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Tout ce peuple n'a qu'une voix,

Et de ce même Dieu qu'il en a fait l'arbitre
Il accepte à grands cris et bénit l'heureux choix.

Quelle nouveauté surprenante!

La fleur sort de l'aridité;

Le fruit, de la stérilité;

Un bois sec reverdit; il germe, éclôt, enfante.
Où sont tes lois, nature, et que devient ton cours
Dans ces miraculeux retours

Qui rendent, malgré toi, l'impuissance fertile?
Et quel est le pouvoir qui ne prend qu'une nuit
Pour tirer d'une branche et séchée et stérile

Ces feuilles, ces fleurs, et ce fruit?

Ce fruit, et ces fleurs, et ces feuilles, Pour étaler aux yeux un si nouvel effet,

N'attendent point que tu le veuilles :

Dieu le veut, il suffit, le miracle se fait;

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Il est son pur ouvrage, et comme ce grand maître 335

Sacerdotis obtinuit
Jus Aaron in populo.

Ecce valde mirabilis

Res, et miranda novitas,

Floret siccitas sterilis,

Gignit sicca sterilitas :

Parturit virgæ siccitas,

Fructum profert, et fertilis

Efficitur ariditas;

Non fuit ante similis.

Notat virga florigera,

Quæ naturæ non opere
Efficitur fructifera,
Sed puro Dei munere,

Sans prendre ton avis toi-même t'a fait naître,
Sans prendre ton avis il renverse tes lois :
Un bois sec rend du fruit par son ordre suprême;
Par son ordre suprême, ô Vierge, tu conçois,
Et ta virginité dans ta couche est la même.

Elle est toujours la même, et ce grand souverain
En conserve les fleurs toujours immaculées,
Alors qu'il fait germer dans ton pudique sein
La fleur de la campagne, et le lis des vallées.
Ta prompte obéissance attire sa faveur
Qui te fait de la terre enfanter le sauveur,
Sans que ta pureté demeure moins entière;
Et cette obéissance, enflant ta charité,

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D'un amour tout divin fait comme une rivière

Qui s'épanche à grands flots sur notre aridité.

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Un prophète promet une nouvelle étoile,
Du milieu de Jacob cet astre doit sortir;
Une verge nouvelle en doit aussi partir:

x. Figurata fuit per stellam et per virgam de quibus

Quod debebas concipere,
Virgo nova puerpera,
Et novum fructum parere,
Post partum virgo libera.

Ergo, virgo vere parens,
Germinasti campi florem;
Dei patris verbo parens
Mundi paris salvatorem,
Puritatisque decorem
Non amittis, sorde carens,
Charitatis fundens rorem,
Quo rigatur mundus arens.

De Jacob exoritura

Nova stella prædicitur;
Ex Israël nascitura

L'une et l'autre a paru, l'une et l'autre est ton voile.
La verge d'Israël dont Moab est battu

Est un portrait de ta vertu,

Qui de tous ennemis t'assure la défaite;

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Et la fleur qu'elle porte est ton fils Jésus-Christ,
En qui d'étonnement la nature muette

Voit ce qu'elle attendoit et jamais ne comprit.

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L'étoile garde encor sa chaleur tout entière,
Bien qu'un rayon en sorte et brille sans égal;

La pureté de sa lumière

Fait toujours même honte à celle du cristal :
Ce rayon qui la laisse ainsi brillante et pure
De ton fils et de toi nous offre la figure;
De ce fils qui conserve en toi la pureté,

De toi qui le conçois sans souillure et sans tache,
Et qui gardes encor la même intégrité

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Quand même de tes flancs pour naître il se détache. 370

Verge mystique d'Israël,

prophetavit Balaam. (Numerorum cap. xxiv.)

Virga nobis ostenditur,
Per quam Moab percutitur :
Te præsignat hæc figura,
De qua virga producitur
Christus, mirante natura.

Ista stella clarissima,

Quam non violat radius,
Luce nitens purissima,
Crystallo fulgens clarius,
Te significat verius,
Virgo semper castissima,
Quam non violat filius,
Ex te nascens, mundissima.

Consurgens virga florida1

1. Il y a mystica dans l'édition de 1665. Nous rétablissons, d'après le texte

des éditions complètes de saint Bonaventure, florida, que veut la rime.

Par les prophètes tant promise,

Verge que le Père éternel

Sur toutes autres favorise,

De la racine de Jessé,

Comme ils nous l'avoient annoncé,

Nous te voyons sortir exempte de foiblesse :
Tu conçois par miracle, et ton merveilleux fruit
Rend pour toi compatible avecque la
Cette virginité que tout autre détruit.

grossesse

N'es-tu pas cette étoile ensemble et cette verge,
Verge que de la grâce arrose un clair ruisseau,
Étoile en qui Dieu fait un paradis nouveau,
Vierge et mère à la fois, et mère toujours vierge?
L'étoile a son rayon, et la verge a sa fleur :
Ton fils est l'un et l'autre, et de ce cher sauveur
La fleur et le rayon nous présentent l'image :
Fleur céleste qui porte un miel tombé des cieux,
Et rayon dont l'éclat dissipe tout l'orage
Qui fit trembler la terre et gémir nos aïeux.

Ex Israël prophetice,
Promissa virgo nitida,
Diceris virga mystice;
Egrediens de radice
Jesse, potens et valida,
Florem profers mirifice,
Virgo materque gravida.

Tu es virga, tu es stella,
Tu es gratiæ fluvius,
Deitatis munda cella,
Genitrix cujus filius
Flos dicitur et radius,
Charitatis fundens mella

Cœlo, luctus superius

Mundum servans a procella.

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O verge dont aucune plante

N'égale la fertilité,

Étoile de qui la clarté

Sur toutes autres est brillante,

Tes paroles, tes actions

Ont toutes des perfections

Au-dessus de la créature;

Et l'homme accablé de malheurs

Ne sauroit où choisir protection plus sûre,

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Ni se faire un repos moins troublé de douleurs.

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Gédéon voit couvrir sa toison de rosée,
En presse les flocons, et remplit un vaisseau
De cette miraculeuse eau

Qu'au reste de son champ le ciel a refusée.

O Marie, ô vaisseau plein des grâces d'en haut,
Que Dieu pour te former sans tache et sans défaut
Réserva pour toi seule et fit inépuisables,

Daigne, pour consoler notre calamité,

En verser quelque goutte aux pécheurs misérables

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