АСТЕ V. SCENE PREMIERE. ALCMEON, THEANDRE, POLEMON, Soldats. ALCME ON. Vous trahirai-je en tout, & cendres de mon père! Quoi ce fier Hermogide a trompé ma colère! Allez. POLEM O N. Et qu'avez-vous, Seigneur, à ménager? Tous les lieux font égaux, quand il faut fe venger; Vous régnez fur Argos... ALCME ON. Argos m'en eft plus chère; Qui protége contr'eux ce fang dont je fuis né. Agis, parle, promets, que fur-tout d'Alcméon Fais qu'il s'éloigne au moins de ce temple funefte (à Théandre.) (Polémon fort.) Et vous THE ANDRE, J'ai tout vu; j'ai par-tout difpofé vos cohortes ALCMEO N. A-t-on foin de fes jours? THE ANDRE. Ses femmes en tremblant lui prêtent leur fecours; Elle vous craint, vous aime; elle pleure et frémit A ces manes facrés, armés pour fon fupplice. AL CME ON. Grands Dieux ! je fais qu'elle eft ma mère. THE ANDRE. Les dieux veulent fon fang. Dans un tel défespoir Quels confeils déformais pourriez-vous recevoir ? ALCME ON. Aucun. Quand le malheur, quand la honte eft extrême, Il ne faut prendre, ami, confcil que de foi-même. Mon Père!.. Que veux-tu? chère Ombre! apaife-toi! SCENE II. ALCMEON, THEANDRE, POLEMON. ALCME ON. He bien! l'as-tu revu cet ennemi farouche ? A lui parler d'accord as-tu forcé ta bouche? POLEM O N. Il l'ignore, Seigneur. Il ne foupçonne point quel fang vous a fait naître ; Et plus fier que le dieu dans ce temple adoré: Il va paraître. ALCME ON. POLE MON. Il vient; mais a-t-il mérité Que vous lui confervicz tant de fidélité? A qui la tenez-vous? A ce perfide? ALCME ON. A moi. THE ANDRE. Et que prétendez-vous ? ALCME ON. Me venger, mais en Roi. Argos à mes vertus reconnaîtra fon maître. Mais près du temple, ami, ne vois-je pas le traître? THE ANDRE. Un Dieu pourfuit fes pas et le conduit ici: Il entre en frémiffant. HERMOGIDE, dans le fond du Théâtre, ALCMEON, THEANDRE, POLEMON, fur le devant, Suite d'Hermogide. HERMO GID E. D'ou vient donc qu'en ces lieux je ne vois pas la reine? Quel filence! eft-ce un piége où mon deftin m'entraîne ? ALCME ON. Demeure, et connais-moi Connais ce fer facré l'ofes-tu voir encore? HERMO GIDE. Oui, c'eft le fer d'un roi qu'un fujet déshonore. ALCME ON. Te fouvient-il du fang dont l'a fouillé ta main? HERMO GIDE. Peux-tu bien demander... ALCME ON. Malheureux affaffio, Quel esclave a percé ces mains de fang fumantes? Quel enfant innocent... Eh quoi, tu t'épouvantes! Tu t'en vantais tantôt, tu te tais; tu frémis! Meurtrier de ton roi, fais-tu quel eft fon fils? HERMO GID E. Ciel! tous les morts ici renaiffent pour ma perte. Son fils! ALCME ON. De tes forfaits l'horreur eft découverte; Revois Amphiaraüs, vois fon fang, vois ton roi. HERMO GIDE. Je ne vois rien ici que ton manque de foi. Tremble, qui que tu fois; et devant que je meure, Puifque tu m'as trahi.,, ALCME ON. Non, barbare, demeure. Connais-moi tout entier: fache au moins que mon bras Ne fait point fe venger par des affaffinats. Je dois de tes forfaits te punir avec gloire; |