Que tu vois ici-bas languir d'aridité.
Oh! que cette rosée étoit vraiment céleste Qui tomba dans ton chaste sein,
Lorsque de nous sauver un Dieu prit le dessein, Et que la grâce en toi devint si manifeste!
Le soleil de justice alors qui te remplit
Fit qu'en toi s'accomplit
Le mystère où ce Dieu devoit s'unir à l'homme : Il est homme, il est Dieu dans ton flanc virginal; Et commençant dès là ce que sa croix consomme, Il t'honore à jamais d'un titre sans égal.
Sa grâce te remplit sitôt qu'à son message Ton humble obéissance eut donné son aveu, Et que son messager y vit un digne feu Te consacrer entière à ce divin ouvrage.
Telle, dès le moment qu'acheva Salomon
De consacrer un temple aux grandeurs de son nom, La gloire du Seigneur en remplit tout l'espace :
XII. Figurata fuit per domum Domini quam ædificavit Salomon et gloria Domini eam implevit. (Lib. III Regum cap. VI.)
Verus cœlestis fluminis
Tuam concham munditiæ Ros replevit, dum numinis Sacri munere gratiæ,
Plena solis justitiæ,
Mater Dei et hominis
Fis, flore pudicitiæ
Vernans matris et virginis.
Implevit domum Domini
Superni regis gloria, Suo sacratam nomini Salomonis industria : Dum te superna gratia, Gabrielis affamini Parentem, Virgo Maria,
D'un miracle pareil il couronne ta foi, Et joint dès ici-bas tant de gloire à ta grâce, Que la grâce et la gloire est même chose en toi.
Salomon, ce roi pacifique,
Éleva dans ce temple un trône au Dieu des Dieux; Et le Dieu de la paix, le monarque des cieux,
S'en fait un dans ton sein pudique.
Il vient y prendre place et finir notre ennui: Un messager céleste envoyé devant lui
En ce pudique sein lui prépare la voie;
Mais bien que de tout temps ce Dieu l'eût résolu, Bien que l'ange à toi-même en eût porté la joie, Ce Dieu n'auroit rien fait si tu n'avois voulu.
Mère vierge, mère de grâce,
Palais de la divinité, Torrent d'amour et de bonté
Dont le cours jamais ne se lasse,
Illustre original de tant d'heureux crayons; Mère du soleil de justice,
Notat hic Dei filium Salomon rex pacificus, Qui fecit thronum regium : Ut hic artifex cœlicus, Et nuncius angelicus Præparavit hospitium, Nostræ salutis pisticus, Verum deferens gaudium.
Maria, mater gratiæ,
Mater et fons bonitatis, Mater misericordiæ, Fons et fomes pietatis,
Triclinium deitatis,
Fais-en jusque sur nous descendre les rayons, Porte-lui jusqu'au ciel nos vœux en sacrifice, Et prête à nos besoins un secours si propice, Que nous puissions enfin voir ce que nous croyons. 450
Qui formez jusqu'ici ce merveilleux portrait, Souffrez que le beau sexe en rehausse le trait, Et montre ses vertus encor mieux exprimées. Laissez-nous admirer l'illustre Abigaïl', Laissez-nous voir sa grâce et son discours civil Arrêter un torrent de fureurs légitimes: Elle n'épargne dons, ni prières, ni pleurs, Et force ainsi David à pardonner des crimes Qui s'attiroient déjà le dernier des malheurs.
Son arrogant époux, en festins si prodigue Pour tous ceux qu'il assemble à tondre ses troupeaux, Qui de ces jours d'excès fait ses jours les plus beaux,
XIII. Figurata fuit per Abigail. (Lib. I Regum cap. xxv.)
Mater solis justitiæ, Perpetuæ claritatis Confer lumen et gloriæ.
Uxor Nabal cum Davide
Pacem, datis muneribus, Nabal reformat solide Benignissimis precibus, Licet Nabal sermonibus, Dictis, factisque stolide, Meruisset doloribus Vitam finire turbide.
Larga Nabal convivia
Suo faciens tonsori,
1. Abigail, femme de Nabal, sauva, par les sages paroles qu'elle adressa à David irrité, son mari et sa maison. Nabal étant mort peu de temps après, David la prit pour femme.
pour de vains honneurs lâchement se fatigue, Ce Nabal, dont l'orgueil, enflé de tant de biens, Passe jusqu'au mépris de David et des siens, Du pécheur insolent est une affreuse image : Il brave comme lui le maître de son sort, A ses vrais serviteurs comme lui fait outrage, Et comme lui s'attire une infaillible mort.
D'ailleurs ce David tout aimable, Qu'à se venger on voit si prompt, Flexible à la prière, et sensible à l'affront, En clémence, en rigueur à nul autre semblable, Ce guerrier si bénin, qui devient sans pitié Au mépris et des siens et de son amitié, Forme de Jésus-Christ l'adorable peinture :
Bien qu'il soit Dieu de paix, le foudre est en ses mains; Et tout bon qu'il veut être, il sait venger l'injure
Et qu'on fait à sa gloire et qu'on fait à ses saints.
A force de présents, à force de prières,
Quærendo temporalia, Gulæ vacans et honori, Comparatur peccatori, Dei danti convicia Servis, unde morte mori Debet propter hæc vitia.
Iste desiderabilis
Vultu David gratiosus, Rex nulli comparabilis, Manu fortis, bellicosus, Clemens, pius, amorosus, Christus est immutabilis, Qui semper est gloriosus In sanctis, et mirabilis.
Es tu Abigail sapiens, CORNEILLE. IX
La belle Abigaïl arrête ce grand cœur,
Et désarme elle seule une juste fureur, Qu'allumoient de Nabal les réponses trop fières; Elle fait alliance entre David et lui.
O Vierge, notre unique appui,
Pour nous près de ton fils tu fais la même chose, Et ce lait virginal de quoi tu le nourris, Sitôt que ta prière à sa fureur s'oppose, D'infâmes criminels nous rend ses favoris.
De ce même David race vraiment royale, Digne sang des plus dignes rois, Mère et fille d'un Dieu qui te laisse à ton choix Dispenser les trésors de sa main libérale, Ce Dieu, qui près de lui te donne un si haut Par la nouvelle loi, qu'il scella de son sang, Nous a tous faits tes fils: montre-toi notre mère; Sois de cette loi même et la joie et l'honneur,
Et contre tous les traits d'une juste colère
David referens munera, Nabal et David faciens Precibus tuis fœdera, Dum pia lactis ubera Christo dedisti nutriens, Hinc peccatoris scelera Tuis meritis leniens.
Regina, virgo regia
De genere David regis,
Dei mater et filia,
Christum paris, Christum regis,
Nostra mater, nostræ legis
Gaudium et lætitia,
Peccatoris fortis ægis,
1. Il y a fait, sans accord, dans l'édition originale.
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