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opinions nouvelles qu'Ortès crut devoir combattre font qu'on ne discule pas toujours ses intérêls avec en partie, en proclamant, toutefois, la plus hardie rigidité, et qu'on peut les négliger pour ceux des et la plus importante de toutes, le laissez-faire ; autres (1).» Le système du commerçant se réduit à mais , malgré cette révolution opérée dans les es- ce principe : « Que chacun travaille pour soicomme prits méditatifs, les doctrines des écrivains français je travaille pour moi : je ne vous demande rien et italiens conservaient encore cette teinte de mo- qu'en vous en offrant la valeur. Faites-en autant (2). » ralité et de bienfaisance que le christianisme et les Dans ce peu de mots, Montesquieu a indiqué toute vieilles traditions des pays agricoles maintenaient la moralité de l'économie politique anglaise , qui se sur le continent européen. Il n'en était plus de même résume aujourd'hui dans le principe de la producen Angleterre, où la violence de la réforme reli- tion sans bornes des richesses matérielles

par

le gieuse et l'esprit exclusivement commercial avaient monopole des capitaux et de l'industrie. changé les meurs publiques , donné un vaste essor Les Recherches sur la nature et les causes de la à l'industrie manufacturière et altéré profondément richesse des nations, d'Adam Smith, furent pule principe de la charité. Depuis longtemps, dans bliées en 1776. Nous devons placer ici un exposé ce royaume, les pauvres ouvriers qui, dans les états de cet ouvrage célèbre et des principaux jugements catholiques, se trouvaient placés sous la protection dont il a été l'objet. des aumônes et de la vigilance du clergé, étaient « De toutes les vérités aperçues par les éconoune charge du gouvernement qui, ayant créé pour mistes français, dit M. le comte Germain Garnier (5), eux une taxe spéciale, prélevée sur la propriété les unes élaient d'une faible utilité dans la pratiterritoriale, semblait avoir acquitté sa dette et que, les autres se trouvaient contredites dans leur n'avoir plus à s'occuper de leur sort. La situation application par des circonstances accessoires que la géographique de l'Angleterre la rendait essentiel théorie n'avait pas fait entrer dans ses calculs. lement commerçante et industrielle. L'affaiblisse- « Pendant que cette secte occupait l'Europe de ment des principes religieux, suite nécessaire de ses spéculations, un observateur anglais, plus prosa séparation de l'unité catholique, opérée par un fond et plus habile, portait ses recherches sur la despote immoral et sanguinaire, avait fait perdre même matière et travaillait à poser les fondements de vue et oublier en quelque sorte la puissance ci- de la vraie doctrine de l'économie politique. vilisatrice des idées morales. Ainsi , l'économie po- « Une grande vérité, la plus féconde en consélitique, encore charitable, religieuse, conforme quences, la plus utile pour la pratique, celle d'où au droit des gens, en France el en Italie, devait découlent lous les principes de la science , fut aperapparaître en Angleterre tout imprégnée de l'es- çue par Smith, et lui révéla tous les mystères de la prit de commerce, dont l'égoïsme a été si énergi- formation et de la distribution des richesses. Ce quement caractérisé par Montesquieu. « Si l'esprit grand homme reconnut que l'agent universel de la de commerce, dit notre immortel publiciste, unit création des richesses était le travail, et il s'allales nations, il n'unit pas de même les particuliers. cha à analyser la puissance de cet agent, et à reNous voyons que dans les pays où l'on n'est affecté chercher les causes qui le produisent et l'accroisque de l'esprit de commerce, on trafique de toutes sent. Ce qui distingue la doctrine de Smith de celle les actions humaines et de toutes les vertus mo- des économistes, c'est le point duquel ils partent rales. Les plus petites choses, celles que l'huma- l'un et l'autre pour déduire des conséquences. Les nité réclame, s’y donnent pour de l'argent. L'esprit derniers remontaient à la terre, comme source pride commerce produit chez les hommes un certain mitive des richesses; l'autre s'appuie sur le travail, sentiment de justice exacte opposé d'un côté au comme l'agent universel qui les produit. Dès le brigandage, et de l'autre à ces vertus morales qui premier coup d'œil on reconnaît combien l'école du

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(1) Esprit des lois.
(7) Idem, édition anonyme de 1764.

(3) Traducteur d'Adam Smith, auteur d'un abrégé élémentaire des principes de cet économiste et d'une histoire de la

ECONOMIE POLITIQUE.

monnaie des peuples anciens, né en 1754. M. le comte Germain Garnier est mort agé de 67 ans, en 1821, ministre d'état, pair de France, etc.

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professeur d'Édimbourg doit l'emporter sur celle | cipes incontestables, el en ont plongé un bien plus des philosophes français, sous le rapport de l'uti- grand nombre dans ce gouffre où les systèmes, les lité pratique et de l'application de ses préceples. idées vagues, les imaginations extravagantes se dé

« Le travail étant une puissance dont l'homme battent un certain temps avant de s'engloutir pour est la machine, l'accroissement de cette puissance toujours. Adam Smith n'a pas toujours embrassé ne doit guère trouver d'autres bornes que celles l'ensemble des phénomènes de la produclion et de presque indéfinies de l'intelligence et de l'industrie la consommation des richesses. Mais, grâce à lui, humaine, et elle est susceptible, comme ces facul- la plus obscure des sciences deviendra bientôt la tés, d'être dirigée par des conseils et perfectionnée plus précise, et celle de toutes qui laissera le moins par les secours de la méditation. La terre, tout au de faits inexpliqués (1). » contraire, abstraction faile de l'influence qu'a le

Les doctrines de Smith, adoptées avec emprestravail sur la nature et la quantité de ses produc-sement par les grands capitalistes de l'Angleterre, tions, est entièrement hors du pouvoir des hommes ne tardèrent pas à imprimer une forle impulsion sous tous les autres rapports qui pourraient rendre à l'industrie anglaise. Le gouvernement de ce plus ou moins avantageuses son étendue, sa silua- royaume, qui aspirait à la suprématie universelle tion et ses propriétés physiques.

du commerce des mers, seconda puissamment le Suivant Smith, l'économie politique a pour but développement immense donné à la production made procurer au peuple un revenu ou une subsis- nufacturière, et sut, plus tard, profiter habiletance abondante , et en même temps de former à la ment de la facilité

que

lui donnait la guerre eurocommunauté un revenu suffisant pour le service péenne allumée contre la France, pour s'assurer la public. Elle se propose d'accroître la richesse pour possession de tous les débouchés qui nous étaient enrichir à la fois le peuple et le souverain. Le tra- Termés. Nous aurons occasion d'examiner bientôt vail est la source de toute richesse. La quantité d'or les résultats de la domination industrielle de l'Anet d'argent, dans un royaume, étant indifférente, gleterre. Suivons la marche et les progrès de l'éla balance du commerce est une chimère. Il faut conomie politique en France. la liberté entière du commerce, point de prohibi- A l'époque où parut l'ouvrage de Smith (qui fut tions, point de primes , point de droits à l'entrée l'ami du ministre Turgot, auquel néanmoins il ne

à et à la sortie, point de douanes. Il faut s'occuper put faire adopter entièrement ses doctrines), exclusivement d'exciter le travail et ne pas s'em- Louis XVI régnait depuis deux années : c'était l'ébarrasser de la consommation, qui viendra d'elle- poque où loules les idées qui se rapportaient à même.

l'amélioration du sort des peuples, étaient avide« Avant Smith, dit M. Jean-Baptiste Say, on ment accueillies par le cæur généreux de cet exavait plusieurs fois avancé des principes très-vrais. cellent et trop malheureux prince. Mais c'était aussi Il a montré le premier pourquoi ils étaient vrais; il le moment où l'esprit anti-religieux et anti-monara fait plus , il a donné la vraie méthode de signaler chique faisait une irruption profonde en France, les erreurs. Il a appliqué à l'économie politique la el préparait la grande catastrophe de la révolution nouvelle manière de traiter les sciences, en ne re- de 1789. La science de l'économie politique qui, cherchant

pas les principes abstractivement, mais dès-lors, ne pouvait s'avancer en moralité et en en remontant des faits les plus constamment obser- progrès, servit aux attaques dirigées contre toutes vés, aux causes que découvrent le raisonnement les institutions sociales. Un instant relevée et illuset non de simples abstractions. De ce qu'un fait trée par les travaux de quelques membres de nos peut avoir une cause, l'esprit de système en con- assemblées législatives, elle fut avilie et prostituée clut la cause : l'esprit d'analyse veut savoir pour- dans les actes et les écrits, des hommes de la terquoi celle cause a produit cel effet, et s'assure qu'il reur et du directoire. C'était exilé et proscrit, que n'a pu être produit par aucune autre cause. L'ou- 11. Germain Garnier terminait sa belle traduction vrage de Smith est une suite de démonstrations qui ont élevé plusieurs propositions au rang de priu- (1) Traité d'économie politique, par M. Jean-Baptiste Say.

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de l'ouvrage de Smith , et adressait à la France des L'exemple éblouissant de la prospérité indusconseils judicieux et presque prophétiques (1). trielle de l'Angleterre, que l'on s'empressait de

Le consulat et l'empire devaient être peu favo- visiter, excita l'ardeur des capitalistes français. rables à l'économie politique (2). L'esprit d'examen

On les vit à l'envi chercher à introduire en France et de critique appliqué à tous les actes du gouver- les systèmes d'industrie qui avaient opéré, de l'autre nement était incompatible avec l'homme dont l'im- côté de la Manche, des merveilles dont l'éclat sémense génie ne sut lulter contre la tendance des duisait les regards superficiels. opinions en faveur de la liberté, qu'en les forçant Cependant des observateurs profonds (3) avaient au silence. Le Trailé d'économie politique de allentivement suivi les progrès et les résultats des M. J.-B. Say parut en 1804, et ne put être réim- systèmes basés sur le principe d'une production primé que dix ans après, c'est-à-dire au commen

sans limites. Ils avaient reconnu qu'en Angleterre cement de la restauration.

la population, et avec elle la taxe des pauvres, Ce n'est donc que depuis la restauration que

l'é- s'était accrue en raison des progrès de l'industrie: conomie politique put devenir, en France, l'objet ils avaient pressenti que lorsque l'industrie aurait d'une étude libre et approfondie. Nos relations avec

pu obtenir d'un seul homme la quantité d'ouvrage l'Angleterre et l'importation des ouvrages d'écono- que donnaient auparavant cent cinquante artisans, mie politique publiés dans ce royaume et ailleurs, le moindre point d'arrêt devait amener une baisse appelèrent sur ce terrain presque nouveau les mé- sur le prix des salaires, et que dès lors toute gaditations des écrivains et des hommes d'état, qui rantie d'existence avait disparu pour l'ouvrier propurent se livrer alors à des travaux que ne repous

létaire qui se trouvait exposé aux tourments d'une sait plus une politique ombrageuse et inquiète. disette factice. La disparition des associations des Toutefois, la révolution, due en si grande partie corps et métiers commençait à produire des conséaux doctrines hardies du philosophisme moderne, quences fatales; on ne pouvait oublier que, plus avait enlevé aux institutions, aux lois et aux mæurs,

d'une fois, les sousfrances et la misère des ouvriers, toutes leurs bases religieuses el morales. Elle com

à la merci des entrepreneurs d'industrie, s'étaient muniqua aux systèmes économiques cette séche- manifestées

par
de
graves

atteintes portées à la resse de cœur, cette absence d'humanité et de cha- | tranquillité publique. Le célèbre ouvrage de Malrité, et enfin, ce matérialisme égoïste que devaitthus, sur le principe de la population, imprimé en révéler bientôt en France, comme en Angleterre, Angleterre, en 1798, mais qui ne fut guère connu l'application des doctrines de l'école fondée par en France que par la traduction de M. Pierre PreSmith.

vost, de Genève, publiée en 1809, avait confirmé

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(1) M. Herrenschwand, né en Suisse , publia à Londres, Mais son système, qui s'écarte totalement des principes relien 1996, son Traité d'économie politique et morale de l'espèce gieux du christianisme, manque de bases solides, et n'offre point humaine, dans lequel il s'est attaché à indiquer : 1° Comment d'applications pratiques à l'état de la société européenne. les peuples doivent etre libres et heureux selon l'ordre général (7) Le seul ouvrage remarquable d'économie politique qui ait de l'univers ; 2° les devoirs des gouvernements qu'il considère paru sous le consulat est une brochure sans nom d'auteur inticomme les délégués du Créateur de l'univers, et devant, à ce tulée : l'Économie politique réduite à un principe : augmenlitre, gouverner l'espèce humaine comme le Créateur l'erit fait ter continuellement les valeurs au moyen desquelles on lui-même s'il avail jugé à propos d'en garder la direction échange, dans la proportion qu'indique l'augmentation posimmédiate entre ses mains. M. Herrenschwand établit en sible de la production, ou augmenter le numéraire à proporprincipe que l'ordre général de l'univers impose à l'espèce hu- tion qu'on peut produire des denrées. Toutes les questions maine la loi de se multiplier sur la terre autant que cette pla- relatives aux moyens de fonder le cré lit public et de mesurer nète est capable de lui fournir de subsistance, et celle de multi

et j'exciter la production, aux emprunts, au commerce extéplier ses besoins artificiels autant que les choses de la terre lui rieur et intérieur, aux machines, etc., y sont traités avec une offrent d'usages à appliquer. Il considère comme un crime con- précision mathématique et une justesse de coup d'æil qui tre l'ordre général de l'univers, soit de la part des peuples , soit

annoncait un véritable homme d'état. Cet écrit était l'ouvrage de la part des gouvernants, toute infraction à ces lois, et tout d'un jeune homme de vingt-deux ans, qui a justifié, depuis obstacle apporté à leur accomplissement. On voit que, sous par des talents d'un ordre supérieur, tout ce qu'il promettait certains rapports , il se rapproche de l'école de M. Say. Il n'est dans un àge presque voisin de l'adolescence (*). cependant pas le partisan de Smith, qu'il attaque avec amer- (3) Principalement M. le conile Germain Garnier. Voir le tome, ainsi que Montesquieu , Rousseau, Raynal, Voltaire, etc. chap. VI du livre II. L'ouvrage de M. Herrenschwand étincelle de pensées fortes et

(*) M. le baron de V*******, ancien ministre d'état, et l'un des derniers lumineuses, et n'a pu être conçu que par un homme de génie.

pairs de France nommés par Charles X.

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de justes alarmes sur les causes d'une détresse qui et plus humain. Quelques Anglais ont même cédé å se révélait au sein de l'abondance. On commença à cet exemple. Sans doute, ils ne pouvaient demeurer soupçonner que la science de la production des ri- insensibles au spectacle de la misère qui accomchesses n'était pas celle qui répand le plus de vé- pagnait l'accroissement excessif et indéfini de la ritable bonheur. Une controverse animée s'établit production et de la concurrence. D'ailleurs , des essur les théories de l'économie politique, et donna prits élevés ne pouvaient se contenter d'une docune nouvelle direction aux esprits qui s'occupaient trine qui négligeait les richesses morales pour ne de cette science.

s'occuper que de la richesse matérielle. « Depuis Smith, dit M. Storch (écrivain russe, Et d'abord, M. J.-B. Say, l'un des hommes qui dont les doctrines sont en général basées sur celles s'est attaché avec le plus de persévérance à rectide Smith et de M. Say), une foule d'ouvrages ont fier et à compléter l'économie politique, fit aperparu sur la doctrine nationale dans presque tous cevoir deux graves erreurs qui enlevaient aux les pays de l'Europe. Les meilleurs esprits, les

théories de Smith leurs bases les plus solides. Smith hommes les plus éclairés se sont rangés sous sa ban- attribuait au seul travail de l'homme le pouvoir de nière; plusieurs d'entre eux ont commenté son produire des valeurs. C'était une illusion. Une système et ont lâché de l'éclairer et de le rendre analyse plus exacte, due à M. Say, prouve que ces populaire (1). D'autres, l'appliquant aux pays où valeurs sont dues à l'action du travail, ou plutôt ils vivaient et aux circonstances actuelles où ces de l'industrie de l'homme combinée avec l'action pays se trouvaient, ont donné des conseils salu- des agents que lui fournit la nature et avec celle des taires. Quelques auteurs, à la vérité, ont essayé capitaux. de combattre les résultats de la doctrine de Smith, Smith avait borné le domaine de cette science ou ses principes les plus essentiels (2). Enfin, on aux valeurs fixées dans des substances matérielles. a cherché à concilier la doctrine de Smith, tantôt N. Say y comprit aussi les valeurs qui, bien qu'im

M. avec le système mercantile (3), tantôt avec celui des matérielles, n'en sont pas moins réelles, cette riéconomistes (1). Un seul auteur a osé défendre le chesse immatérielle étant si peu fictive qu'on échange système mercantile contre les raisonnements de journellement l'exercice de son art contre de l'arSmith (5). »

gent et de l'or. C'est ainsi qu'il enleva à l'économie Presque tous les économistes de l'époque actuelle politique la distinction, humiliante pour l'homme, appartiennent plus ou moins à l'école de Smith (6); entre le travail productif et le travail improductif. mais ce qui est digne de remarque, c'est que les De plus, Smith n'offrait rien de complet, rien de doctrines de l'écrivain anglais, conservées en ce bien lié sur la manière dont les richesses se disqui concerne quelques principes importants, ont été tribuent dans la société. M. Say s'est efforcé de remsingulièrement modifiées par les écrivains français plir ces lacunes et il l'a fait souvent avec succès (7). et italiens qui, éclairés par l'expérience, ont cher- Dans son Traité d'économie politique, publié ché à rendre à la science un caractère plus moral en 1803, cet écrivain exprime le désir que la science

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(1) MM. Jérémie Joyce; Jean-Baptiste Say; Lueder de Ber- seconde édition de son Traité d'économie politique, traduit lin , etc.

dans presque toutes les langues de l'Europe, annonce qu'à peine (2) MV. Sleuart , Herrenswand , Gray, Lauderdale, Ganilh, la première édition publiée en 1803 était épuisée, que déjà il ne de Sismondi,

lui était plus permis d'en publier une seconde. « La presse , dit (3) M. Dutems.

l'éditeur, n'était plus libre; toute représentation exacte des (6) M. le comte Germain Garnier.

choscs devenait la censure d'un gouvernement fondé sur le men(5) M. Ferrier.

songe et dont chaque mesure était une calamité. » M. J.-B. Say (6) MM. Ricardo, Mill, Mac Culloch, Storch, etc. — MM. Mal- confirme ces assertions dans la dédicace de son ouvrage à l'em

à Thus, de Sismondi et Droz se sont séparés sur beaucoup de points pereur Alexandre, en 1814. « Sire, dit-il, votre majesté m'a des doctrines de Smith dont ils ont aperçu, les premiers, la permis de déposer à ses pieds ce fruit de mes études et de mes tendance funeste sur le sort des classes inférieures.

travaux. Pendant dix années, j'ai été obligé de cacher, comme (9) M. J.-B. Say est l'un des auteurs qui ont le plus contribué un crime, un ouvrage qui me semble renfermer quelques réà répandre et à accréditer en France et en Europe les théories sultats utiles pour les princes et les nations. Mais enfin, la de Smith , qu'il a simplifiées et améliorées à beaucoup d'égards. puissance de vos armes, secondée par les efforts de vos généMembre du tribunat , il parait que ses opinions politiques avaient reux alliés et par l'élan de tout ce qui s'est rencontré en déplu à l'empereur Napoléon, car un avis placó à la tête de la Europe d'amis des lumières, a brisé les fers qui enchainaient

ne sorte pas des bornes où l'avait circonscrile Adam naissance des lois qui président à la formation et å Smith. Il définit ainsi l'économie politique : « Celle la distribution des richesses : c'est ainsi que moiqui traite de la production et de la distribu- même je l'ai considéré dans mon traité d'économie tion des richesses. » Il veut qu'on la distingue politique, publié en 1803. Cependant on peut voir soigneusement de la politique, de la statistique et dans cet ouvrage même que celte science tient à des autres sciences morales et administratives. Ce- tout dans la société. Depuis qu'il a été prouvé que pendant, et, comme entrainé par un penchant les propriétés immatérielles, telles que les talents irrésistible, il n'est guère de sujet de politique, et les facultés personnelles acquises, forment une de morale, de religion où il n'ait cherché à puiser partie intégrante des richesses sociales, et que les et à appliquer les principes de la science écono- services rendus dans les plus hautes fonctions ont mique, et il ne cesse de vanter l'influence de celle une analogie avec les plus humbles; depuis que les science sur la population, la puissance des états et rapports de l'individu avec le corps social et leurs le bonheur des peuples (1).

intérêts réciproques ont été clairement établis , Vingt ans après , et dans son Cours d'économie l'économie politique, qui semblait n'avoir pour politique, s'esforçant d'excuser l'esprit d'égoïsme de objet que les biens matériels, s'est trouvée embrasl'école anglaise, qu'il ne veut pourtant pas abandon- ser le système social tout entier. Cependant si nous ner, il s'exprime ainsi : « L'objet de l'économie po- ne voulons pas nous lancer dans une carrière infinie, litique semble avoir été restreint jusqu'ici à la con- il convient de circonscrire l'objel de nos recherches.

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toule pensée libérale , el repoussé la barbarie dont nous ob- perfectionné dans l'analyse de la production et de la distribuservions avec terreur les rapides progrès. Qu'il m'est doux, tion des richesses; mais aussi il a accueilli ses erreurs sur la Sire, de pouvoir enfin vous proclamer publiquement un culte consommation, les a portées beaucoup trop loin, et les a étenque depuis de nombreuses années je rendais dans mon cæur dues de lous côtés, en multipliant les conséquences d'un prinà votre majesté impériale, et de lui offrir un hommage d'autant cipe erroné. » (Le vicomte de Si-Chianians, Système d'impol.) moins indigne d'elle qu'il a été refusé à l'usurpation insatiable, (1) On trouve dans le Cours d'économie politique de M. Say au crime iriomphant. L'histoire revendiquera les grands évé- les axiomes suivants, que nous avons recueillis au milieu de nements de notre délivrance, pour en composer ses plus magni- beaucoup d'autres non moins dignes d'èire mis au rang de véfiques tableaux , etc. »

ritables paradoxes, d'opinions erronées et dangereuses , ou Il est remarquable de voir l'avénement de la restauration d'aveux que condamne la science économique. ainsi jugé par un bomme tel que M. Say, et nous devions op- Il vaut mieux apprendre à satisfaire ses besoins que de poser ses expressions formelles aux écrivains et aux orateurs n'en point avoir : les besoins multiplient les jouissances : la moqui n'ont cessé de représenter les Bourbons de la branche ainée, dération dans les désirs, se passer de ce qu'on n'a pas, est la ct, par une conséquence logique, ceux de la branche cadelle, veriu des moutons; il convient aux hommes de se procurer comme imposés violemment à la France par les armes étran- légitimement tout ce qui leur manque. Les besoins mauquent gères. M. Say proclame hautement, à la face de l'Europe , que encore plus souvent aux nations que l'industrie. Une jurisTinvasion des hommes du nord nous déroba à la barbarie, à prudence uniforme est inutile; des arbitres, en tout, sont les l'usurpalion, au crime triomphant. Il était bon de prendre acte meilleurs juges : les règles de l'équité naturelle sont, dans cerde telles paroles.

tains cas, pius justes que celles de la législation, et pourraient Si nous sommes d'accord sur ce point historique avec servir de règle aux tribunaux. Les actes de l'administration M.J.-B. Say, nous ne pouvons, à notre grand regret, l'être con- sont des occasions de dépense pour les administrés; un admislamment sur les doctrines d'économie politique. Il est juste de nistrateur est quelquefois utile sans rien faire. Eu France la reconnaitre, avec M. Droz, « qu'aucun auteur n'a rendu plus conscription et le recrutement militaire, et la presse des made services que M. Say à l'économie politique ; que le rare talent telols en Angleterre, sont la violation la plus scandaleuse de la av c lequel il a complété et rectifié cette science, que l'ordre propriété et de tous les droits naturels. - Les prêtres cherchent qu'il a su lui donner, que son style enfin, qui réunit la clarté à multiplier la population pour remplir leurs mosquées, les à l'élégance et la chaleur qu'admettent les sujets sévères, l'ont polentals pour grossir leurs bataillons. - La morale considere placé à la tête des hommes qui, dans leurs veilles, explorent la les actions sous un autre point de vue que l'économie politique. science des richesses , et lui ont mérité une réputation qui fait La sagesse des siècles proverbialement citée n'est que l'ignohonneur à notre patrie. » Mais on ne saurait dissimuler en

Les ambassadeurs et la diplomatie sont line même temps que cet écrivain si recommandable n'ait justine soltise antique et une source de guerres. – Les propriétés fonsouvent une partie des reproches que lui adresse, en ces termes, cières sont les moins sacrées de loutes les propriétés, etc., etc. un spirituel publiciste (M. le vicomte de St-Chamans): « M. Say, Il est évident que dans ces différentes propositions M. Say n'a dit-il, n'a pas de scrupules: quand il a admis un principe, aucun envisagé que le côté économique, et a négligé totalement les résultat ne l'effraie, aucune conséquence ne lui parait trop dure, considérations politiques et morales; mais dans ce cas n'est-on aucun fait ne l'étonne. C'est la faute des faits quand ils démen- pas en droit de penser que l'économie politique, ainsi considérée tent tous ses systèmes. Avec un esprit méthodique et fort juste, et appliquée, conduisait directement au bouleversement de la sinon dans l'art d'apprécier les principes, du moins dans l'art société (*)? d'en tirer toutes les conséquences, il s'est emparé du système de Smith. II l'a rangé dans un ordre plus méthodique et l'a

rance des siècles.

(*) Nous apprenons aujourd'hui, ep traçant ces lignes , la mort de J.-B. Say (oorea.bre 1832.)

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