Obrazy na stronie
PDF
ePub

l'art musical moderne qui constituent un ensemble, un corps musical (si je puis me servir de cette expression appliquée aux différentes parties de la liturgie), et qui peuvent à leur manière remplacer la musique religieuse. Nous essayerons, autant qu'il nous sera possible, de montrer par cette comparaison quel est celui de ces deux genres qui remplit le mieux le but assigné par l'esprit divin. L'esprit humain n'est susceptible de se conformer qu'à une idée purement humaine, mais il doit aussi s'incliner devant la pensée divine: en conséquence, la pensée divine fera le fond de notre étude.

CHAPITRE II

La comparaison considérée dans ses détails.

Nous avons déjà dit que la musique religieuse est l'union de sons harmonieux avec des paroles nées de l'inspiration divine, et que son but est d'aider à l'œuvre de l'instruction et de la sanctification chrétiennes.

Avant de passer aux détails, arrêtons-nous un instant pour considérer attentivement les conséquences de ce principe.

D'un côté, nous avons le plain-chant qui, avec une grande richesse de motifs, embrasse une immense variété de paroles de révélation divine; c'est la contre-partie du Rituel tout entier; de l'autre côté, la musique moderne dont je veux parler, et qui rend à peine une fraction de ce même Rituel. Elle offre plutôt une supériorité numérique qu'une variété réelle, si elle a la prétention d'offrir un répertoire de chants sacrés; mais ses morceaux sont d'une indigence extrême quant à l'expression de l'inspiration divine. Le Kyrie, le Gloria, le Credo, le Sanctus et l'Agnus Dei

de l'Ordinaire de la messe, quelques Proses, quelques Répons et quelques Versets arrangés en Motets forment littéralement tout son bagage.

Entrons maintenant dans quelques détails. L'origine divine du chant ecclésiastique n'a pu se faire connaître à nous que par une révélation. Il en résulte, comme nous l'avons déjà dit dans l'avertissement, que nous ne sommes pas obligés de nous jeter dans des considérations spéculatives pour connaître l'essence de l'origine divine du chant ou pour en déterminer les détails constitutifs. Car si nous rejetions l'idée d'une révélation, notre esprit serait totalement incapable de trouver une autre origine. Depuis que Dieu s'est fait homme et qu'il est devenu le chef de la société chrétienne, de l'Église catholique qu'il a instruite lui-même, il s'est choisi des hommes qu'il a inspirés pour la gouverner après lui. Les intentions du créateur pour tout ce qui touche au bienêtre de son Église ont été prouvées par l'incarnation de son Fils; les saintes Écritures et la théologie chrétienne sont là pour l'attester. Une fois admise, l'idée de la révélation chrétienne, de la pensée divine du chant religieux, pourra être examinée sous les points de vue suivants, sans toutefois aller trop loin, comme nous le prouverons successivement dans la suite de cette comparaison. 1o Autorité ecclésiastique et morale.

2o Nécessité d'un système complet et bien ordonné.

3o Convenance morale du plain-chant comme chant de sacrifice et comme chant propre à la célébration des offices.

4° Convenance spéciale du plain-chant considéré comme chant collectif dans les assemblées.

5° Influence morale particulière du plain-chant sur le ca

ractère.

6° Moyen de répandre la vérité divine parmi les peuples. 7° Vertu médicinale.

8° Faculté qu'a le plain-chant de jouir d'une popularité durable. 9° Sécurité contre les abus.

10° Catholicité du chant ecclésiastique, ou son alliance aux doctrines catholiques sur tout le globe.

Tels sont les points de notre comparaison.

I

Double autorité ecclésiastique et morale.

1. La religion naturelle attribue à Dieu l'idée d'autorité. Dieu est roi, Dominus exercituum, la source unique, supérieure et absolue de l'autorité. En outre, la société regarde l'autorité comme une condition d'existence. Il ne saurait exister dans la vie sociale des causes discordantes, ni des volontés indépendantes. Dieu a tiré du néant toute société, et c'est par son principe d'autorité et par la soumission de la volonté individuelle qu'il continue son œuvre d'amour, de bonheur et de concorde mutuelle. Pour accomplir son œuvre de rédemption, il a institué son Église, société qui travaille sur cette terre à guérir, par la douceur de son joug divin et son autorité légitime, les anarchies sociales et les maux d'une race déchue. Ainsi, dans l'Église fondée par Dieu, dans cette source absolue d'autorité et d'ordre établie par Dieu et communiquant avec lui par les prières, nous devons nous attendre à trouver tous les éléments et les moyens d'action sur l'homme qui émanent de ce principe d'autorité, Dieu déclarant lui-même qu'il est le Dieu de l'ordre et l'auteur non de la confusion, mais de la paix dans son Église (1). De là nous devons conclure que Dieu doit regarder le chant sacré dans l'Église chrétienne comme étant soumis au principe d'autorité, comme un moyen d'action qu'il a mis à la disposition de l'Église, afin qu'elle accomplît la mission divine dont il l'a chargée, et qui par conséquent est sous la direction de l'autorité par qui elle est gouvernée.

En posant comme principe, ainsi que nous voulons le faire, que le chant grégorien possède cette autorité, nous n'entendons pas dire qu'une autorité positive est synonyme d'un monopole absolu. Reconnaître l'autorité positive du chant du Rituel, ce n'est pas affirmer que la musique moderne ne puisse, avec certaines restric

(1) S. Paul, I Épître aux Corinthiens, XIV, 33.

tions, jouir d'une juste tolérance. Le malade qui entre dans la période de sa convalescence après une grave maladie, doit observer rigoureusement le régime prescrit par l'autorité positive du médecin, mais il peut avoir quelquefois la permission de s'en écarter. Maintenant, on nous demandera quelle est cette autorité que nous prétendons réclamer en faveur du Rituel romain? Si quelqu'un demandait pourquoi, dans une revue, tous les soldats de l'infanterie portent des tuniques bleues, on lui répondrait sans doute que dans une armée régulière l'uniforme est de rigueur. De même, dans une société bien organisée comme l'est l'Église catholique, l'existence d'un Graduel et d'un Antiphonaire, leur usage immémorial joint à celui du Missel et du Bréviaire, impliquent leur autorité canonique. Si nous ne craignions pas de fatiguer nos lecteurs, il nous serait facile de citer les divers synodes diocésains qui se sont spécialement occupés de ce sujet, et qui sont descendus dans les moindres détails relativement aux questions qui pouvaient s'élever sur ce point. Mais il suffira de rappeler ici un fait qui n'est peut-être pas généralement connu, c'est que la liturgie romaine, le Bréviaire tout entier, le Missel, à l'exception de quelques parties que l'officiant récite à voix basse, ont une notation musicale particulière que tout chantre capable et tout officiant doivent connaître, s'ils veulent remplir convenablement leurs fonctions.

L'autorité des chants du Rituel se trouve en quelque sorte identifiée avec le Rituel lui-même comme forme authentique de la célébration solennelle des offices. L'Église n'a jamais eu d'autre musique; aucun autre système n'est en harmonie avec le Rituel. Par conséquent l'usage de toute autre musique, quoique tolérée par la nécessité des circonstances, ne doit être regardé que comme une déviation des règles du Rituel.

Il est évident que telle était l'opinion des Pères du concile de Trente; car ils ont discuté sérieusement la question de savoir s'il ne serait pas à propos de mettre fin aux scandales musicaux qui s'étaient introduits dans l'Église par suite de l'abandon partiel du chant grégorien, en rendant le chant obligatoire. Mais, quoique plus d'un père ait appuyé cette mesure comme le meilleur remède

contre le mal, le concile se décida cependant à ne pas la décréter. Les membres de l'assemblée semblent avoir cru qu'il était plus sage de laisser seulement au chant grégorien sa prééminence comme chant reconnu et autorisé, et que le vrai remède était de prier Dieu qu'il inspirât à son peuple un esprit plus sage et plus sensé, au lieu de provoquer peut-être par une prohibition sévère et absolue un mal infiniment plus grand, celui d'une désobéissance formelle et ouverte.

Mais revenons à l'autorité ecclésiastique et positive des Antiphonaires du Rituel. La vérité et la raison de cette autorité semblent évidentes quand on songe qu'il est impossible qu'un gouvernement dirigé par l'esprit de Dieu, régi par une hiérarchie d'origine divine, se serve d'un chant dont l'usage est aussi général que celui de l'Église catholique, sans en posséder un formulaire authentique et sanctionné. Il est vrai que personne ne prétend que cette forme soit absolument exigée à l'exclusion de toute autre. Cependant, sans une forme reconnue et complète de chants religieux d'une autorité assez positive pour mériter la confiance de ceux qui sont appelés à en faire usage, leur efficacité serait presque nulle. Les ouvriers de la vigne n'ont pas seulement besoin de savoir d'une manière générale que leur méthode de travail est à peu près bonne, mais ils veulent aussi être assurés que leur travail est béni par Dieu, et que les moyens qu'ils mettent en usage viennent de lui. Or un seul système peut produire de tels effets c'est celui qui possède l'autorité.

Pour quelle raison avons-nous confiance dans l'Église relativement à la foi qu'elle prescrit? C'est parce que nous sentons notre propre faiblesse et que nous savons que notre esprit ne saurait s'appuyer sur son interprétation propre. Une voix intérieure nous dit que notre Père qui est aux cieux ne nous a pas donné une révélation pour nous mettre en même temps dans des conditions telles que nous ne puissions en profiter. Sentant en nous-mêmes la nécessité d'une autorité positive en matière de foi, nous croyons qu'elle existe et qu'elle a été donnée à l'Église catholique, qui seule peut nous en offrir des preuves. Mais quoiqu'on puisse dire qu'en matière de simple musique il n'est pas besoin d'exiger

« PoprzedniaDalej »