NUIT PÉNIBLE QUI SUIVIT LA MULTIPLICATION DES PAINS. 1. Prél. Voir les apôtres luttant contre la tempête sur la mer de Galilée. II. Prél. Demander la confiance en Dieu et la persévérance dans toutes les épreuves de la vie. POINT. FATIGUES EXTRAORDINAIRES QU'ESSUYÈRENT LES APOTRES. CONSIDÉRATIONS. La journée qui se termina par le miracle de la multiplication des pains avait été très-fatigante pour les apôtres depuis le grand matin jusqu'à une heure bien avancée dans la soirée, ils n'avaient pas eu un instant de repos. Sans doute que la nuit va le leur apporter; mais non à peine ont-ils servi à manger å près de dix mille convives, et ramassé péniblement les restes du repas miraculeux, que Jésus les obligea aussitôt, dit l'Évangile, à monter dans la barque qui les avait amenés et de passer avant lui à l'autre bord du lac, vers Bethsaide, pendant qu'il renverrait le peuple: après quoi il alla seul prier sur la montagne (s. Matt. 6). Il leur donna cet ordre, afin qu'ils ne se laissassent pas entraîner par le peuple qui voulait le proclamer roi d'Israël; mais cet ordre dut leur paraître bien dur, parce qu'il les obligeait non-seulement à se séparer de Jésus mais encore à passer la nuit dans une pénible navigation, sans pouvoir se reposer des fatigues de la veille. APPLICATIONS. La position qu'il a plu à Dieu de vous faire, suppose peut-être beaucoup de travaux, de continuelles : fatigues fatigues du jour et de la nuit. Vous vous en plaignez; vous vous croyez malheureux; mais n'est-ce pas å tort? Ne devez-vous pas convenir que ce travail de tous les jours, qui ne vous laisse jamais désœuvré, vous met å l'abri des violentes tentations auxquelles sont d'ordinaire en proie les personnes pieuses, désœuvrées? Et puis n'estil pas vrai que cette continuité de travail et de fatigue, si vous l'offrez à Dieu en esprit de pénitence et d'amour, vous tiendra lieu de purgatoire ou en abrégera la durée et qu'elle vous vaudra un accroissement de mérite, et partant de récompense, de félicité éternelle dans le ciel? Cessez donc de vous plaindre, rendez plutôt grâce à Dieu de la position qu'il vous a faite en ce monde. AFFECTIONS. Demandez le grand cœur d'un saint François-Xavier qui, à la vue des immenses travaux que Dieu lui avait préparés, s'écriait : Encore plus, Seigneur, encore plus! Amplius, Domine, amplius. RÉSOLUTIONS. Dans les moments pénibles, je m'encou ragerai par ces paroles de l'Ecclésiastique: Votre travail sera de courte durée et vous ne tarderez pas à en goûter les fruits. Exiguum laborabis et cito edes de generationibus ejus (Ch. 20). II. POINT. NUIT PÉNIBLE QUE PASSÈRENT LES APOTRES A LUTTER CONSIDÉRATIONS. Quoique les apôtres se fussent mis en mer sur l'ordre exprès de Jésus, ils eurent néanmoins les vents constamment contraires. En vain voulurent-ils côtoyer le rivage jusqu'au port de Bethsaïde, rendez-vous assigné par leur maître, ils en furent constamment fejetés. lors Ils luttèrent ainsi péniblement jusqu'après minuit, qu'un vent impétueux souleva la mer, et agita violemment la barque. (s. Matt. 14. s. Jean. 6.) Que faisait alors. le Sauveur? Il voyait leurs peines à tenir les rames, dit Marc, et il veillait à leur conservation. Cependant il différait d'aller ostensiblement à leurs secours et de faire cesser la tempête. Pourquoi agissait-il ainsi? Afin, répond saint Jean Chrysostôme, de les aguerrir, de les affermir dans la foi, dans l'humilité, dans la confiance, et pour leur faire mieux sentir le bienfait de l'intervention divine. APPLICATIONS. C'est ainsi que Dieu agit envers nous et pour les mêmes fins: il permet parfois que, dans l'accomplissement de certains devoirs de notre état ou dans l'exécution de quelque entreprise commencée avec les meilleures intentions, nous rencontrions toute espèce de contradictions et de difficultés, ou que le succès tarde à répondre à nos efforts; il permet souvent que nous soyons agités, pendant un temps considérable, par des peines d'esprit ou par de violentes tentations, malgré les moyens que nous employons, les prières que nous faisons pour en être délivrés. Que devons-nous faire dans ces circonstances? Prendre garde de nous laisser aller à la défiance ou au découragement, comme si nous étions délaissés de Dieu; être convaincus, au contraire, qu'il nous soutient par sa grâce; que d'ailleurs, remarquez bien ceci, il ne demande pas de nous le succès, mais la fidélité; et qu'entin, après nous avoir éprouvés, il nous rendra, à l'heure marquée, le calme et la joie de sa présence sensible. Voyez d'après cela enquoi vous devez réformer votre manière de penser ou d'agir. Formez vos résolutions en conséquence. COLLOQUE. Avec notre divin Maître et Sauveur Lui offrir nos résolutions. Demander qu'il nous en rende l'exécution facile, etc. CONTINUATION DU SUJET PRÉCÉDENT. I. Prél. Voyez saint Pierre marchant sur la mer à la rencontre de Jésus. II. Prél. Demandez la grâce de croître dans la connaissance et dans l'amour de Jésus. I. POINT. JÉSUS MARCHANT SUR L'EAU SE DIRIGE VERS LA CONSIDÉRATIONS. Quand fut venue l'heure arrêtée dans les décrets divins pour porter secours aux apôtres, vers la quatrième veille de la nuit, au point du jour, Jésus, dit l'Évangile, alla à eux, marchant sur la mer (s. Marc. 6). Ils le virent de loin, mais confusément, les ténèbres de la nuit n'étant pas encore entièrement dissipées. A cette vue, qui certes était de nature à frapper l'imagination, le trouble s'empara d'eux et ils se dirent que c'était un fantôme (s. Matt. 14). : APPLICATIONS. L'illusion des apôtres était bien grossière prendre la personne de Jésus-Christ pour un iantôme! Mais les illusions que nous nous faisons ne sontelles pas souvent, sinon plus grossières, du moins plus blamables, parce qu'elles naissent de nos passions? Ne prenons-nous pas quelquefois Jésus-Christ, c'est-à-dire les lumières, les inspirations, les pensées ou les craintes salutaires qui nous viennent d'en haut, pour un fantôme, pour des chimères? Et, d'autre part, ne prenons-nous pas les chimères de notre imagination, les convoitises déréglées de notre cœur, les aspirations de notre orgueil pour des inspirations divines? Or prendre Jésus-Christ pour un fantôme, ou un fantôme pour Jésus-Christ, l'un est-il moins injurieux et blâmable que l'autre? AFFECTIONS. Demandez le don du discernement des esprits, afin d'éviter le danger d'être séduit par le démon déguisé en ange de lumière, ou de repousser l'ange des lumières, comme si c'était l'esprit des ténèbres. RÉSOLUTIONS. Agir avec ouverture de cœur et docilité d'esprit à l'égard de son directeur spirituel. II. POINT. - JÉSUS RASSURE LES APOTRES EFFRAYÉS CONSIDÉRATIONS. La figure humaine, que les apôtres avaient entrevue de loin comme un fantôme marchant sur l'eau, s'approcha peu à peu et parut se diriger vers eux; à cette vue, la frayeur se joignant au trouble, tous poussèrent un cri d'effroi. Aussitôt Jésus, pour les rassurer, leur adressa la parole: Ayez confiance, dit-il, c'est moi; ne craignez point (s. Marc. 6). APPLICATIONS. Les apôtres ne s'étaient exposés aux dangers de la mer que sur l'ordre formel de Jésus; dès lors ils avaient droit de compter sur son assistance, et elle ne leur manqua point. Concluez de là que dans toute entreprise réglée par l'obéissance, quand même elle serait de nature à vous exposer à beaucoup de tentations et de dangers, vous pouvez compter sur une assistance spéciale de Dieu. Cette vérité n'est-elle pas bien encourageante? |