contre la pieuse importunité du peuple. Il s'y vit bientôt entouré d'une foule immense avide de l'entendre. N'écoutant que son zèle, il s'assit sur une éminence et il parla, dit saint Matthieu, du royaume de Dieu. Cependant le temps s'écoulait, le jour baissait et la foule restait immobile, suspendue aux lèvres de Jésus! Les apôtres, effrayés de cette situation, lui dirent: Maître, ce lieu est désert et l'heure est avancée; renvoyez le peuple, afin qu'il aille chercher de quoi manger. Jésus leur répondit: Il n'est pas nécessaire qu'ils s'en aillent; donnez-leur vous-mêmes à manger (Ch. 14). C'était dire assez clairement qu'il se servirait d'eux, malgré leur peu de foi, pour faire un grand miracle.

APPLICATIONS A l'exemple de ces bons Israélites, cherchons-nous avant tout, selon le précepte du Seigneur, le royaume de Dieu et sa justice? Ne devons-nous pas au contraire nous faire le reproche d'être beaucoup plus soigneux et préoccupés de notre bien-être corporel, de notre santé et de nos aises, que des moyens de glorifier Dieu, de croître en vertu et en sainteté? Hélas! c'est le reproche que doivent se faire le grand nombre des chrétiens. De là leur peu de soin de recourir à Dieu, et leur manque de confiance en sa providence quand les moyens humains leur font défaut. N'est-ce pas ce que vous avez remarqué, nonseulement dans les autres, mais aussi dans votre conduite personnelle?...

AFFECTIONS. Aveu.- Confusion. et confiance.

RÉSOLUTIONS. Chercher avant tout le royaume de Dieu et sa justice, dans la conviction que tout le reste, toutes

les choses nécessaires à la vie, nous seront accordées. Jésus l'a promis: d'ailleurs une infinité de faits miraculeux sont venus confirmer sa promesse.

11. POINT. - ÉCLAT DU MIRACLE.

CONSIDÉRATIONS. Voici en quels termes il est rapporté dans l'Évangile : Jésus dit à Philippe, pour l'éprouver: De quoi achèterons-nous du pain pour donner à manger à tout ce monde? Philippe répondit: Du pain pour deux cents deniers d'argent ne suffirait pas pour que chacun en eût un peu! Car il y avait près de cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants. Alors André, frère de Pierre, dit: Il y a iciun enfant qui a cinq pains d'orge et deux poissons, mais qu'est-ce que cela pour tant de monde? Jésus se les fit apporter et ordonna aux apôtres de faire asseoir la foule par groupes de cent ou de cinquante. Après cela, il prit les cinq pains, et les deux poissons, et levant les yeux au ciel, il les bénit et rendit grâces: puis, il rompit les pains et les donna aux apôtres pour qu'ils les distribuassent. Tous en mangèrent et furent rassasiés : et des morceaux que laissèrent tomber ceux qui avaient mangé, on remplit douze corbeilles. (s. Matt. 14.-s. Jean. et Marc. 6. s. Luc. 9.)

APPLICATIONS. Dix mille personnes nourries et rassasiées avec cinq pains et deux poissons, quel éclatant miracle! Que ne puis-je être aussi témoin, dites-vous, comme involontairement, d'un pareil prodige ! Mais, remarque saint Augustin (Trait. 24. sur l'Évang. de s. Jean), vous en êtes témoin quand vous voyez que, par

quelques grains jetés en terre, Dieu nourrit chaque année des millions de créatures.

AFFECTIONS. Admirez, louez, bénissez la puissance et la bonté du Seigneur, votre Dieu.

RÉSOLUTIONS. Avant de prendre ma nourriture, j'élèverai, à l'exemple de Jésus, mes yeux, mes pensées vers Celui de qui je tiens les aliments qui me sont servis et je demanderai qu'il les bénisse. Après le repas je lui rendrai grâces du fond de mon cœur.

CONSIDÉRATIONS. Les effets du miracle opéré en faveur de cette multitude ne se firent point attendre tout ce peuple s'écria à la fois, dit saint Jean: Celui-ci est vraiment le Prophète qui doit venir dans le monde, et, fortifié dans la foi, il redoubla d'amour et de dévoùment pour la personne du Sauveur. Mais Jésus, sachant continue l'Évangéliste, qu'ils devaient venir l'enlever et le faire roi, s'enfuit une seconde fois sur la montagne, sans être accompagné de personne (Ch. 6).

APPLICATIONS. Quand nous visitons Jésus-Christ, présent sur nos autels, et surtout lorsque nous le recevons dans la sainte Communion, dont la multiplication des pains était la figure, imitons ces pieux Israélites: ravivons dans notre cœur les sentiments de foi, d'amour, de dévoùment et de reconnaissance que Jésus aime tant à voir en nous.

COLLOQUE. Avec le bienheureux Jean Berchmans, de la Compagnie de Jésus, dont on fait aujourd'hui la fète, solennisée pour la première fois à saint Pierre de Rome,

le 28 mai 1865. Les nombreuses guérisons obtenues récemment par son intercession doivent excitér notre confiance, nous engager à l'invoquer et à propager son culte.

VEILLE DE L'ASSOMPTION

DE LA TRÈS-SAINTE VIERGE.

1. Prél. Se représenter les apôtres entourant le lit de mort de la très-sainte Vierge.

II. Prél. Demander la grâce d'une douce et sainte mort.

Dieu voulut que la gloire de l'Assomption de Marie fût précédée des humiliations de la mort, afin que la mère fût en tout semblable à son divin Fils. Occupons-nous donc en ce jour du souvenir de sa mort. Elle fut réelle, mais exempte de tout ce qui peut la rendre pénible.

1. POINT.. MORT DE MARIE EXEMPTE DE REGRETS. CONSIDERATIONS. Trois choses concourent ordinairement, dit saint Alphonse de Liguori, à rendre la mort trèspénible d'abord l'attachement aux biens de la terre. O mort! dit l'Ecclésiaste (Ch. 41), que ton souvenir est amer à l'homme qui met son bonheur et ses espérances dans les biens de ce monde, dans ces biens amassés avec tant de peines, durant tant d'années et dont il se voit sur le point d'être à jamais séparé sans qu'il lui reste rien, si ce n'est d'amers et de stériles regrets!

Dans Marie, rien de pareil: elle avait fait dès l'âge de trois ans le sacrifice de ses parents et de tout ce que la terre pouvait lui offrir d'avantages; aussi toutes ses affections étaient-elles pour Dieu. Elle n'avait rien à regretter

sur la terre. Son unique désir était d'en être dégagée, pour prendre son essor vers le ciel et d'y être éternellement unie à l'unique objet de son amour... à Jésus.

APPLICATIONS. Si à l'exemple de Marie vous avez rompu aussi, et peut-être depuis longtemps, avec toutes les attaches plus ou moins déréglées du monde, réjouissezvous-en: vous pourrez le quitter, à votre tour, sans trop de peine et de regret. Votre mort, vous devez l'espérer, sera pour vous ce qu'elle fut pour la très-sainte Vierge, le passage doux et paisible de l'exil à la patrie!

AFFECTIONS. Que mon âme meure de la mort des justes! (Liv. des Nombres. 23.)

RÉSOLUTIONS. Après avoir fait généreusement des sacrifices très-pénibles, prendre garde de se laisser arrêter par des bagatelles.

II. POINT. -MORT DE MARIE EXEMPTE DE REMORDS.

CONSIDÉRATIONS. Ce qui rend encore d'ordinaire la mort pénible, ce sont les remords que réveillent dans le cœur du mourant le souvenir de ses péchés et la pensée de la justice de Dieu. Mais comment le remords eût-il pu entrer dans le cœur de la très-sainte Vierge, la plus pure des créatures? Dans toute sa longue carrière, loin d'apercevoir l'ombre du péché, elle ne voit qu'une série non interrompue d'actes héroïques de vertus, qui semblent lui dire: Nous sommes vos œuvres, nous ne vous laisserons pas seule; nous vous accompagnerons jusqu'au tròne de Dieu, pour rehausser l'éclat de votre triomphe.

APPLICATIONS. Efforcez-vous d'effacer par la pénitence les dernières traces de vos péchés passés; redoublez de