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monde. Est-il rien de plus excellent que d'être la victime de Jésus-Christ ?....

Quel est dans la vie présente le but constant des efforts du juste, sinon d'échapper à la corruption de ce corps mortel qui nous enchaîne à la terre, de se dégager des vaines sollicitudes du siècle, de renoncer aux plaisirs, à la mollesse, de se dérober à l'ardeur des passions ? Le chrétien n'est-il donc pas réellement mort dans ce monde, puisqu'il ne vit plus pour lui, et qu'avec l'apôtre il peut dire : Le monde est crucifié pour moi comme je le suis pour le monde?

Toutefois la mort n'est-elle pas un mal ? L'Écriture nous le déclare; elle nous dit que Dieu n'avoit pas fait la mort. Il avoit placé la vie dans le Paradis terrestre ; c'est le péché qui a introduit la mort. Elle n'est un mal que parce qu'elle est un châtiment ; mais ce châtiment cesse avec la vie. Il cesse dans l'opinion du païen, qui croit que tout finit avec la vie ; il cesse dans la doctrine de l'apôtre, qui regarde la mort comme un gain, parce qu'elle doit l'unir à Jésus-Christ. Mais si, comme il n'est pas possible d'en douter, l'âme survit au corps, et conserve le sentiment, il y a donc une vie nouvelle après la mort. Et, avec cette vie nouvelle, un autre ordre de biens contre lesquels la mort n'a plus de prise; des jouissances d'autant plus pures, que l'âme les possède toute seule, et sans alliage avec ce corps qui l'enchaîne et l'importune plutôt qu'il ne la sert. La mort n'a rien de redoutable pour l'âme qui aura vécu dans l'exercice de la vertu. Pourquoi donc nous plaindre de la mort qui met un terme au châtiment, et devient une expiation par laquelle on satis

fait? « Voilà, dit le grand saint Ambroise, la merveille de la mort dans les chrétiens : elle ne finit point leur vie, elle ne finit que leurs péchés et les périls où ils sont exposés (1). »

La mort, ajoute le saint docteur, nous affranchit de toutes les misères de la vie présente; elle sépare ce qui étoit en guerre, elle rétablit le calme après la tempête, elle est le passage de la corruption à l'incorruptibilité, de la mortalité à l'immortalité... « Notre grande attention, c'est de rompre les liens qui nous attachent à la terre; et cela ne se fait que par le retranchement des plaisirs : Seipsum dissolvere per abstinentiam (2). »

Levez-vous, nous dit le Seigneur comme à ses Page 396. apôtres, sortons d'ici. Il le dit à chacun de nous; il Matth. XXVI. nous commande de sortir de toute cette terre, de prendre notre essor vers le ciel, de nous élancer vers cette patrie où notre jeunesse sera renouvelée comme Ps. cız. 5. celle de l'aigle. C'est à l'âme que s'adresse ce commandement. Tant qu'elle s'attache à la terre, que d'embûches, que d'ennemis à redouter! Ennemis au-dehors, ennemis au-dedans, et les plus redoutables; des biens trompeurs qui vous enlacent pour vous perdre; une chair qui vous asservit, quand elle devroit être sous le joug. Votre âme vaut mieux que tout cela. Le monde Pag. 397. tout entier n'est pas d'un prix comparable à votre âme

toute seule.

Qui aime dans nous la beauté de l'âme, nous aime Pag. 401.

(1) Traduit par Bossuet, Oraison funèbre de la duchesse d'Orléans,

pag. 444 du tom. viii, collect. in-4.

(2) Traduit par Molinier, Serm. chois., tom. vIII, pag. 159.

Page 402.

Rom. 1. 32.

Page 403.

véritablement. Qui n'aime que la beauté des formes extérieures, n'aime que l'enveloppe, qu'une beauté passagère qui se flétrit et s'anéantit en un moment.

Nous aimons en général que nos péchés nous soient pardonnés. Si c'est pour nous en corriger, nous avons raison; si c'est pour y persévérer, c'est une aveugle démence. Dans ce cas, il vaudroit mieux rester sous le joug de la condamnation, plutôt que d'aggraver les péchés qui vous y retiennent. C'est en parlant de ces indiscrètes absolutions, que l'apôtre a dit, que ceux qui approuvent le mal, ne sont pas moins dignes de mort que ceux qui le font. Vainement on se flatte de l'espérance d'échapper à son péché, parce que l'on a pu échapper à la peine temporelle; on ne fait que s'exposer à un châtiment bien plus redoutable. On ne reste pas moins coupable, bien qu'on ne paroisse plus l'être aux yeux des hommes, Gardez-vous donc, ô pécheurs ! de mépriser les trésors de bonté et de pénitence que la miséricorde divine vous a ménagés dans la pénitence. Votre endurcissement dans le péché ne fait qu'accroître pour vous les rigueurs de la sentence qui vous attend au jour du dernier jugement.

Si la vie peut être estimée un bien, ce n'est qu'autant qu'elle est utile à l'exercice de la vertu...

La crainte de la mort n'est que dans l'opinion; or, l'opinion ne vient que de la foiblesse de notre nature, et elle est contraire à la vérité. Si la mort étoit un mal, dans le langage même de la nature; pourquoi les jeunes gens désireroient-ils de vieillir, et d'arriver à des jours qui, en se prolongeant, ne font que les avancer vers la mort?

Le saint évêque prouve bien l'immortalité de l'âme, Page 406. l'autorité que par le raisonnement, s'arrête sur l'état des âmes après la séparation d'avec le corps,

tant par

et termine par une description de la félicité éternelle, Page 408. suivie de cette aspiration éloquente: Appuyés sur d'aussi solides espérances, allons sans crainte vers Jé- Page 411. sus-Christ, notre rédempteur. Allons, d'un pas ferme, vers l'assemblée des patriarches; marchons, lorsque le jour en sera venu, vers Abraham, notre père, en cette assemblée des saints et des justes, où nous trouverons nos pères et ceux qui nous ont instruits dans la foi; où la foi n'a plus besoin des œuvres (parce que toutes les œuvres sont saintes et sans sacrifices); où Jésus-Christ a préparé des demeures pour ses serviteurs, afin qu'ils soient tous où il est. C'est là que nous voulons vous suivre, ô notre Père ! mais tendez-nous la main par pitié pour notre foiblesse ; soutenez-nous, Page 412. parce que sans vous personne ne peut monter vers vous: car vous êtes la voie, la vérité et la vie. Recevez-nous, puisque vous êtes la voie; rassurez-nous, puisque vous êtes la vérité ; donnez-nous la vie, puisque vous en êtes l'auteur. Mettez-nous en possession de ce bien que David désiroit voir dans la terre des vivans. Là sont les vrais biens, où l'on vit éternellement..

Conclusion.

Non, la mort ne doit point être appelée un mal. Il n'y a point de mort, ni tant que l'on est vivant, ni après que l'on a cessé de vivre. Ce n'est, dans l'un et l'autre cas, qu'un mot vide de sens, qui n'a rien d'amer, ni pour ceux qui ne sont pas morts, puisqu'ils vivent, ni pour

Pag. 417.

Ps.LXXXVIII.6.

Pag. 418 et s.

ceux qui sont morts, puisqu'il n'y a plus de sentiment
pour le
l'âme est émancipée.

corps, et que

III. DE LA FUITE DU MONDE (1).

(Extraits.)

C'est là un sujet qui revient bien souvent dans nos exhortations; et plût au ciel qu'il y eût de la part de nos auditeurs, autant de sévérité dans les précautions à prendre à cet égard, que nous mettons d'empressement à les leur indiquer ! Mais le malheur veut que le perfide attrait des vanités terrestres s'insinue dans les âmes, y répande des vapeurs qui les offusquent, retrace à la pensée les objets mêmes dont on voudroit s'éloigner, transporte sur eux nos affections; en sorte qu'il devient difficile de s'en garantir, plus difficile encore de s'en détacher absolument. Nous ne disposons pas entièrement de notre cœur ; nos distractions nous emportent, elles nous entraînent loin de nos projets les plus salutaires, nous ramènent à l'amour des choses terrestres, nous engagent dans la séduction des plaisirs qu'elles promettent, et, dans le temps même où nous voulons nous élever au-dessus d'elles, nous font ramper sur la terre.

Heureux, dit l'Écriture, ceux qui mettent en vous leur appui, ó mon Dieu, et qui n'ont dans le cœur d'autre désir que celui d'aller à vous. Il n'y a que le secours divin qui puisse nous obtenir cette victoire. Ici-bas, ce sont tous les sens qui conspirent contre nous.

(1) Tom. 1, Ire part., pag. 417.

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