NOTICE. CETTE traduction des hymnes composées en l'honneur de saint Victor par Santeul, chanoine de Saint-Victor, que, comme nous l'apprend Fontenelle, Corneille « estimoit extrêmement1» et dont il a traduit un assez grand nombre d'autres pièces de vers, ainsi qu'on le verra dans le volume suivant, a été publiée pour la première fois, du vivant de notre poëte, en une brochure de quatre pages in-4°, sans nom d'auteur, imprimée en caractères italiques, et portant le titre que nous venons de reproduire sur le feuillet précédent, mais n'ayant ni adresse ni date2. Cette édition ne renferme pas le latin de ces hymnes. Un recueil imprimé de diverses poésies de Santeul3, qui paraît appartenir aux premières années du dix-huitième siècle, contient, à la page 28, un texte des vers latins, que l'abbé Granet 1. CEuvres (édition de 1742), tome III, p. 123. 2. Un exemplaire de ce rare opuscule, qui figurait sous le numéro 325 dans le Catalogue de livres curieux.... provenant de la bibliothèque de M. H. H. *****, dont la vente a eu lieu en décembre 1862, par les soins de M. Potier, a été acquis à cette époque par la bibliothèque de l'Institut, où il figure aujourd'hui sous la marque Q 400**. Bien que réellement in-4o, il est rangé, à cause de son peu de grandeur, parmi les volumes in-8°. 3. Ce recueil, dont la Bibliothèque impériale possède un exemplaire, et dont un autre exemplaire incomplet se trouve contenu dans un volume de mélanges du cabinet des manuscrits de la bibliothèque de l'Arsenal (belles-lettres latines, 70, in-8°), n'a point de frontispice. Il commence par une pièce intitulée : Claudio Lalanno, sodali suo, 1. B. Santolius, paginée j-j, et continue par Sorbona incensa, et divers autres opuscules formant 84 pages. a reproduit dans les OEuvres diverses de Corneille1, mais qui diffère assez notablement de celui que Santeul avait publié à part, en trois pages in-402, et aussi, quoique beaucoup moins, de celui qui a été imprimé dans les éditions complètes de ses Hymnes3. Corneille n'a suivi completement aucun de ces trois textes; il en avait probablement paru un autre encore, que nous n'avons pu retrouver. Nous avons choisi, autant que nous avons pu les reconnaître, et adopté dans notre latin, les leçons rendues dans les vers français. A la page 32 du recueil de poésies de Santeul dont nous venons de parler, on trouve la Traduction de l' Hymne de S. Victor, en douze strophes, signée CHARPENTIER de l'Ac. Fr.*; et, à la page 38, une Autre traduction des Hymnes de S. Victor, signée P. CORNEILLE, qui est, sauf une seule variante, la reproduction textuelle de l'édition originale in-4°. 1. Pages 296 et suivantes. 2. Cet in-4o, sans nom d'auteur, ni date, ni lieu, fait partie d'un recueil factice d'opuscules appartenant à la bibliothèque Sainte-Geneviève, et marqué Y 421. 3. Hymni sacri et novi, autore Santolio Victorino. Parisiis, M.DC.LXXX. - Editio novissima. Parisiis, M.DC.XCVIII. 4. Nous reproduisons ici la première strophe de cette traduction, pour montrer à quel point elle diffère de celle de Corneille : Chrétiens, célébrons la victoire De VICTOR, ce fameux soldat, Pour suivre les saints étendards D'un Dieu que sa seule souffrance On trouve dans la Traduction en vers françois des hymnes de Monsieur de Santeul, par Saurin, publiée en 1691, in-12, la traduction des hymnes de saint Victor. Dans la troisième édition, Saurin y a joint un second essai de traduction, entièrement différent du premier. Ils n'ont ni l'un ni l'autre aucun rapport avec la version de Corneille. VERSION DES HYMNES DE SAINT VICTOR. A MATINES. Chantons, peuple, chantons ce guerrier dont Marseille Produire, en s'épanchant, merveille sur merveille, VICTOR quitte les rangs, et dédaigne la paye, PRO SANCTO VICTORE MARTYRE 5 HYMNI TRES. HORIS NOCTURNIS. Vos, o Christiadum fortia pectora, Clarum Massiliæ dicite militem, Tinxit qui proprio sanguine quam sacro Gestat vertice lauream. VICTOR militiæ præmia respuens, Christi castra ducis nudus amat sequi; Ritus sacrilegos signaque Cæsaris Felix transfuga deserit. 1. Saint Victor, de Marseille, était soldat dans l'armée de Maximien. 11 souffrit le martyre l'an 303, le 21 juillet, jour où l'on célèbre sa fête. On le charge de fers, on lui choisit des peines, 10 Ses gardes, effrayés par ce double miracle, Gloire au Père éternel! gloire au Fils ineffable1! Vinctum compedibus turba satellitum Miles pontificis munere fungitur: Sit laus summa Patri, summaque Filio, Fuso sanguine martyres. 20 1. Au lieu de traduire les strophes finales de Santeul, Corneille termine les trois hymnes par une même version du Gloria Patri, que nous avons vue plus haut, à la seconde hymne des dimanches, p. 454. 2. Les éditions complètes des hymnes de Santeul donnent ici une strophe de plus, qui manque et dans le texte adopté par Granet, et dans l'édition détachée (in-4°) dont nous avons parlé ci-dessus, p. 606 et note 2; Corneille ne l'a pas traduite. A LAUDES. Entre, heureux champion, la carrière est ouverte : De l'œil dont tu verrois un trophée assuré. Quand d'un cheval farouche à la queue on te lie, 5 Ton sang, en quelques lieux que sa fougue t'emporte1, Laisse empreinte à longs traits la gloire de ton nom, 10 Et c'est une semence illustre, vive et forte, Qui de nouveaux martyrs germe une ample moisson. I nunc, HORIS MATUTINIS. sancte pugil, quo pia prælia, Urbem per mediam victima nobilis Quo te cumque furor barbarus abripit, Quo sparso veluti semine, lætior Surgit Christiadum seges. 1. Au lieu de t'emporte, le recueil mentionné ci-dessus (p. 605 et note 3, donne l'emporte. 2. Cette strophe, que Corneille a rendue, manque dans l'édition détachee in-4°. CORNEILLE. IX 39 |