Sers-nous de bouclier, et fais notre bonheur.
En toi seule aujourd'hui se fonde l'espérance De tout le genre humain;
Toi seule as dans ta main
De quoi du vieil Adam purger toute l'offense; Par toi le port de vie aux pécheurs est ouvert, Par toi le salut est offert
A qui te peut offrir tout son cœur en victime; Et quoi que les enfers osent nous suggérer, Quiconque te sait honorer
Ne sait plus ce que c'est que
Il fait donc bon te rendre un sincère respect, En faire sa plus noble étude,
Se tenir en tous lieux comme à ton saint aspect Mettre toute sa gloire à cette servitude;
Car enfin les sentiers que tu laisses battus
Sont partout semés de vertus
Qui de tes serviteurs font l'entière assurance :
In te sola spes figitur Omnis humani generis; Per te solam destruitur Adæ peccatum veteris. Vitæ portus es miseris, Per te salus acquiritur : Nescit reatum sceleris Qui te devote sequitur.
Bonum est ergo subdere Sese tuæ servituti, Secundum te se regere, Disponendo se virtuti; Namque tui servi tuti
Ils guident sans péril à l'éternelle paix, Et ce qu'on a pour toi de sainte déférence Avec toi dans le ciel fait revivre à jamais.
Après Abigail, aussi sage que belle, Judith montre un courage égal à sa beauté, Quand des Assyriens le monarque irrité Traite Béthulie en rebelle:
Pour venger le mépris qu'on y fait de ses lois,
Ce roi, qui voit sous lui trembler tant d'autres rois,
Envoie à l'assiéger une effroyable armée;
Holoferne préside à ce barbare effort,
Et de la multitude en ses murs enfermée Aucun ne sauroit fuir ou les fers ou la mort.
Que résous-tu, Judith? qu'oppose pour remède L'amour de ta patrie à de si grands malheurs? Et que doit ce grand peuple accablé de douleurs Contre tant d'ennemis espérer de ton aide? Tu portes dans leur camp le doux art de charmer,
XIV. Figurata fuit per Judith, que Holofernem peremit et populum liberavit. (Judith cap. XIII.)
Per te possunt ascendere Cœlum, vitam assecuti, Tecum semper et vivere.
Volens mundum sævitia Principis Assyriorum Subjicere, nefaria Manu collecta virorum, Magnam plebem Judæorum Obsedit in Bethulia,
In mortem mostam eorum Mente debacchans impia.
Sancta Judith pro populo Salvando se præparavit, Nocte surgens de lectulo, Vocans Abram properavit,
Tu vois leur Holoferne, et tu t'en fais aimer : Sa joie est sans pareille, et son amour extrême; Il croit par un festin te le témoigner mieux, Il s'enivre, il s'endort; et de son poignard même Tu lui perces le cœur qu'avoient percé tes yeux.
Cette Béthulie assiégée Des bataillons assyriens, Et prête à s'en voir saccagée Par la division des siens,
C'est, ô Vierge qu'un Dieu révère, L'épouse de ton fils, l'Église, notre mère, Qu'assiége l'hérésie et qu'attaque l'enfer : Forte de ton secours, elle en brave l'audace;
Et tant que pour appui ses murs auront ta grâce, Elle est sûre d'en triompher.
Belle et forte Judith, qui sauves d'Holoferne Ta chère Béthulie et tous ses habitants, Puisque par ton esprit l'Église se gouverne,
Holoferni præsentavit Se, pro gentis periculo, Necans eum, liberavit Cives a mortis jaculo.
Est civitas Bethulia Quam obsidet dissensio, Dæmonisque perfidia, Et hæresis deceptio, Conjuncta tuo filio Nostra mater Ecclesia, Tuo tuta subsidio, Munita tua gratia.
Tu es Judith pulcherrima, Quæ liberas Ecclesiam Holofernis acerrima,
Ses triomphes iront aussi loin que les temps:
Tu combats, tu convaincs, tu confonds l'hérésie; Et quoi qu'ose sa frénésie,
Elle tremble à te voir les armes en la main, Tandis que les rayons dont ta couronne brille, Sur nous, qui sommes ta famille, Répandent du salut l'espoir le plus certain.
Ils n'y répandent pas cette seule espérance, Ils y joignent l'esprit qui mène à son effet: Un esprit de douceur, qu'en Dieu tout satisfait, Un esprit de clarté, de conseil, de science; à la force en nous s'unit par eux,
La sagesse La crainte filiale au respect amoureux,
Qui donne un vol sublime aux àmes les plus basses: Tous ces trésors sur nous par toi sont épanchés, Et Dieu t'a départi toute sorte de grâces
Pour faire en ta faveur grâce à tous nos péchés.
La charmante Esther vient ensuite;
Ut per divinam gratiam; Hæresisque persidiam
Confutas, heatissima, Fundens super familiam Spem quæ manet certissima.
Benignus sapientiæ
Spiritus, et dulcedinis,
Consilii, scientiæ,
Timoris, fortitudinis,
Lumen divini numinis,
Omni genere gratiæ
Te replevit, ut hominis Causa sis indulgentiæ.
Figurata Edissa per connubium
Assuérus l'épouse et la fait couronner, Et la part qu'en son lit on le voit lui donner Montre l'heureux succès d'une sage conduite; La superbe Vasthi, que son orgueil déçoit, Rejette avec mépris l'ordre qu'elle en reçoit, Et son propre festin par sa perte s'achève. Quelle vicissitude en ce grand changement! L'arrogance fait choir, l'humilité relève :
L'une y trouve son prix, l'autre son châtiment.
Oh! que ces deux beautés ont peu de ressemblance! En l'une on voit un cœur à la vertu formé, Un cœur humble, un cœur doux, et digne d'être aimé, Mais qui ne sait aimer qu'avec obéissance;
En l'autre, une fierté qui ne veut point de loi, Qui croit faire la reine en dédaignant son roi, Et que l'orgueil du trône a rendue indocile; Cet orgueil obstiné ne sert qu'à la trahir, Et prépare à sa chute une pente facile Par l'horreur que lui fait la honte d'obéir.
fuit per Esther, quæ populum suum liberavit. (Esther cap. VII.)
Assuero conjungitur, Thalamum subit regium, Coronatur, præficitur Cunctis; Vasthi deponitur,
Amittit regni solium; Superba Vasthi tollitur, Esther habet dominium.
Notat Esther cor humile,
Cor contritum humiliter, Cor dulce, cor amabile, Cor diligens veraciter, Cor contemplans sublimiter : Vasthi notat cor fragile, Exaltans se perniciter, Superbum et indocile.
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