fait voir le malheur de ceux qui nourrissent dans leur cœur des inimitiés. Celui qui médit par ce motif est plutôt vindicatif qu'il n'est médisant. Quel est donc proprement le médisant? Celui qui sans aucune autre raison particulière se plaît à dire du mal des uns et des autres, même des indifférens et des inconnus; et qui, par une excessive liberté de langue, n'épargne pas même ses meilleurs amis, si toutefois un tel médisant est capable d'avoir des amis.

C'est cette médisance que j'attaque: mais en l'attaquant, chrétiens, que ceux qui médisent par haine ne croient pas que je les épargne. Car si c'est un grand crime de médire sans aucune inimitié particulière, que celui-là entende quel est son péché, qui joint le crime de la haine à celui de la médisance. Et toutefois pour ne pas [ omettre ] entièrement cette cause de la médisance, disons-en seulement ce mot. L'une des plus grandes obligations du christianisme, c'est de bénir ceux qui nous maudissent Maledicimur, et benedicimus (1): « On (1)I. Cor. IV. 12.

>> nous maudit et nous bénissons ». Si bien que quand nous ne nous serions jamais crus obligés à dire du bien de l'un de nos frères, il faudroit faire cet effort sur nous, lorsqu'une inimitié nous divise; ou du moins n'en dire aucun mal. Car il n'y a jamais tant d'obligation de résister à la passion, que lorsqu'elle est née ; de sorte qu'il n'est rien de plus criminel que de songer à l'entretenir, dans le temps qu'il faut travailler à l'étouffer.

Le Fils de Dieu défend de se coucher sur sa colère, de peur que les images tristes et fâcheuses que l'imagination nous représente dans la solitude pendant la nuit, lorsque nous ne sommes plus divertis par d'autres objets, n'aigrissent notre plaie. Plus donc la passion est forte, plus il faut se roidir contre elle. Le médisant fait tout au contraire; il s'échauffe en voulant échauffer les autres, il s'anime par ses propres discours, il grave de plus de plus en plus en son cœur l'injure qu'il a reçue; à force de parler il croit tout-à-fait ce qu'il ne croyoit qu'à demi : ainsi il s'irrite soi-même. D'ailleurs il ferme de plus en plus la porte à toute réconciliation, et il exerce la plus lâche de toutes les vengeances; puisque s'il ne peut se venger autrement, il montre que sa haine est bien furieuse, par le plaisir qu'il prend de déchirer en idée celui qu'il ne peut blesser en effet; et s'il a d'autres moyens de se satisfaire, il fait voir l'extrémité de sa rage en ce qu'il n'épargne pas même celui-ci, et qu'il croit que les effets ne suffisent pas s'il n'y joint même les paroles. C'est ce que j'avois à dire contre celui qui médit par un désir de vengeance.

La véritable médisance consiste en un certain

plaisir que l'on a à entendre ou à dire du mal des autres, sans aucune autre raison particulière. Recherchons-en la cause; il y a sujet de s'en étonner. Les hommes sont faits pour la société; cependant ce plaisir malin, que nous sentons quelquefois malgré nous dans la médisance, fait bien voir qu'il n'y a rien de plus farouche, ni de moins sociable que le cœur de l'homme. Et Tertullien a raison de dire << que l'on ment avec plus de succès en forgeant des » calomnies cruelles et atroces, et que l'on croit plus aisément un mal faux qu'un bien véritable » : Felicius in acerbis atrocibusque mentitur,.... faciliùs denique falso malo, quàm vero bono creditur (1). De là paroît le plaisir comme naturel que nous prenons à la médisance. La cause est qu'en effet nous étions faits pour une sainte société en Dieu et entre nous. La paix, la concorde, la charité devoit régner parmi nous, parce que nous devions nous regarder, non point en nous-mêmes, mais en Dieu; et c'est cela qui devoit être le nœud sacré de notre union.

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Le péché a détruit cette concorde en gravant en nous l'amour de nous-mêmes. C'est l'orgueil qui nous désunit, parce que chacun cherche son bien propre. L'ange et l'homme n'ayant pu souffrir l'empire de Dieu, ne veut pas ensuite dépendre des autres. Chacun ne veut penser qu'à soi-même, et ne regarde les autres qu'avec dessein de dominer sur eux voilà donc la société détruite. Il y en a quelque petit reste; car nous avons naturellement une certaine horreur de la solitude. Mais lorsque

(Ad Nation. lib. 1.

nous

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