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Sainte Vierge, est-il rien au monde

Ou plus humble, ou plus doux, ou plus charmant que toi? Est-il rien sous les cieux qui fasse mieux la loi

Aux schismes dont la terre abonde?

Non, il n'est rien si gracieux,
Rien si beau, rien si précieux,
Si nous en croyons l'Écriture;
Et même sous l'obscurité

L'énigme y fait trop voir qu'aucune créature

N'approche de ta pureté.

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Tu veux donc bien qu'Esther ait place en ton image,
Que ses traits les plus beaux servent d'ombres aux tiens,
Toi dont les actions, toi dont les entretiens

Ont tant d'humilité, tant d'amour en partage.
Parmi tout ce qu'envoie aux siècles à venir
La lecture ou le souvenir,

Ta bonté, ta douceur ne trouvent point d'égales
Elles charment Dieu même aussi bien que nos yeux,
Et plus ici tu te ravales,

Et te quid est humilius

Per cuncta mundi climata,
Dulcius, amabilius,

Destruens cuncta schismata?
Te sacra probant dogmata
Nil esse gratiosius,
Sacra probant ænigmata

Te nihil esse mundius.

Designat Esther igitur

Te, qua nunquam humilior
In creaturis legitur
Fuisse, nec suavior,
Pulchrior, amabilior;
Dulcior nulla dicitur,

Et propter hoc sublimior

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Plus il t'élève haut dans l'empire des cieux.

Mêmes vertus en elle ébauchoient ton mérite,
Et son pouvoir au tien n'a pas moins de rapport :
Aman en fait l'épreuve, et son perfide effort
Voit retomber sur lui l'orage qu'il excite.
Un Juif voit tant d'orgucil sans fléchir les genoux;
Pour ce mépris d'un seul il veut les perdre tous,
Il en fait même au Roi signer l'ordre barbare :
L'affligé Mardochée à sa nièce en écrit.
Ne tremblez plus, ô Juifs : une beauté si rare
Veut périr, ou sauver son peuple qu'on proscrit.

Esther, tendre et sensible au mal qui le menace,
Y hasarde sa vie, et se présente au Roi;
Le Roi, pour l'affranchir des rigueurs de sa loi,
Vers des appas si doux tend le signal de grâce;
Esther avec respect le convie au festin,

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Lui peint d'elle et des siens le malheureux destin,
Et de son favori l'insolence et les crimes :

Esse nulla te noscitur.

In Judæos invidia

Sævit Aman perversitas,
Damnat eos perfidia,
Crudelisque dolositas.
Mardochæi benignitas
Esther scribit euprepía,
Mutetur ut crudelitas
Decreti Regis impia.

Condolet Esther fratribus
Totius sui generis;
His auditis rumoribus,
Regem adit, qui fœderis
Signum dedit; pestiferis
Morti datis complicibus,

Ce lâche tout surpris demeure sans parler;
Et les siens avec lui sont livrés pour
pour victimes
A ce peuple innocent qu'il vouloit s'immoler.

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Sur la tête de leurs auteurs;

Quoi qu'attente leur perfidie,

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La grâce, qui te donne un Dieu pour ton époux,

En un moment y remédie;

Et pour rudes que soient leurs coups,
Ta pitié, par elle enhardie,

Ose tout et peut tout pour nous,

L'implacable ennemi de l'homme

Sous l'orgueilleux Aman dépeint,

C'est l'ange en qui jamais cet orgueil ne s'éteint,
Le serpent déguisé qui fit mordre la pomme:
Chassé du paradis, il nous le veut fermer;

Damnatur Aman sceleris,
Ejus notis criminibus.

Tu es Esther, perfidiam
Aman reprimens graviter,
Famulorum miseriam
Exterminans benigniter.
Regi summo feliciter
Desponsata per gratiam,
Coronata perenniter
Regis tenes potentiam.

Vere notat inimicum

Aman humani generis,
Dirum serpentem lubricum,
Jure pulsum de superis,

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Banni dans les enfers, il y veut abîmer

Ceux dont sa place au ciel doit être la conquête;

Mais quoi qu'ose sa haine à toute heure, en tout lieu, Vierge, ton pied l'écrase; et lui brisant la tête,

Tu fais d'un seul regard notre paix avec Dieu.

Tu te plais à garder tes serviteurs fidèles

Comme la prunelle des yeux;

Ta main pour avant-goût des cieux

Leur fait un nouveau siècle et des douceurs nouvelles.
Tu leur sers de refuge, et pour les consoler

Sur eux tu laisses découler

Mille et mille faveurs du monarque suprême :

Tu puises comme épouse en ses divins trésors,
Vrai livre de la loi que fait sa bonté même,
Et sacré tabernacle où reposa son corps.

Vive fleur du printemps, candeur que rien n'efface,
Honneur des vierges, fleur des fleurs,

Fontaine de secours, dont les saintes liqueurs

Condemnatum in inferis,
Accusatorem iniquum,

Quem tu calcas et conteris,
Deum reddens pacificum.

Sicut pupillam oculi,

Servos servas, servos regis;
Tu solamen es sæculi,
Refugium tui gregis;
Summa sponsa summi Regis,
Caput conteris Zabuli.
Tu es verus liber legis,

Tu arca tabernaculi.

Flos vernalis, flos lilii,

Flos florum, decus virginum

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Conservent toute notre race,

L'odeur de ton mérite ici-bas sans pareil

Attire l'ange du conseil,

Le souverain des rois, le seigneur des armées;
Et tu fais que du firmament

Les portes si longtemps fermées

S'ouvrent pour terminer notre bannissement.

Noé flottoit encor sur les eaux du déluge,
Et troublé qu'il étoit d'avoir vu tout périr,
Il doutoit si lui-même auroit où recourir,
S'il auroit hors de l'arche enfin quelque refuge :
Il lâche la colombe, et les monts découverts
Lui présentent des rameaux verts,

Que jusque dans cette arche en son bec elle apporte.
Ce retour le ravit, et ses enfants et lui

Reprennent une joie aussi pleine, aussi forte,

Que l'étoient jusque-là leur trouble et leur ennui.

Diceris, et auxilii

Fons plenus, custos hominum :

Cujus attraxit Dominum,

Et angelum consilii

Dulcis odor, ut terminum

Nobis daret exilii.

XVI. Figurata

Ramum ferens viventibus1

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fuit per
quæ attulit ramum
olive Noë et filiis
suis in arcam. (Ge-
nesis cap. VIII.)

columbam

Ore columba proprio
Foliis, fluctuantibus
Generali diluvio,
Quos turbarat undatio,
Noë, natis, conjugibus,
Refovit eos gaudio,

Salutis intuitibus.

1. Il faut, suivant toute apparence, substituer à viventibus, qui se lit dans l'édition de Corneille, virentibus, leçon des OEuvres de saint Bonaventure, adoptée par Granet,

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