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par une excellente doctrine de la divine épître aux Hébreux. Saint Paul nous y enseigne, mes Frères, que la nouvelle alliance que Jésus-Christ a contractée avec nous, n'a été confirmée et ratifiée que par sa mort à la croix (1). Et cela pour quelle raison? C'est à cause, dit ce grand apôtre, que cette mort est un testament: Novum testamentum (2). Or nous savons par expérience que le testament n'a de force qu'après la mort du testateur : mais quand il a rendu l'esprit, aussi le testament est invariable: on n'y peut ni ôter ni diminuer: Nemo detrahit (*) aut superordinat (5). Et c'est pour cela, chrétiens, que notre Sauveur nous apprend lui-même qu'il scelle son testament par son sang: Novum testamentum in meo sanguine (4). Jésus-Christ fait son testament; il nous laisse le ciel pour notre héritage, il nous laisse la grâce et la rémission des péchés; bien plus il se donne lui-même. Voilà un présent merveilleux. Mais il meurt sans le révoquer : au contraire il le confirme encore en mourant. Cette donation est invariable, et éternellement ratifiée par la mort de ce divin testateur. Reconnoissez donc, chrétiens, que la mort de notre Seigneur est une bienheureuse ratification de ce qu'il lui a plu de faire pour nous: mais il veut aussi en échange que notre mort ratifie et confirme ce que nous avons fait pour lui. Il a confirmé par sa mort le testament par lequel il se donne à nous; il ne s'y peut plus rien changer; et il demande aussi, chrétiens, que nous confirmions

(1) Hebr. 1x. 15, 16, 17. — (3) I. Cor. x1. 25. (3) Galat. 111. 15. - Luc. xxII. 20.

(*) Bossuet suit ici la leçon du grec. Edit. de Déforis.

par la nôtre le testament par lequel nous nous sommes donnés à lui. Ce qui se pouvoit changer avant notre mort, devient éternel et irrévocable aussitôt que nous avons expiré dans les sentimens de la foi et de la charité chrétienne. C'est pourquoi, ô morts bienheureux, qui êtes morts en notre Seigneur, dans la participation de ses sacremens, dans sa grâce, dans sa paix et dans son amour; j'ai dit que votre sainteté étoit confirmée. Votre mort a tout confirmé ; et en vous tirant du lieu de tentations, elle vous a affermis en Dieu pour l'éternité toute entière. Mais pourquoi donc disons-nous que leur sainteté si bien confirmée, n'est pas encore consommée ? Cela dépend d'une autre doctrine qu'il faut encore que je vous explique, pour vous renvoyer bien instruits de la foi de la sainte Eglise touchant le purgatoire.

SERMON

POUR LE JOUR DES MORTS (a),

SUR LA RESURRECTION DERNIÈRE.

Deux sortes de mort, deux sortes de résurrection: celle de l'ame doit précéder celle du corps : comment l'une et l'autre s'opèrent.

Novissima inimica destruetur mors.

Le dernier ennemi qui sera détruit sera la mort. I. Cor. XV. 26.

QUAND l'ordre des siècles sera révolu, les mystères, de Dieu consommés, ses promesses accomplies, son Evangile annoncé par toute la terre; quand le nombre de nos frères sera rempli, c'est-à-dire quand la sainte société des élus sera complète, le corps mystique du Fils de Dieu composé de tous ses membres, et les célestes légions, où la désertion des anges rebelles a fait vaquer tant de places, entièrement rétablies par cette nouvelle recrue; alors il sera temps, chrétiens, de détruire tout-à-fait la

(a) On ne voit pas précisément pour quel jour l'auteur avoit destiné ce sermon: il nous a paru qu'il n'y en avoit pas auquel il pût mieux convenir qu'à celui des Morts, d'autant plus que nous n'en avous point trouvé de direct pour leur Commémoration. Edit. de Déforis.

mort,

mort, et de la reléguer pour toujours aux enfers d'où elle est sortie : Et infernus et mors missi sunt in stagnum ignis (1): « Alors l'enfer et la mort >> furent jetés dans l'étang de feu »; comme il est écrit dans l'Apocalypse (*). Il est écrit que «< Dieu n'a (1) Apoc. xx. 14.

(*) Maintenant tout semble être sourd à la voix de Dieu, puisque les hommes même y sont insensibles, auxquels toutefois il a donné, et des oreilles pour écouter sa parole, et un cœur pour s'y soumettre; et alors toute la nature sera animée pour l'entendre......

Si j'annonçois à des infidèles cet Evangile de vie et de résurrection éternelle, je m'efforcerois, chrétiens, de détruire les raisonnemens qu'oppose ici la sagesse humaine à la puissance de Dieu et à la gloire de notre nature si puissamment réparée. Mais puisque je parle à des chrétiens à qui cette doctrine célesté n'est pas moins familière ni moins naturelle que le lait qu'ils ont sucé dès leur enfance; je n'ai pas 'dessein de m'étendre à vous prouver par un long discours la réalité de ces trois présens, mais seulement de vous préparer à les recevoir en ce dernier jour de la justice de Dieu, et de sa main libérale.

J'ai déjà dit, chrétiens, que c'est l'ame qu'il faut préparer comme la partie principale pour recevoir en nos corps ces dons précieux. J'ai dit et j'ai promis de vous faire voir que ces saintes préparations sont toutes heureusement renfermées dans celles de la pénitence. Que vous demande-t-on dans la pénitence? que vous vous retiriez de tous vos péchés, que vous preniez des précautions pour ne tomber plus, que vous vengiez sur vousmêmes par une satisfaction convenable la honte de votre chute. Ainsi la volonté de vivre à la 'grâce, acquerra vos corps une vie nouvelle : les sages précautions pour BOSSUET. XI.

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» pas fait la mort (1), mais qu'elle est entrée dans le » monde par l'envie du diable (2) » et par le péché de l'homme. Mais l'homme en consentant au péché s'est assujetti à la mort; ainsi, contre l'intention du Créateur, l'homme qui étoit sorti immortel de ses saintes et divines mains, est devenu mortel et caduc par la malice du diable.

Or le Sauveur étant venu sur la terre pour dis

n'y plus mourir, assureront à vos corps l'immortalité; le zèle de satisfaire un Dieu irrité par les saintes humiliations de la pénitence, méritera d'être revêtu d'une gloire toute divine. Deux paroles du Fils de Dieu adressées aux morts..... la première aux pécheurs, pour les appeler à la pénitence la seconde aux morts ensevelis pour les rappeler à la vie : la première, disposition à rendre la seconde salutaire. Il faut commencer par l'ame pour préparer le corps à la vie. Pour joindre ces deux choses, et la pénitence dont voici le temps, et la résurrection des morts, qui par l'ancienne institution de cette paroisse, doit être prêchée aujourd'hui dans cette chaire......

O Jésus, vous vous êtes réservé à vous-même de prononcer la parole qui appellera les morts à la résurrection générale; mais vous voulez que les autres morts, que vous voulez vivifier par leur conversion, soient appelés à cette vie par vos ministres. Donnez-moi donc votre parole par la grâce de votre Esprit saint et l'intercession....

Ce qu'on vient de lire est l'extrait d'un autre exorde fait sur ce texte: Venit hora in qua omnes qui sunt in monumentis audient vocem Filii Dei, etc. Joan. v. 28. Bossuet l'avoit composé pour adapter ce sermon à un autre jour et à un autre lieu : comme il s'y trouvoit plusieurs choses entièrement conformes au premier exorde, nous nous sommes bornés à en extraire ce qu'il y avoit de différent, pour le donner ici en note. Edit. de Déforis.

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