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Ce cœur digne du trône et vainqueur de foi-même!
En vain l'Amour parlait à ce cœur agité,
C'est le premier tyran que vous avez dompté.

PHILO CTET E.

Il fallut fuir pour vaincre; oui, je te le confeffe,
Je luttai quelque temps, je fentiş ma faiblesse:
Il fallut m'arracher de ce funefte lieu,
Et je dis à Jocafte un éternel adieu.
Cependant l'univers, tremblant au nom d'Alcide,
Attendait fon deftin de fa valeur rapide;
A fes divins travaux j'ofai m'affocier;

Je marchai près de lui ceint du même laurièr.
C'eft alors, en effet, que mon ame éclairée
Contre les paffions fe fentit affurée.

L'amitié d'un grand homme eft un bienfait des dieux:
Je lifais mon devoir et mon fort dans fes yeux,
Des vertus avec lui je fis l'apprentiffage ;
Sans endurcir mon cœur, j'affermis mon courage:
L'inflexible vertu m'enchaîna fous fa loi:

Qu'euffé-je été fans lui? rien que le fils d'un roi,
Rien qu'un prince vulgaire, et je ferais peut-être
Efclave de mes fens, dont il m'a rendu maître.

DIMA S.

Ainfi donc déformais, fans plainte et fans courroux, Vous reverrez Jocafte et fon nouvel époux?

PHILO CTETE.

Comment! que dites-vous ? un nouvel hyménée...

DIMA S.

Oedipe à cette reine a joint fa destinée.

PHILO CTET E.

Oedipe eft trop heureux! je n'en fuis point furpris, Et qui fauva fon peuple eft digne d'un tel prix: Le ciel eft jufte.

DIMA S.

Oedipe en ces lieux va paraître :

Tout le peuple avec lui, conduit par le Grand-Prêtre, Vient des dieux irrités conjurer les rigueurs.

PHILO CTET E.

Je me fens attendri, je partage leurs pleurs.
O toi, du haut des cieux, veille fur ta patrie,
Exauce en fa faveur un ami qui te prie;
Hercule, fois le dieu de tes concitoyens!
Que leurs vœux jusqu'à toi montent avec les miens!

SCENE I I.

LE GRAND-PRETRE, LE CHOEUR.

La porte du temple s'ouvre, et le Grand-Prêtre paraît au milieu du peuple.

Jer PERSONNAGE DU CHOEUR.

ESPRITS

SPRITS contagieux, tyrans de cet empire, Qui foufflez dans ces murs la mort qu'on y respire, Redoublez contre nous votre lente fureur, Et d'un trépas trop long épargnez-nous l'horreur..

SECOND PERSONNAGE.

Frappez, Dieux tout-puiffans, vos victimes font prêtes; O Monts, écrafez-nous... Cieux, tombez fur nos têtes! O Mort, nous implorons ton funefte fecours!

O Mort, viens nous fauver, viens terminer nos jours!

LE GRAND

PRETRE.

Ceffez, et retenez ces clameurs lamentables,

Faible foulagement aux maux des miférables.
Fléchiffons fous un dieu qui veut nous éprouver,

Qui d'un mot peut nous perdre, et d'un mot nous fauver.

Il fait que dans ces murs la mort nous environne,
Et les cris des Thébains font montés vers fon trône.
Le roi vient. Par ma voix, le ciel va lui parler;
Les destins à ses yeux veulent se dévoiler.
Les temps font arrivés; cette grande journée
Va du peuple et du roi changer la deftinée.

SCENE III

OEDIPE, JOCASTE, LE GRAND-PRETRE, EGINE, DIMAS, ARASPE, LE CHOEUR.

OEDIP E.

PEUPLE, qui dans ce temple apportant vos douleurs,

Préfentez à nos dieux des offrandes de pleurs,
Que ne puis-je, fur moi détournant leurs vengeances,
De la mort qui vous fuit étouffer les femences!
Mais un roi n'eft qu'un homme en ce commun danger
Et tout ce qu'il peut faire eft de le partager.
(au Grand-Prêtre.)

Vous, Miniftre des dieux que dans Thèbe on adore,
Dédaignent-ils toujours la voix qui les implore?
Verront-ils fans pitié finir nos triftes jours?
Ces maîtres des humains font-ils muets et fourds?

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Roi, Peuple, écoutez-moi. Cette nuit à ma vue
Du ciel fur nos autels la flamme eft defcendue;
L'ombre du grand Laïus a paru parmi nous,
Terrible et refpirant la haine et le courroux.
Une effrayante voix s'eft fait alors entendre.

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Les Thébains de Laïus n'ont point vengé la cendre;
Le meurtrier du roi refpire en ces Etats,

Et de fon fouffle impur infecte vos climats.

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Il faut qu'on le connaiffe, il faut qu'on le puniffe. ,, Peuples, votre falut dépend de fon fupplice. "

OEDIP E.

Thébains, je l'avouerai, vous fouffrez justement
D'un crime inexcufable un rude châtiment.

Laius vous était cher, et votre négligence
De fes mânes facrés a trahi la vengeance.

Tel eft fouvent le fort des plus justes des rois!
Tant qu'ils font fur la terre on respecte leurs lois,
On porte jufqu'aux cieux leur juftice fuprême,
Adorés de leur peuple, ils font des dieux eux-même;
Mais après leur trépas, que font-ils à vos yeux?
Vous éteignez l'encens que vous brûliez pour eux;
Et comme à l'intérêt l'ame humaine est liée,
La vertu qui n'eft plus eft bientôt oubliée.
Ainfi du ciel vengeur implorant le courroux,
Le fang de votre roi s'élève contre vous.
Appaifons fon murmure, et qu'au lieu d'hécatombé
Le fang du meurtrier foit verfé sur sa tombe.
A chercher le coupable appliquons tous nos foins.
Quoi! de la mort du roi n'a-t-on pas de témoins:
Et n'a-t-on jamais pu, parmi tant de prodiges,
De ce crime impuni retrouver les veftiges?
On m'avait toujours dit que ce fut un Thébain
Qui leva fur fon prince une coupable main.
(à Jocaste,)

Pour moi qui, de vos mains recevant fa couronne,
Deux ans après fa mort ai monté fur fon trône,
Madame, jufqu'ici, refpectant vos douleurs,
Je n'ai point rappelé le fujet de vos pleurs;
Et de vos feuls périls chaque jour alarmée
Mon ame à d'autres foins femblait être fermée.

JOCASTE

Seigneur, quand le deftin me réfervant à vous

Par

Par un coup imprévu m'enleva mon époux;
Lorfque, de fes Etats parcourant les frontières,
Ce héros fuccomba fous des mains meurtrières;
Phorbas en ce voyage était feul avec lui.
Phorbas était du roi le confeil et l'appui:
Laïus qui connaiffait fon zèle et fa prudence,
Partageait avec lui le poids de fa puiffance.
Ce fut lui qui du prince', à fes yeux maffacré,
Rapporta dans nos murs le corps défiguré:
Percé de coups lui-même, il fe traînait à peine;
Il tomba tout fanglant aux genoux de fa reine.
Des inconnus, dit-il, ont porté ces grands coups;
Ils ont devant mes yeux maffacré votre époux;
Ils m'ont laiffé mourant; ét le pouvoir céleste
De mes jours malheureux a ranimé le reste.
Il ne m'en dit pas plus: et mon cœur agité
Voyait fuir loin de lui la trifte vérité;
Et peut-être le ciel, que ce grand crime irrite,
Déroba le coupable à ma jufte poursuite:
Peut-être, accompliffant fes décrets éternels,
Afin de nous punir il nous fit criminels.
Le Sphinx bientôt après défola cette rive;
A fes feules fureurs Thèbe fut attentive:
Et l'on ne pouvait guère, en un pareil effroi,
Venger la mort d'autrui, quand on tremblait pour foi.

دو

ככי

دو

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OEDIP E.

Madame, qu'a-t-on fait de ce fujet fidèle?

JOCAST E.

Seigneur, on paya mal fon fervice et fon zèle.
Tout l'Etat en fecret était fon ennemi,
Il était trop puiffant pour n'être point haï;
Et du peuple et des grands la colère infensée
Brûlait de le punir de fa faveur paffée.

On l'accufa lui-même, et d'un commun tranfport

Théâtre. Tome I.

I

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