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le moyen de les reconnoître. Pressé par ces raisons que la gratitude inspire: il dit: Je te donne les pauvres : ce que tu leur feras, je le tiens pour reçu aux mêmes conditions qu'eux: je veux entrer en leur place. Ne le crois-tu pas ? C'est lui qui le dit. Il a dit que du pain c'étoit son corps; tu le crois et tu l'adores. Il a dit qu'une goutte d'eau lavoit nos péchés; tu le crois, et tu conduis tes enfans à cette fontaine. Il a dit qu'il étoit en la personne des pauvres; pourquoi refuses-tu de le croire ? si tu refuses de le croire, tu le croiras et tu le verras, lorsqu'il dira: Infirmus, et non visitastis me (1) : « J'ai été » malade et vous ne m'avez pas visité ». L'homme devant Dieu, demandant de le voir dans sa gloire : tu ne m'as pas voulu voir dans mon infirmité: une troupe de misérables s'élevera: Seigneur, c'est un impitoyable. C'est pour cela que le mauvais riche voit Lazare au sein d'Abraham. Au contraire, ces pauvres vous recevront dans les demeures éternelles : Recipient vos in æterna tabernacula (2).

Employer à cela le crédit et l'autorité : elle s'évanouira en l'autre monde. Voulez-vous qu'elle vous y serve? employez-la au ministère des

(1) Matth. xxv. 43. — (2) Luc. XVI. 9.

pauvres.

EXORDE

D'un Sermon préché dans une assemblée de charité.

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LE Prophète-roi, chrétiens, étoit entré bien profondément dans la méditation de la dureté et de l'insensibilité des hommes, lorsqu'il adresse à Dieu ces beaux mots: Tibi derelictus est pauper (1): « O Sei» gneur, on vous abandonne le pauvre ». En effet, il est véritable qu'on fait peu d'état des malheureux : chacun s'empresse avec grand concours autour des fortunés de la terre; les pauvres cependant sont délaissés leur présence même donne du chagrin; et il n'y a que Dieu seul à qui leurs plaintes ne soient point à charge. Puisque tout le monde les lui abandonne, il étoit digne de sa bonté de les recevoir sous ses ailes, et de prendre en main leur défense. Aussi' s'est-il déclaré leur protecteur: parce qu'on méprise. leur condition, il relève leur dignité; parce qu'on croit ne leur rien devoir, il impose la nécessité de les soulager: et afin de nous y engager par notre intérêt, il ordonne que les aumônes nous soient une source infinie de grâces. Dans cette maison des pauvres, dans cette assemblée qui se fait pour eux, on ne peut rien méditer de plus convenable que ces vérités chrétiennes et comme les prédicateurs de l'Evangile sont les véritables avocats des pauvres, je m'estimerai bienheureux de parler aujourd'hui en leur faveur. Tout le ciel s'intéresse dans cette cause, et je ne doute pas, chrétiens, que je n'obtienne facilement son secours par l'intercession de la sainte Vierge. (1) Ps. 1x. Heb. x. 14.

II.

E

II. SERMON

POUR LA FÊTE

DE TOUS LES SAINTS.

Desseins admirables de Dieu sur ses élus : il les a mis au-dessus de tous ses ouvrages; il se les est proposés dans toutes ses entreprises; il les a inséparablement unis à la personne de son Fils, afin de les traiter comme lui. Merveilles que Dieu opère dans l'exécution de ces grands desseins.

Omnia vestra sunt, vos autem Christi.

Tout est à vous, et vous étes à Jésus-Christ, dit le grand apôtre, parlant aux justes. I. Cor. III. 22, 23.

Si nous employions à penser aux grandeurs du ciel la moitié du temps que nous donnons inutilement aux vains intérêts de ce monde, nous ne yivrions pas comme nous faisons dans un mépris si apparent des affaires de notre salut. Mais tel est le malheur où nous avons été précipités par notre péché : ce tyran ne s'est pas contenté de nous faire perdre le royaume dans l'espérance duquel nous avions été élevés; il nous a tellement ravalé le courage, que nous n'oserions quasi plus aspirer à sa conquête, quelque secours qu'on nous offre pour y rentrer. A peine nous en a-t-il laissé un léger souvenir : et s'il nous en reste quelque vieille idée qui ait échappé BOSSUET. XI.

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à cette commune ruine, cette idée, Messieurs, n'a pas assez de force pour nous émouvoir elle nous touche moins que les imaginations de nos songes. Ce qui est plus cruel, c'est qu'il ne nous donne pas seulement le loisir de penser à nous. Il nous entretient toujours par de vaines flatteries; et comme il n'a rien qui nous puisse entièrement arrêter, toute sa malice se tourne à nous jeter dans une perpétuelle inconstance, tantôt d'un côté, tantôt d'un autre; et nous faire passer cette misérable vie dans un enchaînement infini de désirs incertains, vagues, et de prétentions mal fondées. Cela fait que nous ne concevons qu'à demi ce qui regarde l'autre vie : ces vérités ne tiennent point à notre ame déjà préoccupée des erreurs des sens. En quoi nous sommes semblables à ces insensés, desquels parle le Sage, qui, sans prendre garde aux grands desseins que Dieu avoit conçus dès l'éternité pour ses saints, s'imaginoient qu'ils fussent enveloppés dans le même destin que les impies, parce qu'ils les voyoient sujets à la même nécessité de la mort : Videbunt finem sapientis, et non intelligent quid cogitaverit de eo Dominus (1): « ils verront la fin du sage, et ils ne >> comprendront point le dessein de Dieu sur lui ». Souffrirez-vous pas bien, Messieurs, pour nous délivrer de ce blâme, que nous nous entretenions sur ces desseins si admirables de Dieu sur les bienheureux, en ce jour, où l'Eglise est occupée à les congratuler sur leur félicité? Nous ne pouvons rien dire qui contribue plus à leur gloire ni à notre édification. Certes je l'oserai dire, si la joic abondante dans la(1) Sap. IV. 17.

quelle ils vivent, leur permet de faire quelque différence entre les avantages de leur élection, c'est par-là qu'ils estiment le plus leur bonheur; et c'est cela aussi qui nous doit plus élever le courage. Parlons donc, Messieurs, de ces desseins admirables. Nous en découvrirons les plus grands secrets dans ce peu de paroles de l'apôtre, que j'ai alléguées pour mon texte : et tout ce discours sera pour expliquer la doctrine de ces quatre ou cinq mots. Nous y verrons que les élus ont eu la préférence dans l'esprit de Dieu, comme il a mis les saints au-dessus de tous ses ouvrages, et qu'il se les est proposés dans toutes ses entreprises: Omnia vestra : « Tout » est à vous » : que c'est sur ce premier dessein qu'il a formé tous les autres. Elles nous donneront sujet d'expliquer par quel artifice Dieu les a si bien attachés à la personne de son Fils, afin d'être obligé de les traiter comme lui: Vos autem Christi; « Et » vous êtes à Jésus-Christ ». Après avoir établi ces vérités, il ne me sera pas beaucoup difficile de vous persuader des merveilles qu'il opérera dans l'exécution de ce grand dessein: ce que je tâcherai de faire fort briévement en concluant ce discours. Joignons nos vœux; implorons pour cela l'assistance du Saint-Esprit, par l'intercession de la sainte Vierge. Ave.

PREMIER POINT.

Pour nous représenter quelle sera la félicité des enfans de Dieu en l'autre vie, il faut considérer premièrement en gros combien elle doit être grande et inconcevable, afin de nous en imprimer l'estime;

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