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РОЁМЕ.

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CHANT PREMIER.

JE chante les combats, et ce peuple indompté
Qui, sous le grand Nassau, conquit la liberté.
Souffle émané de Dieu, viens, ô puissant Génie!
Flamme céleste et pure, éternelle, infinie;
Astre qui, répandant tes rayons créateurs,
Fais naître l'abondance et les arts bienfaiteurs;
Source de la vertu, principe des lois sages,
Par qui l'homme au tombeau plane encor sur les âges,
Et, roi de l'avenir, révèle à tous les yeux
Son immortalité, noble présent des cieux!
Oh! viens, inspire-moi ces sublimes pensées
Qui de ton sein brûlant jaillissent élancées,
Ces tons maîtres de l'âme, et ces mots pénétrans
Qui, jusque sous le dais, font pâlir les tyrans;
Apprends aux nations à sortir d'esclavage;
Du lion réveillé célèbre le courage;

Redis comment Philippe à la honte des fers,
Du fond de son palais, condamnait l'univers;
Comment au sein de Rome un prêtre fanatique '
Du monarque espagnol aidait la politique;
Et comment le Batave, en conquérant ses droits,
Fonda sa république, et fut l'égal des rois.

Déjà brillait des nuits l'inégale courrière, Quand près de Rotterdam, sous la tente guerrière, Nassau, morne et pensif, aux héros assemblés Confiait des chagrins long-tems dissimulés. Rompant avec effort un pénible silence: <«< Amis! s'écriait-il, vous, de qui la vaillance <<< A contre les malheurs soutenu mon espoir,

<«< Dites: souffrirez-vous qu'un injuste pouvoir

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Triomphe, et pour jamais vienne, après quinze années, Replonger dans les fers nos villes consternées?

<< Les peuples du Brabant ont fléchi les genoux;

«

« Un indigne allié, trop caressé par nous,

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D'Alençon, trahissant notre auguste querelle,

« Ramène vers Paris sa bannière infidèle;

<«< Amsterdam est esclave, et voit sur ses remparts « Du tyran de Madrid flotter les étendards;

« Farnèse, rassemblant ses nombreuses cohortes, « De Leyde sous nos yeux prétend s'ouvrir les portes;

1. Grégoire XII.

« De Leyde, où mon épouse a fixé son séjour;
« De Leyde respectée, au moins jusqu'à ce jour;
« De la liberté sainte inviolable asile,

« Et qui dans nos revers restait seule immobile. »>

Il dit; les vieux guerriers renferment leur douleur.
Maurice et Châtillon, tous deux pleins de valeur,
Tous deux en l'âge heureux que l'espérance anime;
Maurice, de Nassau rejeton magnanime;
Châtillon, digne fils de l'illustre amiral
Que Paris vit tomber dans un piége royal,
Unis par l'amitié, l'honneur et l'alliance,
Font briller à-la-fois leur noble impatience,
Maurice enfin se lève, et l'exhale en ces mots :

<«< Mon père, dans l'oubli laissons de vils complots.

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«

D'Alençon, désertant le poste de la gloire,

Purge de son aspect ce libre territoire.

« De l'intérêt public il était peu touché;

<< Et nous n'avons perdu qu'un ennemi caché. « D'Amsterdam, il est vrai, les nombreux catholiques « La retiennent encor sous des lois despotiques; << Bientôt victorieux, nous pourrons y courir; « C'est Leyde qu'avant tout il nous faut secourir. << Farnèse en croit déjà la conquête certaine; << Mais trois jours de son camp nous séparent à peine.

« Lui-même, retenu sous les remparts d'Anvers, « Y rêve la victoire, et nous voit dans ses fers; <«< Davila, Vitelli, lui préparent sa route;

« Marchons : que dans trois jours leur honteuse déroute « Apprenne aa Parmesan ce qu'il doit espérer, « Et lui porte l'effroi qu'il nous veut inspirer. »

« L'effroi! dit Chatillon, lorsque Nassau nous guide! Il n'est point de périls sous un chef intrépide; « Et les remparts de Leyde, aujourd'hui menacés, « Même sans nos secours, se défendront assez. « Van-Does y commande : il joint à la vaillance L'activité, le calme, et la douce éloquence. Craignez-vous pour ma sœur? Veuve de Téligni, Épouse de Nassau, fille de Coligni,

«

« Luttant contre le sort dès l'aurore de l'âge,
<< Elle saura donner l'exemple du courage.
« Par l'ingrat d'Alençon si nous sommes trahis,
« Je n'attendais pas moins du sang de Médicis :
« Médicis de ce prince éleva la jeunesse.

« Il n'avait point appris à garder sa promesse.

« Quêtant de bords en bords un sceptre qui le fuit,

<< Il va cherchant la gloire; et la honte le suit..

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« Mais lui seul du Brabant a passé la frontière.

« Je réponds des Français; et son armée entière,

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Déjà sous mes drapeaux prompte à se rallier,
Aspire à des combats pour se justifier. »

Des deux jeunes héros la tranquille assurance
Dans les cœurs attiédis réchauffe l'espérance;
Tout s'anime; et bientôt, se levant à-la-fois,

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