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du livre I de l'Imitation (voyez tome VIII, p. xxn). — Voici celles de la strophe n des Louanges de la Vierge, qui est un des endroits les plus retouchés (voyez ci-après, p. 8):

Vers 12 et 13. Te mérita l'honneur de porter Jésus-Christ,

Vers 15.

Sitôt que Gabriel t'en fit l'heureuse annonce.

Vierge avant d'accoucher, et vierge après ta couche. Vers 17 et 18. Qu'aucun refuge au tien ne se peut égaler; Et comme notre vie, en disgrâce fertile.

AU LECTEUR.

CETTE pièce se trouve imprimée sous le nom de saint Bonaventure, à la fin de ses OEuvres1. Plusieurs doutent si elle est de lui, et je ne suis pas assez savant en son caractère pour en juger. Elle n'a pas l'élévation d'un docteur de l'Église 2; mais elle a la simplicité d'un saint, et sent assez le zèle de son siècle, où, dans les hymnes, proses, et autres compositions pieuses que l'on faisoit en latin, on recherchoit davantage les heureuses cadences de la rime que la justesse de la pensée. L'auteur de celle-ci a voulu trouver l'image de la Vierge en beaucoup de figures du Vieil et Nouveau Testament : les auplications qu'il en a faites sont quelquefois un peu forcées; et quelque aide que j'aye tâché de lui prêter, la figure n'a pas toujours un entier rapport à la chose. Je me suis réglé à rendre chacun de ses huitains par un dizain; mais je ne me suis pas assujetti à les faire tous de

1. Dans l'édition de saint Bonaventure, en sept volumes in-folio, qui fut publiée à Rome, par ordre de Sixte-Quint (1588-1596), les Louanges de la Vierge sont placées à la fin du tome VI, avec divers autres opuscules relatifs à Marie.

2. Voyez ci-dessus la Notice, p. 3 et 4.

la même mesure : j'y ai mêlé des vers longs et courts, selon que les expressions en ont eu besoin, pour avoir plus de conformité avec l'original, que j'ai tàché de suivre fidèlement. Vous y en trouverez d'assez passables, quand l'occasion s'en est offerte; mais elle ne s'est pas offerte si souvent que je l'aurois souhaité pour votre satisfaction. Si ce coup d'essai ne déplaît pas, il m'enhardira à donner de temps en temps au public des ouvrages de cette nature, pour satisfaire en quelque sorte à l'obligation que nous avons tous d'employer à la gloire de Dieu du moins une partie des talents que nous en avons reçus. Il ne faut pas toutefois attendre de moi, dans ces sortes de matières, autre chose que des traductions ou des paraphrases. Je suis si peu versé dans la théologie et dans la dévotion, que je n'ose me fier à moi-même quand il en faut parler : je les regarde comme des routes inconnues, où je m'égarerois aisément, si je ne m'assurois de bons guides; et ce n'est pas sans beaucoup de confusion que je me sens un esprit si fécond pour les choses du monde, et si stérile pour celles de Dieu. Peutêtre l'a-t-il ainsi voulu pour me donner d'autant plus de quoi m'humilier devant lui, et rabattre cette vanité si naturelle à ceux qui se mêlent d'écrire, quand ils ont eu quelque succès avantageux. En attendant qu'il lui plaise m'inspirer et m'attirer plus fortement, je vous fais cet aveu sincère de ma foiblesse, et ne me hasarderai à vous rien dire de lui que je n'emprunte de ceux qu'il a mieux éclairés.

LOUANGES

DE LA SAINTE VIERGE.

Accepte notre hommage, et souffre nos louanges,
Lis tout céleste en pureté,

Rose d'immortelle beauté,

Vierge, mère de l'humble et maîtresse des anges;
Tabernacle vivant du Dieu de l'univers.
Contre le dur assaut de tant de maux divers
Donne-nous de la force, et prête-nous ton aide;
Et jusqu'en ce vallon de pleurs

Fais-en du haut du ciel descendre le remède,
Toi qui sais excuser les fautes des pécheurs.

LAUS BEATÆ VIRGINIS1.

Ave cœleste lilium,

Ave rosa speciosa,

Ave mater humilium,
Superis imperiosa;
Deitatis triclinium,
In hac valle lacrymarum,
Da robur, fer auxilium,

O excusatrix culparum.

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1. Ce petit poëme latin se compose de quatre-vingt-trois huitains dont les lettres initiales, placées les unes à la suite des autres, forment la salutation angélique: Ave, Maria, gracia plena, etc. L'opuscule, après une salutation préliminaire de neuf strophes, se divise, dans les OEuvres de saint Bonaventure, en dix-neuf sections, ayant chacune pour titre l'indication d'une des figures bibliques dont il est parlé dans l'avis Au lecteur. Nous avons reproduit le texte latin tel que l'a donné Corneille; il diffère par de nombreuses et parfois assez notables variantes de celui des éditions complètes de saint Bonaventure que nous avons pu voir, et nous a paru généralement meilleur et plus correct.

O vierge sans pareille, et de qui la réponse
Mérita de porter et conçut Jésus-Christ,
Sitôt que Gabriel t'eut fait l'heureuse annonce
Qu'en un souffle sacré suivit le Saint-Esprit;

Vierge devant ta couche, et vierge après ta couche, 15
Montre en notre faveur que la pitié te touche,
Qu'aucun refuge à toi ne se peut égaler;
Et comme notre vie, en disgrâces fertile,
Durant son triste cours incessamment vacille,
Incessamment aussi daigne nous consoler.

L'esprit humain se trouble au nom de vierge mère,
L'orgueil de la raison en demeure ébloui :

De la vertu d'en haut ce chef-d'œuvre inouï
Pour leurs vaines clartés est toujours un mystère.
La foi, dont l'humble vol perce au delà des cieux,
Pour cette vérité trouve seule des yeux,
Seule, en dépit des sens, la connoît, la confesse;
Et le cœur, éclairé par cette aveugle foi,

Voit avec certitude et soutient sans foiblesse

Virgo pia sine pare,

Gabriele nuntiante
Quæ meruisti portare

Christum, flatu sacro flante,
Virgo partum post et ante,
Refugium singulare,

In hac vita vacillante

Tuos servos consolare.

Ecce stupet humanitas

Quod sis virgo puerpera;
Scire nequit fragilitas
Tantæ virtutis opera.
Fides transcendens æthera

Confitetur et veritas :

Ex te, mater Christifera,

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Qu'un Dieu

pour nous sauver voulut naître de toi.

Prodige qui renverse et confond la nature!
Le père de sa fille est le fils à son tour;
Une étoile ici-bas met le soleil au jour;
Le créateur de tout naît d'une créature :
La source part ainsi de son propre ruisseau;
L'ouvrier est produit par le même vaisseau

Que sa main a formé de terre;

Et toujours vierge et mère, un accord éternel

De ces deux noms en toi, qui partout sont en guerre, Fait grâce et rend la vie à l'homme criminel.

Que pures étoient les entrailles

Où s'enferma ce fils qui tient tout en sa main,
Et que de sainteté régnoit au chaste sein

Que suça ce dieu des batailles!

Que ce lait qu'il en prit fut doux et savoureux,
Et que seroit heureux

Un cœur qui s'en verroit arrosé d'une goutte!

Carnem sumpsit divinitas.

Mater natum, patrem nata,
Stella solem genuisti,
Increatum res creata;
Fontem rivus emisisti;
Vas figulum perperisti,
Virgo manens illibata;
Per te nobis, mater Christi,
Est perdita vita data.

Almissima sunt viscera

Quæ Domini sunt conclave;
Sanctissima sunt ubera

Quæ suxit, et lac suave

Quo lactatur. Mater ave,

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