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O mère qui peux tout, prends soin de notre sort,

Guide nos pas tremblants jusqu'au bout de leur route, Et sauve-nous des maux de l'éternelle mort.

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Rose sans flétrissure et sans aucune épine,
Rose incomparable en fraîcheur,
Rose salutaire au pécheur,

Rose enfin toute belle, et tout à fait divine,
La grâce, dont jadis la prodigalité

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Versa tous ses trésors sur ta fécondité,

N'a fait et ne fera jamais rien de semblable:

Par elle on te voit reine et des cieux et des saints;
Par elle sers ici de remède au coupable,

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Et seconde l'effort de nos meilleurs desseins.

Que d'énigmes en l'Écriture
T'offrent sous un voile à nos yeux!
L'esprit qui la dicta s'y plut en mille lieux
A nous tracer lui-même et cacher ta peinture.

Quæ regnas super sidera,
Perpetuæ mortis a væ
Nos et a malo libera.

Rosa decens, rosa munda,

Rosa recens sine spina,

Rosa florens et fecunda,

Rosa gratia divina
Facta cœlorum regina,

Non est nec erit secunda

Tibi, rei medicina,
Nostris cœptis obsecunda.

In Scripturis figurata
Multis locis ostenderis,
Enigmatibus monstrata,
Sacris ut patet litteris;

Le Vieil et Nouveau Testament

Tous deux, comme à l'envi, te nomment hautement
La première d'entre les femmes;

Et cette préférence acquise à tes vertus,
Comme elle a mis ton âme au-dessus de nos âmes,
De nos périls aussi t'a su mettre au-dessus.

Avant que du Seigneur la sagesse profonde
Sur la terre et les cieux daignât se déployer,
Avant que du néant sa voix tirât le monde,
Qu'à ce même néant sa voix doit renvoyer,
De toute éternité sa prudence adorable
Te destina pour mère à son Verbe ineffable,

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A ses anges pour reine, aux hommes pour appui;
Et sa bonté dès lors élut ton ministère
Pour nous tirer du gouffre où notre premier père
Nous a d'un seul péché plongés tous avec lui.

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Ouvre donc, mère vierge, ouvre l'âme à la joie
D'avoir remis en grâce et nous et nos aïeux:

Testamentorum Veteris
Et Novi jure, prælata
Mulieribus cæteris,
Super omnes elevata.

Ante mundi originem

Te Dominus ordinavit,
Dum cœli latitudinem
Sapienter fabricavit :

Ex tunc sancta mente cavit
Per te, matrem et virginem,
Protoplasti, qui peccavit,
Expiare voraginem.

Gaude virgo, mater gaude,

Per te mundus restauratur;

Toi-même applaudis-toi d'avoir ouvert les cieux,
D'en avoir aplani, d'en avoir fait la voie.
Les hôtes bienheureux de ces brillants palais
T'offrent et t'offriront tous ensemble à jamais
Des hymnes d'allégresse et de reconnoissance;
Et nous, que tu défends des ruses de l'enfer,
Nous y joindrons l'effort de l'humaine impuissance,
Pour obtenir comme eux le don d'en triompher.

Telle que s'élevoit du milieu des abîmes,

Au point de la naissance et du monde et du temps,
Cette source abondante en flots toujours montants,
Qui des plus hauts rochers arrosèrent les cimes,
Telle en toi, du milieu de notre impureté,

D'un saint enfantement l'heureuse nouveauté
Élève de la grâce une source féconde :

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Son cours s'enfle avec gloire, et ses flots, qu'en tout lieu Répand la charité dont regorge son onde,

Font en se débordant croître l'amour de Dieu.

1. Figurata fuit per fontem qui ascendebat de terra, irrigans universam superficiem1 (Genesis

terræ.

cap. m.)

Cum civibus cœli plaude,
A queis honor tibi datur;
Decus decenter solvatur
Tibi majus omni laude,
Quia per te liberatur

Omnis homo facta fraude.

Rigans mundum novo rore,
Novæ prolis novitate,
Nova facis novo more,
Cuncta mira claritate :
Ex divina bonitate
Fons ascendens in honore,
Rigans terram charitate,
Dei crescens in amore.

1. Il y a superfinem, pour superficiem, dans l'édition de 1665.

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Durant ces premiers jours qu'admiroit la nature,
La vie avoit son arbre; et ses fruits précieux,
Remplissant tout l'Éden d'un air délicieux,

A nos premiers parents s'offroient pour nourriture.
Ainsi le digne fruit que tes flancs ont porté
Remplit tout l'univers de sainte volupté,
Et s'offre chaque jour pour nourriture aux âmes :
Il n'est point d'arbre égal, et jamais il n'en fut,
Et jamais ne sera de plantes ni de femmes
Qui portent de tels fruits pour le commun salut.

Un fleuve qui sortoit du séjour des délices
Arrosoit de plaisirs ce Paradis naissant,
Et sur l'homme encore innocent

Rouloit avec ses flots l'ignorance des vices:
Vierge, ce même fleuve en ton cœur s'épandit,
Quand pour nous affranchir de ce qui nous perdit,
Ton corps du fils de Dieu fut l'auguste demeure;
La terre au grand auteur en rendit plus de fruit,
La nature en reçut une face meilleure,

II. Figurata fuit per lignum vitæ plantatum in medio Paradisi. (Genesis cap. II.)

III. Figurata fuit per Paradisum irrigatum a fluvio qui egrediebatur de loco voluptatis. (Genesis cap. 11.)

Arbor et lignum vitale
In Paradisi medio
Plantaris spirituale,
Cujus fructus fruitio
Replet omnia gaudio:
Numquam fuit, nec est tale,
Nec erit procul dubio
Lignum ita commodale.

Casta virgo, te fluvius
Voluptatis irrigavit
Paradisi, dum filius
Dei corpus habitavit

Tuum. Terra tunc donavit
Nostra fructum uberius,
Et naturam reformavit

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Et triompha dès lors du vieux péché détruit.

Ce fils, comme son père, arbitre du tonnerre,
Ce maître, comme lui, des hommes et des Dieux,
Ayant pour son palais un Paradis aux cieux,
Voulut pour sa demeure un Paradis en terre;
Ce père tout-puissant l'y forma de ton corps,
Qu'il commit à garder ce trésor des trésors,
Dès qu'il te vit de l'ange agréer la visite :
Ainsi se commença notre rédemption;
Ainsi tu donnas place au souverain mérite
Qui nous dégage tous de la corruption.

Noé bâtit une arche avant que le déluge
Fit de toute la terre un vaste lit des eaux:

Il fait d'un bois poli ce premier des vaisseaux
Où sa famille trouve un assuré refuge.

Cette arche est ton portrait : son bois poli nous peint
Des parents dont tu sors le choix heureux et saint;
Dieu s'en fait un vaisseau comme ce patriarche;

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