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spurcatum magis ipse doformet? Quanquam melius honori suo consulent Metenses, si eum in tempore compescant ne quid incommodi sentiant ex eius insania. Neque enim excusari poterunt, si eorum per

missu, aut saltem illis conniventibus, impune insolescere pergat, quum adversus senatum Bernensem, tum alios christianos principes et status, quorum amicitiam retinere summo studio illis utile est.

FINIS.

EPISTRE

CONTRE UN CERTAIN CORDELIER

SUPPOST DE LA SECTE DES LIBERTINS

LEQUEL EST PRISONNIER A ROAN.

1547.

IEAN CALVIN, SERVITEUR DE IESUS CHRIST, A TOUS CEUX QUI CRAIGNENT DIEU

EN LA VILLE DE ROUEN.

[page 195] Mes freres, le zele que i'ay pour la Maison de Dieu me contraint de vous escrire la presente, tant pour la sollicitude que i'ay de vostre salut, que pour ce que ne doy point dissimuler ne me taire quand l'entens que le Nom de Dieu est blasphemé en quelque part, et sa doctrine fausement corrompue, si i'ay moyen 1) de contredire. Or, on m'a presenté quelques escritz d'un certain Cordelier qui est detenu prisonnier en vostre ville, souz ombre de la Chrestienté, par lesquelz ie cognoy evidemment que c'est un faux heretique, lequel pourroit infecter de son poison beaucoup de povres ames pour les mener à perdition, si ceux à qui Dieu a fait la grace n'y remedient. Et afin qu'il ne vous semble que i'ay creu de legier à quelques rapportz incertains, ie vous adverty qu'il y a un an passé que i'ay leu un dialogue composé par luy, plein d'horribles blasphemes. Et depuis n'agueres, i'ay esté informé par gens dignes de foy, que les autres escritz qu'on m'a envoyez sont sortiz de sa main, lesquelz tendent [page 196] à un mesme but. Car il ne sait qu'une chanson sur laquelle il retombe tousiours, c'est: puis que Dieu est autheur de toutes choses, il ne faut plus discerner entre le bien et le mal: mais que tout est bien fait, moyennant que nous ne facions scrupule de rien. I'entens qu'en blasphemant ainsi 2) il est favorisé de beaucoup de gens, et mesmes d'aucunes femmes d'estat, lesquelles le tiennent pour leur grand mignon. Dont il est facile de iuger qu'il y a de bonnes galloises coiffées de chapperons de veloux,) pour estre putains honnorables.4) Car si elles avoyent une seule goutte d'honnesteté et qu'elles ne fussent du tout effrontées, elles auroyent horreur d'avoir ac

1) ratio aut facultas.

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2) dum exsecrandas hasce blasphemias evomit.

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cointance aucune avec luy. Mais pource que i'ay entendu qu'il y en a aussi aucuns simples qui sont abusez en luy de prime face, ie vous ay bien voulu envoyer cest advertissement pour descouvrir son venin, afin que chascun s'en donne garde.

Vray est, qu'il a de belles prefaces pour colorer son cas. Mais quand ce vient à entrer en matiere, on trouve que cela n'est sinon une beauté apparente d'un sepulchre qui est au dedans remply de toute corruption et puanteur. Il fera un long proesme: 1) Il nous faut renger tout nostre sens å Dieu: ne point presumer de nostre sagesse: captiver [page 197] nostre entendement en l'obeyssance de Iesus Christ. Ce que nous confessons. Et mesme il 2) ne fait telles parades, sinon de ce qu'il a desrobé de nous. Mais en vous presentant ceste couppe d'or, à la fin il ne pretend qu'à vous empoisonner. Parquoy ne vous amusez point à toutes ces allegations qui seront hors l'argument principal. Mais venez incontinent, et contreignez le de venir au poinct. Premierement, il a ce qu'ont commun tous les Libertins, de se iouer de l'Escriture saincte, la transfigurant à son plaisir par folles ) allegories: qui n'est autre chose que falsifier le sens naturel d'icelle. Suyvant cela, il forge) des resveries innumerables, et puis desguise impudemment l'Escriture, pour la faire servir à tout ce qu'il a songé. Mais pour venir à la somme principale, il impose à Dieu qu'il a creé l'homme avec inclination mauvaise et une nature vitieuse. 5) Qui est un blaspheme manifeste, donnant occasion à l'homme de s'excuser de son mal, reiettant la coulpe sur Dieu. Vray est qu'il proteste bien du contraire, disant

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qu'il n'entend pas de faire Dieu autheur du mal. Mais de quoy sert un tel subterfuge, quand le contraire est tout clair? Quand i'auray donné un soufflet à un homme, seray ie excusé en protestant que ie ne l'ay pas fait pour le blesser? Car il [page 198] appert quel est l'acte en soy. Pour approuver son erreur, il abuse du tesmoignage de sainct Paul, quand il dit aux Ephesiens (2, 3), que nous sommes de nature enfans d'ire, et recommande qu'on poise bien ce mot, de Nature. Mais il est tout evident que sainct Paul parle de ceste nature corrompue que nous tirons d'Adam. Et d'où vient ceste corruption? Sainct Paul le declaire au cinquiesme des Romains (v. 12): assavoir, que par un homme le peché est entré au monde. Ainsi le mot de Nature ne signifie point la creation que Dieu a mise en nous, mais la race que nous tirons du premier homme. Comme au deuxiesme des Galatiens (v. 15), quand il dit: Nous sommes Iuifz de nature. Car il entend qu'ilz estoyent descenduz d'Abraham, et par ce moyen participans de la benediction promise à luy et à sa semence. Comme au dixiesme 1) des Romains, il appelle tous les Iuifz branches naturelles de la racine saincte. Voyla donc comme nous sommes heritiers de damnation eternelle par nature. C'est d'autant que tout le genre humain est maudit en Adam. Parquoy vous voyez que ce phantastique impose à Dieu ce qui doit estre imputé au premier homme. Car il est dit que Dieu a creé l'homme à son image et semblance (Gen. 1, 26). Et sainct Paul monstre qu'il faut que ceste image soit reparée en [page 199] nous par la grace de Iesus Christ 2) (Ephes. 4, 24; Col. 3, 10). Dont il s'ensuit qu'elle a esté effacée par le peché d'Adam. Et de là ie concluz que le vice et perversité qui est en nous ne procede point de la creation de Dieu, mais de la faute d'Adam, qui s'est depravé; comme aussi Salomon le tesmoigne disant: Ie say que Dieu a creé l'homme droit, mais ilz se sont forgez ) plusieurs inventions (Eccl. 7, 29).

Souz ombre de la predestination, il tasche d'aneantir tellement l'homme, que les reprouvez ne font rien à leur perdition: qui est obscurcir ceste doctrine de la predestination, comme ont fait les sophistes. Et on peut voir comme i'ay mis peine à l'esclarcir et la deduire le plus facilement que ie peu. Mais quand on fera comparaison de ce que i'en ay traité, avec les fripperies) que cestuycy a ramassées, on verra à l'œil comme il falsifie d'une grande audace les passages de l'Escriture,

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desquelz i'ay donné bonne solution et certaine. Car ce luy est tout un, moyennant qu'il puisse eschapper. Ie confesse donc que Dieu endurcit ceux qu'il luy plait, et a pitié de ceux qu'il luy plait, sans qu'on luy puisse demander pourquoy il le fait. Mais ce n'est pas à dire pourtant que les reprouvez, estans endurciz de Dieu, ne s'endurcissent aussi. Car en parlant ainsi il dement l'Escriture. [page 200] Cependant cela ne sert de rien à son propos, que le mal qui est en nous ne procede du peché originel, c'est à dire du costé de l'homme, combien que Dieu ait preveu et ordonné, avant que creer le monde, ce qu'il vouloit estre fait de nous tous. Ce n'est pas sans cause qu'il a fait l'homme à son image et semblance: mais il nous a voulu tenir convaincuz que nostre perdition vient de nous, comme il dit par son prophete Osee (13, 9). Ce malheureux afferme qu'il n'y a que trois pechez interieurs, assavoir, presumption de nostre sagesse, presumption de nostre vertu, et presumption de nostre iustice; et adiouste que tous les pechez exterieurs se peuvent là rapporter. Ie confesse bien que ce sont trois choses fort à condamner, et qu'il n'y a peste si mortelle que de presumer rien de nous. Mais s'il n'y avoit que ces trois pechez, que deviendra avarice, envie, cupidité de vengeance, convoitise de paillarder, et les semblables? Ie ne parle que des maladies interieures qui sont en l'ame. Quand il veut prendre un miroir de ceste trinité de pechez qu'il a forgée, il allegue l'exemple de sainct Pierre; mais à la fin il n'y en trouve que l'un, assavoir, une fausse confiance de sa vertu. Et en cela on peut toucher au doigt sa bestise. Les trois negations, dit il, qu'a fait Pierre, nous [page 201] figurent le triple peché. Apres qu'il a nommé le premier, si on luy demande les deux autres, il est au bout de son sens. encore advisons si sainct Pierre n'a peché que par outrecuidance. Car ce qu'il a renoncé son maistre procedoit de ce qu'il estimoit plus sa vie, qui n'est qu'une ombre caduque, que le tesmoignage de sa foy, qui est une chose tant precieuse. Ceste infirmité, de craindre tant la mort transitoire que nous renoncions la fontaine de vie, et de priser plus le monde que l'honneur de Dieu, est un vice enorme, comme un chascun le voit. Et neantmoins ce venerable docteur ne veut point qu'il entre en conte, ne qu'on le repute plus peché.

Mais

Mais, par les consequences qu'il a deduites, la meschanceté appert encore mieux. Car il dit que le peché a esté pardonné à Pierre, pource qu'il a cogneu et confessé, que ce n'estoit il pas qui peut rien faire ne qui eut rien fait: 1) au contraire, que

1) ideo remissum Petro quod agnoverit et confessus sit, sibi agendi quidquam potestatem defuisse, seque nihil egisse.

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