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DES

PÈRES DE L'ÉGLISE GRECQUE ET LATINE,

OU

COURS D'ÉLOQUENCE SACRÉE.

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SUITE DU LIVRE TROISIÈME.

V. SAINT AMBROISE,

ARCHEVÊQUE DE MILAN, DOCTEUR DE L'ÉGLISE.

Né vers 340, évêque en 374, mort en 397.

Cum gravitate acutus, perviolenta persuasione
dulcissimus.

CASSIODOR., De Divin. Lect., cap. x.

SAINT AMBROISE présente, comme évêque, un des plus beaux caractères qui puissent s'offrir à l'admiration; comme écrivain, un des modèles les plus féconds la solidité de sa doctrine, et l'élévation de ses pensées, la perspicacité et la justesse de ses aperçus, la sagesse autant que la variété de son érudition, l'abon

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dance de son style, tantôt pompeux, tantôt concis, toujours rapide, élégant et noble. Ce qui le distingue encore plus éminemment, c'est une onction vraiment divine, que tout l'esprit du monde ne donne pas, et qu'il avoit puisée à la source de nos saintes Ecritures dont il s'étoit profondément pénétré. Il ne parle jamais qu'avec elles et d'après elles. Il faut le lire, pour être initié dans l'intelligence de ses sens les plus cachés. C'est là que, comme parle un moderne faisant allusion à son nom, il s'étoit nourri d'un nectar et d'une ambroisie spirituelle (1). La douceur de son langage est telle, que sans cesse elle retrace à l'imagination de ses lecteurs l'essaim d'abeilles qui, disoit-on, étoient venues se reposer sur le berceau du Platon chrétien (2).

Respecté et chéri des empereurs et des évêques qui aimoient à l'appeler leur père (3), vengeur intrépide des droits de la majesté divine auprès des majestés terrestres (4), honoré des barbares eux-mêmes, qui voyoient en lui un autre Josué, capable d'arrêter, s'il

(1) Jam Ambrosius num videtur nectare et ambrosiâ nutritus ? Tam suaves habet, tam argutas plerumque orationis delicias, ut apes quæ infantuli cunas et os circumsederunt, credas adhuc in cjus labellis sessitare. (Canssin, De sacr. et civil. eloq., lib. 11, cap. xiv, pag. 174.)

(2) Panlin., in Vit. Ambros., tom. II, pag. 2. Epist. pàpæ Nicol. ad Phot., apud Labbe concil., tom. vi, pag. 1304. Cic., De divin., lib. 1. Valer. Max., De prodig., cap. VI. D. Ceillier, Hist., tom. vII, pag. 330. Tillem., Mém., tom. x, pag. 82.

(3) S. August., lib. 1 cont. Julian., cap. 111. Gaudent. Brixiens., tract. xvi, tom. v, Biblioth.patr., pag. 968, et p. 183, édit. Patav.; 1720. Butler, Vies des Saints, tom. x11, pag. 15.

(4) Sozom., Hist. eccles., lib. vii, cap. xxx11, pag. 603, ed. Vales. Photins, Bibl., cod. ccxxxi, pag. 890. Hinckm. Remens. tom. VIII concil. Labbe, pag. 1752.

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l'eût voulu, le cours du soleil (1), consulté, comme autrefois Salomon, par une reine étrangère qui lui envoya des ambassadeurs, et bientôt se rendit en personne auprès de lui, dans l'espérance de le voir et de l'entendre (2), saint Ambroise sera dans tous les siècles chrétiens, ce qu'il étoit dès son siècle : un docteur de l'église (3), l'oracle du sacerdoce (4), non-seulement l'ornement immortel de son église de Milan, mais l'une des plus solides colonnes de toutes les églises (5). Le nom seul du saint archevêque sera toujours un des plus beaux titres du christianisme. Et nous opposerons à ses détracteurs, si le christianisme pouvoit en avoir encore, le témoignage rendu à saint Ambroise par une princesse idolâtre : Qu'un homme de ce mérite et de cette réputation ne pouvoit suivre que la véritable religion (6).

La vie du saint archevêque est trop connue, pour

(1) Paulin., in Vit. Ambros., no 37, pag. 10.

(2) Ibid, no 25. D. Cellier, Hist. des écriv. ecclésiast., à son article, pag. 357. Bulter, suprà, pag. 45.

(3) S. August., supr. ; et de Doctr. Christ., lib. 1v, cap. xxi. Arx catho licæ fidei. Beda dans D. Ceillier, part. x, pag. 688. S. Basil. Cæsar., Epist. LV, ad Ambros. Clarissimus doctor. Isidor., De offic. eccles., lib. 11, cap. xxx. Odilo, in chronic. cluniac., pag. 402, dans la Préface de l'édit. des Bénédict. « Il y avoit à peine trois ans qu'il étoit évêque, » et déjà on le regardoit comme le principal docteur de l'église latine. >> (Fleury, Hist. ecclés., liv. xvii, n° 58.)

(4) Os universorum sacerdotum. Gaudent. Brix., pag. 181. Testimon. de S. Ambros., edit. Bened, in Præf.

(5) Virum omni admiratione dignum, non solum ecclesiæ Mediolanensis, verum etiam omnium ecclesiarum columnam et turrim inexpugnabilem. (Ruffin. Aquil., lib. 11 Apologet advers. Hieron.)

(6) Baron., ad ann. 396, no 13. Tillem., Mém., tom. x pag. 257.

que nous ayons la prétention de rien apprendre à son sujet. Hermant, dom Ceillier, Tillemont, dom Rivet, Butler, qui l'ont écrite sur les mémoires laissés par Paulin, son diacre et son secrétaire, les savans bénédictins (1) à qui nous devons la belle édition de saint Ambroise, ne laissant rien à désirer pour tout ce qui concerne l'histoire de son siècle et de son pontificat, il nous suffira d'en rappeler les principaux événemens.

Cet illustre saint naquit à Trèves (2) vers l'an 340. Son père, nommé Ambroise comme lui, et qui comptoit des consuls parmi ses ancêtres, étoit préfet du prétoire des Gaules, et sa juridiction comprenoit, outre la France, une partie considérable de l'Italie et de l'Allemagne, cinq provinces romaines dans la GrandeBretagne, huit en Espagne, et la Mauritanie Tingitane en Afrique.

Paulin rapporte que ce qu'on a dit de Platon se renouvela en faveur de saint Ambroise, lorsqu'il étoit en

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(1) D. Jacques de Friche, et D. Nicolas Le Nourry. L'édition des OEuvres de S. Ambroise est en 2 vol. in-fol., 1686-1690. Malgré toute leur exactitude, ces savans n'ont pu éviter la critique de RichardSimon, qui leur reproche peu d'exactitude dans leurs notes, et d'avoir laissé dans le texte de saint Ambroise, des leçons qui ne s'accordent point avec ses explications. Il est à espérer que dans la nouvelle édition dom Louis Lemeraut nous promet les citations seront plus exactes que dans la précédente. » (D. Ceillier, Hist., tom. vII, pag. 691.) La vie du saint docteur se trouve dans le second volume. Elle fut écrite par saint Paulin, son diacre (depuis élevé au sacerdoce), à la demande de saint Augustin. Godefroi Hermant, chan. de Bauvais, en a publié une en français (vol. in-4. Paris; 1678), estimable par son exactitude. L'auteur mourut en 1690.

que

(2) Opinion la plus commune et la plus probable.

fant. « Un jour qu'il dormoit la bouche ouverte, dans une des cours du palais de son père, un essaim d'abeilles vint voltiger autour de son berceau. Quelquesunes de ces abeilles, s'étant arrêtées sur son visage, entroient dans sa bouche, et en sortoient les unes après les autres. Elles s'envolèrent quelque temps après, et s'élevèrent si haut qu'on les perdit entièrement de vue. Cet événement fut regardé comme un présage de la force et de la douceur de l'éloquence future de saint Ambroise (1). »

Il étoit encore enfant, lorsqu'il perdit son père. Ses études achevées, Ambroise s'attacha aux excrcices du barreau, et plaida avec distinction. Il fut nommé gouverneur de la Ligurie. Anicius-Probus (2), préfet du prétoire en Italie, lui dit au moment où ils se séparoient: Allez, et agissez plutôt en évêquequ'en juge. Ambroise, fidèle à ce conseil, qui s'accordoit d'ailleurs avec son caractère, se fit admirer par sa probité, sa vigilance et sa douceur.

Auxence, arien furieux, qui avoit usurpé le siége de Milan après l'exil de saint Denis, mourut en 374. Pendant près de vingt ans, que dura son intrusion, il persécuta les catholiques avec autant de violence que de malice. Lorsqu'il fut question d'élire un nouvel évêque, la ville se divisa en deux partis, dont chacun vouloit l'emporter; les uns demandoient un arien, les

(1) Butler, Vie des saints, tom. XII, pag. 3. D. Ceillier, tom. vii, pag. 330.

(2) Et non pas Alexis, comme on lit dans la notice du Dict. histor. de Feller, par une de ces méprises typographiques, qui échappent aux esprits même les plus attentifs.

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