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Qui se connoît soi-même en a l'âme peu vaine,
Sa propre connoissance en met bien bas le prix;
Et tout le faux éclat de la science humaine
N'est pour lui que l'objet d'un généreux mépris.

Au grand jour du Seigneur sera-ce un grand refuge
D'avoir connu de tout et la cause et l'effet?

Et ce qu'on aura su fléchira-t-il un juge
Qui ne regardera que ce qu'on aura fait?

Borne tous tes desirs à ce qu'il te faut faire;
Ne les porte point trop vers l'amas du savoir;

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1. Dans notre tome VIII, parmi les variantes de l'Imitation de JésusChrist, nous avons relevé, ce que personne n'avait fait avant nous, les différences de rédaction qui existent entre les Instructions et Prières chrétiennes et le texte d'où elles sont tirées : ce sont les variantes marquées 1670 0. Voyez tome VIII, p. xxi, note 3, et ci-dessus, p. 61, note 1. Nous réparerons ici, dans les notes, un petit nombre d'omissions: voyez ci-après, p. 348, note 2, p. 362, note 1, etc. Ces omissions tiennent à ce que le texte original des Instructions et Prières n'a pas été compris dans la lecture comparative dont nous avons parlé (tome VIII, p. xvIII, et tome I, p. x), mais a été collationné après coup et à part. Corneille a donné lui-même, en tête de chaque extrait, l'indication du livre et du chapitre où il l'a pris. Nous y ajoutons, au bas de la page, les chiffres des vers, afin de rendre la comparaison plus facile. 2. Vers 79-90, et 107-114.

Les soins de l'acquérir ne font que te distraire
Et quand tu l'as acquis il peut te décevoir.

Car enfin plus tu sais et plus a de lumière
Le jour qui se répand sur ton entendement,
Plus tu seras coupable à ton heure dernière,
Si tu n'en as vécu d'autant plus saintement.

La vanité par là ne te doit point surprendre :
Le savoir t'est donné pour guide à moins faillir;
Il te donne lui-même un plus grand compte à rendre,
Et plus lieu de trembler que de t'enorgueillir.

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II.

Livre I, chapitre ш'.

DE LA SIMPLICITÉ DU COEUR.

Nos sens sont des trompeurs, dont les fausses images
A notre entendement n'offrent rien d'assuré,
Et ne lui font rien voir qu'à travers cent nuages
Qui jettent mille ombrages

Dans l'œil mal éclairé.

Plus l'esprit se fait simple et plus il se ramène
Dans un intérieur dégagé des objets,

Plus lors sa connoissance est diffuse et certaine,
Et s'élève sans peine

Jusqu'aux plus hauts sujets.

Oui, Dieu prodigue alors ses grâces plus entières,
Et portant notre idée au-dessus de nos sens,

Il nous donne d'en haut d'autant plus de lumières,
Qui percent les matières

Par des traits plus puissants.

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Des folles vanités notre âme est enflammée :

1. Vers 144-148, 189-198, 289-293, et 299-303.

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Nous voulons être grands plutôt qu'humbles de cœur ;
Et tout ce bruit flatteur de notre renommée,

Comme il n'est que fumée,

Se dissipe en vapeur.

Vraiment grand est celui qui dans soi se ravale,
Qui rentre en son néant pour se connoître bien,
Qui de tous les honneurs que l'univers étale
Craint la pompe fatale,

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Tout ce qu'il entend dire et tout ce qu'il voit faire.

La plus claire apparence a peine à l'engager :

il sait que notre esprit est prompt à mal juger,
Notre langue prompte à médire;

Et bien qu'il ait sa part en cette infirmité,
Sur lui-même il garde un empire

Qui le fait triompher de sa fragilité.

C'est ainsi que son jugement,

Quoi qu'il entende, quoi qu'il sache,

Se porte sans empressement,

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Sans qu'en opiniâtre à son sens il s'attache.

Il se défend longtemps du mal qu'on dit d'autrui,

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Ou s'il en est enfin convaincu malgré lui,

Il ne s'en fait point le trompette;

Et cette impression qu'il en prend à regret,

1. Vers 324-343.

Qu'il désavoue et qu'il rejette,
Demeure dans son âme un éternel secret.

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IV.

Livre I, chapitre vi1.

DE L'ABANDON AUX PROPRES DESIRS.

Quiconque avec ardeur souhaite quelque chose,
Quand son peu de vertu n'oppose

Ni règle à ses desirs ni modération,

Il tombe dans le trouble et dans l'inquiétude
Avec la même promptitude

Qu'il défère à sa passion.

L'avare et le superbe incessamment se gênent,
Et leurs propres vœux les entraînent

Loin du repos heureux qu'ils ne goûtent jamais;

Mais les pauvres d'esprit, les humbles en jouissent,

Et leurs âmes s'épanouissent

Dans l'abondance de la paix.

Ces dévots à demi, sur qui la chair plus forte
Domine encore en quelque sorte,

Penchent à tous moments vers ses mortels appas,
Et n'ont jamais une âme assez haute, assez pure,
Pour faire une entière rupture

Avec les douceurs d'ici-bas.

Ce n'est qu'en résistant à ces tyrans de l'âme,
Qu'une sainte et divine flamme

Nous donne cette paix que suit un vrai bonheur;
Et qui sous leur empire asservit son courage,

1. Vers 406-417, 424-429, et 448-453.

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2. Nous aurions dû indiquer dans les variantes de l'Imitation cette leçon, conforme d'ailleurs à celle de l'édition de 1651.

Dans quelques délices qu'il nage,
Jamais ne la trouve en son cœur.

ས.

Livre I, chapitre vu'.

DU MÉPRIS DE SOI-MÊME.

Ne fais point fondement sur tes propres
Tiens ton espoir en Dieu :

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De lui dépend l'effet de quoi que tu médites;
Et s'il ne te guide en tout lieu,
En tout lieu tu te précipites.

Ne dors

pas

toutefois, et fais de ton côté
Tout ce que tu peux faire :

Il ne manquera point d'agir avec bonté,
Et fournira comme vrai père

Des forces à ta volonté.

Souviens-toi que du corps la taille avantageuse
Qui se fait admirer,

Ni de mille beautés l'union merveilleuse

Pour qui chacun veut soupirer,
Ne doit rendre une âme orgueilleuse.

Du temps l'inévitable et fière avidité
En fait un prompt ravage,

Et souvent avant lui la moindre infirmité

Laisse à peine au plus beau visage
Les marques de l'avoir été.

Ces bonnes actions sur qui chacun se fonde
Pour t'élever aux cieux

1. Vers 470-479, 500-509, et 520-529.

2. Voyez tome VIII, p. 58, note 1.

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