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Et ta virginité demeure ainsi sans tache
En nous donnant ce fils conçu du Saint-Esprit.

Comme tomboit du ciel cette manne mystique
Qui du peuple de Dieu faisoit tout le soutien,
Ainsi du sein du Père est descendue au tien
Celle qui des enfants est le seul viatique.
La manne merveilleuse, et que nous figuroit
Celle qu'en la cueillant tout ce peuple admiroit,
Par une autre merveille ainsi nous est donnée :
Ainsi nous pouvons prendre, ainsi nous est offert
Plus que ne recevoit cette troupe étonnée
Qui durant quarante ans s'en nourrit au désert.

Ta grâce par l'effet avilit la figure,

Elle en ternit l'éclat, elle en sème l'oubli;
Et par sa nouveauté l'univers ennobli

N'a plus d'amour ni d'yeux pour la vieille peinture :
Les nouvelles clartés de la nouvelle loi,

Virgo, per sanctum Spiritum,
Neque tuæ minuitur

Virginitatis meritum.

Nobis manna mirificum

Servasti mirabiliter,
Manna terminans typicum,
Figuratum veraciter,
In se misericorditer,

Per illud manna cœlicum
Quod dabatur communiter

Israël in viaticum.

Vetustum manna novitas

Tuæ gratiæ terminat ;
Figurarum antiquitas
Fugit, et lux illuminat
Nova, quos lex discriminat

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Que Dieu fait commencer par toi,

Ne laissent rien d'obscur pour ces nouveaux fidèles;
Et ce qui jadis éblouit,

Sitôt que tu répands ces lumières nouvelles,
Ou s'épure ou s'évanouit.

Ce grand auteur de toutes choses,
Ce Dieu qui fait d'un mot quoi qu'il ait résolu,
Te regarda toujours comme un vase impollu

Où ses grâces seroient encloses:

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Vase noble, admirable, et charmant à l'aspect,
Digne d'un saint hommage et d'un sacré respect,
Digne enfin du trésor qu'en toi sa main enferme :
C'est par toi qu'il voulut qu'on goûtât en ces lieux,
Pour arrhes d'un bonheur et sans borne et sans terme,
Ce pain des habitants des cieux.

Tu nous donnes ce pain des anges,
Que tes entrailles ont produit,

Ce pain des voyageurs, ce pain qui nous conduit

Nova; cessat obscuritas;
Purgat, mundat, eliminat
Antiqua nova claritas.

Summus artifex omnium

Te providit, vas nobile,
Vas dignum, vas egregium,
Vas gratum, vas laudabile,
Vas cunctis venerabile,
Famulis ut edulium
Ministres delectabile,
Panemque cœli civium.

Tu ministras hominibus

Verum panem angelorum,

Tuis natum visceribus

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Jusqu'où ces purs esprits entonnent ses louanges :
C'est ce pain des enfants, ce comble de tous biens, 265
Qu'il ne faut pas donner aux chiens,

A ces hommes charnels qui ne vivent qu'en brutes;
Il n'est que pour les cœurs d'un saint amour épris;
Et comme il les guérit des plus mortelles chutes,
Sur tous les autres pains ils lui doivent le prix.

C'est en lui que sont renfermées
Les plus salutaires douceurs
Que puissent aimer de tels cœurs,
Et les plus dignes d'être aimées :
Il est plein d'un suc ravissant,

D'un suc si gracieux, d'un suc si nourrissant,

Qu'il fait seul un banquet où toute chose abonde;
Il est pain, il est viande, il est tout autre mets;
Il rend seul une table en délices féconde,
Et doit être pour nous le banquet des banquets.

Ce mets nous rétablit, ce mets nous régénère;

Pro salute peccatorum.
Hic est panis viatorum,
Qui non est dandus canibus,
Qui est salus miserorum,
Præstans omnibus panibus.

Ecce panis dulcissimus,

Ecce panis amplectendus,
Ecce panis pinguissimus,
Ecce panis diligendus,
Ecce panis recolendus,
Ecce panis præoptimus,
Cibus cunctis præferendus,
Et præ cunctis gratissimus.

Cibus iste nos reficit,

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Il ramène la joie et fait cesser l'ennui;
Ton fils, qui par ce mets attire l'âme à lui,
La guide par ce mets, et l'allie à son Père.
Ce mets de tous les biens est l'accomplissement;
Il est de tous les maux l'anéantissement :

Pour nous il vainc, il règne, il étend son empire;
Il soutient, il fait croître en sainte ambition;
Et pour dire en un mot tout ce qu'on en peut dire,
Il élève tout l'homme à sa perfection.

Il est le pain vivant et qui seul vivifie,
Il est ensemble et vie, et voie, et vérité;
Lui-même il nous départ son immortelle vie
Par les épanchements d'une immense bonté.
L'Église avec ce pain reçoit tant de lumière,
Que la nouvelle épouse efface la première
Par les vives splendeurs qui font briller sa foi :
La synagogue tombe, et périt auprès d'elle,

Et l'ombre de la vieille loi
Fait place au jour de la nouvelle.

Recreat et regenerat,
Et sibi mentem allicit,
Dirigit et confœderat;
Omne bonum exaggerat,
Et omne malum abjicit;
Vincit, regnat et imperat;
Auget, alit et perficit.

Vivus panis, et vitalis,

Via, veritas et vita,
Est hic panis immortalis,
Et bonitas infinita,
Quo refulget præmunita
Nova sponsa spiritalis.
Synagoga definita

Perit, et umbra legalis.

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La manne a donc tari, le ciel n'en verse plus:
La figure cède à la chose,

Et le pain que Dieu nous propose,

D'un ciel encor plus haut descend pour ses élus
Si la manne eut cet avantage

Que des fils d'Israël elle fut le partage,

Ce pain est celui du chrétien.

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O chrétien, pour qui seul est fait ce pain mystique, Viens, mange, et puisqu'enfin c'est un pain angélique, Fais comme un ange, et montre un zèle égal au sien.

Passons de miracle en miracle :

Moïse met, au nom des tribus d'Israël,

Pour faire un prêtre à l'Éternel,
Douze verges au tabernacle;

Aaron y joint la sienne; elle seule y produit
Des feuilles, des fleurs et du fruit;

Par là du sacerdoce il emporte le titre :

Ix. Figurata fuit per virgam Aaron que habuit fructum præter opus naturæ. (Numerorum cap. XVII.)

Manna cessat, et cœlicus
Nobis panis proponitur;
Panis verus vivificus
Nobis de cœlo mittitur;
Christianis comeditur1
Solis panis hic mysticus,
Quibus communis traditur
Verus panis angelicus.

Beatus tabernaculo

Moises virgam posuit
Aaron, sed pro titulo
Sacerdotis quæ fronduit,
Floruit, fructum habuit,
Evidenti miraculo;

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1. Comeditur pourrait bien être une faute d'impression, pour conceditur, qui se lit dans les éditions de saint Bonaventure.

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