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le temps de la pénitence, autant nous dit-il de fois : Vois, je ne te condamne pas, puisque je t'attends; je ne te condamne pas, puisque je t'invite; je ne te condamne pas, puisque je te presse, et que je ne cesse de te dire Retourne, prévaricateur, et tu vivras; retournez, enfans perfides; retournez, épouses déloyales: << et pourquoi voulez-vous périr, mais » son d'Israël (1) »? Donc, mes Frères, autant de momens que Jésus nous attend à la pénitence, autant de fois, non sa voix mortelle, mais ce qui est beaucoup davantage, sa bonté, sa miséricorde, sa patience déclarée, son sang, sa grâce, son Saint-Esprit nous disent au fond du cœur : Je ne te condamne pas; va, et désormais ne péche plus. Et tout cet excès de miséricordes dont nous ressentons le fruit, nous rappelle aux rigueurs horribles qui en ont été la racine. Donc, ô Jésus, ô divin Jésus! que vos miséricordes sont pressantes! ah! dans le moment que je les ressens, je vois toutes vos plaies se rouvrir, tout votre sang se déborder. Il faut pleurer du sang, pour le mêler avec celui que vos tendresses et mes duretés, que vos bontés et mes ingratitudes vous ont fait répandre.

Laissons-nous toucher, chrétiens, à cet excès de miséricorde, et apprenons aujourd'hui à voir toute l'horreur de nos crimes dans la grâce qui nous les remet. « Gardez-vous d'affliger et contrister l'Es>> prit de Dieu » Nolite contristare Spiritum sanctum (2). Cette affliction ne marque pas tant l'injure qui est faite à sa sainteté par notre injustice, que (1) Ezech. XXXIII. 11. — - (2) Ephes. iv. 30.

la violence que souffre son amour méprisé et sa bonne volonté frustrée par notre résistance opiniâtre. Affliger le Saint-Esprit, c'est-à-dire l'amour de Dieu opérant en nous pour lui gagner nos cœurs par sa bonté. Il se mesure avec nous par les tendresses de son amour, par les empressemens de sa miséricorde. Combien la dureté est-elle inhérente, si elle ne s'amollit pas, etc.

ABRÉGÉ D'UN SERMON

POUR LE MÊME JOUR,

PRÉCHÉ A CLAYE (*).

Parallèle des torts des hérétiques avec ceux des mauvais catholiques.

Lire l'évangile de la Femme adultère.

EXPOSITION. Jésus-Christ effraie et éloigne les coupables que ne doit craindre [la même femme adultère], quand il ne restera que l'innocence ? Voici celui qui peut juger parce qu'il est juste : mais il peut aussi justifier parce qu'il est juste. Pour condamner, il faut être juste: mais aussi pour justifier, il faut être juste. Vous tremblez pour cette femme adultère, parce qu'elle est devant le juste : espérez pour elle et pour vous, parce qu'elle est devant le juste qui justifie.

Qui est cette femme adultère? l'ame chrétienne : son image au chapitre seizième d'Ezechiel. Née dans ton impureté, dans ton sang, on ne t'a point lavée, on ne t'a point coupé le nombril: tes péchés sont sur toi; ni la chair ni ses désirs ne sont retranchés. Elle a été jetée en terre en naissant dans des (*) Bourg près de Meaux.

désirs terrestres et sensuels. Elle a crû; et ses mamelles se sont enflées; la chair a pris de nouvelles forces. Elle est venue, permettez-moi de le dire dans les paroles du prophète, elle est venue à l'âge des amans. Je l'ai aimée, dit le Seigneur, j'ai étendu sur elle mon vêtement, je l'ai épousée, je lui ai donné ma foi, j'ai reçu la sienne; je l'ai reçue dans ma couche. Est-ce qu'elle étoit belle? non, elle étoit encore dans son impureté. Je l'ai lavée, [par] le baptême. Elle n'avoit point été ointe d'huile : je l'ai ointe de l'huile céleste; je lui en ai fait un signe sur le front, signe qu'elle étoit rachetée par la croix de Jésus-Christ, elle a été faite mienne, une chair avec moi par l'eucharistie: corps à corps, cœur à cœur, esprit à esprit. Elle est devenue belle ses ornemens, des colliers, des pendans d'oreilles. Elle étoit belle sa beauté célébrée aux environs. Etoitelle belle par elle-même? Non, dit le prophète, belle de la beauté que je lui avois donnée. Elle m'a quitté la déloyale. Voyez les degrés; d'abord elle n'a eu qu'un amant : [elle étoit] timide, tremblante. [Mais ensuite] elle s'est abandonnée et prostituée à ceux qu'elle aimoit, à ceux [même] qu'elle ne connoît pas. Sa volonté lui a fait commettre certains crimes, sa complaisance lui en fait commettre certains autres. Au commencement elle se laissoit corrompre par les récompenses; elle corrompt les autres maintenant. Voyez comme elle descend dans la profondeur de l'iniquité.

Ah! malheureuse, qui te pourra purifier de ton crime? Elle va encore plus avant; Edificasti tibi

lupanar; « Vous vous êtes bâti un lieu de prosti»tution, un lieu déshonnête » : Une conscience entièrement corrompue, profession publique du crime, repos dans le crime, nul reproche de la conscience, repos dans l'opprobre; on n'a honte que de n'être pas assez impudente; on ne rougit que de conserver quelque reste de pudeur. Ah! malheureuse, tu as élevé le signe de la prostitution, les enseignes de la vanité, du luxe. [Tu as couru après] les Chaldéens, les Egyptiens, etc. [tu t'es] prostituée et abandonnée sans mesure. Je te livrerai à tes amans [tes mauvaises inclinations], afin qu'ils te perdent, qu'ils te ravagent.

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Mais voici le comble: tu es semblable à ta mère; à la gentilité dont tu es sortie. Tu as justifié Sodome ta sœur aînée le judaïsme, « Jérusalem, Sodome » spirituelle où leur Seigneur a été crucifié (1) » : et Samarie ta jeune sœur, l'hérésie; toujours postérieure à l'Eglise. Dites-moi qui de mes prédécesseurs [ne condamne pas vos erreurs et votre conduite ]? Vous méprisez cette chaîne de la succession; c'est assez, [ répondez-vous, ] d'avoir Dieu, non la succession de la doctrine. O foiblesse ! comme qui diroit Je veux garder les eaux, je ne me soucie pas du canal. Tu as justifié Sodome ta sœur aînée : le judaïsme, le Juif a crucifié le Seigneur de la gloire; mais « s'ils l'avoient connu, dit saint Paul (2), ils ne » l'auroient jamais fait » : tu le crucifies le sachant et le connoissant pour tel. [Ils sont] fidèles à Moïse, qui est loué dans toutes les synagogues, qui leur a imposé un joug de fer « que ni nos pères ni nous (1) Apoc. xi. 8.—(2) I. Cor. 11. 8.

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