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NOTICE.

Ces vers, trouvés il y a vingt ans par M. Faugère, ont été publiés par lui quelques années plus tard dans la Nouvelle revue encyclopédique1, où il a ainsi raconté la manière dont ils sont tombés entre ses mains : « Dans le cours des recherches auxquelles je me suis livré, il y a trois ans, à l'occasion de mon édition des Pensées de Pascal, je visitai la bibliothèque Sainte-Geneviève. N'ayant rien découvert parmi les manuscrits inscrits au catalogue, je me mis à feuilleter une assez grande masse de papiers enfouis dans de vieux cartons; mon investigation touchait à la fin et n'avait rien produit, quand je rencontrai quelques pages inédites, non de Pascal, mais de celui qui par sa poésie, comme Pascal par sa prose, marche en tête des grands écrivains du dix-septième siècle. »

Ces vers sont écrits sur un cahier in-folio de quatre feuillets dont le dernier est resté blanc. Avant le titre, que nous avons reproduit exactement, un contemporain de notre poëte a écrit: << L'auteur de ces vers est Monsieur Corneille, de la main mesme duquel ils sont écrits; » puis en marge: « C'est une version des hymnes du propre de cette abbaye. » Enfin on lit de nouveau, au bas de la dernière hymne : « L'auteur est P. Corneille.» On ne saurait du reste hésiter un instant à reconnaître la main de l'illustre auteur du Cid: cet autographe est un des plus beaux spécimens qui nous restent de son écriture. En tête de chaque hymne est écrit en marge, d'une autre main que celle de Corneille, le commencement de l'hymne latine correspondante.

1. Tome III, p. 466-478, mars 1847. Cet article, qui a paru sous la rubrique Mélanges, est intitulé : Vers inédits de P. Corneille. Il en a été fait un tirage à part.

M. Faugère a pensé que ce ne pouvait être qu'à la prière de quelque génovéfain de ses amis que Corneille s'était décidé à traduire les hymnes de sainte Geneviève. Cette conjecture semble des plus justes, et nous sommes en mesure de la corroborer par le rapprochement de quelques indices assez concluants. Nous trouvons le texte latin des hymnes traduites par Corneille dans le Proprium sanctorum ad usum insignis et regalis ecclesiæ sanctæ Genovefæ parisiensis. Parisiis, apud Ægidium Blaizot. M.DC.LXV; et ensuite dans les Offices propres de sainte Geneviefve.... chez le même libraire (Gilles Blaizot).... M.DC.LXVII. De ces deux volumes, le premier est précédé d'une préface latine, en forme de lettre, du P. François Blanchart, abbé de Sainte-Geneviève, datée du 16 août 1665; le second, accompagné d'un « privilege du Roy,» et d'une « Permission des Supérieurs, » est dédié « au réverendissime pere François Boulart, » qui fut élu abbé triennal et supérieur général, en remplacement du P. Blanchart, le 22 septembre 1665. C'est du P. Boulart qu'émane l'autorisation, datée du « huitieme Decembre 1666, » qui permet à Gilles Blaizot d'imprimer les Offices propres de sainte Geneviève..., conformément au Propre qu'il a fait imprimer en l'année 1665. Dans l'édition de 1660 de l'Office propre de sainte Geneviève, et dans les éditions antérieures, le texte des hymnes est entièrement différent de celui des impressions de 1665 et de 1667 1. C'est donc entre 1660 et 1665 qu'on en a fait de nouvelles'; et par suite il est tout naturel de supposer que c'est un des religieux génovéfains, et très-probablement le P. Boulart lui-même, lié, comme nous l'avons déjà vu, d'une étroite amitié avec Corneille3, qui le

1. L'allusion à la réforme du monastère, qui se trouve dans la dernière hymne pour la Translation de sainte Geneviève (voyez ci-après, p. 630 et note 2), suffirait à montrer que le texte traduit par Corneille était d'une date assez récente.

2. Dans l'Office propre imprimé en 1660, il n'y a que trois hymnes se rapportant directement à la sainte. Ce sont celles du jour de la fête; ces trois hymnes se répétaient, avec un ou deux changements de peu d'importance, le jour de la Translation et le jour du Miracle des ardents.

3. Voyez au tome VIII, p. x-xII, et dans le tome X les lettres des

décida à mettre en vers les hymnes récemment composées pour les trois fêtes de la patronne de l'abbaye.

C'est dans le tome XII (p. 238-247) des OEuvres de Corneille publié par Lefèvre en 1855 que ces hymnes furent pour la première fois réunies aux autres ouvrages de notre poëte; mais l'éditeur ne jugea pas convenable d'y ajouter le texte latin, que M. Faugère en avait fort à propos rapproché, et que nous y joignons ici au bas des pages, suivant notre habitude.

années 1652 et 1656, dans les notes desquelles on trouvera les renseignements nécessaires sur le P. Boulart.

HYMNES

DE SAINTE GENEVIÈVE,

POUR LE JOUR DE SA FÊTE,

le 3 janvier.

A VÊPRES.

Que de toutes nos voix un plein concert s'élève
A la gloire de Geneviève!

Terre, applaudis au ciel; lui-même il t'applaudit,
Il t'en daigne lui-même apprendre la naissance.
Écoute un ange qui te dit

Qu'il vient de naître en elle un appui pour la France.

Un saint prélat1, qui voit dans une si jeune âme

«

Briller tant de céleste flamme,

5

Vierge heureuse, dit-il, qu'heureux sont tes parents! >>

PRO SANCTA GENOVEFA.

AD VESPERAS.

Laude plena, Genovefæ
Personent præconia.

Plaude tellus; plaudit aer,
Et sacris concentibus

Galliæ natam patronam
Angeli renuntiant.

Præsul, ut videt puellam,
Mox beatam prædicat;
Audit ut sanctum puella,

1. Saint Germain, évêque d'Auxerre.

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