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Cette séparation, mes très-chères Sœurs, a divers degrés. Premièrement les élus sont déjà séparés dans la prédestination éternelle, même dans la contagion du siècle, même dans cette masse de corruption où le monde semble les envelopper dans une commune confusion. Dieu les a déjà discernés : « Dieu sait » ceux qui sont à lui » : Cognovit Dominus qui sunt ejus (1): il les connoît par nom et par surnom : Proprias oves vocat nominatim (2). « Il appelle ses pro>> pres brebis chacune par leur nom ». Il en a un rôle dans son cabinet : ils sont écrits dans son livre. O joie! ô bonheur incroyable! aimables brebis de Jésus, quelque part où vous erriez dans les chemins détournés de ce siècle, l'œil de votre pasteur est sur vous: il vous sépare des autres, non point de corps, mais de cœur : il vous sépare par de saints désirs et par une bienheureuse espérance. Les affections, mes Sœurs, ce sont comme les pas de l'ame; c'est par elles qu'elle se remue. Ainsi les enfans de lumière mêlés ici-bas parmi les enfans de ténèbres, en sortent par de saintes et de célestes affections. Ils sont en ce monde, mais leur amour en est détaché. Dieu, qui les a mêlés avec ses ennemis, ne cesse de les en séparer peu à peu par une opération toute-puissante. Il purifie leurs intentions, il les démêle insensiblement des embarras de la terre. Comme ils sont dans un corps mortel, et que néanmoins ils vivent en quelque sorte détachés du corps, et que Dieu rompt peu à peu leurs liens, ainsi que dit l'apôtre saint Paul, que « vivant dans la chair, nous ne vivons

(1) II. Tim. 11. 19. — (2) Joan. x. 3.

>> pas selon la chair (1) » : de même, bien qu'ils soient parmi les méchans, leur façon de vivre les discerne d'eux.

Viendra, viendra enfin cette dernière séparation. O jour terrible pour les méchans! ô jour mille et mille fois heureux pour les bons! où iront les méchans séparés des enfans de Dieu ? C'est ce mélange, mes Sœurs, qui empêche que Dieu ne les foudroie: il leur pardonne pour l'amour des siens : leur présence modère sa juste fureur. C'est pourquoi, dans notre Evangile, il défend « d'arracher l'ivraie, de >> peur d'endommager le bon grain »: Ne fortè colligentes zizania, eradicetis simul cum eis et triticum (2). Considérez, mes Sœurs, que comme en ce monde les bons et les méchans sont mêlés, aussi la colère et la miséricorde divines sont en quelque façon tempérées l'une par l'autre. C'est pourquoi le prophète a dit que « le calice qui est en la main de » Dieu est mêlé ». Le vin signifie la joie; Vinum lætificat (3): « le vin réjouit »; et l'eau, les tribulations Salvum me fac, Deus, quoniam intraverunt aquæ (4) : « Sauvez-moi, mon Dieu, parce que >> les eaux sont entrées jusque dans mon ame». Le prophète David dit que son ame est environnée d'eaux, c'est-à-dire de tribulations : [il nous représente le Seigneur comme] « tenant dans sa main » une coupe d'un vin fort, mêlé de différentes li» queurs » : Vini meri plenus mixto (5). C'est ce mélange que le siècle doit boire. Sa vengeance est tou

(1) II. Cor. x. 3. (2) Matth. xii. 29.- (3) Ps. CIII. 16. — (4) Ps. LXVIII. 1.- (5) Ps. LXXIV. 7.

620 SUR LE MÉLANGE DES BONS AVEC LES MÉCHANS. jours mêlée de miséricorde, sa miséricorde de même ; Parcente manu sævit et donat. Mais après ce siecle il ne restera plus que la lie. Verumtamen fæx ejus non est exinanita; bibent omnes peccatores terræ(1): «La lie n'en est pourtant pas encore épuisée : tous » les pécheurs de la terre en boiront ». Ces pécheurs séparés des bons, cos pécheurs surpris dans leur crime, ces pécheurs qui ne seront jamais gens de bien; ils boiront toute la lie et toute l'amertume de la vengeance divine. Fuyons, fuyons, mes Sœurs, fuyons de leur compagnie : n'ayons point de commerce avec eux. Votre profession vous en a déjà en quelque façon séparées. Mais ne faites pas comme les Israélites ne désirez point, les plaisirs de l'Egypte : ne retournez pas la tête en arrière, pour voir ce que vous avez quitté ; mais tenez vos yeux fichés éternellement à l'héritage qui vous est promis, aux saints qui vous attendent, à Jésus qui vous tend les bras pour vous recevoir en sa gloire.

(1) Ps. LXXIV. 8.

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FIN DU TOME ONZIEME.

DU TOME ONZIÈME.

I.er SERMON pour la fête de tous les saints, prêché à Metz, en faveur d'une assemblée de charité, consacrée au soulagement des pauvres utalados. Le discours n'est point entier; mais, quoique imparfait, il contient des vérités qui le rendent très-intéressant. L'auteur y fait voir ce qu'exige envers les pauvres et les misérables la miséricorde reçue ou espérée. Page 1 EXORDE d'un Sermon prêché dans une assemblée de charité.

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II. SERMON POUR LA Fête de tous lES SAINTS. seins admirables de Dieu sur ses élus : il les a mis audessus de tous ses ouvrages; il se les est proposés dans toutes ses entreprises; il les a inséparablement unis à la personne de son Fils, afin de les traiter comme lui. Merveilles que Dien opère dans l'exécution de ces grands desseins.

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III. SERMON POUR LA FÊTE DE TOUS LES SAINTS, prêché devant le Roi. Conditions nécessaires pour être heureux : n'être point trompés, ne rien souffrir, ne rien craindre. Elles ne se trouvent réunies que dans le ciel, Nous n'y serons plus sujets à l'erreur, à la douleur, à l'inquiétude : parce que nous y verrons Dieu, que nous y jouirons de Dieu, que nous nous reposerons à jamais en Dieu.

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IV. SERMON POUR LA FÊTE DE TOUS LES SAINTS. désirs des natures intelligentes pour la felicité. Leurs erreurs à cet égard. Où se trouve la véritable félicité; en quoi elle consiste; quels sont les moyens pour y parvenir; quelle est la voie qui y conduit. FRAGMENT d'un discours sur le même sujet, où, à l'occasion de la solennité des bienheureux, il est parlé des fidèles qui achèvent de se purifier dans le purgatoire. Comment leur sainteté est-elle confirmée.

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