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d'être dans l'indigence; vous la faites désirer à ceux qui n'ont rien. Exclus des avantages de sa fécondité, ils sont réduits à désirer qu'elle fût condamnée à la stérilité, plutôt que de servir uniquement à des hommes qui trafiquent de la misère publique. Vous faites vousmême des vœux pour qu'elle soit frappée de sécheresse, pour qu'il y ait disette de grains; vous ne la voyez produire qu'avec regret; vous vous désolez de la commune abondance; vous contemplez, en gémissant, vos greniers pleins; vous yous mettez en peine pour découvrir quand les récoltes seront plus ou moins riches. Vous entendez, avec une joie secrète, maudire les fléaux après lesquels votre cœur soupiroit, et qui réduisent tout le reste à la misère. Voilà ce que vous dites être votre moisson à vous vous triomphez de ce qui fait la matière du deuil public. Vous en félicitez ce que vous nommez votre économie, votre pénétration; et ce qui n'est qu'un raffinement de dépravation, vous l'appelez votre ressource; je l'appellerai, moi, votre brigandage. Ce que vous gagnez tout seul fait le désespoir de tous.

Vous me parlez du saint patriarche Joseph : il fit des greniers pour les ouvrir à tous, non pour les tenir fermés; non pour gagner sur le prix du blé, mais pour en faire une ressource réelle dans l'avenir; non pour sa personne, mais pour prévenir par la sagesse de ses précautions le retour de semblables calamités.

Il s'élève avec la même force contre ceux qui, dans un Page 119. temps de stérilité, ferment l'entrée de leur ville aux étrangers, comme on avait fait depuis peu à Rome, d'où l'on

avoit même chassé les vieillards, sous prétexte que c'é

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Pag. 127-128.

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toient des bouches inutiles; et loue un sage magistrat de la même ville, qui s'étoit opposé avec vigueur aux murmures du peuple, qui vouloit qu'on fît sortir de la ville tous les étrangers durant la famine : « Vous donnez, leur dit le magistrat, soit à manger à vos chiens, et vous le refuserez à des hommes !» C'est une barbarie de ne vouloir pas nourrir ceux qui jusque là vous avoient nourri, et qui ont employé leur vie à vous servir.

Il fait voir combien se déshonorent ceux qui, occupés de gains sordides et de vils intérêts, usent de toutes sortes de voies pour amasser du bien, et quelquefois même pour jouir des successions des autres. Il blâme surtout cette avidité dans les ecclésiastiques; leur faisant remarquer de quel opprobre ils se chargent, lorsque, au lieu de laisser aux mourans la liberté de disposer de leurs biens avec jugement et de bonne volonté, ils détournent artificieusement à leur profit des héritages auxquels ils n'avoient pas de droit. Dona quæruntur, non spolia, avoit-il dit ailleurs.

Le devoir du prêtre, c'est de vouloir être utile à tous. Je dis vouloir; car le pouvoirtoujours, n'appartient qu'à Dieu (1).

Il ne veut pas qu'on promette rien qui ne soit légitime, que l'on se croie tenu d'observer un serment injuste. il y a moins de mal à ne pas tenir sa parole, qu'à la tenir aux dépens de l'honneur (2).

ni
Dans ce cas,

Ce qui l'amène à la discussion du vœu de Jephté, qu'il condamne.

Il

prouve par

l'histoire de plusieurs personnages illus

(1) Sacerdotis est igitur nulli nocere, prodesse velle omnibus; posse qutem solius est Dei.

(2) Tolerabilius est promissum non facere, quam facere quod turpe sit.

tres, Tobie, Judith, Élisée, saint Jean-Baptiste, Suzanne, Esther, Jonathas, Achimelech, que le sacrifice même de la vie n'arrête pas l'homme de bien.

(Les lois de l'amitié permettent-elles jamais que Pag. 138 et s l'on soit infidèle à l'honneur? - Après avoir prononcé pour la négative, saint Ambroise termine ce troisième livre par d'excellens préceptes sur les amitiés chrétiennes.)

Si la gloire de Dieu ou l'intérêt de la religion obligent de parler, la considération d'un ami ne doit pas l'empêcher. En ce cas, la religion doit l'emporter sur l'amitié..... Quand on connoît les défauts de son ami, on doit l'avertir en secret................ Il faut ouvrir son cœur à son ami, si l'on veut qu'il soit fidèle.... L'ami fidèle est un remède aux maux et aux chagrins de la vie..... Si la bonne fortune de vos amis vous est utile, pourquoi refuseriez-vous de les secourir dans l'adversité ? Aidez-les de vos conseils, ne leur refusez pas vos soins, donnez-leur des marques de votre tendresse ; mais ne trahissez pas pour eux la fidélité que vous devez à Dieu.... Point d'amitié entre personnes d'humeur ou de condition différentes; l'amitié n'est point mercenaire. Ce n'est point un commerce, mais un échange de services. En général, les pauvres se connoissent mieux en amitié que les riches... Les riches se flattent entre eux; les pauvres, on ne les flatte pas, il n'y a rien à gagner ni à craindre auprès d'eux. Rien de si horrible dans l'amitié que la perfidie; car on peut se défier d'un ennemi déclaré; il n'est pas aisé de se défendre d'un ami perfide (1).

(1) Le prédicateur qui voudra traiter cette matière, lira avec fruit

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20.

Rom. vi.

II. LIVRE DES AVANTAGES DE LA MORT.

(Analyse et extraits.)

«< Dieu, qui, selon la belle remarque de saint Ambroise, n'a voulu nous tenir dans l'incertitude du moment de notre mort qu'afin de nous faire comprendre que toute notre vie doit être une préparation continuelle à la mort, nous avertit sans cesse dans ses Ecritures de veiller, de prier, de nous tenir sur nos gardes, pour n'être point surpris (1). »

(Saint Ambroise distingue trois sortes de morts. La première, la plus réelle, la mort du péché qui tue Ezech. xvIII. l'âme, selon ce qui est écrit dans Ezéchiel, l'áme qui pèche, mourra; la mort mystique dont parle saint Paul, dans son épître aux Romains, par laquelle on meurt au péché afin de ne vivre que pour Dieu; et la mort naturelle qui termine la vie par la séparation de l'âme avec le corps. La première ne peut être considérée que comme un très-grand mal; la seconde que comme un très-grand bien; la troisième est envisagée diversement : les justes la désirent, les méchans la redoutent avec raison, comme devant être le commencement de leur punition (2).

les excellentes réflexions de Bourdaloue à ce sujet, Pensées, t. 11, p. 129 et suiv., ainsi que le bon discours de Cheminais, sur le choix qu'un chrétien doit faire de ses amis, Serm., tom. III, pag. 305.

(1) L'abbé Clément, Carême, tom. 1, pag. 23,

(2) Ce beau traité a été mis à contribution par les prédicateurs des communions diverses. Parmi les protestans, Abbadie a suivi, dans son Sermon sur la mort du juste, la distinction que le saint docteur y fait des

Notre saint docteur met en balance les avantages Page 391. de la vie, et ceux que la mort nous procure. Il décrit les misères et les inquiétudes qui nous assiégent dès le berceau ; les amertumes cuisantes, mêlées à des plaisirs en bien petit nombre; les piéges où nous entraîne la fragilité humaine, les continuelles illusions de nos sens, les dangers de toute sorte qui nous pressent et nous environnent, la servitude où les besoins nous engagent; les piéges au milieu desquels nous marchons, les tentations diverses, toujours renaissantes de la vie, qui l'ont fait comparer par un prophète à un état de guerre; l'inconstance de nos désirs; les infirmités qui Joh. vII. 1. attaquent les constitutions les plus robustes, les chagrins des séparations.

Pourquoi désirer tant de rester dans une vie, où plus elle se prolonge, et plus le poids de nos péchés s'appesantit (1)?

Saints désirs des prophètes et des justes, pour être Pag. 391 et s. délivré des liens de cette vie. Il est plus glorieux de mourir pour Jésus-Christ, que de régner dans le

trois sortes de morts. (Serm., tom. II, pag. 405 et suiv.) Saurin s'en étoit bien pénétré, comme on le peut reconnoître par une foule de pensées, qui en sont évidemment empruntées. David Eustache a imité la description des misères de la vie. (Morc. chois, des protest., p. 309.) Le même ouvrage a fourni à nos prédicateurs catholiques les solides raisonnemens, les magnifiques pensées et les sublimes inspirations, qui se font remarquer dans leurs discours sur cette matière. Voyez les Sermons de Bourdaloue, sur la crainte et le désir de la mort ; l'abbé Clément, rer vol. de son Carême; La Colombière, Sermon sur la manière de se bien préparer à la mort, Serm., t. 11, p. 241; Lenfant, t. II, p. 416.

(1) Quid tantopere vitam istam desideramus, in qua quanto quis diutius fuerit, tanto majore oneratur sarcina peccatorum?

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