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toujours chrétien pour en prendre le nom. Le Seigneur leur répondra: Vous vous couvrez de mon nom, quand vous refusez de reconnoître ma divine essence; c'est l'abjurer, que de la séparer de Dieu mon père et de mon saint Esprit. Je ne reconnois plus mon nom là où je ne retrouve plus ni ma doctrine, ni mon esprit (1).

XIV. DE L'INCARNATION.

Ici encore saint Ambroise emprunte à nos livres saints les raisonnemens et les autorités dont il combat les ariens.

N'en croyez pas à ma simple parole: écoutons l'é- Page 706. criture. Ces mots qui ouvrent l'évangile : Au commencement étoit le Verbe, ce n'est point moi qui les Joann. I. I. invente, je les rapporte; tous nous les lisons, nous

ne les entendons pas tous.

Eh! qui les a proférés? Jean ne les a pas imaginés Page 707. davantage; il ne fait que répéter ce que lui a appris

celui-là qui, en l'appelant à être pêcheur d'hommes, Luc. v. 10. lui a donné de leur communiquer la vie.

Plein du saint Esprit, l'évangéliste a pris son essor par-delà tous les temps pour dire : Au commencement étoit le Verbe : c'est-à-dire, remontez au-delà de l'ori

(1) Tel est le jugement qui a été porté de cet ouvrage : « On y trouve ce que saint Basile, saint Grégoire de Nazianze, Didyme et saint Grégoire de Nysse ont dit de mieux sur la divinité du saint Esprit; et saint Ambroise a fait, à l'égard de leurs écrits, ce que l'abeille fait sur les fleurs dont elle tire les sucs pour composer son miel. » (D. Ceillier, Hist. des écriv., tom. vi, pag. 506.)

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gine des siècles, au-delà de la naissance du monde et du ciel. Rien de tout cela n'existoit, quand au commencement étoit le Verbe. Allez plus loin encore que la création des anges et des archanges. Bien que nous ne lisions pas à quel moment précis ils ont commencé; toujours y avoit-il un temps où ils n'existoient pas, puis, qu'il y en a un où ils ont commencé. Mais pour le Verbe, comment lui assigner un commencement à lui qui nonseulement a devancé tout ce qui fut créé, mais dont l'éternelle génération échappe même à la pensée?

Ne cherchez point à approfondir sa nature. Je ne puis la comprendre : voilà tout ce que j'en sais. Tout ce que je sais bien, c'est que je ne sais pas ce qu'il ne 1 Joann. 1. 2. m'est pas donné de savoir. Son évangéliste nous dit : Ce que nous avons vu, ce que nous avons entendu,

voilà tout ce qu'il affirme savoir avec certitude, lui, cet Joann.xx1.20. apôtre qui se reposa sur la poitrine du Rédempteur. Il

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ne va pas plus loin, il se contente de l'avoir entendu; moi, je veux davantage. Ce qui lui suffit à lui, ne suffit pas au superbe arien.

Mais ce qu'il a entendu, il me l'a dit ; ce qu'il a entendu de la bouche même de Jésus-Christ, il ne m'est pas possible d'aller à l'encontre. Donc et moi aussi j'ai entendu par ses oreilles, j'ai vu par ses yeux : car enfin ce qu'il a vu, il l'a vu. Ik n'a pas vu la divinité, sans doute; elle est inaccessible aux sens. Et c'est pour cela même, que cette nature divine ne pouvoit être saisie pas les sens, qu'elle a bien voulu y suppléer en se rendant sensible sous une chair semblable à la nôtre. Aussi,

Luc. xxx 22. au jour de son baptême, l'Esprit saint a-t-il daigné se montrer sous la forme d'une colombe, parce qu'il nous

eût été impossible de supporter l'éclat de sa lumière naturelle...

Faites la part de l'humanité, à la bonne heure, et Page 709. laissez au Verbe ce qui est du Verbe. Ce qui appartient au Verbe, je ne l'avois pas ; ce qui m'appartenoit à moi, il ne l'avoit pas : il a daigné prendre ce qui étoit à moi, pour me donner ce qui étoit à lui ; il l'a pris, non pour Page 712. le confondre, mais pour le perfectionner. Immortel jusque dans les bras de la mort, impassible au milieu des souffrances de sa passion; comme Dieu, il n'a pas senti les angoisses de la mort; comme homme, ilest descendu dans le tombeau. En expirant, il rend l'âme sans la perdre, toujours maître de la quitter ou de la reprendre. Il est sur la croix; et du haut de cette croix il ébranle le monde. Son corps est en proie à mille tortures; et il donne le royaume du ciel. Il meurt, s'étant fait le péché de tous; et il purifie le monde de ses péchés. Il meurt; et avec l'accent du triomphe je m'écrie: Il est mort, afin que sa mort devînt le principe de la vie pour tous ceux qui l'avoient perdue.

Pierre répond au nom de tous les apôtres; il répond Page 713. avant tous les autres : Vous êtes le Christ, le fils du Dieu vivant. Par cette haute prédication, il méritera d'être donné pour fondement à l'église, comme étant capable non-seulement de porter ce qui repose sur lui, mais de soutenir toutes les parties de l'édifice.

La foi est donc le fondement de l'église. C'est de la foi de Pierre qu'il est dit que les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre l'église. Sa confession a triomphé de l'enfer; elle prévaut non sur une seule hérésie, mais sur toutes celles qui viendront fréquem

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ment agiter le vaisseau de l'église, sans l'ébranler.

:

Je ne finirois pas si je voulois parcourir en détail les noms et les systèmes de ces hérésies diverses. Mais toutes viennent s'abattre contre ce principe général de notre foi chrétienne que Jésus-Christ est fils de Dieu; que sa génération au sein de Dieu son père est éternelle; qu'il est né de la vierge Marie; qu'en se faisant homme il n'a reçu aucun changement dans sa divinité; et qu'encoré que l'homme soit dieu, il ne laisse pas d'être un vrai homme parce qu'il contient en soi les deux natures de dieu et de l'homme, lesquelles étant parfaitement unies ensemble ne sont nullement confondues; mais' comme il n'y a point de mélange dans ses natures, il n'y a point aussi de division dans sa personne, toutes les deux natures ne faisant qu'une même personne et qu'un seul Jésus-Christ (1).

Ce qui réfute l'erreur des apollinaristes qui, comme Marcion et Praxéas, refusoient à la chair de Jésus-Christ une existence réelle, et une âme de la nature de la nôtre.

Dans le reste du livre, saint Ambroise discute et foudroie les vaines subtilités de ces sectaires.

Théodoret rapporte un assez long fragment d'un autre écrit de saint Ambroise intitulé: Exposition de foi, qui n'est point parvenu jusqu'à nous. Léonce de Byzance cite une partie de ce même fragment, qu'on a joint, dans la nouvelle édition, au livre De l'Incarnation, à cause du rapport que ces deux écrits ont ensemble.

Nous faisons profession de croire que Jésus-Christ est fils unique de Dieu; qu'il est engendré du Père

(1) Montargon, Dictionn. apostol., tom. vii, pag. 4.

selon sa divinité avant tous les siècles, sans commencement, et né dans les derniers temps de la sainte vierge Marie; homme parfait, ayant pris un corps et une âme raisonnable; qu'il est consubstantiel au Père selon sa divinité, qu'il nous est consubstantiel selon son humanité; l'union des deux natures parfaites s'étant faite en lui d'une manière ineffable. C'est pour cela que nous confessons qu'il n'y a qu'un Christ et un Fils, notre Seigneur; coéternel à son père selon sa divinité, selon laquelle il est aussi créateur de toutes choses; mais non coéternel selon le corps qu'il a pris de la Vierge, de la même masse que le nôtre, ne l'ayant point apporté du ciel. Dieu le Verbe n'a point été changé en chair, et il s'est fait voir à nous, non comme un fantôme, mais en conservant sa nature sans changement et sans altération; il s'est uni les prémices de la nôtre, qui est demeurée en lui sans être mêlée avec la nature divine, comme il l'a déclaré lui-même en Joann. 11. 19à disant aux Juifs: Détruisez ce temple, et dans trois jours je le rétablirai; car le Christ est détruit selon ma substance, c'est-à-dire selon sa chair, et le Christ rétablit ce même temple selon sa substance divine et toute-puissante.

Quiconque avance que Jésus-Christ est un pur Page 732. homme, ou que Dieu le Verbe est susceptible de souffrances, ou qu'il a été changé en chair, ou qu'il a eu un corps qui lui étoit consubstantiel; qu'il l'avoit apporté du ciel; que ce n'étoit qu'un fantôme; ou que le Verbe-Dieu est mortel, et qu'il a eu besoin que Dieu le Père le ressuscitât; qu'il a pris un corps inanimé, ou l'homme sans l'âme; que les deux natures de Jésus

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