Mais on voit un autre ordre au mystère caché : Pour se sauver des eaux Noé monte en son arche, Dieu pour descendre en toi te sauve du péché.
L'onde enfin se retire en ses vastes abîmes, La terre se revêt des plus vives couleurs, Et la pitié du ciel s'épand sur nos malheurs, Ainsi que sa colère avoit fait sur nos crimes. Si la tempête encore ose nous menacer, Sa fureur a sa borne, et ne la peut forcer; Un grand arc sur la nue en marque l'assurance, Et Dieu l'y fait briller pour signal qu'à jamais Sa bonté maintiendra l'amoureuse alliance Qui du côté des eaux nous a promis la paix.
Que se crève à grand bruit le plus épais nuage, Qu'il verse à gros torrents ce qu'il a de plus noir, L'arc témoin de ce pacte à peine se fait voir, Qu'il dissipe la crainte et nous rend le courage: La joie avec l'espoir rentre au cœur des pécheurs
v. Figurata fuit per arcum quem Dominus dedit Noë in signum fæderis. (Genesis cap. IX.)
Sibi matrem te formavit Dominus, et a peccatis Te subintrans conservavit.
Pactum suum antiquitus
Deus promisit patribus, Arcum suum divinitus Ostendendum in nubibus, Qui fœderis est omnibus Signum promissum cœlitus; A Deo pax hominibus Datur in eo penitus.
Labor et timor fugiunt Arcu monstrato fœderis, Spes et gaudium veniunt
Qui l'œil battu de pleurs,
Avec sincérité détestent leurs foiblesses; Et quoi que sur leur tête ils entendent rouler, Le souvenir d'un Dieu fidèle en ses promesses Leur donne, à cet aspect, de quoi se consoler.
Vois, ô reine du ciel, vois comme il te figure,
Comme de tes vertus ses couleurs sont les traits: Son azur, dont l'éclat n'a que de purs attraits, De ta virginité fait l'aimable peinture;
Par le feu, dont ce rouge est si bien animé,
Ton zèle ardent pour Dieu voit le sien exprimé ; Ta charité vers nous y trouve son image; Et de l'humilité, qui par un prompt effet Du choix du Tout-Puissant mérita l'avantage, Ce blanc tout lumineux est le tableau parfait.
Telle donc que cet arc la terre te contemple Tu fais pleuvoir du ciel cent lumières sur nous;
Peccatoribus miseris : Qui de reatu sceleris Flentes, arcum conspiciunt, Per promissum de superis Se consolatos sentiunt.
Est in arcu cœruleus Color, qui virginitatis Typum gerit, et rubeus Etiam, qui charitatis Formam notat; puritatis Tuæ demonstrat aqueus Notam, et humilitatis, Quam elegit in te Deus.
Nubibus cœli cerneris
Arcus, quæ nos illuminas;
Ta brillante splendeur sème de là pour tous Des plus parfaites mœurs un glorieux exemple. Par toi chaque hérésie a son cours terminé : En vain de ses enfants le courage obstiné De ses fausses clartés s'attache aux impostures; Il suffit de te voir unir en Jésus-Christ
Par ta submission deux contraires natures,
Pour briser tout l'orgueil dont s'enfle leur esprit.
Arc invincible, arc tout aimable,
Qui guéris en blessant au cœur, Arc en pouvoir comme en douceur Également incomparable,
Arc qui fais la porte des cieux,
Vierge sainte enfin, qu'en tous lieux Un respect sincère doit suivre,
Quand de notre destin l'inévitable loi
Nous aura fait cesser de vivre,
Fais-nous part de ta gloire et revivre avec toi.
Exempla cunctis seminas, Hæreses omnes terminas, Et hæreticos conteris, In Christo quando geminas Naturas simul congeris.
Arcus potens, arcus fortis,
Arcus dulcis, amabilis, Arcus patens cœli portis, Post præsentis metam mortis,
Nobis inevitabilis,
Fac consortes tuæ sortis Nos, virgo venerabilis.
Le sommeil de Jacob lui fait voir des miracles: L'échelle, qu'il lui montre en lui fermant les yeux, De la terre atteint jusqu'aux cieux;
Dieu s'appuie au-dessus pour rendre ses oracles; Les anges, dont soudain un luisant escadron De célestes clartés couvre chaque échelon, S'en servent sans relâche à monter et descendre; Et d'un songe si beau les claires visions L'assurent de la terre où son sang doit prétendre, Et de ce qu'a le ciel de bénédictions.
Marie est cette échelle; elle l'est, et la
Par elle on reçoit plus que Dieu n'avoit promis: Aussi pour lui parler l'ange qu'il a commis
La nomme dès l'abord toute pleine de grâce.
Elle nous donne un fils, mais un fils Homme-Dieu; 205 Et quand son corps sacré quitte ce triste lieu, Pour le porter au ciel elle a des milliers d'anges : De ce brillant séjour elle rompt tous nos fers,
De tous nos maux en biens elle fait des échanges,
Et nous prête son nom pour braver les enfers.
Moïse est tout surpris quand pour lui toucher l'âme Dieu se revêt de flamme :
Celle que sur l'Oreb il voit étinceler
Pare un buisson ardent, au lieu de le brûler, Et s'en fait comme un trône où plus elle s'allume, Et moins elle consume.
O vierge mère, ainsi ne souffre aucune atteinte, Lorsqu'en tes chastes flancs se fait l'union sainte De l'essence divine à notre humanité.
Que la manne au désert est d'étrange nature! Son goût, le premier jour, se conforme au souhait; Et quand pour d'autres jours la réserve s'en fait, Elle souille le vase et tourne en pourriture; Ce peu seul qui dans l'arche en tient le souvenir S'y garde incorruptible aux siècles à venir, Sans que souillure aucune à son vaisseau s'attache : Ainsi tu conçois Jésus-Christ,
Figurata fuit per rubum qui ardebat nec comburebatur. (Exodi cap. m.)
vm. Figurata fuit per vas in quo servatum fuit manna. (Exodi cap. xvI.)
Ergo longe plus bearis.
Mater, tua virginitas
Rubo montis ostenditur Oreb, cujus viriditas Per ardorem non uritur : Sic nec tua corrumpitur Virginalis integritas, Dum ventre tuo jungitur Humanitati deitas.
In vase manna positum
Ut conservetur, legitur, Israëlitis traditum, Nec vas manna polluitur : In te Christus concipitur,
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