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blois que, dans l'agitation des partis, il n'arrivât quelque massacre, qui eût été capable d'occasioner la ruine de la ville et peut-être de toute l'Italie. Plût au ciel, me disois-je, qu'il n'en coûtât que ma tête! On me Page 855. pressoit de calmer le peuple; à quoi je répondois qu'il dépendoit bien de moi de ne pas le soulever, mais qu'il appartenoit à Dieu seul de l'apaiser; que si l'on pouvoit croire que je fusse pour rien dans la sédition, pourquoi ne pas m'en punir, en m'envoyant dans quelque terre déserte ?

Les comtes et les tribuns se retirèrent; je passai tout le reste du jour dans la vieille basilique. Le soir j'allai chez moi prendre quelque repos, afin que, si l'on avoit quelque dessein contre ma personne on pût

m'y trouver.

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Il n'étoit pas jour encore, que m'étant levé, et sorti de ma maison pour me rendre à l'église, j'appris que l'avenue en étoit pleine de soldats. La consternation étoit générale. Je fis lire les leçons. On me vint dire que l'église neuve étoit elle-même remplie de peuple; que l'on y demandoit à grands cris quelqu'un pour y faire l'office de lecteur. J'envoyai dire aux soldats qui s'y trouvoient de se retirer sous peine d'ètre séparés de la communion. C'étoient, pour la plupart, des catholiques; ils obéirent, et vinrent se réunir à nous dans la vieille basilique. Nous sommes venus pour prier, disoient-ils, et non pour combattre. Leur arrivée ne laissa pas de jeter quelque trouble dans l'assemblée. On venoit de lire le livre de Job: j'en pris occasion pour faire un discours au peuple, où j'appliquai à la circonstance présente les épreuves du saint pa

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Marc. XII. 17.

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triarche. M'adressant à l'empereur: Nous invoquons votre Majesté, nous ne la combattons pas; nous ne craignons rien; nous prions, voilà la seule conduite permise au chrétien. Tous nos voeux sont pour la paix, pour le maintien de la foi et de la vérité, même au péril de notre vie. Nous sommes sous la main de Dieu, protecteur de ceux qui espèrent en lui.....On nous dit : Cédez la basilique. Je réponds : Il ne m'est pas plus permis à moi de la céder qu'à vous, prince, de la prendre. Vous ne pourriez, sans crime, vous emparer de la maison d'un simple particulier; à plus forte raison de la maison de Dieu. Tout est permis à l'empereur; tout est à lui. Je réponds: Ne vous faites pas ce tort de croire que, comme empereur, vous ayez quelque droit sur les choses divines : gardez-vous d'une aussi coupable prétention ; mais si vous voulez que Dieu protége votre vie et votre empire, montrez-vous soumis à Dieu. Il est écrit : A Dieu ce qui est à Dieu, à César ce qui est à César ; à César les palais, à l'évêque les églises. Votre domaine, ce sont les murailles de la cité, non les choses de la religion. On nous disoit de la part de l'empereur : Je dois avoir aussi une basilique à moi. J'ai répondu : Qu'avez-vous de commun avec l'adultère? c'est-à-dire avec l'église qui n'est la légitime épouse de Jésus-Christ.

pas

Je prêchois encore, lorsqu'on est venu me dire que l'on avoit ôté de la basilique neuve les tapisseries impériales, qu'elle étoit remplie de catholiques qui demandoient que je m'y transportasse ; je repris mon discours pour remercier Dieu d'un aussi heureux changement. On m'annonça l'arrivée de l'un des secrétaires

de l'empereur, qui avoit à me parler de sa part. Je me retirai à l'écart; il me communiqua ses intentions : c'étoient des reproches sur ce que j'avois envoyé des prêtres à la basilique neuve; on m'accusoit de tyrannie. Je m'en défendis, en justifiant ma conduite. Quant au reproche de tyrannie, j'alléguai que si l'on avoit eu à ce sujet quelque inquiétude, on pouvoit se débarrasser de ma personne; que nous étions les disciples d'un maître qui ne savoit que fuir quand on vouloit le faire

roi; que notre tyrannie à nous, c'étoit notre foiblesse Joann. vI. 15. même; celle dont l'apôtre disoit : Quand je suis foible, I Cor. x. 10. c'est alors que je suis fort; qu'au reste, on avoit vu plus souvent les évêques souffrir de la part de la tyrannie, que se permettre de l'exercer (1). Il me devint

(1) << De tout temps on entendit des hommes, amateurs prétendus du repos et de la tranquillité publique, se plaindre da zèle trop vif, disentils, et trop impétueux de ceux qui se dévouoient à soutenir la cause de l'église; on aimoit à se représenter les plus sages de ses frères comme des esprits inquiets et turbulens, qui souffloient le feu de la division. Qui sont les auteurs du trouble et du tumulte? Sont-ce des hommes qui ne pensent qu'à contenir les peuples dans la subordination légitime? Ne seroient-ce pas plutôt ceux qui les enhardiroient à mépriser l'autorité ? L'état n'a rien à redouter d'un peuple docile et soumis. Ceux qui aiment l'obéissance aiment la paix ; et c'est veiller à la conservation des empires, que de veiller à fixer les esprits dans la simplicité de la soumission évangélique. Les fastes de l'église et des royaumes sont pleins du récit des guerres et des révolutions affreuses que le mépris de l'autorité ecclésiastique traîne à sa suite. L'arianisme ébranla le monde entier : il a précipité la chute et la décadence de l'empire romain; il l'a détruit par le bras des nations barbares, qu'il avoit infectées des ses poisons, et enivrées de ses fureurs.... Les Athanase, les Hilaire, les Ambroise ne furent point regardés comme les auteurs de ces scènes tragiques. Que dis-je ? Le monde, trompé par les impostures de l'erreur, osa plus d'une fois leur en imputer

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impossible de revenir ce soir-là dans ma maison, à cause de la foule de soldats qui gardoient l'église; je passai la nuit à chanter des psaumes avec les frères.

Le lendemain, après la lecture du livre de Jonas on m'annonça que l'empereur avoit fait retirer la troupe, et relâché les marchands, avec remise de l'amende à laquelle ils avoient été condamnés. Les militaires eux-mêmes prirent part à la commune allégresse, en se précipitant vers les autels, et les baisant en reconnoissance de la paix qui venoit de nous être rendue.

(Elle ne fut pas de longue durée. Les ariens soutenus par l'impératrice Justine, renouvelèrent leurs prétentions sur la basilique Porcienne. On proposa à saint Ambroise une conférence devant des juges laïques, en présence de l'empereur; il répondit : )

Quand est-ce que l'on a vu jamais des laïques s'établir juges des évêques en matière de foi? Porterionsnous la bassesse de l'adulation jusqu'au point d'oublier ce que nous de vons à la dignité épiscopale, et d'abandonner à d'autres le dépôt que Dieu nous a confié? S'il faut qu'un évêque se mette à l'école d'un laïque, que s'ensuivra-t-il? ce sera donc au laïque à disputer et à l'évêque à écouter? Un évêque prendre leçon d'un laïque! Pas un exemple dans les siècles passés d'un

les disgrâces; et l'adroite hérésie sut se décharger sur eux de l'horreur de ses propres attentats. Le temps a dissipé le nuage de la calomnie. On sait qu'ils prêchoient la soumission, par conséquent qu'ils prêchoient la paix; et trop d'exemples ont appris que c'est du sein des tempêtes qui agitent le sacerdoce, que sortent les orages qui font chanceler le trône, et mettent l'empire en péril.» (Ch. de Neuville, Panégyr., tom. vi, pag. 155, 156.)

semblable renversement. Laissez, prince, venir les années ; et quand l'àge aura mûri vos conseils, l'expérience vous apprendra ce qu'il faut penser d'un évêque capable de sacrifier à des laïques les droits de l'autorité épiscopale. Votre père, dans un âge avancé, disoit : Il ne me convient pas de prononcer entre des évêques. Il avoit reçu la grâce du baptême; et vous, qui aspirez à la recevoir, vous prétendriez juger des choses de la foi, quand vous n'en connoissez pas les mystères!... Page 862. Ambroise ne mérite pas qu'on dégrade pour lui l'honneur de l'épiscopat. La vie d'un homme ne sauroit entrer en balance avec la dignité de tous les évêques. S'il faut tenir des conférences sur la foi, c'est dans l'église et non ailleurs; comme du temps de nos pères : par des évêques et non par d'autres; comme on a fait sous Constantin....... Quant à la demande qui m'est faite Page 863. de me rendre à votre conseil, daignez, prince, recevoir mes excuses si je n'y parois point. J'ai appris à ne m'y trouver que quand j'y suis appelé pour vos intérêts. Je ne puis combattre dans l'intérieur d'une cour dont les secrets sont pour moi des mystères inconnus, et que je suis peu jaloux de connoître.

IV. DISCOURS CONTRE AUXENCE.

Sur la demande faite de livrer des églises (1).

Auxence, évêque arien, fomentoit la persécution dirigée

(1) De Basilicis tradendis. Vulgairement on lit ; De non tradendis Basilicis: Qu'il ne faut pas livrer les basiliques. (D. Ceillier, tom. vII, pag. 531.)

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