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PERSONNAGES.

OEDIPE, roi de Thèbes.
JOCASTE, reine de Thèbes.
PHILOCTETE, prince d'Eubée.

LE GRAND-PRETRE.

ARASPE, confident d'Oedipe.
EGINE, confidente de Jocaste.
DIMAS, ami de Philoctete.
PHORBAS, vieillard Thébain.
ICARE, vieillard de Corinthe,
CHOEUR de Thébains.

La fcène eft à Thèbes.

OEDIPE

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PHILOCTET
HILOCTETE, eft-ce vous ? quel coup affreux du fort
Dans ces lieux empeftés vous fait chercher la mort?
Venez-vous de nos dieux affronter la colère?
Nul mortel n'ofe ici mettre un pied téméraire :
Ces climats font remplis du célefte courroux,
Et la mort dévorante habite parmi nous.
Thèbes, depuis long-temps aux horreurs confacrée,
Du refte des vivans semble être féparée:
Retournez....

PHILO CTET E.

Ce féjour convient aux malheureux:
Va, laiffe-moi le foin de mes deftins affreux,
Et dis-moi fi des dieux la colère inhumaine,
En accablant ce peuple, a refpecté la reine?

DIMA S.

Oui, Seigneur, elle vit; mais la contagion
Jufqu'au pied de fon trône apporte fon poison.
Chaque instant lui dérobe un ferviteur fidelle,
Et la mort par degrés femble s'approcher d'elle.
On dit qu'enfin le ciel, après tant de courroux,
Va retirer fon bras appefanti fur nous:
Tant de fang, tant de morts ont dû le fatisfaire.
Théâtre. Tome I.

H

PHILO CTET E.

Eh! quel crime a produit un courroux fi févère ?

DIMA S.

Depuis la mort du roi.. ́.

PHILO CTET E.

Qu'entends-je? quoi! Laïus....

DIMA S.

Seigneur, depuis quatre ans ce héros ne vit plus.

PHIL OCTET E.

Il ne vit plus! Quel mot a frappé mon orcle!
Quel espoir féduifant dans mon cœur fe réveille!
Quoi! Jocafte... les dieux me feraient-ils plus doux ?)
Quoi! Philoctete enfin pourrait-il être à vous?
Il ne vit plus!... quel fort a terminé fa vie?

DIMA S.

Quatre ans font écoulés depuis qu'en Béotie
Pour la dernière fois le fort guida vos pas.
A peine vous quittiez le fein de vos Etats,
A peine vous preniez le chemin de l'Afie,
Lorfque, d'un coup perfide, une main ennemie
Ravit à fes fujets ce prince infortuné.

PHILO CTET E.

Quoi! Dimas, votre maître eft mort affaffiné?

DIMA S.

Ce fut de nos malheurs la première origine:
Ce crime a de l'empire entraîné la ruine..
Du bruit de fon trépas mortellement frappés,
A répandre des pleurs nous étions occupés:
Quand du courroux des dieux miniftre épouvantable,
Funefte à l'innocent fans punir le coupable,

Un monftre, (loin de nous que fefiez-vous alors?)
Un monftre furieux vint ravager ces bords.
Le ciel induftrieux dans fa trifte vengeance
Avait à le former épuifé fa puiffance.

Né parmi des rochers au pied du Cithéron,
Ce monftre à voix humaine, aigle, femme et lion,
De la nature entière exécrable affemblage,
Uniffait contre nous l'artifice à la rage.

Il n'était qu'un moyen d'en préferver ces lieux.
D'un fens embarraffé dans des mots captieux,
Le monftre, chaque jour, dans Thèbe épouvantée
Propofait une énigme avec art concertée;
Et fi quelque mortel voulait nous fecourir,
Il devait voir le monftre et l'entendre, ou périr.
A cette loi terrible il nous fallut foufcrire.
D'une commune voix, Thèbe offrit son empire
A l'heureux interprète infpiré par les dieux,
Qui nous dévoilerait ce feus mystérieux..

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Nos fages, nos vieillards, féduits par l'efpérance,
Osèrent, fur la foi d'une vaine fcience,
Du monftre impénétrable affronter le courroux;
Nul d'eux ne l'entendit, ils expirèrent tous.
Mais Oedipe, héritier du fceptre de Corinthe,
Jeune et dans l'âge heureux qui méconnaît la crainte
Guidé par la fortune en ces lieux pleins d'effroi,
Vint, vit ce monftre affreux, l'entendit et fut roi
Il vit, il règne encor; mais fa trifte puissance
Ne voit que des mourans fous fon obéiffance..
Hélas! nous nous Aattions que fes heureufes mains
Pour jamais à fon trône enchaînaient les deftins..
Déjà même les dieux nous femblaient plus faciles :
Le monftre en expirant laiffait ces murs tranquilles.;
Mais la ftérilité, fur ce funefte bord,

Bientôt avec la faim nous rapporta la mort.
Les dieux nous ont conduit de fupplice en fupplice
La famine. a ceffé, mais non leur injustice;
Et la contagion, dépeuplant nos Etats,
Pourfuit un faible refte échappé du trépas.

Tel eft l'état horrible où les dieux nous réduifent.
Mais vous, heureux guerrier, que ces dieux favorifent,
Qui du fein de la gloire a pu vous arracher?
Dans ce féjour affreux que venez-vous chercher?
PHILO CTET E.

J'y viens porter mes pleurs et ma douleur profonde.
Apprends mon infortune et les malheurs du monde.
Mes yeux ne verront plus ce digne fils des dieux,
Cet appui de la terre, invincible comme eux.
L'innocent opprimé perd fon dieu tutélaire;
Je pleure mon ami, le monde pleure un père.

Hercule eft mort?

DIMA S.

PHILO CTET E.

Ami, ces malheureufes mains Ont mis fur le bûcher le plus grand des humains; Je rapporte en ces lieux fes flèches invincibles, Du fils de Jupiter préfens chers et terribles; Je rapporte fa cendre, et viens à ce héros, Attendant des autels, élever des tombeaux. Crois-moi, s'il eût vécu, fi d'un préfent fi rare Le ciel pour les humains eût été moins avare, J'aurais loin de Jocafte achevé mon deftin: Et dût ma paffion renaître dans mon fein, Tu ne me verrais point, fuivant l'Amour pour guide, Pour fervir une femme abandonner Alcide.

DIMA S.

J'ai plaint long-temps ce feu fi puiffant et fi doux;
Il naquit dans l'enfance, il croiffait avec vous.
Jocafte, par un père à fon hymen forcée,
Au trône de Laïus à regret fut placée.

Hélas! par cet hymen, qui coûta tant de pleurs,
Les deftins en fecret préparaient nos malheurs.
Que j'admirais en vous cette vertu fuprême,

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