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qui pût provoquer la souffrance. Il consent à suspendre dans son âme l'immortelle joie qu'il goûte au sein de sa divine nature, pour compatir à la foiblesse de la mienne. Il prend sur lui ma tristesse, pour me faire partager sa félicité; il daigne s'abaisser avec moi jusqu'aux angoisses de la mort, pour me rappeler avec lui à la vie (1).

Quel moyen aurions-nous de vous ressembler, ô mon Jésus, si nous ne marchions sur les traces de votre hu manité; si vous n'aviez bien voulu mourir, si nous n'avions pas été les spectateurs de vos souffrances !

Etonnez-vous encore de le voir s'attrister pour tout le genre humain, quand vous l'avez vu répandre des larmes sur Lazare, au moment de le ressusciter!

Pierre suivoit Jésus de loin. Il suivoit de loin

celui que bientôt il alloit renier. Pierre n'eût point renié son maître s'il l'eût suivi de près.

Page 1510.

-Pierre a pleuré: pourquoi ? parce qu'il avoit péché; Page 1522.

nous pleurons, nous, quand nous n'avons pu pécher,

I

quand nous n'avons pas obtenu l'objet de nos dé

(1) « Mon père, que ce calice passe loin de moi: toutefois que votre volonté se fasse, et non pas la mienne. Et non pas la mienne! Qu'est-ce donc à dire, si, comme je le prétends, il ne souffre que ce qu'il veut? Saint Ambroise répond: Mon Père, éloignez de moi ce calice: c'est l'homme qui parle. Que votre volonté se fasse : c'est le Dieu qui poursuit. Mon père, que votre volonté se fasse, non pas la mienne! Non pas cette volonté humaine; la foible qui chancelle encore ; mais la volonté divine, qui est la même que la vôtre, ô mon Père, et qui veut que la volonté humaine, non-seulement soit triste, mais chancelle même jusqu'à paroître se démentir dans sa tristesse. Voilà la force de Dieu bien marquée au milieu des plus grandes foiblesses de l'homme. » (Clément, Disc. sur la Passion, Carême, tom. 111, pag. 257.)

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sirs dépravés.... Heureuses larmes que celles de la pénitence! elles ne demandent point grâce, et l'ob

tiennent.

Pierre savoit bien trouver des larmes, parce qu'il aimoit. Le traître Judas n'en trouva point pour expier son crime; il ne ressentit que les remords d'une conscience vengeresse, qui en fait son propre accusateur.

Jésus-Christ accusé garde le silence. Il n'avoit pas à se défendre. Que ceux-là cherchent à se justifier qui craignent de succomber. Pour Jésus-Christ, il est audessus de la crainte. Loin de confirmer les reproches qu'on lui adresse, en paroissant les craindre, il les dédaigne et les réfute bien mieux en n'y répondant point. Que pouvoit craindre celui qui ne cherchoit pas à échapper ?

Simon le Cyrénéen, portant la croix de Jésus-Christ, » devient le représentant de tous les chrétiens qui s'asso»cient à la croix du Sauveur. L'Evangile nous le présente » comme un député de tous les hommes, pour tenir leur place dans un mystère qui les intéresse tous également, et » pour ne faire avec Jésus-Christ qu'un seul sacrificateur » et qu'un seul sacrifice. Christus in homine, et homo crucem portavit in Christo. C'est saint Ambroise qui parle ainsi, >> et qui ne craint pas de dire que pour cette raison le triomphe de Jésus-Christ, par la croix, est celui de presque >> tous les hommes représentés par un seul: Unus Dei » triumphus fuerit omnes prope jam homines triumphare, » crux Domini (1).

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»

(1) Duguet, Explicat, de la passion, Portement de la croix, chap. II, sect. v, pag. 75.

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Le lieu où la croix de Jésus-Christ fut placée répondoit directement à la sépulture d'Adam, selon que les Juifs nous en assurent; et il convenoit fort en effet que les prémices de notre vie fussent placées où l'origine de notre mort l'avoit été (1)..

77.1

(1) Ce n'étoit point là une opinion particulière à saint Ambroise puisque d'abord il invoque le témoignage des Juifs, où ce sentiment étoit établi de temps immémorial. Il l'avoit lue dans Origène, qui la fonde sur une tradition antique et non contestée. « Le lieu du Calvaire a, dit-il, reçu un privilége particulier, ayant été choisi pour le lieu de la mort de celui qui devoit mourir pour tous les hommes; car une tradition, qui est venue jusqu'à notre temps, nous apprend que le corps du premier homme, formé par les mains de Dieu, avoit été enterré au lieu même où Jésus-Christ devoit être crucifié. » Et il en donne aussitôt cette raison, également adoptée par notre saint évêque?« Afin que, comme tous meurent dans Adam, tous aussi reçussent la vie en Jésus-Christ, et que le chef du genre humain y trouvât, pour lui-même et toute sa postérité, la résurrection et la vie, par la résurrection du Sauvenr, qui y est mort et qui y est ressuscité. » (Tract, in Matth.) Tertullien n'est pas moins précis. << Le Calvaire est, dit-il, le lieu du Chef: le premier homme y est enterré; la tradition nous en a conservé la mémoire, et c'est sur ce lieu même que Jésus-Christ a arboré l'étendard de sa victoire. » Mais saint Athanasé est encore bien plus affirmatif. C'est dans un discours sur la passion et le crucifiement de notre Seigneur, qu'il s'exprime en ces termes : « Jésus-Christ ne choisit point d'autre lieu pour souffrir et pour y être crucifié, que celui du Calvaire, qui, selon le sentiment des plus habiles entre les Juifs, est le lieu du sépulcre d'Adam; car ils assurent qu'après son anathème et sa condamnation il y est mort, et qu'il y est enterré. Que si la chose est ainsi, le rapport d'un tel lieu avec la croix de Jésus-Christ me paroît admirable; car il étoit toutà-fait à propos que notre Seigneur venant rechercher et rappeler le premier Adam, choisit pour souffrir le lieu où il étoit inhumé; et qu'en expiant son péché, il expiât aussi celui de toute sa race. Il avoit été dit à Adam: Tu es terre, et tu retourneras en terre; et c'est pour cela même que Jésus-Christ est yenu le trouver dans le lieu où cette sentence avoit

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Pag. 1553.

Pag. 1503.

Marie se montre la digne mère de Jésus-Christ. Quand ses apôtres ont fui, elle est debout au pied de la croix; elle contemple avec attendrissement, mais avec force, les blessures de son fils; elle pense, non qu'il va mourir, mais qu'en mourant, il devient le Sauveur du monde (1).

3..

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Vers la fin de cet ouvrage, saint Ambroise donne aux prédicateurs cet excellent avis, fondé sur l'exemple de saint Paul dans l'aréopage:

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été exécutée, afin qu'il le délivrât de la malédiction, et qu'au lieu de ces
paroles : Tu es terre, et tu retourneras en terre, il lui dît : Levez-vous,
vous qui dormez, et sortez du tombeau,'
vous qui êtes mort: Jésus-
Christ vous éclairera. Au temps de saint Basile, cette tradition étoit
une croyance universelle parmi les chrétiens; bien qu'elle se fût plutôt
conservée dans la mémoire des hommes que dans leurs écrits; toate-
fois, saint Épiphane, né dans la Palestine, assure avoir vu des livres
qui l'attestent. (Hæres. xLv, no 5.)

Une opinion appuyée sur d'aussi respectables monumens, doit sourire à tous les cœurs chrétiens; et l'on s'étonne que saint Jérôme ait pu la combattre. Au reste, c'est après avoir doctement discuté ses objections, qu'un écrivain moderne conclut avec saint Cyrille de Jérusalem, avec Grotius commentant l'évangile de saint Matthieu, que le nom de Calvaire (en syriaque golgotha), qui signifie chef, unissoit dans une même prophétie le sépulcre d'Adam au tombeau de Jésus-Christ, tous les sacrifices et les mystères de l'ancienne loi à tous ceux de la nouvelle. (Duguet, Explicat. de la passion, Portement de la croix, chap. vi, sect. vi, pag. 137.)

(1) « Elle sait qu'il n'est point de victime qui puisse remplacer son fils et lui être substituée. Elle entendra ses dernières paroles; elle recevra sur elle les dernières gouttes de son sang; elle recueillera ses derniers soupirs; il faut que rien ne manque à sa douleur pour la rendre complète: Stabat juxta crucem. » (L'abbé Clément citant saint Ambroise, Serm. sur la compass. de la sainte Vierge, Carême, t. 111, p. 143.)

« Il faut, dit-il, prêcher d'abord aux gentils un Dieu créateur de l'univers, auteur de notre être; après cela, leur faire conoître Jésus-Christ comme étant l'auteur du salut; ensuite, leur raconter ce qu'il a fait dans son corps mortel, afin que, dans ses œuvres,. ils voient en Jésus-Christ quelque chose de plus qu'un pur homme : Ut plus quam homo videatur; et que, voyant en lui quelque chose qui est au-dessus de l'homme, ils croient qu'il est Dieu : Ut cum supra homines fuisse videatur, Deus esse credatur (1). ».

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Panétius parmi les Grecs, et Cicéron parmi les Romains, avoient donné à saint Ambroise l'idée de cet ouvrage, où il égale ses modèles par la richesse des détails, et les surpasse incontestablement par la solidité de ses principes, l'importance de ses leçons, la rectitude de ses jugemens, et l'élévation de ses vues. L'orateur romain se montre, il est vrai, plus éloquent, plus jaloux de plaire par la pompe et les ornemens du

(1) Molinier, Serm. chois., tom. XIII, pag. 268. Et c'est là aussi ce que cet habile prédicateur a éxécuté dans une suite d'homélies, où il enchaîne doctement les grandes vérités capitales du christianisme, et qui composent les deux derniers volumes de son recueil.

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